Sur le dialogue inter-religieux - Matthieu Ricard

Compagnon

Une meilleure harmonie entre les religions

Par Matthieu Ricard le 7 septembre 2016 (Blog de l’intéressé).

Le Dalaï-lama déplore profondément que les religions soient souvent devenues des sources de conflits majeurs. À l’origine, toutes les grandes traditions religieuses ont eu pour but d’améliorer l’homme, non pas de lui nuire. On retrouve dans toutes les spiritualités la notion d’amour du prochain, même si cet idéal été maintes été fois démenti par les faits. Selon le Dalaï-lama, une telle perversion se produit lorsque l’on brandit la religion comme un drapeau, qu’on la transforme en diktat, sans en comprendre ni en pratiquer le sens profond. Il propose quatre démarches qui peuvent contribuer à l’élimination de ces dissensions :

1) Rencontrer les érudits appartenant à des confessions différentes afin d’apprendre à mieux connaître les fondements philosophiques des autres religions.

2) Rencontrer des contemplatifs afin de partager les expériences spirituelles.

3) Organiser des rencontres interreligieuses, comme celle qui s’est tenue à Assise en 1986, permettant aux chefs religieux de développer un respect mutuel et de trouver ensemble des remèdes aux tensions entre les différentes communautés.

4) Organiser des pèlerinages auxquels participeraient des fidèles de différentes confessions, car en se rendant dans ces endroits exceptionnels, chaque pèlerin exprime ce qu’il a de plus noble en lui-même, facilitant ainsi un climat d’ouverture et d’entente. C’est ainsi que le Dalaï-lama s’est notamment rendu, en compagnie de représentants des autres religions, à Jérusalem, à Lourdes, à Fatima, à Bénarès, au Kumba Mela d’Allahabad (où 70 millions d’hindous se sont retrouvés en 2002).

La responsabilité universelle

La notion de « responsabilité universelle » est l’une des notions les plus importantes que développe le Dalaï-lama. Elle est fondée sur le concept de l’interdépendance qui est au cœur de la réalité et de la philosophie bouddhiste. Notre vie entière est intimement liée à un très grand nombre d’êtres et notre bonheur passe nécessairement par celui des autres. Vouloir construire notre bonheur sur la souffrance d’autrui est non seulement amoral, mais irréaliste. En effet, tout changement important qui se produit quelque part dans le monde a des répercussions sur chacun d’entre nous. Nous devons donc nous sentir concernés dans nos pensées et nos actes par le bien-être de tous les êtres. D’où l’importance essentielle de la notion de non-violence entre les hommes, non-violence à l’égard des animaux et non-violence encore à l’égard de l’environnement.



J'apprécies dans ce texte le fait qu'il propose des initiatives concrètes pour améliorer les choses et pas seulement une déploration que tout le monde peut faire et qui n'est en rien constructive.

anjalimetta
Robi

Compagnon a écrit :Une meilleure harmonie entre les religions

Par Matthieu Ricard le 7 septembre 2016 (Blog de l’intéressé).

Le Dalaï-lama déplore profondément que les religions soient souvent devenues des sources de conflits majeurs.
Matthieu Ricard écrit cela en septembre 2016! Et je ne sais pas quand le Dalaï Lama a dit cela mais il se trompe. Car c'est plutôt dans le temps que les religions ont été des sources de conflits majeurs et encore souvent bien aidées par le politique. De nos jours c'est plutôt l'inverse: les religions (je mets de côté les fondamentalistes et autres intégristes) ne cherchent qu'à se comprendre et se rapprocher, mondialisation oblige.
Je dirai, en exagérant un peu, que c'est presque mettre de l'huile sur le feu que de dire que les religions sont devenues des sources de conflits majeurs.
Les sources de conflits majeurs actuellement sont toutes de nature économique ou de vues politiques différentes.

Compagnon a écrit :J'apprécies dans ce texte le fait qu'il propose des initiatives concrètes pour améliorer les choses et pas seulement une déploration que tout le monde peut faire et qui n'est en rien constructive.
Mais qui fait cette déploration? Il n'y a que lui pour faire cette déploration. (De plus il est loin d'être le seul à proposer des initiatives concrètes pour améliorer les choses, mais bon je comprends qu'en tant que bouddhiste tu mets cela en avant).

On a pas vu le Dalaî Lama à la dernière rencontre d'Assise (car il y en a eu plusieurs depuis 1986, dont la dernière cette année), ni Matthieu Ricard...
Compagnon

Qu'on ne soit pas d'accord avec la perspective de deux personnes pourquoi pas. On a le droit d'avoir son opinion.

Toutefois, rappelons que le Dalaï Lama et son interprète français voyagent beaucoup de par le monde, rencontrent beaucoup de gens, ils ont donc une perspective assez vaste de l'état actuelle des diverses religions du monde les unes par rapport aux autres. Ils sont sans doute bien informés. On peut le supposé légitimement.

Je pense qu'il est utile de réfléchir avant d'écrire et de se dire que ceux qui s'expriment sont peut être mieux informés que soi.
Et donc d'être prudent avant de dire que untel ou untel se trompe. Peut être est ce le cas, peut être que non.

Il y a encore de nombreux conflits religieux dans le monde.
Nous ne sommes pas forcément informés de tout. Il y a internet mais encore faut-il avoir le temps et la volonté de le faire.
Il n'y a pas si longtemps justement le moine Matthieu Ricard condamnait fermement les exactions commises par des ex-moines bouddhistes en Birmanie contre des musulmans.

Peut être est ce justement parce qu'il y a une tendance général à vouloir mieux faire dialoguer les religions, en particulier depuis Vatican II que les fondamentalistes de tout bords se sentent justement dans l'obligation, de leur propre point de vue, de souffler de nouveau sur les braises. Ceci entraîne cela. Thích Nhất Hạnh expliquait en parlant des fanatiques religieux violents qu'il fallait comprendre qu'il y avait aussi de la peur chez ces personnes, la peur de voir le coeur de leur foi menacée par une mondialisation des idées et des spiritualités, et c'est entre autre cette peur qui les poussait à une réaction violente (bien sûre inadéquat).
Robi

Compagnon a écrit :Toutefois, rappelons que le Dalaï Lama et son interprète français voyagent beaucoup de par le monde, rencontrent beaucoup de gens, ils ont donc une perspective assez vaste de l'état actuelle des diverses religions du monde les unes par rapport aux autres. Ils sont sans doute bien informés. On peut le supposé légitimement.
Si ils ont une perspective assez vaste de l'état actuelle des diverses religions du monde les unes par rapport aux autres, ils devraient savoir que ce ne sont pas les religions qui sont sources de conflits mais l'instumentalisation des religions ou leurs fausses interprétations.
On ne peut à fois dire que toutes les grandes religions ont pour but d'améliorer l'homme et non pas de lui nuire et qu'elles seraient en même temps sources de conflits. On ne peut dire que toutes les grandes traditions religieuses à l'origine ont eu pour but d'améliorer l'homme et non pas de lui nuire, c'est sous-entendre qu'elles n'ont plus ce but.

Selon le Dalaï-lama, une telle perversion se produit lorsque l’on brandit la religion comme un drapeau, qu’on la transforme en diktat, sans en comprendre ni en pratiquer le sens profond.
Cela ce n'est pas le fait des religions mais de ceux qui les instrumentalisent ou les pervertissent.
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davi
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Les conflits ne datent pas d'aujourd'hui. Les religions sont un prétexte pour imposer des vues économiques, politiques, expansionnistes, racistes, culturelles. Ce que le Dalaï-Lama déplore c'est que les religions servent de vecteurs de discordes et de pouvoirs (division des esprits), alors qu'elles devraient permettre un rassemblement, un apaisement. Mais bon c'est comme tout; s'il n'y a pas de sincérité on aboutit à ce genre de perversion. Le drapeau de la religion est brandi par les pervers, les opportunistes et les naïfs.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

Peut être aussi parfois par des gens de "bonne foi" (sans jeu de mot) et sincères mais qui connaissent mal le contenu exacte de la spiritualité à laquelle ils prétendent adhérer.
Robi

Compagnon a écrit :Peut être aussi parfois par des gens de "bonne foi" (sans jeu de mot) et sincères mais qui connaissent mal le contenu exacte de la spiritualité à laquelle ils prétendent adhérer.
ça c'est une question profonde. Car même le démon croit de bonne foi qu'il a raison (Hitler était de bonne foi -de son point de vue biensûr-).
Bon ok le mot démon c'est pas pour vous... :lol: Disons que le pire des méchants c'est maleureusement toujours de bonne foi qu'il est méchant. "Nul n'est méchant volontairement" disait déjà Socrate.
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davi
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Quand on est sincère avec sa religion on ne lui cause pas de tort. La sincérité, dans mon esprit, a quelque chose à voir avec la sagesse tirée des enseignements. S'il n'y a pas de sagesse qui en est retirée il ne peut y avoir de sincérité. La sincérité demande de se poser des questions, de remettre son savoir, ses certitudes en cause. Est-ce que je fais bien ? Est-ce que je me rapproche de l'Esprit (de ma religion) ?
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

Quelque chose que l'on m'a appris en PNL c'est que nous tous chacun d'entre nous à chaque moment ou il doit faire un choix, cherche toujours à faire le choix qu'il estime le meilleur pour soi au regard des possibilité que l'on voit à ce moment précis.
Nous sommes tous fondamentalement bienveillant envers nous même par nature. Ce que dit aussi le bouddhisme : nous cherchons tous à être heureux.

Même Hitler cherchait à être heureux. Ou Staline ou Pol Pot, ou Attila, Gengis Khan, etc...
Même un masochiste qui en raison d'une certaine pathologie ressent ce qui est à ses yeux du "plaisir" quand il souffre, cherche à être heureux et donc va s'infliger de la souffrance sans sa quête du plaisir, plaisir qu'il estime être la manière d'acquérir le bonheur pour lui.

Même un tueur en série psychopathes cherche le bonheur, son bonheur, en tuant des gens.

Là ou est le problème : c'est que nous ne voyons pas tout le temps toutes les possibilités qui s'offrent à nous à un instant T car notre connaissance du contexte par exemple, est limité, ou parce que notre esprit est embrouillé par des émotions. De plus nous avons aussi des croyances quand à ce qui peut ou non nous mener au bonheur qui ne sont pas forcément justes. Enfin les moyens adéquat ne sont pas forcément ceux qui sont choisis. Et évidemment chacun a sa propre croyance en sa définition du bonheur.

Cela me fait penser à cette boutade de Coluche : les chômeurs réclament du travail, c'est faux, de l'argent leur suffirait !

Je sais que c'est difficile à accepter, à intégrer, même moi j'ai du mal, dans le sens ou je vais écrire ce que je vais écrire mais cela ne signifie pas forcément que je serait toujours capable d'y rester fidèle selon les circonstances : même les personnes qui commettent des abominations en ce moment du coté de la Syrie, de Daesh etc,, chacune cherche le bonheur.

Sincèrement, pour elle même. L'erreur n'est pas dans la sincérité, elle est dans le fait de croire que tel chose va apporter le bonheur et que tel moyen sera adéquat pour l'obtenir.

Vladimir Poutine cherche à faire son propre bonheur et agît dans le sens qu'il estime être le bon pour lui même.
Donald Trump aussi fait la même chose.
Marine Le Pen idem.
Le Dalaï Lama aussi.
Matthieu Ricard aussi.
Thích Nhất Hạnh.
Moi aussi quand j'écris ce que j'écris ici.
Robi aussi quand il écrit ce qu'il écrit ici.
Yves aussi.

La question a se poser c'est : savons nous vraiment ce qui va nous rendre heureux et employons nous les moyens adéquats pour y parvenir ?

@Davi : et si ta religion te dis de ne pas la questionner ? D'accepter tout ce qu'elle te dis de faire, dire et penser, sans poser de question ? Si tu es sincère tu le fera aveuglément non ? :) Et tu seras sincère dans ta foi car la sagesse de ta foi sera de dire : l'obéissance prime. Si par exemple une croyance dit : si tu veux obtenir le bonheur, il faut obéir aveuglément à Machin. Si tu es est obéissant Machin te récompensera. Une personne pieuse dans cette croyance là sera sincère dans sa foi si elle obéit sans poser de question non ?
Robi

Compagnon a écrit :La question a se poser c'est : savons nous vraiment ce qui va nous rendre heureux et employons nous les moyens adéquats pour y parvenir ?
Bonne question. Commençons alors peut-être à savoir ce qu'est être heureux...
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