Pourquoi ça nous arrive à nous ?

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tirru...
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Oui sauf que dans le « mix » en question les anciens kamma n’arriveront pas forcément à maturité, c’est ce qui est signifié dans le passage ci-dessus : « Si quelqu’un dit qu’on doit récolter selon ce qu’on a semé cela signifie que la conduite pure n’a pas de valeur » autrement nous aurions une doctrine fataliste, déterministe !
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ted

Oui. Je comprends.

Ce mécanisme des conséquences karmiques qui vont ou non s'appliquer suivant une multitude de facteurs, tellement complexes, que le Bouddha lui même déconseille vivement de tenter de les analyser sous peine de folie, ce mécanisme d'épée de Damocles donc, laisse la porte ouverte a toutes les possibilités.

Pour répondre à la question du fil "pourquoi ça nous arrive à nous ? en fait, on n'en sait rien. Pourquoi la voie karmique s'est déclenchée pour nous et pas pour eux ?

Parait que seul un Bouddha connaît la réponse. Il est capable dans une goutte d'eau de mer, de discerner la provenance des eaux de toutes les rivières et fleuves qui y ont contribué. C'est ça aussi, la levée du voile cognitif.

N'empêche que si une force extérieure influait sur l'apparition des voies karmiques, comment le saurions nous ? :cool:
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davi
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tirru... a écrit :
28 décembre 2017, 11:54
Dans le Samiyutta Nikaya (S 2.19), le Bienheureux dit à Kassapa :
« (...) O Kassapa, lorsqu’on dit que l’individu commet des actions et que le même individu reçoit leurs résultats - comme vous l’avez dit au début ; « la souffrance de l’individu est créée par lui-même »- une telle affirmation se réduit à la théorie éternaliste . Lorsqu’on dit qu’un individu commet des actions et qu’un autre obtient leurs résultats, c’est-à-dire l’opinion selon laquelle on souffre à cause de la faute d’un autre, une telle affirmation se réduit à la théorie anihiliste. Dans ce cas, ô Kassapa, le Tathagata enseigne la doctrine sans aller à ces deux extrêmes mais selon la voie du milieu que voici : conditionnées par l’ignorance se produisent les compositions mentales ; conditionnée par les compositions mentales se produit la conscience ; conditionnés par la conscience se produisent les phénomènes mentaux et physiques ; conditionnées par les phénomènes mentaux et physiques se produisent les six sphères sensorielles ; conditionné par les six sphères sensorielles se produit le contact [sensoriel et mental]; conditionnée par le contact se produit la sensation ; conditionnée par la sensation se produit la “soif” , conditionnée par la “soif’ se produit la saisie ; conditionné par la saisie se produit le processus du devenir ; conditionnée par le processus du devenir se produit la naissance ; conditionnée par la naissance se produisent la décrépitude, la mort, les lamentations, les peines, les douleurs, les chagrins, les désespoirs. De cette façon se ce monceau de dukkha (...) »
"conditionnées par l’ignorance se produisent les compositions mentales" => actions jetantes (dans le samsara) ou causes karmiques;
"conditionnée par les compositions mentales se produit la conscience" => conscience ou entrepôt karmique (ce qu'on entend en général par "notre karma");
"conditionnés par la conscience se produisent les phénomènes mentaux et physiques" => notre mental et corps à la naissance (résultat karmique base);
"conditionnées par les phénomènes mentaux et physiques se produisent les six sphères sensorielles" => facteurs sensoriels et mental ou "pouvoirs";
"conditionné par les six sphères sensorielles se produit le contact " => naissance des consciences sensorielles et mental (résultat karmique fruit connaissance);
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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davi
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Ted a écrit :N'empêche que si une force extérieure influait sur l'apparition des voies karmiques, comment le saurions nous ? :cool:
Tu veux parler de l'intervention de divinités spirituelles et autres ?
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
ted

davi a écrit :
28 décembre 2017, 18:30
Ted a écrit :N'empêche que si une force extérieure influait sur l'apparition des voies karmiques, comment le saurions nous ? :cool:
Tu veux parler de l'intervention de divinités spirituelles et autres ?
Baaaahhh non en fait. Puisque ces divinités étant dans le samsara, font déjà partie des causes coopérantes ou non.

J'ai dit une bêtise. Dans le bouddhisme, la notion de forces extérieures n'existe pas... Tout est intégré.
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cgigi2
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Kamma et renaissance

Dans notre vie quotidienne, tous nos actes (karma) dépendent étroitement de cette vision des choses : nos actions, nos réactions, nos désirs et nos craintes sont déterminés par cette croyance en l'ego. C'est pour l'entretenir, le protéger et le développer que nous agissons ou réagissons, en fonction de nos idées et de nos sentiments ou des événements extérieurs.
A chaque fois que quelqu'un ou quelque chose nous semble le mettre en cause, nous agissons comme pour bien nous prouver à nous-même que nous existons, que cet ego existe. Chacun de nos actes, ainsi, naît de cette intention de prouver son existence et, une fois l'acte passé, nous nous réjouissons de l'avoir prouvée.
Chaque fois que notre ego est en danger de mort, nous faisons tout pour le faire renaître, pour le maintenir en vie... C'est la croyance en l'ego qui nourrit l'intention de chacun de nos actes et c'est l'attachement au résultat de ces actes qui entretient notre croyance en l'ego. Chaque acte entraîne ainsi une "nouvelle naissance" - une renaissance - de l'ego.

Source : UBE

Dominique Trotignon, explique :
Si le terme karma se traduit par "acte", étymologiquement il vient de la racine indoeuropéenne *kr qui, en français, a donné le verbe "créer". Le karma est donc une "construction", un acte intentionnel et volontaire qui s'effectue en faveur de l'idée du Soi. C'est l'acte en tant qu'il perpétue l'idée de Soi, par l'intermédiaire du doublet convoitise/aversion : ce que je fais pour perpétuer l'idée de Soi en la nourrissant, ou ce que je fais contre ce qui la met en danger, pour protéger cette idée de Soi de la destruction.
Il ne s'agit donc pas de tout acte mais seulement de celui qui, consciemment ou inconsciemment, nourrit ou protège le Soi, a l'idée de Soi pour fondement. Il est donc logique qu'il perpétue ce Soi et qu'il en provoque la renaissance... c'est sa raison d'être, sa fonction même !
Source : UBE

Kamma

Kamma en pali, ou karma en sanskrit, signifie acte, action, ainsi que l'état mental dans lequel est fait cette action, bonne ou mauvaise. C'est donc l'état mental présent dans l'esprit quand nous faisons une action. Ce n'est pas l'action elle-même, qu'elle soit bonne ou mauvaise, mais l'état mental qui accompagne cette action, qu'elle soit saine ou malsaine.

Comme tout état mental, il apparaît et disparaît immédiatement, car selon les enseignements du Bouddha, que ce soit un phénomène matériel ou mental, il apparaît et disparaît immédiatement. Cependant, contrairement aux autres états mentaux, quand il disparaît, il laisse le potentiel de donner des résultats dans l'esprit des êtres.

Même si nous ne savons pas où ce potentiel est stocké, quand les conditions sont favorables pour le kamma de donner des résultats, les résultats sont produits. Prenons l'exemple d'un pommier. Avant que les fruits soient sur l'arbre, nous ne pouvons pas dire où ils sont stockés : dans les racines ou dans le tronc ou dans les branches ou dans les feuilles. Mais quand les conditions sont réunies, comme le soleil et l'eau, les fruits sont produits. Il en est de même avec le kamma qui a le potentiel de donner des résultats quand les conditions sont favorables.

Le kamma peut être bon ou mauvais. Lorsqu'il est bon, il produit de bons ou d'heureux résultats et quand il est mauvais, il produit de mauvais ou de douloureux résultats. Ceci est la loi du kamma découverte par le Bouddha. Il découvrit que certains êtres mouraient et reprenaient naissance dans une existence misérable parce qu'ils avaient un mauvais kamma de leur passé, et que d'autres avaient une renaissance heureuse en tant qu'êtres humains ou célestes parce qu'ils avaient un bon kamma de leur passé.

Il y a plusieurs sortes de kamma. Le kamma qui donne des résultats dans cette vie même, le kamma qui donne des résultats dans la future existence et le kamma qui donne des résultats de la troisième existence indéfiniment jusqu'à ce que la personne se libère de la ronde des naissances. Ces trois sortes de kamma s'éteignent quand ils n'ont pas l'occasion de donner des résultats pendant la durée impartie.

Cette compréhension de la loi du kamma nous enseigne que chacun est responsable de lui-même car si nous sommes heureux ou si nous souffrons c'est le résultat de notre kamma du passé. Tout ce qui est agréable dans notre vie est le résultat d'un bon kamma de notre passé, et toute notre souffrance est le résultat du mauvais kamma de notre passé. Nous ne pouvons par conséquent blâmer personne d'autre pour notre souffrance ou nos échecs dans cette vie. Si nous voulons accuser quelqu'un, nous pouvons accuser notre kamma.

Le kamma produit des résultats, et puisque nous créons nous-mêmes le kamma, nous sommes les seuls à créer les résultats qui seront produits. Nous sommes donc maîtres de notre futur. Nous pouvons modeler nos futures existences. Nous sommes libres, nous ne dépendons de personne pour avoir un bon futur parce que nous seuls pouvons créer notre futur.

Quand nous comprenons que nous sommes seuls responsables de notre souffrance ou de notre bonheur, nous savons que nous pouvons façonner notre futur afin d'obtenir le bonheur et non la souffrance. Si nous ne souhaitons pas de douloureux résultats, nous devons simplement éviter ce qui produira de douloureux résultats. La loi du kamma nous enseigne de nous abstenir de faire du mal, ce qui est nuisible à nous-mêmes et aux autres. Ainsi, nous pouvons améliorer notre vie dès à présent, et également nos vies futures.

Le Dalaï-lama dit qu'il est plus important de comprendre le kamma et comment il fonctionne plutôt que toute la philosophie du Mahayana sur la vacuité.

Chaque chose de notre vie présente est le résultat de notre passé, de ce que l'on a fait. Nous sommes responsables de ce qui nous arrive maintenant. Le monde est le champ de relations de causes et d'effets. Cela nous encourage à agir de façon à engendrer des effets qui nous seront bénéfiques plus tard. Le passé affecte le présent, les causes du passé engendrent notre présent.

Le bouddhisme enseigne l'équanimité par rapport aux événements de notre vie. La façon de répondre à ces événements aura des conséquences dans le présent et aussi dans le futur. En nous sentant responsables du moment présent, cela affecte nos comportements et leurs conséquences dans le futur. Nous donnons une orientation à notre vie en fonction des choix que nous faisons maintenant.

Si nous faisons preuve de gentillesse et de générosité, nous créons les causes pour recevoir de la gentillesse et de la générosité. Si nous manifestons de la colère et de l'hostilité nous créons les résultats : nous recevrons la colère et l'hostilité. Nous devons toujours être attentifs à la façon dont nous agissons dans le présent. Nous sommes responsables, nous en subirons les conséquences plus tard.

C'est notre intention, notre motivation qui sont importantes et produiront des résultats. Nous devons nous demander : quelle est mon intention quand je dis cela ? Quand je fais cela ?

Chaque action est déterminée par une intention. Cela peut être de se protéger, d'obtenir quelque chose ou bien d'aider. L'intention est la graine qui donnera des fruits plus tard. Le pouvoir de l'attention, sati, nous permet de ne plus répondre de manière conditionnée en semant des graines d'avidité et de haine. Nous sommes conscients de ce qui est sans réagir et créer du kamma.

Puisque que le kamma donne des résultats, s’il y a du kamma, il y aura des résultats. Nous ne pouvons échapper aux conséquences du kamma créé dans le passé, à moins de devenir Bouddha ou Arahant.

Quand une personne renaît dans une autre vie, cette renaissance est le résultat de son kamma passé. Selon l'enseignement du Bouddha, il n'y a pas d'intervalle entre la mort et la renaissance. Une personne peut renaître à des milliers de kilomètres ; il y a des gens morts en Angleterre et qui ont repris naissance en Australie. Bien que la distance soit très grande, des milliers de kilomètres, il n'y a pas d'intervalle entre la mort et la renaissance. La renaissance suit immédiatement la mort, c'est le résultat du kamma du passé.

La mort n'est qu'un moment de la vie, le dernier moment. En fait, la disparition d'un moment et l'apparition d'un autre moment se produit même quand nous sommes vivants. Nous mourons et renaissons à chaque instant de notre vie. En réalité, cette vie-ci et la prochaine vie ne sont différentes que d'un instant. Le moment de la mort, nous l'appelons cette vie, le moment qui suit immédiatement la mort, nous l'appelons la nouvelle vie ou la prochaine vie, car nous utilisons des termes conventionnels. Mais la mort et la renaissance sont simplement un moment suivant un autre moment.

Par exemple une seconde après minuit le 31 décembre, nous disons que c'est un nouveau jour, un nouveau mois, une nouvelle année. Mais en fait, il y a seulement une seconde de différence entre l'année précédente et la nouvelle année. Nous disons l'année dernière, l'année passée, mais en fait, nous ne sommes qu'à une seconde de minuit. De la même façon, quand les êtres renaissent c'est seulement un instant après la mort.

L'apparition et la disparition des phénomènes physiques et mentaux se poursuivent jusqu'à ce que l'on devienne Arahant ou Bouddha et que l'on meurt. Jusqu'à ce moment, l'apparition et la disparition des phénomènes physiques et mentaux continuent. Mais qu'est-ce qui renaît ?

La personne qui renaît n'est ni la même personne, ni totalement une nouvelle personne. Au moment de la renaissance, le kamma produit un état d'esprit et quelques propriétés matérielles, et c'est cela que l'on appelle renaissance. L'esprit et la matière qui sont produits au moment de la renaissance ne sont pas des choses transférées de la vie précédente. En fait, rien ne se déplace de cette vie vers la future existence. Cependant, les résultats des actes commis dans la précédente existence produiront des résultats dans le futur. Ils sont reliés par la loi de causes et d’effets.

Par exemple dans un collier ou dans un chapelet, il y a des perles. Ces perles sont différentes les unes des autres et sont distinctes aussi. Comme elles sont reliées par une ficelle, nous pensons qu'il y a une série de perles, mais en fait, il n'y a que des perles individuelles. De la même façon, l'esprit et la matière sont nouveaux à chaque instant, apparaissant à chaque instant, mais il y a quelque chose comme un lien qui traverse la succession d'apparition d'esprit et de matière qui est la relation de cause et d'effet. Selon le Bouddha, chaque chose dans le monde est souffrance du fait de son caractère impermanent.

Pouvons-nous trouver quelque chose qui soit permanent dans le monde ?

Pouvons-nous trouver quelque chose qui apparaît seulement et ne disparaît pas?

Rien ne dure continuellement, tout a une fin, simplement parce qu'il y a eu un début. Quand il y a un début, il y a une fin, c'est la loi de la nature, nous ne pouvons y échapper.

Nous sommes nés en tant qu'êtres humains, nous avons commencé à vivre, mais nous ne vivrons pas éternellement. Un jour nous mourons parce que ce sera la fin de notre vie. Quand il y a un début, il y a une fin et quelque chose qui a commencé et se terminera ne peut pas être permanente.

Le Bouddha dit « ce qui est impermanent est souffrance ». De même les cinq agrégats sont souffrance parce qu'ils sont impermanents. Il ne faut pas seulement chercher à comprendre les enseignements du Bouddha, il faut les mettre en pratique aussi. Ses enseignements sont comme des médicaments, ils ne sont efficaces que si on les prend. Nous pouvons avoir beaucoup de médicaments chez nous, mais si nous ne les prenons pas nous ne guérirons pas. C'est seulement en pratiquant que nous pourrons nous libérer de la souffrance et de toutes nos impuretés mentales. C'est pourquoi la pratique est si importante. C'est uniquement par la pratique que nous pourrons accomplir ce qui fut accompli par les Bouddhas et les Arahants.

En comprenant ses enseignements, nous comprenons que, quel que soit le résultat du kamma, qu'il soit bon ou mauvais, il est en fait souffrance puisqu'il crée de nouvelles existences qui sont souffrance et prolonge notre cycle dans le Samsara.
Source : vipassanasangha
Ecouter au format MP3 : kamma ICI
Ecouter : Kamma, la suite :

http://bica-vipassana.blogspot.ca/2007/08/le-kamma.html

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