Compassion pour tout le monde, Amour pour personne ?

[jules]

Ha ha, comme je l’ai dit à quelqu’un récemment, au niveau de ma réalisation, je me situe entre Hitler et le bodhisattva qui sacrifia sa vie pour une tigresse parce qu’elle et ses petits étaient affamés. Cela dit, je m’efforce de cheminer en direction du bodhisattva même si je doute du fait de pouvoir un jour réaliser cet état incomparable.

[Circé]

Partons de la constatation que tous les êtres vivants cherchent les mêmes choses: éviter la souffrance, trouver le bonheur. Nous nous reconnaissons dans tous les êtres vivants , nos aspirations sont les mêmes .
A partir de cela nous développons la compassion et l'empathie, pour tous les êtres vivants.Le mot " amour" n'est pas le bon, je préfère empathie.
Aimer tous les êtres vivants????? Commençons par nous aimer nous même, ce n'est pas le cas de tous, c'est même plutôt rare.
Ensuite, nos proches, puis nos amis, voisins, collègues et enfin élargissons notre point de vue, voyons que nous sommes semblables: éviter de souffrir, chercher le bonheur.
Cela nous amène à chercher à faire le bonheur des autres, leur éviter le malheur, nous réjouir de ce qui leur arrive de bon. c'est ça ce que signifie " amour" pour moi.

[tirru...]

Bonjour Compagnon,

@Tirru : qui est "l'apprenti" dont tu parles ? C'est pas clair. Et on sens comme une certaine condamnation ou désapprobation derrière tes propos , enfin c'est l'impression que cela donne.

Un apprenti est une personne qui n'est pas encore bien instruite et qui est susceptible de mal interpréter le Dhamma, il apparait clairement vu les affirmations de l'ancien bouddhiste tibétain cité par Lotus bleu que cette personne ne connait pas bien le Dhamma. Ce n'est pas une condamnation mais un constat !

La notion de "compassion équanime" peut également créer de la confusion car il est nécessaire de comprendre (Metta, Mudita, Karuna et Upekkha) avant de les lier :

si nous souhaitons poursuivre le développement et l’approfondissement de notre esprit, nous devons pratiquer les brahma vihara, que l’on traduit comme « les quatre états sublimes » ; d’abord en développant mett­ā, l’amitié bienveillante ; ensuite karun­ā, la compassion ; le troisième est mudit­ā, la joie altruiste ; et le quatrième upekkhā, l’équanimité. Toutes ces vertus sont appelées « les états d’esprit d’un Brahma ».

- Avoir mettā, de l’amitié bienveillante, signifie que nous nous montrons gentils et amicaux envers tous les êtres vivants, envers nos amis comme envers tous les autres êtres. Cela signifie ne pas souhaiter de mal, ne pas blesser et ne nuire à la vie d’aucun être.

- La compassion, karunā, est le sentiment qui apparaît quand nous voyons des êtres souffrir, que ce soit des êtres humains, des animaux ou autres. Si nous sommes en mesure de les aider, nous essayons de le faire de notre mieux, selon notre degré d’attention et de sagesse. Cela signifie que nous sommes dans un état de bonté et que nous avons le désir de nous entraider.

- La joie altruiste, muditā, se manifeste quand nous voyons des êtres, humains ou autres, se réjouir et que leur bonheur nous réjouit. Nous sommes heureux pour eux et ne ressentons aucune envie ou jalousie. Nous sommes conscients qu’en réalité tous les êtres souhaitent le bonheur alors, quand nous voyons des êtres se réjouir, nous nous réjouissons pour eux et nous partageons leur bonheur.

- L’équanimité, upekkhā, c’est quand nous voyons des êtres souffrir ou traverser des moments difficiles et que nous sommes dans l’incapacité de leur porter secours ou de les aider. A ce moment-là, il faut garder l’esprit égal, dans un état d’équilibre qui n’est ni bonheur ni malheur.

Source

Le thème sur l'équanimité a été débattu ici.

[axiste]

jules a écrit:Compassion pour tout le monde, cela ne veut rien dire si « tout le monde » est conçu comme une masse informe. Tout le monde, c’est chaque personne en particulier.

Compagnon a écrit
Comme comprendre "particulier" quand on nous explique que rien n'a de soi indépendant, que tous les phénomènes, y compris les manifestations des gens sous telle ou telle forme, sont interdépendante et liées les unes aux autres ?

Comment comprendre "chaque personne en particulier" à la lumière de la vacuité, du non-soi ?

Si on expérimente vraiment (pas seulement la compréhension intellectuelle) ce qu'est la vacuité, le non-soi, est-ce que cela a encore un sens d'avoir de la compassion pour "quelqu'un en particulier" ? Est ce même possible ? Est ce que l'on "voit" ou "perçoit" encore des "personnes" en "particulier" ?

Oui, c'est difficile de concilier les mots...quand je croise une personne pourtant je ne me dis pas qu'elle n'existe pas, elle est bien là devant moi.
Mais peut-être que je ne la vois pas figée, pas fixe, je vois aussi l'ouverture.
Il y a bien une personne en particulier à cette instant qui me parle, mais je vois sa présence et laisse tous les possibles advenir…
Je crois que j'essaie de ne pas juger, de ne pas statuer, d'être pas trop pleine de moi avec tous mes travers connus, même si parfois ils frappent très très fort à la porte
Il n'y a peut-être pas moi ni elle, mais un "nous" là, qui change aussi autant que moi et elle
J'essaie l'écoute de l'autre et c'est pas toujours simple; il y a des situations qui sont plus simples que d'autres, et là dedans, il faut beaucoup de vigilance pour la constance du mouvement et des efforts vers l'équanimité...si je ressens de la négativité ou de la torpeur ou un certain flou en moi, c'est comme une sorte d'alarme, je respire et j'essaie d'accueillir le tout...
Déjà le texte de Tirru est très dense, être capable d'appliquer tout cela à chaque fois, c'est déjà énorme.
Chaque pas est toujours un progrès possible...me dis-je.
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[yves]

La véritable compassion serait donc dans l'équanimité... mais peut on la vivre, réellement...
Si l'on est religieux (et vieux,et sage) sans parents (que l'on n'a plus) sans conjoint(e) que l'on aura pas eu et donc sans enfants, cela semble d'avantage réalisable que lorsque l'on a une famille, par exemple.
Vous ne me ferez pas croire que vous tous considéreriez d'un même oeil (d'un même coeur) votre (très) proche) et un(e) parfait(e) inconnu(e) !!!
Cela plaide donc pour la vision professée par les tenants du "petit véhicule" non ?

je suis loin de l'équanimité dont il est question ici, je suis bien attaché à mes proches color_3

la question ici n'est pas de faire la leçon, je ne dis pas "c'est le juste chemin, c'est nul de ne pas le suivre"

il est question de clarifier d'abord par les mots puis après par l’expérience personnelle love_3

d'abord reconnaître l'amour et le différencier de l'attachement puis dans le quotidien "tiens alors ça c'est de l'amour: j'arrose! ça c'est de l'attachement: je laisse se dissoudre"

alors je suis mon 1er spectateur et j'ai bien conscience que beaucoup d'attachement me traverse, et je fais mon possible pour rester transparent et laisser couler

si un attachement s'installe avec vigueur, parfois obsessionnel, je l'accueille, je profite de sa présence pour "visiter" la source, bien comprendre comment cela naît etc etc

puis quand c'est l'amour, la paix ou la joie je m'y établi, je la goûte dans "tous les sens" pour qu'aucune saveurs ne m'échappe, je visite les sensations qui accompagnent, j'observe les déclencheurs etc etc

[Circé]

Yves, je trouve ce que tu écris très juste. c'est exactement mon de point de vue, exprimé plus clairement que par moi.

[yves]

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