Question sur une expérience, un ressenti

Compagnon

Bonsoir,

Dites moi, auriez vous croisé dans vos lectures, vos recherches personnelles, les enseignements que vous auriez reçu de maîtres etc... quel que soit la courant du Dharma, la description d'une expérience, d'un ressenti, pendant un moment, d'une souffrance plus vaste que la sienne propre sans que celle-ci soit clairement définie mais avec la nette impression qu'elle n'était pas que sa propre souffrance et que ce "supplément" de souffrance était massif, écrasant, et d'origine nettement humaine sans que l'on puisse dire clairement pourquoi on le sait, mais qu'on le sait ? Une expérience pénible, vécu plutôt dans l'intimité, pas forcément pendant une pratique méditative. Mais un ressenti, une expérience clairement exceptionnelle, non courante.

Est ce que vous auriez lu quelque par la description d'une expérience (mystique ?) propre à la voie du dharma qui s’apparentait au descriptif que je fais ? Peut être quelque chose de l'autre d'une expérience de la vacuité de toutes les souffrances humaines ou du moins d'un certain nombre pendant un bref instant.

Vous voyez ce que je veux dire ? Ou pas ?

Merci
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davi
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Inscription : 28 février 2016, 11:38

Ci-après un enseignement de Guéshé Kelsang Gyatso issu de La Voie Joyeuse dans le cadre de l'entraînement de l'esprit à la bodhicitta (esprit d'illumination) intitulé Prendre et Donner :
PRENDRE

Cette pratique est motivée par la compassion qui désire prendre la souffrance, la peur, le malheur et les défauts des autres. Nous pouvons pratiquer la prise de deux manières : soit en prenant les souffrances de tous les êtres collecti¬vement, soit en prenant les souffrances d'individus ou de groupes d'individus.
Si nous pratiquons de la première manière, nous imaginons que nous sommes entourés par tous les êtres vivants qui habitent les six règnes et nous contemplons leurs souffrances. De cette manière, nous générons la compassion et pensons: « Comme ce serait merveilleux si tous les êtres vivants étaient libérés de leurs souffrances dès maintenant. Moi même, je ferai en sorte que cela se produise. » Puis, nous visualisons toutes les souffrances des êtres vivants sous la forme d'une fumée noire que nous faisons venir en notre cœur, là où notre esprit d'auto préoccupation est concentré. Pendant qu'elle se dissout en notre cœur, cette fumée consume notre auto-¬préoccupation. Lorsque nous avons pris toute la fumée noire de la souffrance des autres, nous pensons : « Maintenant, cette fumée noire a complètement anéanti mon auto préoccupation et tous les autres êtres vivants sont libérés de leurs souffrances. Leur corps est devenu pur et leur esprit s'est transformé en grande félicité non contaminée. » Puis, nous faisons une méditation placée sur cette sensation.
Si nous pratiquons de la deuxième manière, nous faisons une méditation en plusieurs séquences, en nous concentrant (pg499) à tour de rôle sur les souffrances des êtres à l'intérieur de chaque règne du samsara. Lorsque nous avons terminé ces six séquences, nous imaginons que tous les êtres des six règnes sont entièrement libérés des souffrances de toute sorte. Leur corps est devenu pur et leur esprit s'est transformé en grande félicité non contaminée. Si nous le souhaitons, nous pouvons également faire cette pratique de la prise en nous concentrant juste sur une seule personne ou sur un nombre restreint de personnes prises individuellement.

Il est possible de se méprendre sur le but de cette pratique de la prise et de penser : « De mon propre côté, j'ai assez de malheur, je ne peux pas prendre sur moi la souffrance du monde entier. » Cette pratique n'a pas pour objectif de nous faire supporter un intolérable fardeau de souffrances, mais de faire grandir notre compassion, de stabiliser notre expérience de l'échange de soi avec les autres et d'accumuler du mérite. Nous ne pouvons pas dire que le résultat direct de notre pratique de la prise sera la libération de la souffrance pour tous les êtres vivants mais, si nous faisons cette méditation, nous pouvons être certains que notre propre compassion va grandir. Puisque la compassion est la cause de l'illumination, nous pouvons être sûrs que notre pratique de la prise crée la cause de notre illumination et nous deviendrons de cette façon tout à fait capables d'aider les autres afin qu'ils arrivent à se libérer de leur souffrance.

S'il nous est difficile de commencer en prenant sur nous les souffrances des autres, nous pouvons suivre le conseil de Guéshé Tchékhawa dans L'entraînement de l'esprit en sept points, où il nous suggère de commencer par prendre sur nous nos propres souffrances futures. Il est certain que nous rencontrerons à l'avenir les souffrances de la vieillesse, de la maladie, de la mort et beaucoup d'autres malheurs. Si nous prenons ces souffrances sur nous maintenant, nous allons devenir suffisamment familiers avec cette pratique pour prendre également les souffrances des autres. De plus, nous nous libérerons indirectement de nos souffrances futures en créant la cause de l'élimination de notre auto préoccupation qui est la source de tout notre malheur futur. La pratique de (pg500) la prise de notre propre souffrance future peut se faire avec la motivation de purifier nos négativités, de vaincre notre auto préoccupation ou bien d'être capables de prendre sur nous les souffrances des autres. Après avoir généré une telle motivation, nous visualisons nos propres souffrances futures sous l'aspect d'une fumée noire qui se rassemble et se dissout en notre cœur, purifiant le karma négatif qui est la cause de nos souffrances futures. Puis nous pensons « Maintenant, je me suis libéré de ma souffrance future », et nous générons une grande joie. Il est nécessaire de répéter cette pratique de nombreuses fois.

La pratique de la prise des souffrances des autres nous rend capables de transformer les adversités en la voie spirituelle car, quand nous pratiquons la prise, nos propres adversités semblent relativement insignifiantes. Nous sommes capables de les endurer parce que nous nous destinons à endurer les souffrances de tous les êtres vivants. Si nous pensons de cette manière, nos difficultés ne nous sembleront plus être de gros problèmes et nous pourrons accepter toutes les situations qui se présentent. Si notre pratique de la prise est sincère, nos propres souffrances ne peuvent pas nous déprimer. Nous sommes facilement excités ou déprimés quand nous ne nous préoccupons que de notre propre bien être. Avec un esprit aussi déséquilibré, il est difficile de pratiquer le dharma mais, si nous chérissons les autres et prenons leurs souffrances sur nous, nous pourrons maintenir un état d'esprit plus stable en ce qui concerne notre propre situation personnelle. De cette manière, nous pourrons transformer les distractions et les autres conditions défavorables en la voie spirituelle.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

Je lirais cela attentivement merci.
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