Non, le bouddhisme n'est pas une religion

ted

- Non, le bouddhisme n'est pas une religion, même s'il en prend les formes parfois.

- Non, le bouddhisme n'est pas là pour concurrencer les autres religions. Sociétés secrètes, gardiennes de dogmes, vous n'avez rien à craindre. :)

De même qu'un doigt qui montre la lune peut être masculin, féminin, petit, gros, mince, ou boudiné, de même, les enseignements et pratiques bouddhistes adoptent toutes sortes de formes. Je dirai même miment toutes sortes de formes.

Qu'en pensez-vous ? jap_8
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jules
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Peux-tu préciser ce que tu entends par "mimer" toutes sortes de formes ?
ted

jules a écrit :
20 mai 2017, 10:44
Peux-tu préciser ce que tu entends par "mimer" toutes sortes de formes ?
Prendre "l'apparence" d'une religion. Comme par exemple, le bouddhisme tibétain et ses déités.

Prendre "l'apparence" d'une école philosophique comme le Madhyamaka.

Ou celle d'un art comme la cérémonie du thé, la calligraphie ou les arts martiaux.

Ou celle d'une activité artisanale, comme samu le travail manuel.

Ou d'une quête existentielle comme le zen, le shingon, ou les 6 yogas de Naropa.
Compagnon

Texte trouvé sur le site de l'Institut d'Etudes Bouddhiques, centre francophone d'étude et d'enseignement sur le bouddhisme.

On cherche souvent à mettre une "étiquette" sur l'enseignement du Bouddha : on se demande si le Dharma est une religion, une philosophie, une morale, une "science de l'esprit"... Mais ces étiquettes dépendent de définitions qui ont été établies au fil des siècles, en fonction de l'histoire de l'Occident. Aucune ne lui correspond vraiment exactement !

Religion ?

Une religion, généralement, s'appuie sur la croyance en l'existence d'un dieu, créateur du monde et de l'homme. Elle fournit une explication "extérieure", que l'homme subit et à laquelle il doit s'adapter. Pour être "sauvé", celui-ci doit entrer en communication avec ce dieu et respecter ses commandements.

Le Dharma, lui, présente une explication "intérieure" : sa vision du monde et sa propre vie dépendent de chaque homme. L'homme est ainsi seul responsable de son illusion et de sa souffrance, mais aussi seul responsable de son "salut", qui dépend de son engagement et de sa pratique pour échapper à l'illusion.

Par bien des aspects, pourtant, le bouddhisme ressemble à une religion : il existe des temples, des rituels, des statues, des actes de dévotion...
Si on peut parler de "foi" dans le bouddhisme, c'est plutôt dans le sens d'une confiance dans l'enseignement du Bouddha et le témoignage de ses successeurs, qui assurent que chacun est capable d'échapper à la souffrance et d'expérimenter l'Eveil. Mais le Bouddha est un exemple à suivre : on ne le "prie" pas pour qu'il nous vienne en aide.


Des cérémonies ont lieu en son honneur : il s'agit de le commémorer, comme on honore un "grand homme". Les rituels (offrande d'encens, de bougies, de nourriture) ne sont pas destinées à s'attirer ses faveurs mais sont des marques de respect, une façon détournée d'offrir des offrandes aux moines ou une mise en pratique de son enseignement (le don est une manière de pratiquer le détachement).

Le rituel est aussi une pratique de méditation, qui facilite la concentration et détourne l'esprit des préoccupations quotidiennes. Les temples et les statues de Bouddha jouent aussi ce rôle : ils représentent, de manière symbolique, différents points de son enseignement, aident à les avoir toujours présents à l'esprit et contribuent à soutenir la motivation.

Philosophie ?

La philosophie s'appuie sur l'intelligence et la raison pour comprendre le monde et l'homme. La philosophie, aujourd'hui, est surtout un discours théorique "sur" le monde, qui n'implique pas forcément de changer sa manière de vivre. Alors que, dans l'Antiquité, les philosophes étaient aussi des "maîtres à vivre", et leur philosophie se voulait pratique.
Le Dharma propose une démarche qui est plus proche de celle des philosophes antiques que des philosophes modernes, puisqu'elle doit entraîner une nouvelle manière de vivre. Mais il ne s'appuie pas seulement sur la raison et l'intelligence. Si l'étude et la réflexion sont nécessaires, la pratique de la méditation est indispensable, et celle-ci ne fait pas appel au raisonnement mais à l'expérience directe.


Morale ?

La morale se présente comme un ensemble de règles de conduites pour la vie en société, fondé sur une définition "absolue" du bien et du mal. On peut distinguer une morale "naturelle", dans laquelle tout le monde est sensé pouvoir s'entendre sur la définition du bien et du mal (parce qu'elle dépend d'une "raison universelle") et une morale "religieuse", le bien et le mal étant alors définis par les "commandements divins".

Il existe bien une "morale bouddhiste", qui préconise des règles de vie commune. Mais sa définition du bien et du mal ne dépend pas de commandements divins ni d'une "raison universelle". Elle part de la constatation de l'universalité de la souffrance humaine, considère comme mal tout ce qui peut générer de la souffrance, pour soi et pour autrui, et comme bien tout ce qui permet d'atténuer la souffrance ou d'empêcher son apparition.

Il ne s'agit donc pas d'une définition théorique, "absolue", mais d'un ensemble de conseils pratiques qui doivent faciliter l'accès à l'Eveil pour tous.

On pourra lire, en complément, l'article "Le bouddhisme : au-delà du Bien et du Mal"

Voir aussi le texte : Il n'y a pas de religion, par Buddhadasa Bhikkhu, adepte de la Tradition de la Forêt, que j'ai posté il y a quelque temps dans la section Theravada.

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Réflexions personnelles : peut-on parler en vérité "du bouddhisme" ou "des bouddhismes" ? N'est il pas l'un et l'autre à la fois en même temps ? De plus est-il pertinent de parfaitement distinguer le bouddhisme des autres spiritualités du monde dans le sens ou il n'a pas l'exclusivité ou l'originalité sur certain de ses aspects ?
D'un certain point de vu le bouddhisme est particulier, propre, à sa spécificité, mais d'un autre coté il partage aussi certains principes, fondements, valeurs avec d'autres religions et il s'oppose aussi parfois a certaines visions du monde et du réel proposé par d'autres spiritualité. Le bouddhisme interagi, est interdépendant des autres spiritualité, en quelque sorte on peut dire que le bouddhisme est "vide", aussi, il est un phénomène parmi d'autres. Il est aussi très varié, prenez le Zen et la Terre Pure ou le bouddhisme tibétain vous aurez l'impression au premier abord d'avoir 3 spiritualité très différentes.
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