Le kensho selon Mumon Yamada Roshi

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AncestraL
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Le Kensho est-il donc impossible ou incroyable pour le Zen Soto ?
Attention, ma question est simple ! :)
Dumè Antoni

Ancestral a écrit :Le Kensho est-il donc impossible ou incroyable pour le Zen Soto ?
Ce serait, à mon avis, une erreur de le penser.
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Dumè Antoni a écrit :
Ancestral a écrit :Le Kensho est-il donc impossible ou incroyable pour le Zen Soto ?
Ce serait, à mon avis, une erreur de le penser.
Oui, mais je crois que c'est tabou.
Dumè Antoni

Pourquoi serait-ce tabou ?
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Dumè Antoni a écrit :Pourquoi serait-ce tabou ?
Parce que quelque part, en France, les pratiquants du soto se prennent pour la crême de la crême (surtout dans l'AZI), et donc, comme aucune tête ne doit dépasser, il a été déclaré que l'éveil est inaccessible, mais qu'il est bizarrement vécu autrement, c'est-à-dire ordinairement.
Dumè Antoni

Il faut relativiser l'importance du kensho, car on le considère, à tort, comme un éveil libérateur. En réalité, il est seulement la preuve que le Bouddha n'a pas menti. C'est important, quand on y songe, car on passe de la foi à l'affirmation : c'est cela ! Mais la question qui suit est alors la suivante : qu'est-ce que je fais de cela ? Et vient donc la longue et difficile maturation.

Je me suis souvent interrogé sur la nécessité du kensho. Je pense que c'est une question personnelle avant tout. Certains (comme moi) ont besoin de preuves, et d'autres, non. Bankei (1622-1693), qui était un maître Rinzaï réputé, a passé la moitié de sa vie, au péril de sa vie, à chercher une réponse à la question (qui s'exprimait comme un kôan) : "qu'est-ce que la Brillante Vertu ?". Puis quand il a atteint son but (car c'en était un) il a déclaré : "Depuis cette expérience, je n'ai jamais rencontré personne qui fut capable de me réfuter. Mais si avant cela, alors que je cherchais frénétiquement une façon de m'en sortir, j'avais eu quelqu'un pour me dire comment procéder, je ne me serais pas si vainement escrimé à la recherche de la vérité. Les longues années de ma pénible recherche ont grandement affaibli mon corps et je ne suis plus très vigoureux, ce qui me chagrine beaucoup parce que je ne suis plus en état de sortir vous voir autant que j'aimerais le faire pour vous parler du Non-né..." Et à propos du Non-né, il dit ailleurs : "Quand on est parvenu à cette conviction décisive (à propos du Non-né), il suffit de rester assis, sur le tatami, et d'être un vivant Nyorai, et il n'est pas du tout nécessaire de s'exercer aussi péniblement que je l'ai fait".

Cette dernière phrase de Bankei, qui consiste à dire au fond qu'il suffit d'être assis comme un vivant Nyorai (Tathagata), n'est pas différente de la pratique de Shikantaza du Sôtô, non ? Bien sûr, elle est précédée du satori de Bankei. Si l'on considère (à la libération près) que satori et kensho sont deux expériences identiques du point de vue de la "Vue", alors je pense que l'on soit du Sôtô ou du Rinzaï, c'est exactement la même chose. Dôgen et Bankei disent, de mon point de vue, exactement la même chose.

Dôgen et Bankei avaient aussi un point en commun : ils ont cherché au péril de leur vie (traverser la mer du Japon à la Chine au XIIIème siècle ne devait pas être une mince affaire) leur vraie nature et ils ont tous deux fait une expérience cruciale qui a changé leur vie, la Vue qu'ils avaient de la vie. Et tout est alors devenu très simple : simplement s'asseoir. Tout est là, à sa place. Mais quand on a un esprit troublé par un questionnement permanent qui ne laisse aucun répit, il n'y a qu'une solution : aller jusqu'à ce que le ciel s'effondre et que la terre disparaisse sous les pieds.
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