Le Dharma : on l'enseigne ? ou on le transmet ?

ted

Le Dharma, n'est-ce pas quelque chose qui circule en dehors des mots ? Même sur un forum ?
Compagnon

Je crois que les 2 existent. Selon les circonstances et les besoins. L'origine du zen serait un enseignement sans mot par exemple. Là ou la majorité des enseignements du Bouddha furent vocaux mais aussi par l'exemple, sa propre conduite servant de model, il aurait aussi réalisé des "miracles" mais a but pédagogiquement seulement. Je suppose que si c'est bien le cas c'est qu'il a estimé dans sa grande sagesse que c'était le moyen approprié le meilleur pour la situation, même si il encourage vivement à ne pas se comporter en "magicien" pour ébahir les foules même si on dispose de capacité "surnaturelle".
Avatar de l’utilisateur
tirru...
Messages : 2031
Inscription : 07 juin 2004, 19:30

Dans le bouddhisme Theravada, l'enseignement est généralement donné par les moines et les laïcs s'abstiennent de le faire car ils peuvent récolter du mauvais kamma en le biaisant ! D’où la nécessité de ne pas se laisser aller à faire des inventions en matière de Dhamma et de se conformer à ce qui a été transmis. Généralement ce qui est transmis par un bouddhisme laïc c'est l'héritage du Canon Pali et les enseignements de grands instructeurs.
------------------------------------------------------------------------------ Image Sabba danam dhammadanam jinati - Le don du Dhamma surpasse tout autre don ImageDhammapada
Compagnon

Et dans le Mahayana il y a le Sutra de Vimalakirti ou le dit Vimalakirti, contemporain et disciple du Bouddha transmet un enseignement, tout laïc qu'il est, en rivalisant de compréhension du Dharma même avec les plus proches disciples du Bouddha au point que seul le boddhisatva-mahasatva Manjoushri pouvait rivaliser avec lui dans les discussions sur la compréhension du non-dualisme. Toutefois il n'est pas officiellement mentionné dans le canon pali, donc je suppose que le courant Théravada ne lui reconnait pas la même valeur qu'avec tout ce qui est explicitement mentionné dans le canon pali :)

A titre personnel j'apprécie l'idée qu'un laïc puisse exceller. Ainsi on se garde de l'idée que seule la voie monastique permet la compréhension véritable profonde. O
Un bon garde fou à la tentation d'une sorte de "confiscation" du savoir véritable par une classe sociale particulière comme avec les Brahmanes, vous comprenez ce que je veux dire ?

Le Sutra de Vimalakirti est considéré comme un des textes les plus profonds du Mahayana. J'ai une version en français commentée achetée récemment qui attend d'être lue :)

Je ne crois pas que Vimalakirti "invente" quoi que ce soit, il est juste décrit comme un laïc qui comprends et pratique le dharma avec une incomparable acuité sur un point précis : le non-dualisme.

Personnellement je trouve qu'il est bon qu'il y ait à la fois un courant soucieux du respect scrupuleux du canon Pali et un autre plus "ouvert", je crois que cela contribue à un équilibre, à une "voie moyenne", les 2 se contrebalançant.

Pour avoir lu aussi bien du contenu de la Triple Corbeille que des enseignement du Dhamma de la Forêt ou du bouddhisme zen vietnamien de Thich Nhat Hanh et des textes tibétains, je trouve que chaque courant a ses vertus, ses éclairages complémentaires. D'ailleurs le Dalaï-Lama encourage vivement a connaître le plus de commentaires possibles du Sutra du Coeur par exemple, venant de maître reconnus différents, et ce afin de collectionner les vues différentes, les éclairages différents sur un même Sutra.

C'est une chance et une richesse je crois d'avoir une telle variété de vues.

love_3
ted

Compagnon a écrit :
11 avril 2017, 19:54
Le Sutra de Vimalakirti est considéré comme un des textes les plus profonds du Mahayana. J'ai une version en français commentée achetée récemment qui attend d'être lue :)
Je l'ai acheté la semaine dernière et suis en train de le lire.
Ca me fait faire de drôles de rêves. :oops: Ya un truc dans ce texte. wiseman
Compagnon

Le livre rouge ?
ted

Au début, j'ai trouvé ça un peu trop poétique etc...
Et puis j'ai compris un truc, comment expliquer quelque chose à un anglais si tu ne parles pas anglais, ou pas très bien ?
Tu vas garder toutes tes subtilités et ce qui sortira sera une caricature de ta pensée...

Ca rejoint ce que tu disais Compagnon : nous ne sommes pas équipés pour comprendre les subtilités de la Vue des Bouddhas.
Ils sont donc obligés de nous transmettre des images, des poèmes... Tu remarqueras que c'est comme ça qu'on éduque les tous petits enfants d'ailleurs... :)
Compagnon

C'est ce que Walpola Raula dit, Sangharakshita aussi. D'après Thich Nhat Hanh le Bouddha aimait enseigner aux enfants car il n'avaient pas encore l'esprit trop encombrés de tout un tas de certitudes et d'a priori ou de préjugés. Thich Nhat Hanh dit aussi que le Dharma est simple à l'origine, rien de compliqué mais qu'il a été compliqué par les intellectuels au fil du temps. Et lui même s'exprime souvent par le chant ou la poésie ou les contes.
De puis peut je pratique un mantra ou justement, il n'a pas question de penser, mais d'avoir confiance, c'est une question de "foi" justement et pas du fait d'être convaincu par des arguments intellectuels, rationnels ou déductifs. Cela nécessite d'abandonner ce besoin d'avoir des preuves, d'être convaincu par la logique, les arguments, le discours... cela me change :)
Je ne m'en porte pas plus mal pour le moment XD
Eh puis... il y a le fameux "silence qui dit tout" ou le don du dharma sans parole propre au Zen...
Comment dire l’indicible ? Exprimer l'inexprimable ? Le bouddhisme n'est pas le seul à se heurter à se constat, chrétiens, juifs, musulmans, arrivent au même mais pour parler de ce qu'est "Dieu" au fond.
Thich Nhat Hanh utilise comme synonyme "Nirvana", "Royaume de Dieu" et "Dimension Ultime". Pas un hasard apparemment.
Répondre