Compassion pour tout le monde, Amour pour personne ?

Compagnon

jules a écrit :Compassion pour tout le monde, cela ne veut rien dire si « tout le monde » est conçu comme une masse informe. Tout le monde, c’est chaque personne en particulier.
Comme comprendre "particulier" quand on nous explique que rien n'a de soi indépendant, que tous les phénomènes, y compris les manifestations des gens sous telle ou telle forme, sont interdépendante et liées les unes aux autres ?

Comment comprendre "chaque personne en particulier" à la lumière de la vacuité, du non-soi ?

Si on expérimente vraiment (pas seulement la compréhension intellectuelle) ce qu'est la vacuité, le non-soi, est-ce que cela a encore un sens d'avoir de la compassion pour "quelqu'un en particulier" ? Est ce même possible ? Est ce que l'on "voit" ou "perçoit" encore des "personnes" en "particulier" ?
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jules
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Si on est seulement capable de donner cet amour à notre enfant ou à notre conjoint, alors c’est que nous devons progresser sur la voie du bodhisattva.
Compagnon

Absolument.

Quand on arrive a voir en n'importe qui, le premier "inconnu" qui passe, quelqu'un que l'on aime autant que notre enfant ou notre compagne/compagnon je pense qu'on est bien avancé. Car on ne fait plus de distinction dans notre amour, on atteint l'équanimité parfaite. On peut même pousser cela jusqu'a tout ce qui vit et est sensible ce qui pourrait toucher donc animaux et végétaux, après tout tout le monde n'a pas la chance d'être re-manifester actuellement sous forme humaine. On peut même peut être pousser encore plus loin. Tous les êtres sensibles cela doit inclure aussi les démons et les dieux. En théorie... ne peut-on pas dire que le Bouddha en est venu a avoir une compassion équanime pour toutes vie sensible du démon jusqu'au dieu en passant par l'animal, le végétal, l'insecte, l'humaine, le deva ? D'ailleurs selon la "légende" c'est le dieu Bhrama qui vint supplier le Bouddha juste après l'Eveil de faire tourner la roue du Dharma pour tous.

Il me semble que c'est Dilgo Khyentsé Rinpoché qui faisait remarqué que ceux qui sont autour de nous ont tous été dans une vie passée notre mère aimante, que dans n'importe qui autour de nous, nous pouvons voir quelqu'un qui a été autrefois notre mère aimante dans une autre vie, et donc que nous pouvons aimer comme nous avons été aimé par cet être par le passé. On peut s'entraîner à voir les choses ainsi, il ne les exprimait pas tout à fait comme cela mais c'était l'idée générale. Je peux retrouver le texte original au besoin.
Lotus Bleu

Très intéressant tout cela... Circé m'a bien fait marrer :D . Bon, l'equanimite... Ce n'est visiblement pas pour tout le monde... Pas grand monde même... :???:
Compagnon

Lotus Bleu a écrit :Très intéressant tout cela... Circé m'a bien fait marrer :D . Bon, l'equanimite... Ce n'est visiblement pas pour tout le monde... Pas grand monde même... :???:
Si justement, l'une des affirmations du bouddhisme est que tout le monde peut devenir bouddha, et donc atteindre l'Eveil qui voit se manifester cet état d'esprit d'équanimité dans la compassion. Le Bouddha s'est engagé et à dit que quiconque pratiquait son Dharma assidûment quotidiennement de manière intense, sincère et correcte, pouvait atteindre l'Eveil en quelques années, 5 ou 7 ans je ne sais jamais, tout comme lui y était arrivé.

Potentiellement si, c'est pour tout le monde. Le potentiel existe en chacun. Que vaudrait l'universalité du remède du Bouddha si justement il n'était pas... universel.

Mais personne n'a jamais dit que c'était facile. La difficulté de la tâche est à la hauteur de l'enjeu, de la récompense. Le gain final : la libération, est tout de même à l'échelle cosmique en terme d'espace et à l'échelle de l'éternité pour ce qui est du temps, ce n'est pas rien. Relativement parlant à l'échelle du cosmos et des milliards d'années de l'univers, de cet univers, consacrer simplement quelques malheureuses années à cette tâche est ridiculement peu chronophage.
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yves
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Compagnon a écrit :@Yves : Ou est le passage dont tu parles Yves à propos du refus d'Abraham ?
apparemment j'ai mélangé^^ :oops:

mais le fond de l'histoire reste le même, l'amour n'est pas l'attachement à un être qui que se soit anjalimetta

ps j'ai 2 enfants love_3
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
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tirru...
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La compassion ou l'amour n’appartiennent ni au bouddhisme, ni au protestantisme... La compréhension de cet apprenti bouddhiste est de toute évidence erronée et il semble s''en servir, de façon mal habile d'ailleurs, pour justifier son changement de cap... un pratiquant bouddhiste doit-il pour autant se justifier sur la qualité du Dhamma ?
tout comme le grand océan n'a qu'une seule saveur, celle du sel, de même ce Dhamma-Vinaya n'a qu'une seule saveur, celle de la libération.
------------------------------------------------------------------------------ Image Sabba danam dhammadanam jinati - Le don du Dhamma surpasse tout autre don ImageDhammapada
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@Tirru : qui est "l'apprenti" dont tu parles ? C'est pas clair. Et on sens comme une certaine condamnation ou désapprobation derrière tes propos , enfin c'est l'impression que cela donne.
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jules
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Compagnon : Comme comprendre "particulier" quand on nous explique que rien n'a de soi indépendant, que tous les phénomènes, y compris les manifestations des gens sous telle ou telle forme, sont interdépendante et liées les unes aux autres ?
Il m’apparaît que la particularité et la multiplicité des choses et des personnes c’est précisément ce qui me permet de parler d’interdépendance. Parler d’interdépendance est toujours une manière de s’appuyer sur le conventionnel. La seule manière d’exprimer l’ultime c’est en l’occurrence de dire qu’il n’y a ni particularité ni multiplicité, ni soi ni non soi, ni phénomènes ni absence de phénomènes etc. La vue ultime c’est de dire que tout a le caractère de Ku qui ne peut être ni goûté, ni vu, ni senti etc comme l’exprime le Sutra du Coeur.
Comment comprendre "chaque personne en particulier" à la lumière de la vacuité, du non-soi ?
On comprend je pense « chaque personne en particulier » à la lumière du conventionnel, c’est à cette lumière qu’il est possible de parler de compassion.
Si on expérimente vraiment (pas seulement la compréhension intellectuelle) ce qu'est la vacuité, le non-soi, est-ce que cela a encore un sens d'avoir de la compassion pour "quelqu'un en particulier" ?
Si on veut exprimer l’ultime, il faut pousser la question plus loin à mon avis, car dans l’ultime non seulement il n’y a pas de compassion pour quelqu’un en particulier, mais il n’y a pas de compassion tout court, ou disons plutôt qu'il n'y a ni compassion ni absence de compassion, ni quelqu'un ni personne.
Est ce même possible ? Est ce que l'on "voit" ou "perçoit" encore des "personnes" en "particulier" ?
Dans l’ultime, ni on perçoit, ni on ne perçoit pas.
Lotus Bleu

La véritable compassion serait donc dans l'équanimité... mais peut on la vivre, réellement...
Si l'on est religieux (et vieux,et sage) sans parents (que l'on n'a plus) sans conjoint(e) que l'on aura pas eu et donc sans enfants, cela semble d'avantage réalisable que lorsque l'on a une famille, par exemple.
Vous ne me ferez pas croire que vous tous considéreriez d'un même oeil (d'un même coeur) votre (très) proche) et un(e) parfait(e) inconnu(e) !!!
Cela plaide donc pour la vision professée par les tenants du "petit véhicule" non ?
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