Constat

ted

Le Bouddha a dit :
  • Etre uni à ce qu'on n'aime pas est souffrance.
  • Etre séparé de ce qu'on aime est souffrance.
Comment échapper à ça ?
Compagnon

- Accepter de manière équanime l'agréable et le désagréable car rien ne dure. Ni l'union ni la séparation ne durent.

- remplacer un amour spécifique et exclusif envers un petit nombre de gens et une détestation spécifique envers telle ou telle personne ou groupe de personne par une compassion parfaitement équanime envers tous les êtres. Quand on comprend pleinement que les autres êtres ne sont en rien différents de soi, qu'ils souffrent tous comme nous, qu'ils souhaitent tous le bonheur comme nous, alors on ne peut plus détester personne, car cela revient à nous rejeter nous même, à ne pas vouloir notre propre bonheur, hors nous voulons tous le bonheur, être heureux.

Donc peut être par la réalisation, l'expérimentation pleine, entière, durable, du non-soi. Il n'y a alors plus de discrimination dans nos rapports avec tous les êtres vivants sensibles, plus d'être que l'on aime et plus d'être que l'on aime pas. Il y a juste des êtres.

- on peut aussi dire que le Bouddha a mis en garde contre les extrême, les sentiments négatifs, les poisons mentaux comme la haine, l'aversion, la colère, l'esprit de vengeance, la peur. Hors quel est le contraire de la haine, si ce n'est peut être l'amour (exclusif pour une poignée de personnes ?). Donc l'amour pour une poignée de personne, l'amour, comme émotion, sentiment, état d'esprit, quand il compris dans son sens commun, à savoir uniquement vis à vis d'un petit nombre de personnes : nos parents, nos compagnes ou compagnons, nos enfants, est aussi un extrême. Et cet exclusivisme nous fait souffrir car nous réduisons l'horizon de notre compassion, de notre bienveillance, uniquement à cet univers étroit et le moindre drame y prend alors des proportion douloureusement écrasantes. Mais si l'on adopte une voie moyenne, sans amour exclusif pour personne et sans haine pour personne alors on adopte peut être la voie de la compassion, égalitaire envers tous, nous ne négligeons personne, nous ne privilégions personne. Voyez comme le prince Siddharta abandonna son amour familiale pour son père, son épouse, sa mère adoptive, son enfant, pour partir en quête d'un remède universel, non pas seulement pour les siens mais pour tous. D'ailleurs il avait appelé son fils "Rahula", "entrave", car il avait déjà compris que l'attachement exclusif a un poignée de gens était un obstacle à une vision plus grande.

- si l'on accepte le cycle des renaissance, des renaissance des flux de conscience, alors un parfait "inconnu" dans la rue a déjà été par le passé notre père aimé, notre mère aimante, notre enfant aimé, etc... ils nous ont tous aimé profondément à un moment ou a un autre et nous les avons tous profondément aimé à un moment ou a un autre, dans des renaissance passées, c'est simplement que nous l'avons oublié. Même celui qui aujourd'hui par exemple nous maltraite, physiquement, moralement ou verbalement a un jour été notre mère aimante, notre enfant aimé, notre compagne ou compagnon aimé etc... c'est simplement que nous ne le voyons plus faute de nous souvenir. Quand s'éveille en principe si l'on expérimente la même chose que le Bouddha au moins dans les grandes lignes, alors on voit toutes ses vies passées, cela doit sérieusement relativisé l'amour exclusif au profit d'une compassion généralisée envers tous les non-eveillé qui ont tout oublié de leurs relations passées et qui aujourd'hui s'ignorent les uns les autres voir se maltraitent.
Dernière modification par Compagnon le 29 juin 2017, 19:29, modifié 1 fois.
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jules
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Ca me fait penser au koan qui dit je crois : lorsqu'il fait froid devient le froid, lorsqu'il fait chaud devient le chaud.
Avec la souffrance, c'est un peu pareil peut-être, il faut entrer en elle, l'explorer pour comprendre que de manière plus originelle elle n'est pas souffrance, mais sensation.
Après l'histoire d'être uni à ce qu'on aime pas ou désuni de ce qu'on aime est secondaire à mon sens, il y-a en effet plein d'autres causes propres à générer de la souffrance, et il faudra les traiter toutes de la même façon je pense, avec l'oeil de prajna qui seul est capable d'un constat impartial signifiant qu'à la sensation ne sera pas ajouté l'idée qu'elle puisse être souffrance.
ted

Bon. Ya une solution bien sur : :)
  • Rester toujours avec les gens qu'on aime.
  • Avoir les objets qu'on aime.
  • Se retrouver dans des situations qu'on aime (loisirs, boulot, mode de vie).
  • Ne pas s'approcher des gens qu'on n'aime pas.
  • Se détourner des objets qu'on n'aime pas.
  • Eviter les situations déplaisantes.
Ca peut marcher quelques temps. C'est vrai.
Mais ça a l'air d'une sacrée gymnastique. :)

Pourtant, est-ce que nous ne passons pas notre temps à essayer de réunir toutes ces conditions indispensables à notre bonheur et à notre tranquillité d'esprit ?

Est-ce que depuis des années, notre but n'est pas d'évoluer sans cesse dans un environnement de plus en plus plaisant, le plus plaisant possible ? et d'éviter au maximum les situations désagréables ?

Combien d'énergie dépensons-nous chaque jour pour garder cet équilibre ?
Pour maintenir l'agréable et chasser le désagréable ?
Compagnon

Le "plaisant" et le "désagréable" sont des notions relatives, chaque personne a son propre "plaisant" et son propre "désagréable". De plus ce qui est "plaisant" à un moment peut devenir "désagréable" à un autre et inversement.
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jules
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Ted : Combien d'énergie dépensons-nous chaque jour pour garder cet équilibre ?
Pour maintenir l'agréable et chasser le désagréable ?
Toute notre énergie, dirais-je.
ted

jules a écrit :
29 juin 2017, 20:06
Ted : Combien d'énergie dépensons-nous chaque jour pour garder cet équilibre ?
Pour maintenir l'agréable et chasser le désagréable ?
Toute notre énergie, dirais-je.
Et pendant ce temps, le temps passe... juggle-2cf7
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axiste
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• Etre uni à ce qu'on n'aime pas est souffrance.
• Etre séparé de ce qu'on aime est souffrance.
Comment échapper à ça ?
Je me dis que les choses sont comme elles sont et que notre regard lui peut bouger à l'infini...nos sensations, nos perceptions, nos croyances, tout change au fil du temps et nous devenons plus conscients, plus attentif, plus doux avec la vie et les gens, nous prenons la vie autrement, parce qu'elle devient plus profonde, mais c'est un regard qui se meut constamment...
Commencer par accueillir la souffrance oui, certainement. Voir dedans.
Cela n'empêchera pas les évènements mais le regard sera différent
Enfin, ce n'est pas possible tout le temps, quelquefois l'opacité revient,surtout quand on ne l'attend pas, mais de moins en moins, c'est un rappel constant et aussi on apprend à jouer avec tous ces mouvements... FleurDeLotus
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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Je suis d'accord avec tout ce que vous dites.

Et pour rejoindre Compagnon au sujet de l'équanimité, pendant une retraite vipassana de Goenkaji, l'accent est mis sur l'équanimité.

On est que trop habitué à réagir, ou à fuir face à la douleur et l'inconfort, ce qui est naturel en quelque sorte. Mais Goenka dit que l'on créé ainsi du karma. Quand on est équanime on ne réagit pas, et ainsi une purification se fait du karma passé. Il enseigne que chaque fois qu'on se voit réagir on devrait toujours être à l'écoute de notre corps pour voir d'où cela vient. Et en balayant le corps, on s'éloigne de l'objet qui nous fait réagir, pour aller "voir dedans" (insight, vipassana, bien trouvé axiste) l'impermanence et le non-soi.
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Rester toujours avec les gens qu'on aime.
Avoir les objets qu'on aime.
Se retrouver dans des situations qu'on aime (loisirs, boulot, mode de vie).

Ne pas s'approcher des gens qu'on n'aime pas.
Se détourner des objets qu'on n'aime pas.
Eviter les situations déplaisantes.
Ce qui est décris c'est raga et dvesha, le désir et l'aversion, bien que naturelle, le Bouddha nous a mis en garde contre eux, nous invitant à les dépasser tout deux. Je crois qu'il y a aussi beaucoup de peur derrière tout ça et aussi la recherche du plaisir. Il faudrait peut être apprendre à accueillir les situations comme elles viennent, même si c'est désagréable au début. J'ai dans la tête un proverbe qui dit : ce qui est amer au début est doux à la fin, ce qui est doux au début est amer à la fin. C'est vrai que nos sociétés ne nous aident pas beaucoup avec cette recherche effrénée de sensations agréables par le biais de la consommation, même si à un moment il peut y avoir une insatisfaction qui nous pousse à remettre en questions nos fonctionnements.

Je ne connais pas l'approche tantrique bouddhiste mais n'invite-t-elle pas aussi à aller se confronter à tout ce que nous trouvons désagréable ?
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