Un mot sur la réalité

[jules]

La réalité est ce qui est et ce qui est, est la réalité. Le fait qu’ils soient, constitue la nature ultime de tous les phénomènes, ainsi sont ils un, considérant cette nature ultime qui est d’être. Dans le bouddhisme on dit que l’être et les manifestations, que la forme et la vacuité, ne sont pas deux. Cela ne veut pas dire que comprenant ceci on en vienne à ne plus être capable de reconnaitre la multitude des phénomènes, c'est seulement que quand cette notion est comprise, on perçoit la réalité simultanément sous ces ceux modalités (l'un et le multiple). Autrement dit, ces modalités sont l'expression d'une seule et même perception, en appuyant sur le fait qu'on ne perçoit ni - l'un d'un côté et le multiple de l'autre - ni - l'un sans le multiple- ni -le multiple sans l'un-.

[ted]

Comment définir ce qui est ?
Mes rêves sont-ils la réalité ?
Parce que mes rêves "sont".

[jules]

Salut Ted

Je dirais que l'être ne se définit pas. On peut simplement dire à mon avis que l'être est.
La réalité ne peut se définir, c'est pourquoi on pourrait dire en définitive que sa nature primordiale est d'être.

Mais si tu me demandes comment définir ce qui est ? il me faudra te poser la question "qu'est-ce que cela dans ta question auquel tu attribues une existence ?" En effet si on parle d'une chose qui est, alors cela ne me semble plus concerner l'être en tant seulement qu'étant, mais plutôt à présent l'existence, autrement dit, la manifestation.

Si cette existence est celle de tes rêves, et bien raconte moi tes rêves et je connaîtrai leur modalité d'existence, autrement dit effectivement, la manière dont ils sont.

[tirru...]

Comment définir ce qui est ?

La réalité est "ce qui Est Ainsi", un ensemble de phénomènes physiques et mentaux qui se présentent aux portes des sens. A l'instant même ou le contact à lieu, "Ce qui est ainsi" devient ce que nous en pensons, nous en ressentons, nous percevons, il y a appropriation, saisi, rejet ou indifférence. La réalité est la vision directe de ce qui est sans le filtre déformant de nos pensées, sensations et perceptions.

Mes rêves sont-ils la réalité ?

Ajahn Chah dit que tout est Dhamma, que rien n'est en dehors du Dhamma ! il ajoute " Le bouddha voulait que nous soyons en contact avec le Dhamma mais les gens ne sont en contact qu'avec les mots, les livres, les écrits. Cela, c'est être en contact avec ce qui parle du Dhamma, pas avec le véritable Dhamma tel qu'il a été enseigné par notre grand Maître. Comment les gens peuvent-ils prétendre pratiquer bien et correctement s'ils ne font que cela ? ils sont bien loin du compte !"

Parce que mes rêves "sont".

Pouvons-nous pour autant nous approprier le dhamma ?

[jules]

En fait, à aucun moment nous ne faisons l'expérience de ne pas pratiquer la réalité.

[ted]

Comment définir ce qui est ?

La réalité est "ce qui Est Ainsi", un ensemble de phénomènes physiques et mentaux qui se présentent aux portes des sens. A l'instant même ou le contact à lieu, "Ce qui est ainsi" devient ce que nous en pensons, nous en ressentons, nous percevons, il y a appropriation, saisi, rejet ou indifférence. La réalité est la vision directe de ce qui est sans le filtre déformant de nos pensées, sensations et perceptions.

Rappelons quand même qu'il y a deux approches de la réalité dans le bouddhisme, je crois.
- Ceux qui prétendent voir "ce qui est", sans filtres, mais je crois que cette école a disparu. Quoique le Zen tienne encore ce discours (ainsité).
- Et ceux qui posent que "ce qui est" est, ultimement, une projection de notre esprit.

Et même le bouddhisme ancien est ambigu à ce sujet, puisque dans la coproduction conditionnée, la conscience est à l'origine de toute chose et précède toute chose.

Pour réfuter cette antériorité de la conscience, d'aucuns avancent que dans la coprod, tous les maillons sont équiprésents et apparaissent simultanément. N'empêche que bon nombre d'enseignements bouddhistes débutent en rappelant qu'à l'origine de toutes choses, il y a l'ignorance et la conscience.

• Parce que l'ignorance existe, les formations mentales existent;
  parce que les formations mentales existent, la conscience existe;
  parce que la conscience existe, les phénomènes physiques et mentaux existent;

La conscience précède les phénomènes physiques.
Et c'est le Bouddha qui le dit.

[ted]

Donc, la réalité ne serait qu'une vue de l'esprit, non entachée par l'ignorance.
Mais j'ai de gros doutes sur "ce qui est au final". Il n'y a rien de concret, de matériel, de substantiel qui aurait un en-soi.

Donc que voit l'esprit au final, sinon lui même ?

[jules]

Ted : Donc, la réalité ne serait qu'une vue de l'esprit, non entachée par l’ignorance.

Je dirais personnellement que réalisation et ignorance sont deux modalités de la réalité, ainsi la réalité n’est pas gagnée par la réalisation, et elle n’est pas perdue par l’ignorance.

Ted : Mais j'ai de gros doutes sur "ce qui est au final". Il n'y a rien de concret, de matériel, de substantiel qui aurait un en-soi.

Donc que voit l'esprit au final, sinon lui même ?

Il est à mon sens dans la nature de l'esprit d'éprouver ou de voir, c'est pourquoi il s'offre à lui même en tant qu'objet.

[Compagnon]

La réalité est forcément "de quelque chose", la réalité est vacuité, c'est un concept vide d’existence indépendante. On ne peut pas dire "la réalité" sans préciser de quoi l'on parle au juste, c'est forcément appliqué "à quelque chose", donc c'est une notion dépendante.

De plus la réalité peut être opposée au rêve, à l'illusion. Rêve/réalité, deux notions interdépendantes. L'une ne peut exister sans l'autre. Il y a du rêve dans la réalité et de la réalité dans le rêve. On ne peut "séparer" ces 2 notions. D'ailleurs dans la vie concrète ne voit-on pas des "rêves" devenir réalité ? Et des choses que l'on pensait réelles n'être en fait que de "doux rêves" ?

Le Bouddha je crois ne s'intéresse qu'a un aspect spécifique de cette réalité : elle est dukkha. Et à un seul objectif : qu'elle ne soit plus dukkha pour les être sensibles. Tous les autres aspects de cette réalité sont accessoires pour lui, la priorité va au bonheur, à la cessation de dukkha. Il laisse aux religieux et métaphysiciens les spéculations sur les autres aspects de la réalité.
Il a gît tel un médecin face à une urgence : il part au plus pressé. Si le cœur est touché et le pronostic vital engagé, l'ongle incarné est franchement secondaire.

[tirru...]

Donc que voit l'esprit au final, sinon lui même ?

Miroir, capacité de réflexion !