Ahimsa : non violence

Compagnon

Comme cela fait plusieurs fois qu'au hasard de mes lectures je croise ce mot, ce concept, j'indique ci-dessous la place qu'il occupe à l'origine dans les traditions indiennes puis dans le bouddhisme, à partir de ce qu'en dit wikipédia :

Ahimsa

Ahimsa (ahiṃsā en sanskrit IAST ; devanāgarī : अहिंसा) signifie littéralement « non-violence », et plus généralement respect de la vie. C'est aussi un concept de la philosophie indienne : la bienveillance. Le mot ahiṃsā désigne proprement « l'action ou le fait de ne causer de nuisance à nulle vie », hiṃsā signifiant « action de causer du dommage, blessure » et a- étant un préfixe privatif. Il est interprété de diverses manières, le plus souvent comme une forme de relation pacifique avec tout être vivant, et personnifié par la déesse du même nom, épouse de Dharma, mère de Nara.

L'ahiṃsā est une composante importante de l'hindouisme, du bouddhisme, et du jaïnisme qui l'appliquent strictement. Le sikhisme défend aussi cette valeur tout comme l'égalité sociale. Ce terme apparaît dans la Chāndogya Upaniṣad qui appartient au corpus des Mukhya Upaniṣad. Cette upaniṣad est l'une des plus anciennes (-500) et a été commentée par Ādi Śaṅkara.

Dans les traditions indiennes

Il y a dans l'imagerie populaire de l'Inde une façon de représenter l'ahiṃsā : une lionne et une vache se désaltèrent au même point d'eau en paix, avec parfois en plus la représentation d'un petit lionceau choisissant de boire aux pis de la vache et les veaux aux mamelles de la lionne ; cette imagerie est spécialement utilisée à la fois par le jaïnisme et par l'hindouisme.


Cela illustre en fait la perception antique, dans les traditions indiennes, de l'ahiṃsā : celui qui ne fait aucun mal aux êtres animés, qui ne les soumet à aucune contrainte, n'étant l'ennemi de personne, n'a plus d'ennemi. À la sympathie de cette âme individuelle, qui ne discrimine aucune créature, répond la sympathie universelle (qui, dans le yoga-sûtra, correspond à Ishvara, Dieu, l'Être, l'âme cosmique) : dangers et peurs sont abolis.

Et l'on voit alors les craintives gazelles et les bêtes fauves, ours et lions en tête, venir lécher les pieds du yogin enraciné dans l'ahimsâ, la non-violence universelle (yoga-sûtra de Patanjali, II, 35). En sa présence, cheval et buffle, souris et chat, serpent et mangouste, ces ennemis nés, renoncent d'un commun accord à leur inimitié ; les oiseaux, affranchis de toute crainte emplissent à l'envi les airs de leurs chants mélodieux :


« Scènes paradisiaques auxquelles répondent en Occident (...) la Prédication de Saint François aux oiseaux, « le lion et la brebis, la panthère et le chevreau paîtront côte à côte et le nourrisson s'ébattra sur le trou de l'aspic » [Bible, Isaïe, XI, 6]. C'est l'Éden retrouvé, le Râm Râj, Royaume de Dieu sur la terre ! »


— Suzanne Lassier, Gandhi et la non-violence.

Dans le bouddhisme

Bouddhisme theravāda

Contrairement à ce qui se passe dans l'hindouisme et dans le jaïnisme, le terme ahimsa (ou le terme pāli apparenté avihiṃsā) n'apparaît pas dans les textes bouddhistes anciens bien que la non-violence y soit constamment implicite (par exemple, l'Aggi-sutta condamne les sacrifices d'animaux communs dans le brahmanisme). On trouve le terme dans le Dhammapada qui fait partie du Khuddaka Nikāya.

La façon dont le bouddhisme comprend la non-violence n'est pas aussi rigide que chez les Jaïns, même si les bouddhistes ont toujours condamné le meurtre des êtres vivants. Dans la tradition theravāda, le végétarisme n'est pas obligatoire (voir végétarisme bouddhique). Par ailleurs, la tentative de schisme de Devadatta, rapportée par le canon pali, expose clairement le refus du Bouddha de rendre obligatoire le végétarisme (une des cinq règles que voulait précisément imposer Devadatta). Néanmoins, l'empereur Ashoka, après sa conversion au bouddhisme (il n'y avait pas différentes branches de bouddhisme à son époque), fit une loi à respecter de ne point maltraiter ou tuer volontairement les animaux, imposant le végétarisme de facto dans son Empire.

Les moines et les laïcs du Theravada peuvent manger de la viande et du poisson, à condition (dans le cas des moines) que l'animal n'ait pas été tué spécialement pour eux. C'est cependant une faute très grave (parajika 3, conduisant à une expulsion de la communauté monastique dans cette vie) pour un moine que de tuer intentionnellement un être humain (cela inclut l'avortement intentionnel ou même l'encouragement à avorter, le suicide et l'assistance au suicide) ; en revanche, tuer intentionnellement un animal est une faute mineure (pacittiya 61). Curieusement, tuer un « être surnaturel » (démon, dragon, fantôme ou deva) est une faute plus grave (thullaccaya), mais moins que de tuer un être humain.

Depuis les débuts de la communauté bouddhiste, moines et nonnes sont tenus de respecter au minimum les cinq Préceptes de conduite morale. Les laïcs sont également encouragés à observer ces cinq préceptes, dont le premier, le plus important, est de s'abstenir de prendre la vie d'un être sensible (panatipata). Le commerce de viande n'est pas conforme au Noble Chemin Octuple, il fait partie des cinq métiers qui ne sont pas des « moyens d'existence justes ».

Le canon pali décrit le roi idéal comme un pacifiste, bien qu'il ait une armée à sa disposition. Plusieurs textes justifient les guerres défensives : par exemple, le Samyutta Kosala, dans lequel le roi Pasenadi défend son royaume contre une attaque du roi Ajatasattu.

Selon les commentaires du theravāda, il y a cinq facteurs nécessaires pour qu'un acte soit à la fois un acte de tuer et soit karmiquement défavorable. Ce sont :
(1) la présence d'un être vivant, humain ou animal ;
(2) la connaissance qu'il s'agit d'un être vivant ;
(3) l'intention de tuer ;
(4) l'acte de tuer par quelque moyen que ce soit, et
(5) la mort qui en résulte.


Certains bouddhistes ont fait valoir que dans des postures défensives, dans le cas d'une "guerre juste", l'intention première d'un soldat n'est pas de tuer, mais de se défendre, et l'acte de tuer dans cette situation aurait des répercussions karmiques minimes.

Bouddhisme mahāyāna

Dans le bouddhisme mahāyāna, le fait de tuer un animal – et l'intention même de le tuer – est condamné. En effet, la vacuité des dharmas est inséparable de la compassion (karuṇā). La non-violence fait partie des vœux du bodhisattva, les Cinq Préceptes; elle œuvre afin d'aider l'ensemble des êtres à trouver leur délivrance. Les êtres sont égaux en dignité puisque chacun a, en soi, la nature de Bouddha.

Cependant, cette non-violence n'est pas passive et n'empêche pas de se défendre contre une agression : mettre hors d'état de nuire un criminel est justifié. Un sutra du Mahāyāna, l'Upaya-Kausalya Sutra, mentionne un cas où le bodhisattva, capitaine "Maha Karuna" d'un navire, tue un pirate (nommé Dung Thungchen en tibétain) qui menaçait de tuer tous les passagers d'un bateau. Cet acte est considéré comme très méritoire (y compris pour le pirate lui-même, qui obtient une renaissance plus favorable que s'il avait pu librement accomplir ses crimes).

En Occident

Il a été introduit dans la société occidentale sous l'impulsion politique du Mahatma Gandhi. Albert Schweitzer est un médecin humanitaire, théologien protestant et un des rares philosophes européens du xxe siècle qui utilisa l'ahiṃsā pour ses théories éthiques, dont celle qui l'illustra, le « respect de la vie ». Inspirés par ses actions, des mouvements de droits civiques, comme celui mené par Martin Luther King, se sont engagés dans des mouvements de protestation non-violents. Plus récemment, la popularité du yoga et de la méditation en Occident ont contribué à faire connaître l'ahimsā ainsi que d'autres concepts.

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yves
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isabelle padovani (dont j'ai posté des vidéos dans un autre fil) pratique et enseigne la communication non violente mis au point par marshall rosenberg selon les principes de gandhi

le livre "les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)" ou marshall rosenberg présente la communication non violente est même préfacé par le petit fils de gandhi

je vous cite une phrase du livre ou M.R. montre comment les jugements portent préjudice aux relations:
Si ma compagne à besoin de plus d'attention que je ne lui en accorde, elle est "exigeante et dépendante"; si en revanche c'est moi qui ai besoin de plus de tendresse, alors elle est "lointaine et insensible". Si mon collègue est plus attentif aux détails que moi, il est "pointilleux et maniaque; si c'est moi qui le suis, il devient "brouillon et inorganisé".
je suis très touché par cette formulation tellement simple, qui montre si bien comment les jugements sont toujours négatifs love_3
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
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