et Dieu dans tout ça ?

Lotus Bleu

Question d'un ancien chrétien :
Et Dieu dans tout ça ?
Moi je veux bien sortir de ce que j'estime aujourd'hui être une fable : le Crédo, mais considérer qu'à l'origine (de tout, de notre monde comme de ceux que l'on n'imagine même pas avec nos consciences humaines) il n'y a rien... là, franchement j'ai un peu de mal à ne pas considérer, à minima, qu'il existe une énergie principale et principielle qui existe depuis toujours et est à l'origine de toute chose.
Oui, je sais, l'interdépendance de toutes choses... mais quand même.
Interrogeons le Bouddha : Réponse > ne vous préoccupez pas de ce genre de chose ! sympa... merci d'être passé... je m'attendais à mieux venant de Lui.
Et vous, qu'en pensez vous ?
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Circé
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Je pense que Bouddha ne nous a dit que ce qui peut nous être utile. Il n'a pas dit que nous ne pourrions pas comprendre ( il était poli) mais je crois que c'est le cas.
TNH( encore lui) a une idée là-dessus. Va voir le site " maison de l'inspir" "Thay, qu'est ce que Dieu?" Il a répondu!!!( pas Dieu, Thay)
Compagnon

Et Dieu dans tout ça ?

Une notion. Un concept. Une idée. Un piège. Si l'on y est trop attaché, on souffre et l'on fait souffrir les autres car l'on verse dans le fanatisme. Une conception dual (Dieu/Diable) qui mène à la souffrance.

Moi je veux bien sortir de ce que j'estime aujourd'hui être une fable : le Crédo, mais considérer qu'à l'origine (de tout, de notre monde comme de ceux que l'on n'imagine même pas avec nos consciences humaines) il n'y a rien...

A l'origine il y a des causes multiples, c'est ce que dit le Dharma. Tout est le fruit de causes et de conditions multiples. Ce que les chrétiens appellent "Dieu" fait peut être partie de ces causes multiples. Une des causes ou conditions pas la seule.
La science moderne a tendance à rejoindre le Dharma sur ce genre de conclusions, récemment Stephen Hawking a avancé que selon lui l'univers pouvait parfaitement s'être développé lors du Big Bang de lui même sans faire intervenir qui que ce soit comme une entité appelée "Dieu". Selon lui l'univers n'avait pas besoin de "Dieu" pour se développer de lui même. C'est son point de vue évidemment. Intéressant ce mot "fable". Einstein utilisait plus ou moins le même a propos de la Bible, lui parlait de "légendes certes honorables mais primitives et puériles". Il me semble l'avoir déjà mentionné ici il y a un moment.

là, franchement j'ai un peu de mal à ne pas considérer, à minima, qu'il existe une énergie principale et principielle qui existe depuis toujours et est à l'origine de toute chose.

On peut décrire le karma comme une "énergie", comme l'énergie cinétique que le doigt transmet au premier domino d'une longue lignée de domino disposés les uns a coté des autres. Chaque domino devenant successivement cause puis conséquence du basculement en conservant en lui l'énergie cinétique initialement transmise. Et il a bien fallut d'autres causes avant pour faire apparaître le doigt. Et d'autres causes à ces causes.

Oui, je sais, l'interdépendance de toutes choses... mais quand même.

Tout dépend de tout, si il y avait une seule once de néant ou de néantisation ou que ce soit, celui-ci se propagérait partout et rien n'existerait. Rien n'est éternelle, rien ne peut se néantiser, tout change constamment.

Interrogeons le Bouddha : Réponse > ne vous préoccupez pas de ce genre de chose !

Oui. Information inutile quand au but fixer : la libération de la souffrance.

sympa... merci d'être passé... je m'attendais à mieux venant de Lui.

Le désir mène à la souffrance. Attendre quelque chose de quelqu'un qui en plus n'a jamais promis quoi que ce soit en la matière mène forcément à l'insatisfaction. Si on veut du poisson on ne va pas chez le fleuriste. Le fleuriste n'est pas à blâmé si il n'a pas de poisson.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Voir ci-dessus.

Impression de "déjà vu" concernant ce genre de conversation. Et pas qu'une fois. Avec des personnes "différentes" (?).
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yves
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dieu c'est le dhamma mais attention le dhamma n'est pas dieu :mrgreen:
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
Compagnon

Proposition :

Une vue du christianisme à la lumière d'une grille de lecture bouddhiste.

Que dit la Genèse ?

Qu'Adam et Ève furent chassés du Paradis, du Royaume de Dieu ou il ne souffraient de rien et étaient immortels, car il gouttèrent au fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Le bien et le mal est un dualisme. Sitôt après Adam et Ève comprirent qu'ils étaient nus, prirent conscience de leur nudité respective, il ressentir pudeur, honte et désir charnel, deux tendances opposée. Prisonnier du dualisme, ils ressentir la souffrance pour la première fois et furent exclus du Paradis.

On peut dire que d'un point de vue chrétien, la première noble vérité c'est la prise de conscience de l'existence de la souffrance issu de cette exclusion du Paradis, l'existence du péché, sa réalité. La deuxième noble vérité du christianisme c'est la cause qui a mené à cette souffrance, au péché : le désir pour la pomme, le desir qui mène à la transgression de l'ordre divin, le dualisme, le couple désir sensuel/honte pudeur (soif/répulsion). La 3ème noble vérité du christianisme est qu'il existe un chemin qui permet de se laver de se péché, la prophétie qui annonce l'arrivée du Messie, Jésus le Christ, par son enseignement et son propre sacrifice montre qu'il est possible de transcender la mort, de se libérer de l'enfer par le sacrifice du soi au profit des autres. Jésus abdique son bien être en mourant sur la croix et ainsi donne la voie qui mène à vaincre la mort (mara), vaincre le désir, l'ego, la satisfaction personnelle, en sacrifiant sa vie pour les autres, pour tous les autres, même ceux qui l'ont condamné. Et la 4ème noble vérité du christianisme ce sont les enseignements de Jésus. Les Évangiles sont le Noble Sentir Octuple du christianisme.

On peut voir en Jésus un bodhisattva qui a vaincu la mort par son sacrifice et qui, renonçant temporairement à la libération, est retourné brièvement auprès de ses disciples après sa mort pour les instruire une dernière fois, en se montrant à eux il leur a prouvé que la voie de la victoire sur le péché originel, sur Mara le démon de la mort était possible, en suivant son exemple.

Certains croyant disent que ce monde est au pouvoir du diable. Que ce monde est le royaume du diable, les enfers donc, un lieu d'infinies souffrances.
Pour le bouddhisme, ce monde est samsara, on y souffre constamment, le but est de s'en libéré. C'est un enfer en quelque sorte.

Jésus eu a combattre Satan le tentateur dans le désert puis a vaincre la mort sur la croix en descendant aux Enfers et en en revenant.
Le Bouddha eu a combattre Mara, la mort, sous l'arbre de la Bodhi et il le vainquit.

Jésus abdiqua son bien être personnel par obéissance à son Père, il abdiqua son ego, accepta l'humiliation, la torture, le souffrance et la mort sur la croix pour sauver tous les hommes dans la plus parfaite équanimité, juifs comme romains, tous les hommes.
Le Bouddha décida de trouver un remède à la souffrance de tous les hommes, s'infligea un ascétisme extrême et une discipline mentale surhumaine, un effort de volonté prodigieux que même certains théologiens chrétiens actuels acceptent de reconnaotre et sous l'arbre de la bodhi il déchira le voile de l'illusion de l'ego et trouva le remède à la souffrance qu'il proposa ensuite a tous de manière parfaitement équanime.

Deux hommes. Deux enseignements. Deux voies. Un certain nombre de ressemblances dans les vies respectives et dans les enseignements au niveau de l'éthique.
Jésus considéré comme un bodhisattva par certains bouddhistes, Bouddha canonisé par "accident" par l'Eglise de Rome sous le nom de Saint Issa.

On peut voir les choses comme ça... on peut. Ou pas.

Personnellement cela me permet de ne pas opposer ces 2 enseignement, de faire la paix entre eux en moi et d'être en paix avec les chrétiens, même si pour certains eux ne sont pas en paix avec le Bouddha....
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yves
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avec l'éclairage bouddhique je comprends différemment ce passage de la génèse

si le paradis: c'est la vacuité, le bien et le mal: un jugement que l'on porte

il est tout naturel de ne plus être dans la vacuité à partir du moment ou l'on se mets en situation de porter des jugements... non?

par la même, on se trouve "chasser du paradis" :?:
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Compagnon

@Yves : pourquoi pas ? Oui quand on est plus dans la vacuité, quand on développe le rapport sujet/objet, soi et l'autre, on développe la croyance en l'ego, et que font Adam et Eve sitôt qu'ils ont gouté la pomme, c'est à dire qu'il ont cédé au désir pour une sensation corporelle agréable (le gout sucré de la pomme - qui d'ailleurs était sans doute un autre fruit dnas le mythe initial mais c'est pas grave) : ils cherchent à se vêtir, ils cachent leur sexe, ils développent pudeur et honte, donc il cherchent à protéger quelque chose qui n'existaient pas avant ou du moins dont il ne se souciaient pas avant : l'ego. Le regard de l'autre se met a avoir de l'importance, le regard d'Eve sur Adam et d'Adam sur Eve. Il ne font plus 1. Ils ne sont plus dans la compréhension, l'union, mais dans la séparation et le jugement. Adam a peur du jugement d'Eve sur son corps à lui et Eve a peur du jugement d'Adam sur son corps à elle. Soudain cela devient d'une importance vitale pour leur "estime d'eux même", il y a soudain un "ego" à protéger. Il y a quelque chose de vulnérable et à protéger qui est apparu dans chacun d'eux. Et d'ailleurs, est ce que c'est "Dieu" qui les chasse du Paradis ? Ou est ce qu'il ne fait que constaté qu'ils ne sont plus en communion avec lui ? Et qu'ils s'éloignent de lui, donc qu'ils se chassent eux-mêmes ? Sitôt qu'ils ont "croqué" la pomme il n'étaient déjà plus au Paradis puisqu'il n'étaient plus dans la béatitude, l'état de perfection s'était rompu. Ils éprouvaient les premières sensations de souffrance sous forme de honte et de culpabilité, de crainte, car ils avaient désobéis. Une foule de sentiments désagréables.

PS : au passage certains théologiens chrétiens tout comme des maîtres bouddhistes disent exactement la même chose les uns de la connaissance/compréhension de Dieu et les autres de l'expérience de l'Eveil : c'est inabordable avec des mots et concepts humains, intellectuel. C'est une expérience brute, pure, au delà de tout concept humain verbalisable. Au début je reconnais que j'étais agacé et troublé quand j'entendais Tich Nhat Hanh jonglé avec le Royaume de Dieu et Nirvana ou la Terre Pure d'Amitabha. Je me suis dis, bon, d'accord, il est en France devant un public en grande partie de tradition judéo-chrétienne, il adapte ses mots au public, comme le faisaient le Bouddha en son temps avec ses auditeurs. Mais petit à petit, quand je vois dans ses enseignements des références à des philosophes occidentaux, à des scientifiques de renom du passé, je me dis qu'il a énormément lu. Et lors de ses études dans sa jeunesse il a étudié et enseigné les religions comparées à Princeton. Il a donc sérieusement étudié les 3 grands monothéisme et à même proposé un rapport sur sa vision à lui, celle d'un bouddhiste des 3 religions du Livre. Je comprends que cette tendance au synchrétisme puisse faire grincer des dens des pratiquants du Dharma plus "puristes" et des chrétiens puristes aussi. Mais au fur et à mesure... je me dis qu'il y a une réflexion bien plus profonde derrière ce que dit Thay. Que ce n'est peut être pas si "original" que ça à l'intérieur même du bouddhisme. Voyez le texte curieux du bouddhiste tibétain ci-dessous, troublant non ? Et c'est un tibétain qui parle par un bouddhiste Vietnamien. Thay insiste beaucoup sur la vacuité, ce qu'il appelle l'inter-être. Si vous l'appliquer à toutes les religions du monde comme des phénomènes (des phénomènes spirituelles ou sociologiques) et que l'on dit : tous les dharma sont vacuité, alors est-il si surprenant de trouver un peu de chacun dans tous ? L'erreur étant de vouloir que certain soient plus "véridiques" que d'autres. Car là on créé alors de la discrimination, du jugement de valeur. Et je le rappelle toujours, que disait Gandhi a propos de sa religion : "Oui je suis hindouiste, mais je suis aussi chrétien, musulman, juif et bouddhiste". Ne disait-il pas en cela que toutes les religions sont vacuité ? Et qu'il est donc absurde de vouloir les faire s'opposer ? Thay insiste sur l'importance de la non-discrimination, car la non-discrimination met fin à tout fanatisme. La non-discrimination n'est qu'une autre façon d'exprimer la vacuité.

Je suis tombé il y a quelques temps sur le texte ci-dessous d'origine bouddhique mais dont j'ai trouvé la lecture troublante, car j'ai eu l'impression de lire une version bouddhique de la "Genèse". "Au commencement était le Verbe, puis le Verbe se fit chaire...." Quand l'auteur parle ci-dessous de "solidification". Et de naissance de la "dualité", comme j'en ai parlé ci-dessus.

Les cinq skandhas.

Gyétrul Jigmé Norbu Rinpoché
Druk Toupten Tcheukor Ling ( Plouray )
27 Novembre 1991

Pour être à même de le parcourir du début jusqu'à la fin, depuis l'état voilé de l'esprit jusqu'à l'état de l'esprit éveillé, nous devons savoir en premier lieu ce qui constitue la base, le matériau sur lequel nous allons travailler. Cela désigne un aspect qui fait partie de notre vie. Cette matière, c'est la nature de l’ego. Sans connaître cette matière sur laquelle nous devons travailler, tous les efforts sont inutiles. Sans cette connaissance de la matière de base, tout n'est que fantasme et imagination. Nous sommes très friands de fantasmes; cela peut être agréable, mais n'a rien de commun avec une pratique authentique. Parce que nous vivons dans l'imaginaire, cela change tout, et au lieu de devenir un bouddha, nous risquons de devenir un démon! L'imagination naît de l'ignorance de cette matière de base qu'est la nature de l’ego.

Les différentes religions ont en commun la notion de "chute originelle" de l'homme, et dans le bouddhisme nous nous référons au terme sanskrit "avidya" qui veut dire : "ignorance". Il n'y a pas de honte à avoir un ego : il ne s'agit pas d'une maladie incurable. Il existe un remède et les moyens de s'en sortir. Et de fait, l'illumination elle-même vient de cette matière qu'est l'ego. En tant qu’êtres humains, nous avons dès maintenant la chance de connaître ce dont il s'agit. Cessons de nous projeter dans le futur : souvent nous aimerions devenir quelque chose de mieux que ce que nous sommes. Là est tout le problème ! Chercher à devenir autre chose qui n'a rien de commun avec nous-mêmes est vraiment stupide. Essayer de fuir l'ego parce que nous le considérons comme négatif ne ferait que le durcir. Accepter de lui faire face est le moyen de la reconnaître et de créer la possibilité d'en briser le mécanisme.

D'un point de vue bouddhique, cette notion d'ego est reliée à la compréhension des cinq skandhas ou agrégats. Depuis des temps sans commencement, il n'existait rien d'autre qu'un espace ouvert. Cet espace ouvert, présent en dehors du temps, est aussi ce que l'on appelle l'état de l'esprit fondamental. En cet ouverture, en cet espace, il n'y avait pas de distinction entre moi et autre chose : cette ouverture, cet espace étaient une seule chose. De ce déploiement de l'espace est née l'aspiration à danser; au sein de la danse, cette tendance à tourner sur soi-même, et ainsi nous avons tourné plus qu'il n'était nécessaire et nous sommes devenus trop actifs.

Pour danser, il faut un(e) partenaire et nous avons saisi l'espace comme partenaire. Pour que la danse soit harmonieuse, nous avons voulu que notre partenaire s'accorde à notre tonalité, à notre musique ; ainsi nous avons solidifié l'espace. A ce moment a commencé un aspect de la dualité : il y a eu l'espace et moi, moi et l'espace sommes devenus deux choses. Et sous l'effet de l'intensité de la danse, l'esprit s'est comme évanoui. Après cet évanouissement, l'esprit s'est réveillé. Au réveil, les choses avaient changé : l'espace apparaissait comme solidifié, avec des distinctions entre sujet et objet; nous avions oublié ce qui s'était passé et avions l'idée que l'espace avait toujours existé sous cette forme solide. C'est de cette manière que nous avons refusé de voir l'état originel de l'esprit.


Quand on se réfère à cet espace et cette ouverture originels, il ne s'agit pas de se les représenter comme un paysage vaste et ouvert, à l'image d'un désert sans limites, ou d'un lac immobile. Dans cet espace immense et ouvert, était à l’œuvre une forme de conscience, que l'on appelle l'intelligence primordiale. Il y avait l'énergie, les couleurs, l'intelligence, qui elles aussi étaient devenues captives et amoindries. C'est en ce sens et en ces circonstances que nous pouvons dire que d'une certaine manière une forme de distinction entre sujet et objet existait déjà, pas de façon aussi prononcée qu'à l'heure actuelle, mais d'une manière subtile. Ainsi a commencé le premier skandha, skandha de la forme, qui est aussi une forme d'ignorance. Cette ignorance n'est pas la stupidité. Cette ignorance a une forme d'intelligence avec la tendance à contempler ses propres projections, plutôt que la réalité. C'est la définition de base de l'ignorance. on peut penser les choses de cette manière : au début existe un grand désert, un espace ouvert, sans arbre, sans montagnes, sans rien. En même temps, cet espace n'est pas vide, la clarté du soleil, de la lune et des étoiles se manifeste, ainsi qu'une intelligence au travail. Tout à coup, cela se passe comme si quelqu'un prenait conscience, comme un grain de sable qui soudain sort son cou et essaye de regarder ce qui se passe autour. Au commencement, il n'existe pas de perceptions, ni quoi que ce soit de ce genre. Tout est un : l'intelligence, l'énergie, les couleurs, l'espace. Puis surgit un observateur, et bien que ce soit toujours la même intelligence, la même énergie, les mêmes couleurs, elles ne sont plus vues de la même manière. L'observateur se dit que ce qu'il voit autour de lui doit être la réalité.

Au départ nous avons développé cet agrégat de la forme qui est aussi l'ignorance, et maintenant nous voulons le sentir. C'est comme au petit matin lorsque la brume voile le paysage, et à la mi-journée lorsque le soleil est au zénith, les formes deviennent distinctes et définies. Dans le premier skandha, existait une forme éblouissante et sans contour, et maintenant nous voulons quelque chose de défini; nous voulons sentir les choses. A ce moment est né le deuxième skandha qui est celui de la sensation.

A partir de ce processus de la sensation, s'engage la manière de créer une relation avec ce que l'on sent, comme le rapprochement entre le fait d'avoir faim et le fait d'avoir de la nourriture pour combler cette faim. Ceci correspond au troisième skandha, celui de la perception. Prenons l'exemple d'une tasse de thé : au début, elle est simplement là dans un espace libre et sans concept, puis c'est comme si l'esprit paniquait et devait attribuer une place à cet objet, l'analyser, le faire rentrer dans une catégorie; ensuite vient le fait de vouloir boire ce thé. A chaque fois que nous voyons un objet qui nous fascine, nous tentons de le posséder ou de le contrôler. Si cet objet nous déplaît, nous mettons tout en œuvre pour l'éviter. Si celui-ci se révèle être un adversaire plus fort que nous et qui nous menace, nous refusons tout contact et tentons de fuir. Si nous sommes contraints à lui faire face, nous essayons de lui rentrer dedans, ou bien nous l'ignorons tout simplement; et la plupart du temps, c'est ce que nous faisons. Là intervient le quatrième skandha, celui des volitions.

Plus le processus d'analyse s'intensifie, plus les catégories se diversifient dans toutes les directions de l'espace et du temps. Ainsi, nous créons le monde. Le cinquième skandha, celui des consciences se développe, un peu à l'image d'un poste de contrôle ou d'un quartier général. Avec ce cinquième skandha, l'ego est complet. Ces cinq skandhas produisent alors le monde imaginaire des six mondes ou six classes d’êtres. La physiologie de l'ego se crée de cette manière, graduellement. Au départ, ce ne sont pas des entités solides, mais les schémas se complexifiant progressivement; créent un monde solide.

Lorsque au cinéma, nous regardons un film : les images individuelles se succèdent à une telle rapidité que se crée l'illusion du mouvement, et ainsi nous prenons ces objets en train de se mouvoir comme réels. Mais ce ne sont que des images.

Tous ici, nous sommes dans ce même état d'esprit lorsque nous sommes à la recherche d'une spiritualité pour atteindre l'illumination. Il est très important de comprendre ce matériau de base sur lequel nous travaillons, c'est à dire les mécanismes de l’ego. Ainsi nous apprendrons comment nous comporter sur le chemin spirituel... La spiritualité n'est pas une sorte de voyage fantastique dans lequel on se jetterait aveuglement. C'est le fait de comprendre de manière concrète ce qu'est la réalité qui fait que le voyage spirituel peut commencer.


Qui est : Gyétrul Jigmé Norbou Rinpotché

Maître bouddhiste tibétain, issu de la lignée Ripa et réincarnation de Gyeling Yonten Lhundrub Gyatso Rinpotché, né en Inde en octobre 1968. Fils du tertön Namkha Drimed Rinpotché et de Khandro Chimé Dolkar, arrière-arrière-petit-fils de Shakya Shri et frère de Tenzin Nyima Rinpotché et Khandro Tseyang Palmo. Il vit en Orissa (Inde).

Gyétrul Jigmé Rinpotché est détenteur de deux lignées, qui incluent toutes les deux la lignée Nyingma Ripa, une lignée héréditaire ou dungjud, dont il est héritier. Il est également à la tête de la lignée Péma Lingpa du monastère Gyeling Orgyan Mindrolling de Pémako.

Gyétrul Jigmé Rinpotché a été reconnu à l'âge de trois ans par Kyabjé Dudjom Rinpotché, détenteur de la lignée Nyingma, en tant que réincarnation de Gyeling Yonten Lhundrub Gyatso Rinpotché. Il a étudié à Darjeeling, où il a appris l'anglais, puis à l’Institut Supérieur d’Etudes et de Recherches Ngagyur Dojo Ling à Bouddhanath au Népal, institut fondé par Dudjom Rinpotché. Il a reçu en 1993 un doctorat en études du Bouddhisme Tantrique et Sutrique.

Les premiers maîtres spirituels de Gyétrul Jigmé Rinpotché ont été Dudjom Rinpotché, et son père et maître-racine Namkha Drimed Rabjam Rinpotché. Il a reçu les enseignements des maîtres de la tradition Drukpa Kagyu, particulièrement ceux de la lignée Shakya Shri : le 12e Gyalwang Drukpa Rinpotché et Kyabjé Thuksay Rinpotché.

Maître spirituel en Orissa depuis septembre 1993, il y réalise également un travail humanitaire. Il a ainsi fondé le projet «Eau Pure», pour lequel il a reçu l'approbation du Dalaï-Lama et du gouvernement tibétain en exil. Il dirige aussi la mise en place d’un programme de prévention et de traitement de la malaria, la direction d’un programme de soutien aux orphelins, aux personnes âgées, à la scolarité des enfants et des moines en Orissa.

Gyétrul Jigmé Rinpotché donne des enseignements en Europe depuis 1996. Il a fondé les centres Padma Ling, un réseau d’enseignements du Dharma, en Suisse, France, Allemagne, Espagne, Angleterre, Japon et Guyane française.

Dirigeant les monastères de Ripa en Inde et au Népal, et diffusant ses enseignements en Occident au travers de ses centres Padma Ling et des Fondations Ripa, Gyétrul Jigmé Rinpotché participe aussi au développement de la communauté tibétaine en exil.
Lotus Bleu

Grand merci à tous pour vos réponses éclairantes ! particulièrement à Compagnon pour avoir mis en perspective les crédos bouddhistes et chrétiens.
Cela m'aide. color_3
Compagnon

C'est fait pour Lotus Bleu c'est fait pour. Pour avoir lu des ouvrages allant dans les deux sens, a savoir du bouddhisme vers le christianisme et du christianisme vers le bouddhisme, par des personnes soucieuses de dialoguer, je crois fermement que l'échange, le dialogue mutuellement respectueux est profitable est possible. Cela demande un peu d'érudition, de la bienveillance et de l'ouverture ainsi qu'une capacité à dépassé la lettre des texte pour se porter sur l'esprit des textes.

Jésus comme le Bouddha on cherché chacun à leur façon a apporter le bonheur aux hommes, tout les 2 avaient le même soucis. Et cela leur a coûté à chacun, ils ont fait passé leur confort personnel très loin derrière le bien commun. Les différences ne sont que dans la méthode, et encore.... Au niveau de l'éthique, du comportement à avoir dans la vie, en société, vis à vis des autres, ils se rejoignent souvent. Même si c'est pour dés motifs différents, les comportements qu'ils encouragent à avoir et ceux qu'ils encouragent à abandonner sont très proches. Vis à vis de soi et des autres.

J'y repensais encore ce matin, autre analogie. Dans l'enseignement chrétien il y a les notions d'Enfer et de Paradis. Le Paradis peut être décrit (si l'on veut) comme un état d'existence ou l'on est en union totale avec celui qui est nommé "Dieu". On est "auprès de lui" définitivement. Un état de joie intense, durable, dépourvu de toute souffrance, on ne crains plus jamais la mort ou l'enfer. Il y a donc en quelque sorte cessation de toute barrière, de toute distinction entre le croyant et Dieu, il n'y a plus ni sujet, ni objet, il n'y a plus de la part du croyant l'impression qu'il est distinct de Dieu ou que Dieu est distinct de lui.
Le croyant devient "en Dieu" et "Dieu en" le croyant pour toujours sans plus aucune restriction. Tout frein ou voile est dissipé.
On peut supposé que c'est un état de bonheur absolu. De sécurité. Plus rien a redouter, plus de peur. Confiance, sérénité, joie.

L'Enfer chrétien peut être décrit lui comme un lieu ou "Dieu n'est pas" ou plutôt ou la personne s'est totalement coupée de "Dieu", la présence de "Dieu" n'est plus du tout ressentie. On peut supposer un état d'angoisse, de terreur, de souffrance existentielle sans commune mesure, un sentiment de solitude abyssale, d'isolement sans nom et sans fin suscitent une terreur et un désespoir atroce. Un enfermement dans l'illusion de l'ego tel que l'être se croient seul dans l'univers, sans personne, sans soutient. Rien. On peut considérer cela comme une prison. L'être s’abîme dans l'ego a un point qu'il s'effondre sur lui-même dans une douleur atroce comme un trou noir, l'Enfer ce pourrait être l'ego du étoile (l'être concerné) qui s'alourdie tellement que l'étoile s'effondre sur elle même, devient un abyme béant de souffrance quasi éternelle (comme d'ailleurs en astrophysique l'on sait que la gravité des trou noirs est telle qu'ils ralentissent le temps).

Hors dans certains écoles bouddhique les différents états d'existence, de manifestation dans le Samsara sont décrit, ainsi on peut se manifester sous forme humaine, animale, en enfer, parmi les devas ou les dieux. Et les enfers y sont aussi décrit comme un lieu d'extrême souffrance, ou l'être s'est manifesté après avoir accumulé dans ses existences précédentes une vaste quantité de karma négatif. Inversement une quantité considérable de karma positif peut vous amené , par exemple dans l'école dite De la Terre Pure, dans une royaume de Félicité auprès du bouddha Amitabha. L'école de la Terre Pure est un courant basé sur la foi. Amitabha est un bouddha important dans certains pays d'Asie. C'est une bouddha "mystique".

Et plus généralement Nirvana est décrit entre autre comme un état de libération de toute souffrance ainsi que du cycle des remanifestations. L'être qui atteint Nirvana devient vraiment libre. Il n'est plus prisonnier d'un cycle des remanifestions qu'il ne contrôle pas. Samsara peut être décrit comme une prison. Un enfer.

Enfer/Samsara, Paradis/Nirvana, solitude de l'ego et prise de conscience de la vacuité de toute chose, de l'interdépendance de toute chose, mal que représente l'égocentrisme, l'égoïsme, bien que représente la compassion, discrimination contre équanimité... (dans une série TV américaine un personnage croyant définit d’ailleurs le Mal comme l'absence de compassion). Dans certains passage de la Triple Corbeille c'est "amusant" de voir des bikkhus en méditation être tentés par Mara. Il vient leur poser des questions insidieuses, chercher à les faire douter, un vrai "Malin" chrétien à la langue bien pendue, et à chaque fois le bhikku concerné trouve la parade et dit clairement : je t'ai reconnu Mara. Et Mara se replis, dépité, vaincu. D'ailleurs sous l'arbre de la Bodhi Mara tenta le Siddharta de plusieurs façon : désirs sensuels (sexe), peur, doute... Tout comme Jésus fut tenté au désert de plusieurs façons.

Toutefois... il est aussi important à un certain stade de voir encore au delà de ses binômes.

Et ce matin... je crois peut être avoir trouvé une clé d'approche "bouddhique (?)" pour l'Islam (ce qui est bon pour moi tant j'ai besoin de me défaire des préjugés négatifs que j'ai contre cette tradition).
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yves
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Compagnon a écrit :@Yves : pourquoi pas ? Oui quand on est plus dans la vacuité, quand on développe le rapport sujet/objet, soi et l'autre, on développe la croyance en l'ego, et que font Adam et Eve sitôt qu'ils ont gouté la pomme, c'est à dire qu'il ont cédé au désir pour une sensation corporelle agréable (le gout sucré de la pomme - qui d'ailleurs était sans doute un autre fruit dans le mythe initial mais c'est pas grave) : ils cherchent à se vêtir, ils cachent leur sexe, ils développent pudeur et honte, donc il cherchent à protéger quelque chose qui n'existaient pas avant ou du moins dont il ne se souciaient pas avant : l'ego. Le regard de l'autre se met a avoir de l'importance, le regard d'Eve sur Adam et d'Adam sur Eve. Il ne font plus 1. Ils ne sont plus dans la compréhension, l'union, mais dans la séparation et le jugement. Adam a peur du jugement d'Eve sur son corps à lui et Eve a peur du jugement d'Adam sur son corps à elle. Soudain cela devient d'une importance vitale pour leur "estime d'eux même", il y a soudain un "ego" à protéger. Il y a quelque chose de vulnérable et à protéger qui est apparu dans chacun d'eux. Et d'ailleurs, est ce que c'est "Dieu" qui les chasse du Paradis ? Ou est ce qu'il ne fait que constaté qu'ils ne sont plus en communion avec lui ? Et qu'ils s'éloignent de lui, donc qu'ils se chassent eux-mêmes ? Sitôt qu'ils ont "croqué" la pomme il n'étaient déjà plus au Paradis puisqu'il n'étaient plus dans la béatitude, l'état de perfection s'était rompu. Ils éprouvaient les premières sensations de souffrance sous forme de honte et de culpabilité, de crainte, car ils avaient désobéis. Une foule de sentiments désagréables.
tu décris dieu comme extérieur, je ne le comprends pas comme ça, dieu est la vacuité au même titre qu'adam et eve, avant que naisse la dualité du jugement dans l'esprit: personne ne pouvait croire qu'il n'était pas dieu

alors dans la bible, qui a le soucis de "vulgariser" un message qui doit être compris par une majorité de gens illettrés à son époque, il traduise ça par cette histoire de paradis perdu pour suscité un maximum de motivation je pense...

toute l'histoire d'adam et eve et une fable destiné à soutenir notre compréhension de la nature de l'esprit

mais c'est un point de vue très personnel color_3

je suis persuadé que toutes les religions parlent de la même expérience indicible, mais comme toute cette redécouverte c'est produite y'a 2500 à 1500 ans, des esprits "voilés" sont intervenu dans le processus de transmission, pour moi il ne fait aucun doute que jésus serai d'accord avec bouddha comme gandhi l'était avec martin luther king...
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
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