Sexualité et Bouddhisme

ted

Compagnon a écrit : (...)
Par Maître Dogen

« Tous les bouddhas furent des êtres éveillés, dit-il, et leur éveil est appelé "hachi daini gaku", parce qu’il comporte huit aspects dont la compréhension conduit au nirvana. »

1 - Shoyoku : s’être détaché des cinq désirs. Il s’agit du désir d’appropriation, du désir sexuel, du désir de renommée, de l’avidité de nourriture et de boisson, de l’apathie.
(...)
Nous sommes nombreux, sur ce forum, à avoir des enfants.
Qu'avons-nous fait de mal ?!
:shock:

Je ne comprends pas cette aversion pour la sexualité, pour le désir sexuel, que professent de nombreuses religions, bouddhisme compris.
Compagnon

@Ted : un sujet important, j'hésitais à en posté un semblable depuis quelque temps. Je suis moi même en couple et j'ai un fils encore jeune.

De ce que j'en ai lu jusque là (et ce que je vais dire n'est pas exhaustif) on peut trouver plusieurs explications concernant le rejet de la sexualité à l'intérieur du bouddhisme. Je m'appuis sur ce que j'ai compris en général de la pratique du Dharma.

- Déjà en remontant à la vie même de Siddhartha, on note qu'il ne s'est marié et n'a eu un fils que sous la pression de sa famille, son père surtout. L'importance de prolonger la lignée "seigneuriale" de la famille. Et Siddhartha n'y céda que pour complaire à son père. Toutefois il semble bien que Siddhartha ai vraiment éprouvé des sentiments pour son épouse et son fils. Cela peut peut être avoir contribué à le motiver dans sa quête qui sait...

- Ensuite, Siddhartha n'a pas donné n'importe quel nom à son fils : Raula, qui signifie "entrave". Il sentait déjà que le fait d'avoir un enfant représenterait un obstacle de plus dans son cheminement. Un attachement supplémentaire sans doute à écarté, une source supplémentaire d'émotions perturbatrices : fierté, amour exclusif, culpabilité de devoir l’abandonner en plus de son épouse, etc...Cela lui compliquait la tâche.

- Enfin, l'attachement à une compagne et des enfants rend difficile l'ouverture à un amour inconditionnel et équanime envers tous les êtres car on aura tendance à favoriser ses proches, ceux pour qui on a naturellement des sentiments forts.

- Quand à la sexualité (et je parle d'expérience) c'est un comportement qui entraîne une forte perturbation mentale, entretien l'attachement a une personne (si on est monogame), entretien l'attachement au désir, l'attachement aux apparence, au refus de impermanence, peut pousser à chosifier l'autre, à chercher égoïstement son propre plaisir, etc...
Bref c'est un handicap de plus. Surtout que l'être aimé, femme ou enfant (si on est un homme) est amené aussi à vieillir, être atteint de maladie et mourir (il y a des enfants qui meurent avant leurs parents), ce qui peut être source de terribles souffrances. Il est donc assez logique et cohérent que Siddhartha déconseille ces comportements. Et il parle d'expérience puisqu'il a vécu ces relations.

Je pense qu'au contraire Siddhartha ne cherche pas à culpabiliser mais au contraire par compassion a épargner des souffrances à ceux qui veulent suivre sa voie.
Avatar de l’utilisateur
yves
Messages : 692
Inscription : 26 février 2016, 13:01

le problème c'est le désirs pas l'acte anjalimetta

c'est comme les jhanas qui génèrent tellement de plaisirs qu'il est difficile de ne pas s'y attacher blowup-1--1b58.gif

c'est l'acte sexuel qui vient toucher l'esprit là ou il est habitué à mal réagir, c'est à dire vouloir reproduire l'acte sexuel afin que le même plaisir réapparaisse, il est très difficile d'abandonner son plaisirs pour être comme vierge devant chaque expérience, pourtant c'est la réalité: chaque expérience est unique flower_mid
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
Compagnon

J'ai trouvé un texte spécifique sur le site de l'IEB. Quand j'ai un moment, je le lis, le met en forme et le poste. Nous aurons ainsi de l'information venant d'une source qu'on peut estimer comme compétente :)

jap_8
Compagnon

Voila comme convenu le texte, il est un peu long mais complet et d'une source compétente il me semble :)

Bouddhisme et sexualité

interview de Henepola Gunaratana - IEB publié le 01/06/2009

Alors que le sujet passionne - généralement... -, peu de textes ou de livres, pourtant, ont été consacrés à ce que serait un discours propre au bouddhisme concernant la sexualité... En 1994, Bernard Faure a publié un "Sexualités bouddhiques - entre désirs et réalités" qui reste l'ouvrage de référence sur la question (édition Le Mail ; réédité en 2005, en poche, dans la collection "Champs" chez Flammarion). On trouve sur Internet quelques mentions des prises de position du Dalaï-lama sur l'homosexualité - qui ont varié avec le temps - et, d'ailleurs, beaucoup plus de choses sur "bouddhisme et homosexualité" que sur "bouddhisme et sexualité" en général…

C'est que tout le monde - ou presque - s'accorde à dire que le bouddhisme ne s'intéresse pas à la sexualité en tant que telle, mais bien seulement comme à un aspect du désir, la "soif". Il n'y aurait donc pas de discours bouddhiste particulier sur la sexualité : seul importerait le fait de ne faire souffrir ni soi-même ni autrui…

La réalité, comme souvent, est beaucoup plus nuancée - et pas forcément en accord avec le désir du plus grand nombre des Occidentaux ! Et pour le dire franchement : les bouddhistes - asiatiques, notamment - sont généralement assez stricts sur ce sujet... et quelle que soit l'école à laquelle ils appartiennent.

Parmi d'autres témoignages, nous vous proposons celui de Bhante Hénépola Gunaratana.

Entretien avec Bhante Henepola Gunaratana

Réalisé par Simon Alev pour le magazine américain What is Enlightenment ?.
Traduction de Christian Ousset, diffusée sur le site de l'association Terre d'Eveil.



Introduction

Dans un monde parfait, la toute première ligne de cette introduction aurait été : Le thème abordé aujourd'hui par "What is Enlightenment ?" n'aurait pas été complet sans l'entretien suivant avec le Bouddha…

Nous ne sommes pas dans un monde parfait, bien sûr, mais "What is Enlightenment ?" tend toujours vers la perfection, et nous sentions que, en toute certitude, en tant que l'un des plus illustres hommes chastes de l'histoire, le Bouddha aurait eu un grand nombre de choses éclairantes à nous dire sur la relation entre sexualité et spiritualité...

Mais lorsque nous en avons parlé avec Bhante Henepola Gunaratana - ou "Bhanteji", comme il est appelé affectueusement par ses étudiants - il a mis nos esprits à l'aise. Ordonné moine bouddhiste ayant fait voeu de chasteté à l'âge de 12 ans au Sri Lanka, son pays de naissance, Bhante Gunaratana est aujourd'hui, à soixante-dix-sept ans, un érudit et un auteur bouddhiste renommé, et le leader spirituel de la Bhavana Society, un centre de retraite monastique dans la vallée de la Shenandoah, en Virginie de l'Ouest. Suivant Bhante, notre interview avec le Bouddha n'aurait pas apporté de réelles surprises car, en ce qui concerne la spiritualité et le sexe, les choses n'ont pas tellement changé depuis le temps du Bouddha...


Simon Alev :

Un fait connu de tous ceux qui s'intéressent au Bouddhisme est que le Bouddha était un moine et qu'il a fondé une tradition monastique ; c'est à cette même tradition que vous avez dévolu tant de temps et d'énergie pour l'amener en Occident. Pourquoi le Bouddha a-t-il autant insisté sur la chasteté ? Pourquoi pensait-il que c'était si important ?

Bhante Gunaratana :


Parce que ceux qui veulent atteindre la libération de dukkha, de la souffrance, doivent observer certains principes. En fait, pour ceux qui veulent vivre une vie monastique, la chasteté est obligatoire. Parce que, s'ils sont engagés dans toutes sortes d'activités sexuelles, alors ils ne sont pas différents des laïcs qui sont accaparés par toutes sortes de problèmes liés au sexe. Les aspirants à une vie monastique veulent vivre une vie très simple - ce qui est la raison pour laquelle les traditions monastiques existent - parce qu'en dernière analyse, c'est seulement lorsque nous nous débarrassons de notre avidité, de notre convoitise, de notre désir insatiable que nous pouvons nous libérer de la souffrance. Si notre intention est de surmonter la souffrance, alors nous devons nous débarrasser de la cause de la souffrance, et le désir sexuel est sans aucun doute une des causes de souffrance. Ceux qui veulent vivre la vie monastique doivent la vaincre pour vivre une vie qui n'alimente pas les racines du désir sexuel.

Simon Alev :

Est ce qu'il est correct de dire que si quelqu'un ne mène pas une vie monastique, si c'est un laïc, il lui serait beaucoup plus difficile, voire impossible, de le faire ?


Bhante Gunaratana :

Même les laïcs doivent mener une vie disciplinée ; ils doivent exercer une certaine retenue. Et c'est pourquoi il y a des préceptes à observer pour les laïcs. Mais les gens ordinaires ne sont pas supposés être chastes. Les laïcs peuvent atteindre certains degrés d'Eveil - ceux que nous appelons "entrée dans le courant" et "ceux qui reviendront une fois" - avant de réaliser par eux-mêmes qu'il y a des problèmes et des difficultés inhérentes aux activités sexuelles. Des laïcs peuvent atteindre le troisième stade de la sainteté, qui est appelé "l'état de non retour". Mais peu de temps après avoir atteint ce stade ils décideront eux-mêmes, à partir de leur propre expérience, de leur propre compréhension, que l'implication dans la sexualité bloque le progrès de leur pratique spirituelle, et quand ils le réalisent, ils abandonnent volontairement leurs activités sexuelles. La chasteté n'est pas quelque chose que l'on peut imposer par force.

Simon Alev :

Pourriez-vous entrer un peu plus dans le détail des raisons pour lesquelles la sexualité doit être transcendée pour que l'on puisse progresser sur le chemin spirituel ?


Bhante Gunaratana :

Parce qu'aussi longtemps que vous êtes dedans, votre esprit est encombré, assombri et confus. Vous êtes plongé dans la jalousie, la peur, la haine, la tension et ainsi de suite - tous les soucis qui résultent du désir sexuel. Alors, si vous voulez être libéré de tout cela, vous devez d'abord vous débarrasser du désir sexuel. A vrai dire, certaines personnes n'aiment pas la phrase "se débarrasser de" ; certaines personnes préfèrent des mots comme "transcender" ou "transformer". Sûrement, disent-elles, nous pouvons transformer le désir sexuel en non-désir sexuel !

Simon Alev :

Quelles est la différence entre "transcender" et "se débarrasser de" ?

Bhante Gunaratana :

Certains termes sont plus proches du sens réel, et d'autres sont ce que l'on peut appeler des euphémismes, plutôt que des termes fortement négatifs. Ces gens aiment dire "transcender" ou "transformer" plutôt que "se débarrasser de" parce qu'ils aiment les mots enrobés de sucre. Ils se sentent mieux ainsi.

Simon Alev :

Mais ce dont vous parlez en fait, c'est de se débarrasser du désir sexuel ?

Bhante Gunaratana :

Exact. Mais quand vous dites "se débarrasser de" c'est si fort, si négatif, que les gens se demandent : "Comment puis-je me débarrasser de quelque chose ?". Alors que si vous dites "Transformons-le en quelque chose d'autre", eh bien il peuvent plus facilement l'accepter.

Simon Alev :

Dans les enseignements du Bouddha sur la sexualité, la sexualité était-elle considérée comme intrinsèquement négative ?

Bhante Gunaratana :

Le Bouddha a enseigné qu'aussi longtemps que l'on est engagé dans une activité sexuelle, on ne s'intéresse pas à la pratique de la vie spirituelle; les deux ne vont tout simplement pas ensemble.

Mais quand il a donné son enseignement graduel vers l'Eveil, il a dit aussi que la sensation de convoitise, de sexualité, comporte du plaisir. Il n'a pas nié le plaisir. Il y a du plaisir. Ensuite vous vous rendez compte que ce même plaisir devient déplaisir. Graduellement, alors que la fièvre initiale du désir sexuel s'estompe, les gens commencent à se quereller. Car du désir sexuel naît la peur, du désir sexuel naît l'avidité, du désir sexuel naît la jalousie, la haine, la confusion et le combat; toutes ces choses négatives naissent du désir sexuel. Et par conséquent, ces choses négatives sont inhérentes au désir sexuel. Et si nous voulons nous en rendre compte, il n'est pas besoin de regarder plus loin que notre propre société. Ouvrez seulement les yeux et regardez autour de vous. Combien de millions de personnes se battent à cause de leur désir sexuel - maris, femmes, petits amis, petites amies, petits amis, petites amies, petites amies ?! Que vous soyez hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, cela n'a pas d'importance. Aussi longtemps que vous êtes dans ce désir, il est inévitable que vous ayez ces problèmes - dispute, déception, colère, haine, meurtre - tous sont impliqués. Alors, comme il a vu le problème inhérent à la sexualité, le Bouddha a dit qu'il était mieux de contrôler et de discipliner nos sens pour avoir une vie calme et paisible.

Mais on doit le faire graduellement, lentement, avec discernement et pas abruptement. Cela ne peut pas être forcé. Il faut que ce soit fait avec une compréhension profonde. Si les gens ne comprennent pas cela et essayent de s'arrêter tout d'un coup, ils auront davantage de frustration, de peur et ainsi de suite. Et donc, dans son enseignement graduel, il a dit qu'au début il y a du plaisir dans les activités sexuelles, et puis qu'il y a des inconvénients, et puis qu'il y a des problèmes.

Et ce n'est que quand vous voyez les problèmes qu'alors vous commencez à réaliser que ces inconvénients, ces négativités sont inhérentes à la sexualité - ils sont intrinsèques. Ces troubles, ces problèmes, sont intrinsèques au désir sexuel.


Simon Alev :


Particulièrement de nos jours, cela pourrait être considéré comme une vision très radicale.


Bhante Gunaratana :

Certainement. Mais vous savez, ce n'est que quand les gens se sont écartés de ces choses, ce n'est que quand ils sont restés éloignés de ce type d'enseignements et qu'ils sont partis à un million de kilomètres dans le temps et l'espace, que cela leur apparaît radical - quand ils se retournent et regardent la racine de leur problème. Ils ont tourné le dos si longtemps, sont allés si loin dans le temps et l'espace, que, quand ils regardent en arrière, ils pensent : "Oh, bon sang ! Comment puis-je m'en débarrasser maintenant ? Je suis allé si loin, je m'y suis plongé si profondément." Alors cela leur apparaît radical. Bien sûr que c'est radical!

Simon Alev :

J'étais en train de penser, pendant que vous parliez, que parce que vous avez passé si peu de temps sur le plaisir sexuel et tellement plus sur tous les inconvénients, beaucoup de gens...


Bhante Gunaratana :

Oui ! Pour si peu de plaisir, tant de souffrance, n'est-ce pas ?

Simon Alev :

Précisément

Bhante Gunaratana :

Vous avez raison. Les gens ne veulent pas y penser. Les gens veulent toujours entendre ce qu'ils aiment entendre. Mais nous ne voulons pas dire cela ! Que les gens l'aiment ou pas, nous voulons dire la vérité. Nous ne devrions pas avoir peur de dire la vérité. Que le monde l'accepte ou pas... Bien, c'est un autre sujet. Que pouvons-nous faire ?

Simon Alev :

Lorsque nous cherchions une citation du Bouddha concernant ses sentiments vis-à-vis de la sexualité, nous sommes tombés sur ce passage, de La Vie du Bouddha :

" Homme malavisé, ce serait mieux pour vous (qui avez quitté votre foyer) que votre membre soit entré dans la bouche d'une vipère ou d'un cobra venimeux, affreux, plutôt qu'il ne soit entré dans une femme.
Ce serait mieux pour vous que votre membre entre dans un four de charbons brûlants, flamboyants, rougeoyants, plutôt qu'il n'entre dans une femme.
Pourquoi cela ?
Dans les premiers cas vous risqueriez la mort et des souffrances mortelles, mais vous ne réapparaîtriez pas, à la dissolution du corps après la mort, dans un monde de privation, dans une destination malheureuse, en perdition, en enfer."


Je pense que l'on a là une impression très claire de ce que le Bouddha ressentait vis à vis du sexe. Mais comme vous le savez, en Occident aujourd'hui il y a de nombreuses variations du Bouddhisme qui sont enseignées et pratiquées, et beaucoup de pratiquants bouddhistes occidentaux semblent être en désaccord avec l'affirmation du Bouddha que le désir sexuel - qui, comme vous l'avez dit plus tôt, est vu comme une manifestation de l'avidité - doit par définition être transcendé pour atteindre l'Eveil. De plus, le climat libéral de la société occidentale contemporaine tout entière tend à considérer la sexualité comme une très bonne expression, très saine et très naturelle, de notre humanité - et pas seulement de notre humanité, mais de notre spiritualité. Que pensez-vous que le Bouddha aurait dit de cela ?

Bhante Gunaratana :

Avant que je ne dise autre chose, je veux ajouter un petit commentaire sur cette traduction. Vous savez que quand le Bouddha parlait de la chasteté, il ne parlait pas seulement de la chasteté des hommes, mais aussi de la chasteté des femmes. Alors quand il dit, par exemple, qu'il vaut mieux avaler une boule de fer chauffée au rouge plutôt que de s'engager dans une activité sexuelle, cela vaut pour les femmes, aussi. Nous devons éclaircir ce point, sinon les femmes vont être fâchées.

Elles peuvent penser que le Bouddha haïssait les femmes et que c'est pour cela qu'il voulait garder les hommes éloignés des femmes et leur demandait d'observer la chasteté. Mais si une femme veut observer la chasteté, de la même façon elle devrait rester éloignée des hommes. C'est le premier point que je voulais clarifier.

Le deuxième point c'est que mener une vie de famille, avoir une épouse et ainsi de suite, le Bouddha ne l'a jamais condamné ; une vie sexuelle familiale heureuse est permise aux laïcs, même si, comme je l'ai dit, cela ne peut pas conduire au plein Eveil.


Mais répondons à votre question : ce n'est pas seulement dans la société contemporaine, mais aussi aux temps du Bouddha, qu'il y a des gens qui croient que la sexualité est quelque chose de saint, quelque chose de noble, quelque chose de sacré, et quelque chose de miraculeux. Alors ce n'est pas seulement un phénomène social moderne, du vingtième siècle. La mentalité des gens a toujours été la même depuis des temps immémoriaux, jusqu'à maintenant et jusque dans le futur. Il y a toujours des gens qui pensent que, par la sexualité, ils peuvent atteindre la libération, et c'est ce que nous appelons une perception déformée, une pensée déformée.

Simon Alev :

Cette "perception déformée" comme vous l'appelez, semble particulièrement répandue de nos jours, aussi éternelle qu'elle puisse être. Je me réfère à la notion de plus en plus populaire que la sexualité en elle-même, si elle est poussée jusqu'au bout, serait l'expression même de l'Eveil - et cela parce que la sexualité est la route vers la libération. Si vous l'évitez de quelque façon que ce soit, alors vous n'avez vraiment aucun espoir d'atteindre le but final. Si possible, j'aimerais avoir une indication très claire de la façon dont le Bouddha aurait répondu à ce point de vue.

Bhante Gunaratana :

Je suis assez familier avec cela. Il a dit - et je traduis du Pali : " Peu importe ce que vous pouvez faire ou atteindre - vous pouvez vivre dans une grotte, dans un endroit solitaire, et vous pouvez avoir appris des sutta entiers; vous pouvez être un orateur très érudit; vous pouvez même pratiquer la moralité et tout cela, et ainsi de suite... - peu importe ce que vous faites d'autre ; tant que vous n'êtes pas débarrassé de votre désir sensuel, de votre haine, de votre ignorance, vous n'atteindrez jamais l'Eveil". Voilà l'enseignement du Bouddha.

Alors, plus vous vous engagez dans une activité sexuelle, plus profondément vous vous enfoncez dans le désir, plus profondément vous vous enfoncez dans la confusion, plus profondément vous rentrez dans la jalousie. Quand une personne, qu'elle soit homme ou femme, veut s'impliquer dans des activités sexuelles avec autant de personnes différentes en même temps, alors de la même manière il y autant de manières pour cette personne de souffrir : par la jalousie, la peur, la tension, l'inquiétude... C'est une vie très, très malsaine. Si quelqu'un pense avoir des activités sexuelles avec toutes sortes de gens de toutes sortes de façons différentes en permanence, alors cette personne sera très rapidement morte du fait d'un comportement aussi malsain. Maintenant, bien sûr, vous devez comprendre en même temps qu'une activité sexuelle modérée, sage, saine est permise. Mais tout ce que veut dire "atteindre l'Eveil par des moyens sexuels" c'est : vous vous engagez dans une activité sexuelle jusqu'à ce que vous en mourriez ! et vous mourrez avant d'avoir atteint l'Eveil !


[...]

Simon Alev :

Nous avons remarqué au cours de notre recherche que non seulement la notion de sexualité sacrée a crû en popularité, mais aussi que la chasteté est souvent vue avec beaucoup de peur et de suspicion par les gens dans la culture occidentale. A quoi pensez vous que cela puisse être dû ?

Bhante Gunaratana :

Si la chasteté est strictement observée, ce n'est bon que pour la personne qui l'observe. Vous ne pouvez ouvrir un institut de la chasteté. La chasteté n'est pas quelque chose qui puisse être institutionnalisé. Elle ne peut pas être organisée. On ne peut pas avoir une société chaste. C'est une pratique totalement personnelle, individuelle. Et donc si les gens désapprouvent la chasteté, ils désapprouvent peut-être l'organisation de la chasteté.

Simon Alev :

Il semble, cependant, que toute discipline monastique doive être organisée dans une certaine mesure. En fait, nous étions fascinés et même choqués de découvrir, alors que nous lisions les règles d'entraînement du Patimokkha [les règles de vie des moines bouddhistes], que le Bouddha a apparemment dû instituer toute une série de règles qui interdisaient aux moines de s'engager dans des contacts sexuels avec - juste pour vous donner quelques exemples que je suis sûr que vous connaissez - des crânes, des corps morts, des animaux... cette sorte de chose. Bien sûr, pour autant que nous le sachions, ce type de comportement ne continue pas de nos jours - encore que ce ne soit pas nécessairement vrai, je suppose - alors nous nous demandions : Le Bouddha, en établissant ces règles, répondait-il à des choses que les gens faisaient vraiment ? Même ses propres étudiants et disciples ?

Bhante Gunaratana :


Oui. Quand le Bouddha introduisait une règle, les moines de l'époque trouvaient rapidement une autre façon de faire la même chose. Ils voulaient avoir des activités sexuelles d'une façon ou d'une autre. Alors, quand le Bouddha introduisait une règle, ils ne brisaient pas cette règle, mais ils trouvaient une autre façon de commettre des actes sexuels. Alors le Bouddha devait introduire une nouvelle règle pour les en empêcher. C'est exactement comme la police et les criminels - quand il y a une loi, les criminels trouveront une façon de la contourner et de commettre le crime, et alors nous devons introduire une nouvelle loi. C'est ce qui arrivait au temps du Bouddha. Quand de plus en plus de gens entraient dans l'Ordre, ils ont commencé à faire toutes sortes de choses, et pour toutes ces choses, il devait faire une règle. C'est pourquoi ces règles sont là.
Ce n'est pas en prévision du futur qu'il a introduit ces règles.


Simon Alev :

Et maintenant nous y sommes, dans le futur, et puisque vous vous êtes détourné de votre chemin pour apporter la tradition monastique du Bouddha en Occident, je suis curieux de savoir quelle expérience vous avez eu avec les Occidentaux qui viennent vers vous pour les enseignements. Comment les occidentaux modernes prennent-ils la vie monastique ? Trouvez vous qu'ils ont plus de mal avec elle que, par exemple, les gens de votre propre culture ?

Bhante Gunaratana :

Vous savez, c'est une bonne question. Nous filtrons vraiment les gens avant de les accepter dans la vie monastique. Nous les soumettons à une sorte de probation pendant deux ans pour savoir s'ils sont ou non vraiment sérieux quant à leur engagement. Parce que parfois certaines personnes viennent juste pour s'amuser, ou parce que notre endroit est très calme et paisible et ainsi de suite, ils pensent qu'ils pourraient aimer y rester et devenir moines. Mais plus tard ils changent d'avis. Nous ne voulons pas jouer à cette sorte de jeu ; nous voulons savoir s'ils sont vraiment sérieux. S'ils sont sérieux, nous les acceptons. Mais ils ne sont pas nombreux. Beaucoup viennent, beaucoup écrivent des lettres - et ces jours-ci ils nous envoient même des e-mails ! - nous demandant de les autoriser à devenir moines et à vivre ici au monastère. Mais nous ne les acceptons pas tous, car nous savons qu'ensuite ils perdront tout intérêt.

Mais il y a encore quelques personnes très sincères qui veulent réellement devenir moines ou nonnes. Et c'est loin d'être un phénomène nouveau. Même dans les jours anciens, sur des millions de gens, seule une poignée entrait au monastère. Même de nos jours dans les pays bouddhistes tout le monde n'entre pas au monastère. Dans certains pays, comme la Thaïlande, la Birmanie, le Laos, le Cambodge, et ainsi de suite, ils ont une coutume dans leurs traditions : ils entrent au monastère pour une courte période. Mais de ceux qui entrent au monastère pour une courte période, la plupart abandonnent la robe et s'en retournent. Seule une poignée reste.

Dans les pays occidentaux, où une telle tradition n'existe pas, ceux qui viennent dans les monastères sont bien moins nombreux. Et parmi eux, encore moins nombreux sont ceux qui restent vraiment dans la vie monastique. Mais c'est plus ou moins vrai dans le monde entier, et il en a été ainsi de tous temps. En Occident de plus en plus de gens sont fatigués de la pression mise sur eux par la société - vraiment, vraiment fatigués - et donc ils veulent s'en éloigner. Mais seuls quelques-uns restent ; la plupart retournent dans la société. Nous avons fondé notre Centre avec cette compréhension car il en a toujours été de même partout.

Simon Alev :

J'aimerais en savoir un peu plus sur vous et votre vie en tant que moine. Par exemple, en quoi la chasteté a-t-il affecté votre développement spirituel ?

Bhante Gunaratana :

Mon ami, cela me donne une paix fantastique. Et je parle très honnêtement. Car je vis avec tous les êtres humains sans aucun problème. Aucune femme en particulier, aucune fille en particulier, aucun garçon en particulier, aucun homme, car ma chasteté m'aide à accepter tous les autres êtres humains également. Et cela m'aide à avoir un esprit paisible. Et je pense que c'est ce que le Bouddha voulait que nous ayons - une relation amicale, paisible, avec tous les êtres. Donc cela affecte ma vie positivement.

Simon Alev :

Vous êtes moine, je crois, depuis que vous avez...


Bhante Gunaratana :

Douze ans. Et maintenant j'en ai soixante-dix-sept. Soixante-cinq ans que je suis dans cette robe !

Simon Alev :

Si vous deviez donner un conseil à quelqu'un qui envisage d'adopter la chasteté comme pratique spirituelle, que lui diriez vous ?

Bhante Gunaratana :

Je lui dirais : "Si vous voulez honnêtement, sincèrement, vivre une vie paisible, une vue consciente, une vie libre de troubles, une vie dévouée au service des autres sans discrimination, alors une vie de chasteté est une très bonne vie car quand vous êtes chaste vous pouvez pratiquer la véritable tendresse-aimante, la vraie compassion. Vous pouvez appréciez absolument tout ce qui est en face de vous. Vous pouvez avoir un état d'esprit équanime, non biaisé. Mais quand vous êtes lié à une personne ou à une autre, vous ne pouvez pas avoir cela. Et par conséquent, si vous êtes une personne qui veut honnêtement, sincèrement pratiquer ces choses, alors vous devez sérieusement penser à devenir chaste." Mais il ne devrait jamais l'accepter par simple foi, ou parce que quelqu'un le lui impose. On doit avoir une compréhension sérieuse, et penser très soigneusement à la chasteté avant de s'y engager.

Simon Alev :

On doit y aller avec les yeux ouverts.

Bhante Gunaratana :

Exactement.

Simon Alev :

Et cette personne doit s'attendre à faire face à de nombreux défis ?

Bhante Gunaratana :

Bien sûr. Quand vous pratiquez la chasteté vous faites toujours face à des défis. Il y a tant de personnes qui voudraient avoir des relations avec vous, tant d'autres qui voudraient être proches de vous et briser votre voeu. Car les autres savent que vous n'êtes pas corrompu. Vous ne faites pas toutes sortes de batifolages, vous n'êtes pas mêlé à de mauvaises choses et en train d'attraper toutes sortes de maladies et autres. Les gens comprennent que vous êtes une personne très décente, quelqu'un de net. Et certaines personnes aiment être avec un individu net, et cela c'est un défi. Vous devez y faire face.

Simon Alev :

Vous avez pratiqué la chasteté, comme vous dites, depuis soixante cinq ans. En quoi votre expérience de la pratique a-t-elle changé, ou s'est elle approfondie avec le temps ?

Bhante Gunaratana :

Vous savez, au début c'était très difficile. Spécialement quand j'étais jeune, comme adolescent et jusqu'à la fin de mes vingt ans. C'était un vrai défi. Mais grâce à l'entraînement que j'ai reçu, j'ai développé un sens de la responsabilité pour mes devoirs, mon travail, mon engagement envers le dhamma et, plus que tout, le respect pour mes maîtres et mes parents. Nos enseignants et nos parents, nous les aimons beaucoup, et nous ne voulons pas être déloyaux envers eux, leur manquer de respect. Et cela a duré de longues années avant que je ne mûrisse vraiment complètement. Et alors, j'ai commencé à comprendre par moi-même le vrai sens de la chasteté.


Bhante Henopola Gunaratana

Il est né en 1927 au Sri Lanka. A l'âge de 12 ans il reçoit l'ordination de moine bouddhiste novice. En 1947 il est envoyé par la Maha Bodhi Society comme missionnaire en Inde. Il servira les intouchables à New Delhi et Bombay. Cinq ans plus tard il est appelé en Malaisie comme conseiller religieux ; il y séjournera 10 ans.

Bhante arrive aux Etats-Unis en 1968 pour servir en tant que Secrétaire Général de la Buddhist Vihara Society de Washington, DC. C'est à cette période qu'il commence à enseigner le bouddhisme à l'université, d'abord aux Etats-Unis, puis au Canada, en Australie et en Europe.

Aujourd'hui Bhante Gunaratana est président de la Bhavana Society, abbé du monastère de Shenandoah Valley ; il enseigne la méditation et conduit des retraites dans le monde entier.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont le plus connu, "Méditer au quotidien", est un des meilleurs guides de méditation vipassana disponible à ce jour (éditions Pocket). Il a été publié récemment une traduction d'un autre de ses livres, consacré à l'Octuple Noble Sentier : "Les huit marches vers le bonheur" (éditions Albin Michel).

jap_8
Avatar de l’utilisateur
Zopa2
Messages : 379
Inscription : 04 septembre 2015, 19:23

jap_8

Pour commencer, merci cher Compagnon d'avoir fait le don de ce texte du vénérable Gunaratana, qui révèle avec des mots simples, la manière dont le bouddhisme perçoit la sexualité.

Ce passage invite à réfléchir sur un sujet important, il nourrit ainsi la réflexion de chacun.

Je précise que je fus moine pendant quelques années, il y a maintenant presque 20 ans. A l'époque, je considérais que la voie bouddhiste était celle du renoncement (un des trois entrainements supérieurs, avec l'esprit d'Eveil et la sagesse réalisant la vacuité) et je souriais lorsque j'entendais des laïcs, avec des petites copines ou copains, avec épouse ou mari, avec parfois des enfants, souligner l'importance du non-attachement, citer des textes, etc. Je ne me moquais pas d'eux, loin de là. Mais je considérais qu'il n'y avait pas d'alignement de leurs pensées, de leurs émotions et de leurs actes, autrement dit, qu'il n'y avait pas de congruence. J'ai depuis changé d'avis.

Maintenant lorsque je lis ce genre de passage que tu as bien voulu nous citer : " Aussi longtemps que vous êtes dedans [la sexualité], votre esprit est encombré, assombri, confus. Vous êtes plongé dans la jalousie, la peur, la haine, la tension, et ainsi de suite - tous les soucis qui résultent du désir sexuel (...) dispute, déception, colère, haine, meurtre, problème inhérent à la sexualité " , je ne puis m'empêcher de penser que la sexualité n'est pas que cette vision partielle, réductrice, et partiale.

S'agit-il d'une philosophie résignée décrivant l'existence d'une façon tendancieuse, ne mettant en relief que le tragique et la mort, oubliant étrangement les expériences réelles de la haute joie, oubliant surtout de réfléchir sur le travail de la conscience et la permanence du désir humain qui sont requis pour la construction de l'être ? Je n'ose y répondre et préfère laisser ce problème de côté.
Avatar de l’utilisateur
Zopa2
Messages : 379
Inscription : 04 septembre 2015, 19:23

Apres avoir extrait et broyé l'or fin du désir, après avoir réduit, détruit, dissous les éléments secondaires de la soif (ambitions, jalousies, présomptions, narcissismes, colères, angoisses), on commence la condensation et la sublimation de son plus haut désir. Mais c'est par les flammes que l'on parvient à la lumière : on brule les mouvements élémentaires et frustres de son moi pour accéder à la haute conscience de son désir, pour entrer dans le domaine de l'Etre et dans la joie de l'amour. Il est question ici d'offrandes, de partage, de communication, de reconnaissance, de gratitude, de poésie et de liberté...
ted

Merci Zopa :)
C'est très poétique ce que tu dis au dessus... :oops:

En revanche :
Zopa a écrit :S'agit-il d'une philosophie résignée décrivant l'existence d'une façon tendancieuse, ne mettant en relief que le tragique et la mort, oubliant étrangement les expériences réelles de la haute joie, oubliant surtout de réfléchir sur le travail de la conscience et la permanence du désir humain qui sont requis pour la construction de l'être ? Je n'ose y répondre et préfère laisser ce problème de côté.
Et bien moi, je vais te répondre, Zopa : :D
"Non ! Le bouddhisme n'est pas une philosophie résignée décrivant l'existence d'une façon tendancieuse etc...". :D

De moins en moins subtiles, les attaques à peine déguisées ... :roll: lol <<metta>>
ted

Pour en revenir à la sexualité, j'ai cru comprendre qu'elle n'était pas mauvaise "en soi", mais source de tellement de tentations égotiques, que le Bouddha a préféré conseiller, prudemment, de s'en écarter.

Les laïcs disposent du 3ème précepte incitant à la modération sexuelle ("Ne pas avoir de pratiques sexuelles inconvenantes"). Sachant qu'il peut être diversement interprété suivant les cultures.

Pour celles et ceux qui voudraient malgré tout trouver l'éveil tout en poursuivant une vie laïque et une sexualité "normale", (c'est difficile, on vous aura prévenus ! :) ) je crois qu'il ne faut pas confondre chasteté et abstinence.

La chasteté nait du non-attachement.
Tandis que l'abstinence ne garantit pas l'extinction des passions.

- L'abstinence, sans la chasteté, provoque des déséquilibres psychologiques, pathologiques. Au mieux, de la rancoeur, de l'animosité, de l'aigreur et de la morosité. Des regrets et des remords qui seront sans doute le terreau de futures renaissances samsariques.

- La chasteté, sans l'abstinence, conduit à l'Eveil dans certaines branches du bouddhisme (tantrikas confirmés). Mais attention, les pratiquants peuvent passer des années, assis face à face, sans se toucher, avant de s'unir. On est loin des fêtes galantes ou des forums de rencontres. :)

Au pauvre laic, père et mère de famille, il reste le troisième précepte qui lui garantirait, au mieux, une entrée dans le courant (sotapanna). C'est toujours bon à prendre. Mais je suis persuadé qu'on peut faire mieux, si on est en forme ! :mrgreen: En comprenant par exemple que les désirs s'élèvent, de par leur nature même, mais que c'est l'attachement qui nous lie à l'ignorance.
Compagnon

@Ted : voir ci-dessus mon long post ou un moine explique en détail le point de vue bouddhiste sur la sexualité.

Tout le monde n'est pas forcément en mesure d'accepter ou d'être fait pour la discipline monastique.

Il y a néanmoins des choses à faire du coté des laïcs, qui peuvent tout à fait suivre le Noble Octuple Sentier, et cela ma fait pensé aussi au Sûtra de Vimalakirti :

Source : wikipédia

Le « Sūtra de Vimalakīrti » (chinois simplifié : 《维摩诘经》 ; chinois traditionnel : 《維摩詰經》 ; pinyin : wéimójié jīng) est considéré comme l'un des textes les plus profonds du Bouddhisme Mahāyāna.

Le titre sanscrit original est Vimalakīrtinirdeśasūtra (विमलकीर्ति-निर्देश-सूत्र), en français « Sûtra de l'enseignement de Vimalakîrti ». Il en existe des versions en chinois, en Chine, au Japon (Hyakumantō Darani), ainsi qu'en tibétain.

Ce sûtra expose les principes essentiels du bouddhisme Mahāyāna, en particulier la notion de non-dualité. Dans ce document de très haute tenue littéraire, l'enseignement est délivré aux principaux disciples du Bouddha par l'intermédiaire de Vimalakīrti, un disciple laïc du Bouddha. Vimalakīrti leur expose en détail la doctrine de la vacuité, Shunyata, répond à de multiples questions et finit par répondre par le silence qui dit tout.



Et n'oubliez pas que Siddharta Gautama s'est prononcé sur la sexualité entre autre parce qu'il en a lui même fait l'expérience directe, il a bien fallut qu'il l'a pratique avec son épouse pour que naisse Raula. Après, son cheminement spirituel lui a permis de relativiser l’intérêt des désirs sexuels, mais il n'a pu tenir un tel discours que parce qu'il s'est basé sur une expérience personnelle préalable. Comment apprécier la sérénité, le calme, la paix spirituelle que peut procurer le détachement vis à vis du désir sexuel si l'on n'a jamais éprouver le désir et le plaisir sexuel , mais aussi tous les effets négatifs que l'attachement à ceux-ci peut engendrer ?

Cela ne signifie pas qu'il faut sciemment chercher à expérimenter la débauche sexuelle dans toutes ses dimensions, évidemment, mais simplement qu'il me paraît normal, naturel, de faire des expériences en la matière (si on en a envie évidemment), qui peuvent être toutes simples, d'en éprouver une certaine satisfaction, surtout si l'on arrive à rechercher un plaisir réciproque égal, un respect réciproque, de la tendresse (si partenaire il y a, quel que soit le sexe de celui-ci), pour ensuite pouvoir avec le temps porter un regard plus détaché dessus. Relativiser le gain qu'on peut en tirer.

Je trouve les propos d'Henepola Gunaratana plutôt nuancés, plus qu'on pourrait le penser, visiblement il a pratiquer l’abstinence très tôt. Je lui aurais bien demandé si au moins une fois il avait expérimenté le sexe. Car après tout, mieux vaut demander à quelqu'un de parler d'un sujet qu'il connait lui même pour l'avoir expérimenté directement non ? Sinon ce n'est que discours théorique.
Répondre