Dukkha, Sukkha, nibbana et l'éveil

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Circé
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ted a écrit : Un chirurgien qui demande une anesthésie croit que c'est préférable parce qu'il sait que ça va faire mal. Il n'a pas besoin de ressentir la douleur pour prescrire un antidouleur, non ?
Oui, c'est comme ça que je le comprends.
Compagnon

Dans ce qui s'est dit il y a certaine choses nouvelles que j'ai appris, compris, d'autre que pour le moment je ne suis pas en mesure de concevoir, que je ne comprends pas. Mais ça viendra peut être. En tout cas j'aime bien cette description d'une convergence de facteurs à propos de la manifestation du Bouddha.
ted

Compagnon
Tu as mis le doigt sur un truc ambigu quand même : la nature de la compassion. Longchenpa en parle un peu je crois. Faudrait que je retrouve l'extrait.
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jules
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Voici ce que dit le Dalaï Lama au sujet de la compassion :

Face à la souffrance des autres, il arrive que nous éprouvions de la détresse et que nous soyons submergés par cette souffrance, ce qui ne fait qu'ajouter à nos propres difficultés.
Ressentir les choses ainsi n'est en aucun cas faire l'expérience de la compassion.
Lorsque la compassion est authentique, au lieu d'éprouver ce malaise, cette détresse, un courage immense monte en nous.
Le souhait de tout faire pour soulager la souffrance des autres devient aussitôt plus important que nos propres souffrances. Agir par compassion procure une joie infinie.
Compagnon

Article de Matthieu Ricard sur le sujet :

L'empathie et la pratique intensive de la compassion

Par Matthieu Ricard le 4 mai 2009

L'empathie consiste à ressentir ce que d'autres éprouvent et à entrer en résonance avec eux. Lorsque nous rencontrons un être transporté de joie, nous éprouvons nous aussi de la joie. Il en va de même pour la souffrance. Par empathie nous ressentons la souffrance qui accable l'autre. Au plan de l'expérience vécue, ces sentiments empathiques sont semblables à de la joie véritable et à de la souffrance véritable. C'est pourquoi, lorsqu'une personne qui éprouve spontanément de l'empathie est continuellement confrontée aux souffrances d'autrui, elle est constamment affectée par ces souffrances. Nous constatons que ceci arrive aux plus dévouées des personnes travaillant dans les services d'aide et de soin, tels que les professionnels de la santé. L'expérience répétée et profonde qu'elles font de l'empathie les conduit soit à développer le syndrome d'épuisement professionnel (l'incapacité de supporter les sentiments empathiques), soit à fuir les sentiments et les émotions d'autrui.

L'année dernière j'ai participé, ensemble avec la spécialiste des neurosciences Tania Singer, à une étude sur l'empathie et la compassion. Nous avons examiné les phénomènes de « fatigue de l'empathie », largement répandus au sein de la communauté médicale. Comment un professionnel des soins peut-il préserver l'ardeur de son empathie pour autrui tout en gardant intacts le courage et l'optimisme dont il a besoin pour aider ses patients ?

Les méditants participant à l'étude découvrirent qu'un moyen de résoudre ce dilemme consiste à cultiver un amour et une compassion sans réserve pour la personne souffrante. Il s'agit là de bien plus que de simplement entrer en résonance avec les émotions de la personne qui souffre.
Selon le bouddhisme, l'amour altruiste est une attitude qui consiste à souhaiter que les autres soient heureux et à rechercher les causes véritables du bonheur. Et la compassion est définie comme le désir de mettre fin aux souffrances d'autrui et à leurs causes. Un tel amour altruiste peut imprégner l'esprit au point qu'on peut en venir à ne rien souhaiter de plus que le bien-être de ceux qui souffrent. La compassion n'est rien d'autre que l'amour donné à ceux qui souffrent. Un tel amour compatissant peut neutraliser la détresse et l'impuissance engendrée par l'empathie appliquée seule, et produit des dispositions d'esprit constructives telles que le courage compatissant.


Un entraînement laïc à aimer la bonté et la compassion pourraient donc permettre au personnel soignant de mieux aider les patients souffrants, sans que pour autant il présente ce débilitant syndrome d'épuisement professionnel, qui se développe fréquemment après une exposition prolongée à la seule empathie. Il nous a aussi semblé que même s'il peut y avoir de la « fatigue de l'empathie », il ne saurait y avoir de la « fatigue de la compassion », sachant que la compassion est par essence une disposition d'esprit équilibrée et positive, tandis que l'empathie n'est que le moyen permettant de percevoir sans erreur la disposition d'esprit des autres. Plus on cultive la compassion et l'amour de la bonté, plus on progresse sur la voie du bien-être authentique, et on devient pleinement disponible pour autrui.
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davi
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Matthieu Ricard a écrit :La compassion n'est rien d'autre que l'amour donné à ceux qui souffrent.
La cause de la compassion est l'amour affectueux et bienveillant. Quand cette compassion touche tous les êtres sensibles sans distinctions, c'est La Grande Compassion, cause de la bodhicitta, un esprit qui désire atteindre l'illumination pour le bien de tous les êtres sensibles.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

Je crois que j'ai trouvé un moyen de concilier la façon dont je vois les choses et celle qui ont été dites :

Une fois éveillé le Bouddha ne ressent plus dukkha mais il garde le souvenir de ce qu'il ressentait avec son éveil, et donc, il compare avec son nouvel état et trouve cela tellement satisfaisant qu'il ne peut que souhaiter partager la solution qu'il a trouvé avec les autres êtres qui sont encore comme lui était autrefois. C'est le souvenir de sa souffrance passée qui permet au Bouddha de garder le contact, l'empathie, avec la souffrance présente des êtres non-éveille autour de lui. Il ne ressent plus dukkha mais il a fait l'expérience ce que c'était, avant son Eveil.
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tirru...
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Compagnon a écrit :...Une fois éveillé le Bouddha ne ressent plus dukkha mais il garde le souvenir de ce qu'il ressentait avec son éveil, et donc, il compare avec son nouvel état et trouve cela tellement satisfaisant qu'il ne peut que souhaiter partager la solution qu'il a trouvé avec les autres êtres qui sont encore comme lui était autrefois. C'est le souvenir de sa souffrance passée qui permet au Bouddha de garder le contact, l'empathie, avec la souffrance présente des êtres non-éveille autour de lui. Il ne ressent plus dukkha mais il a fait l'expérience ce que c'était, avant son Eveil.
Quelle est la source de ces enseignements Compagnon ? :cool:
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Circé
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tirru... a écrit :
Compagnon a écrit :...Une fois éveillé le Bouddha ne ressent plus dukkha mais il garde le souvenir de ce qu'il ressentait avec son éveil, et donc, il compare avec son nouvel état et trouve cela tellement satisfaisant qu'il ne peut que souhaiter partager la solution qu'il a trouvé avec les autres êtres qui sont encore comme lui était autrefois. C'est le souvenir de sa souffrance passée qui permet au Bouddha de garder le contact, l'empathie, avec la souffrance présente des êtres non-éveille autour de lui. Il ne ressent plus dukkha mais il a fait l'expérience ce que c'était, avant son Eveil.
Quelle est la source de ces enseignements Compagnon ? :cool:
C'est moi. Assistée de Ted...... love3
Compagnon

Voila, j'essais de faire la synthèse harmonieuse entre ma vue et celle qui me sont exposées :)

Dans l'esprit du consensus a rechercher dans les discussions sur le dharma propres à une sangha.
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