Polir la tuile pour en faire un miroir

Dumè Antoni

Kaïkan a écrit :Il est facile de comprendre pourquoi ce mondo est devenu si célèbre. C’est parce qu’il touche directement et complètement à cette question de pratiquer avec un objet – pour quelque chose – ou de pratiquer pour rien.
Non, ceci n'est qu'une interprétation du point de vue du Sôtô et rien de plus. Du point de vue du Rinzaï, Baso commet une erreur parce qu'il s'attache à une posture (zazen) dans le but de devenir un Bouddha. Nangaku ne dit jamais qu'il faut pratiquer pour rien mais de ne pas s'attacher à une forme particulière de la posture, ce qui est très différent. Il faut en effet rappeler ce que Huineng nommait la Fonction (Praja) et le Corps (Dhyana) et quand Nangaku parle de la charette et du boeuf, le boeuf est Prajna (Fonction) et la charette est Dhyana (Corps). Et c'est la Fonction qui "tire" le Corps en avant, en ce sens qu'il n'y a pas de Dhyana sans Prajna, et non l'inverse. C'est donc bien la pratique de Dhyana privée de Prajna dont il est question dans le cas, parce que ce cas reprend exactement l'apport de Huineng dans le Zen (en opposition au Zen de ShenXiu) : il n'y a pas de Dhyana sans Prajna pour Huineng et se mettre en zazen dans le but de devenir un Bouddha, c'est supposer que Prajna s'élève à partir de la pratique de (ou dérive de) Dhyana (ce qui est une pratique gradualiste, valide dans le Mahayana mais pas dans le Saijojo zen ; se rappeler la gatha de "nettoyer le miroir" de Shen Xiu), et c'est pourquoi Baso fouettait la charrette et non le boeuf, en quelque sorte. Par ailleurs (et c'est important historiquement) Nangaku (et Baso) n'a(n'ont) jamais été à l'origine de la lignée Sôtô mais de la lignée Rinzaï, en conséquence de quoi, il n'a jamais été question de dire que "zazen est le satori" dans cette lignée. Ceci n'a été affirmé que 5 siècles plus tard par Dôgen, lequel était rattaché à la lignée de Seigen (Ch'ing Yüan) le "frère spirituel" de Nangaku (Nangaku et Seigen étaient des disciples directs de Huineng (Eno)).

Ceci dit pour reclasser le cas dans le contexte où il a été exposé. Rien n'empêche, bien entendu, les adeptes de la lignée Sôtô de l'interpréter à leur manière.
Dumè Antoni

Kaïkan a écrit :Le satori veut dire comprendre que nous sommes profondément libres
Quand on ne sait pas ce qu'est le kensho (car on ne peut pas nier ce que l'on connaît) comment peut on savoir ce qu'est le satori ? Cette Compréhension (de notre vraie nature de Bouddha) n'est par ailleurs pas intellectuelle ; elle est le fait de l'Illumination de Prajna dans la conscience (manas, alaya) et est donc une Vue. Et quand on n'a pas le kensho (puisqu'on ne le reconnait pas), cela signifie que Prajna n'a pas illuminé la conscience, en sorte que cette Compréhension Juste n'existe tout simplement pas.
et cette liberté, ce n’est pas obtenir quoi que ce soit mais plutôt perdre : perdre ses obstructions, ses préjugés, ses idées, ses pensées personnelles, ses fixations, ses coagulations mentales. :lol:
Qui est capable de perdre ses obstructions, ses préjugés, ses idées, ses pensées personnelles, ses fixations et coagulations mentales sinon celui qui est délivré de son karma ? Kaïkan a-t-il le même karma que le Bouddha Çakyamuni ? Non, Kaïkan est seulement un moine de l'AZI, avec un karma bien rempli de coagulations mentales.
Dògen, Nyojo, Sawaki, Deshimaru
Cherchez l'intrus ! Un indice : il a vécu en France.
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yudo
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Je ne suis pas un moine de l'AZI (loin s'en faut!!!) mais je ne crois pas que ce qu'écrit Kaïkan soit exclusivement des "coagulations mentales".

Mon expérience de vie, et en particulier d'artisan "d'art" (comme je déteste cette expression imbécile!) m'a enseigné la même chose. Que ce soit dans les exercices d'assouplissement, que ce soit dans l'exercice patient et attentif d'un travail manuel, la gratuité reste une notion fondamentale. Si on n'arrive pas à la comprendre, tout ce qu'on entreprend finit par être gâché par le "but".

Hier encore, un collègue italien m'expliquait combien la pression de certains clients, désireux d'avoir un résultat "spécial" contribuait systématiquement à le faire travailler mal.

Ce n'est pas la première ni la dernière fois que je mets en garde les intellectuels (notez bien que je n'y mets aucune ironie ou mépris, j'en suis un aussi) contre la tentation de se limiter à ce que nos cerveaux nous proposent. Nishijima faisait observer que nos capacités mentales sont pratiquement infinies et constituent en ce sens un piège dans lequel trop de gens tombent à pieds joints. Un exemple typique étant les ingénieurs, en particulier français. Une conceptualisation sans faille, des projets mirifiques sur le papier. Et puis, le grain de sable oublié qui vient se mettre en travers de toute la sublime machinerie et la fait exploser.

Rappelons quand même que maître Dôgen avait étudié d'abord le Sûtra du Lotus dans l'école Tendaï, avant d'étudier avec un enseignant Rinzaï, avec lequel il est parti en Chine. Que Tendô Nyôjo, quoique maître Caodong avait été nommé chef d'un temple Linji. Il me paraît donc hasardeux de juger Mǎzŭ Dàoyī, voire Línjì Yìxuán selon les canons Rinzaï contemporains. De plus, si Mǎzŭ Dàoyī et Dòngshān Liángjiè s'envoyaient mutuellement des élèves, j'ai un gros doute sur leurs différences doctrinales et/ou pédagogiques...

CELA DIT, il me paraît également évident que s'asseoir en lotus, fut-ce pendant 50 ans, peut très bien ne rien donner, voire rigidifier et pourrir de l'intérieur qui le pratique, car j'en ai vu trop d'exemples. A ce titre, pour pinailler, j'irais jusqu'à dire que ce n'est pas parce que ces personnes appellent cela "Zazen" que c'est pour autant Zazen. Il me semble en tout cas que pour qu'on puisse légitimement appeler cela Zazen, il faut que cette pratique physique s'accompagne d'une pratique mentale qui consiste entre autres à identifier les rigidités, leurs causes et la forme de leurs manifestations, et à voir comment et pourquoi NE PAS les faire.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
Dumè Antoni

Yudo a écrit :je ne crois pas que ce qu'écrit Kaïkan soit exclusivement des "coagulations mentales".
Ce n'est pas ce que j'ai écrit. J'ai écrit que "le karma de Kaïkan (qui est évidemment loin d'être le seul) est rempli de coagulations mentales". Pourquoi dis-je cela ? Ce n'est certainement pas pour moquer Kaïkan (bien que lui ne se prive pas de le faire sur son forum, me concernant), mais pour moquer tous ceux qui s'imaginent libérés (et éveillés) simplement parce qu'ils pratiquent zazen selon le mode Sôtô, alors même qu'ils ne le sont pas, c'est à dire qu'ils sont chargés karmiquement, comme tout individu lambda, dont moi-même bien sûr (sauf que je ne me considère pas comme l'équivalent d'un Bouddha, loin s'en faut). Le Zen de Dôgen n'est pas l'adepte du Sôtô, moine ou laïc. On a en effet souvent tendance à confondre le Zen et le zeniste. C'est ce qu'on appelle "faire tomber la Vue dans la pratique". Ce sont deux choses (Vue et pratique) très différentes qu'il convient d'avoir à l'esprit sans cesse, car sinon on commet l'erreur gravissime de confondre la maladie et le remède.
Ce n'est pas la première ni la dernière fois que je mets en garde les intellectuels (notez bien que je n'y mets aucune ironie ou mépris, j'en suis un aussi) contre la tentation de se limiter à ce que nos cerveaux nous proposent. Nishijima faisait observer que nos capacités mentales sont pratiquement infinies et constituent en ce sens un piège dans lequel trop de gens tombent à pieds joints.
Certainement, et j'ai du reste précisé dans mon dernier post que la Compréhension Juste (qui est une Vue et non une pratique), n'est pas intellectuelle. Je ne sais pas pourquoi, sans doute par méconnaissance, on affuble les pratiquants rinzaï d'un excès d'intellectualisme. C'est tout à fait faux. Le fait de douter sur un kôan (parce que je suppose que c'est à cause de ça) fait intervenir bien autre chose que l'intellect, même s'il est vrai que le doute s'élève d'abord intellectuellement. Dans le kôan (qui est le sens du kôan Mu, en fait) : "Pourquoi, alors que j'ai la nature de Bouddha, je ne la reconnais pas ?" (et je rappelle que ce questionnement — ce doute — était celui qui habitait l'esprit de Dôgen avant sa réalisation), la question/doute est d'abord intellectuelle, mais n'est pas "résolue" par l'intellect. Ça, nous le savons tous, adeptes du Rinzaï comme du Sôtô.
Rappelons quand même que maître Dôgen avait étudié d'abord le Sûtra du Lotus dans l'école Tendaï, avant d'étudier avec un enseignant Rinzaï, avec lequel il est parti en Chine. Que Tendô Nyôjo, quoique maître Caodong avait été nommé chef d'un temple Linji. Il me paraît donc hasardeux de juger Mǎzŭ Dàoyī, voire Línjì Yìxuán selon les canons Rinzaï contemporains. De plus, si Mǎzŭ Dàoyī et Dòngshān Liángjiè s'envoyaient mutuellement des élèves, j'ai un gros doute sur leurs différences doctrinales et/ou pédagogiques..
Je ne le conteste absolument pas. Ce qui m'a fait réagir comme je l'ai fait, c'est la volonté affirmée par Kaïkan de priver l'analyse ou tout commentaire de ce cas du point de vue Rinzaï, comme si ce point de vue (rinzaï) devait compliquer les choses. J'ai donc tout naturellement rappelé que ce cas est propre à la lignée Rinzaï sans qu'il soit bien entendu interdit de l'examiner du point de vue du Sôtô (c'est le sens de l'échange des points de vue doctrinaux, échange auquel je suis très attaché, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer). Je suis certain, convaincu, que Dôgen a su analyser le cas avec la Vue Juste. Je suis moins convaincu qu'il faille cependant faire dire à Nangaku ce qu'il n'a pas dit explicitement, à savoir que "zazen est satori" dans le sens où l'affirmait Deshimaru (c'est à dire "pratiquer pour rien"). Je ne dis pas que le commentaire de Nishijima est erroné, mais qu'il s'inscrit dans le point de vue du Zen Sôtô. Ce point de vue est juste, à la condition rédhibitoire de ne pas faire tomber la Vue dans la pratique. Ceci me paraît très, extrêmement, important.

À ce propos, le Zen de Dôgen consiste à dire que Vue et Pratique ne sont qu'un. Mais qu'est-ce que ça signifie ? Ça signifie simplement que Prajna est inséparable de Dhyana. Mais dans les faits, cela n'est pas aussi simple, et Baso en savait quelque chose. Mais le fait que Baso comprenne ensuite l'injonction de Nangaku (à propos de la charrette et du boeuf) ne lui donne pas le satori (kensho) pour autant. Le texte dit "Matsu ne dit plus rien". C'est seulement après qu'il a entendu Nagaku dire "tant que vous vous attachez à cette posture (autrement dit, à Dhyana/Pratique/Corps sans Prajna/Vue/Fonction), vous ne pouvez atteindre l'esprit de Bouddha" qu'il est écrit que "Matsu eut l'impression de boire le plus délicieux des breuvage". Cette impression délicieuse n'est pas l'éveil (satori), ni même le kensho. C'est juste la compréhension que sa pratique était erronée. Et quand on a passé des années à se tromper pour n'arriver à rien, ça fait du bien de comprendre où l'on s'est trompé. Mais cette compréhension n'est ni kensho, ni satori. Et ne consiste certainement pas à conclure qu'il faut "pratiquer pour rien". Au contraire, il faut pratiquer pour s'éveiller et se libérer car nous ne naissons pas éveillés et libérés (c'est comme pour les droits de l'homme : on naît tous libres et égaux en droit, mais comme disait Coluche : "il y en a qui sont plus égaux (ou libres) que d'autres" :lol: ) car notre karma n'est pas nécessairement celui de Çakyamuni (et encore, Çakyamuni n'a jamais pratiqué "pour rien", mais pour s'éveiller, se libérer et "pondre", excusez la formule cavalière et du peu, le Dharma).
CELA DIT, il me paraît également évident que s'asseoir en lotus, fut-ce pendant 50 ans, peut très bien ne rien donner, voire rigidifier et pourrir de l'intérieur qui le pratique, car j'en ai vu trop d'exemples. A ce titre, pour pinailler, j'irais jusqu'à dire que ce n'est pas parce que ces personnes appellent cela "Zazen" que c'est pour autant Zazen. Il me semble en tout cas que pour qu'on puisse légitimement appeler cela Zazen, il faut que cette pratique physique s'accompagne d'une pratique mentale qui consiste entre autres à identifier les rigidités, leurs causes et la forme de leurs manifestations, et à voir comment et pourquoi NE PAS les faire.
Tout à fait d'accord.
Kaïkan
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Nous avons bien compris, le contraire serait étonnant, que pour Dumè le bouddhisme zen n'est valable que selon sa propre interprétation du rinzai dont il fait grande publicité. Je reconnais qu'il est bon d'avoir des convictions mais seulement jusqu'à un certain point et je reste très sceptiques lorsque ces dites convictions amènent au rejet de toute autre opinion que celle qui est qualifiée d'orthodoxe les autres étant en quelque sorte hérétiques.
Je dois dire, entre parenthèses, que je croyais que sur ce forum on débattait des idées et non pas sur les membres.
J'ai lu avec surprise :
Dumè a écrit :« Kaïkan est seulement un moine de l'AZI, avec un karma bien rempli de coagulations mentales. »

Dumè a regardé dans sa boule de cristal new-âge pour en arriver à cette déduction ? (ce n’est pas une question, je trouve seulement ça drôle et j’ai tendance à rire en lisant certaines réactions à mes messages).
Au fait j’ai lu dans la charte :
• • Les insultes et la diffamation ne sont pas tolérées, on évitera généralement toute intervention désinvolte, vulgaire ou inconsidérée.
Les gens s'y efforcent, j'en suis persuadé, avec parfois quelques difficultés m'a-t-il semblé. :lol:

En faisant une recherche sur le mot kensho on trouve sur ce site 233 occurrences mais souvent le mot est cité de nombreuses fois dans chaque message ce qui donne une moyenne de plus de 500. Cette obstination à répéter en boucle ce que tout le monde à quand même bien compris peut être pris pour une sorte de conduite obsessionnelle. C’est exactement de cela qu’on veut parler quand on dit : "coagulation mentale". C’était une simple précision pour clarifier une idée qui n’était peut-être pas encore tout à fait bien comprise d’après les réactions dans ce fil. :idea:

Je voudrais aussi rappeler que "se comporter pour le moins avec un esprit d'ouverture", c’est aussi accepter un retour de critiques, ce n’est pas à sens unique. C’est valable pour tout le monde et donc aussi pour celui qui en fait la remarque aux autres. (A moins que j’ai droit à un traitement spécial). ;-)

Pour finir ce message je voudrais clarifier un point important : Lorsque Kodo Sawaki est décédé, c’est T. Deshimaru qui s’est occupé des frais et des cérémonies y compris le nettoyage du cadavre. Mais peu avant sa mort il était venu le visiter et Kodo lui a dit qu’il n’en avait plus pour longtemps. C’est alors que T. Deshimaru lui a demandé l’ordination de moine zen qui lui avait été refusée jusqu’alors. Kodo a accepté et lui a fait la cérémonie à la fin de laquelle il lui a confié la mission d’aller en Europe faire connaître le zen. C’est donc en tant que moine zen que T. Deshimaru est venu à Paris. Il était très fier d’être un moine zen et ne cherchait pas un titre autre que celui-là. Il n’a jamais parlé d’un shiho de Kodo. C’est une sorte de légende urbaine colportée par une confusion entre ce qui est une mission et ce qu’est un shiho. T. Deshimaru ne voulait pas un shiho mais il y a été contraint par la sotoshu (Sotoshu-Shûmûcho) pour officialiser sa mission.

Ceci étant rectifié, je l’espère, je tiens à dire qu’il est tout à fait exact que j’ai l’ordination de moine zen et donc que je suis seulement un moine.
Pour être précis j’ai commencé la pratique de zazen en 1974 et je suis entré dans l’AZI en 1978. J’ai reçu un rakusu en 1982 par T. Deshimaru puis un kesa de Mokusho Zeisler et le ketsumyaku de Kosen en 1984. Je suis donc moine depuis 32 ans.
Alors bien sûr comme je suis aussi stupide qu’un balai sans poils, je suis heureux d’être moine et de me trouver sur la Voie au milieu de tant de gens intelligents, brillants et compétents qui savent un tas de choses. :)
FleurDeLotus

Bon zazen. jap_8
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Kaïkan
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Bonsoir,

L'ordination de moine je l'ai eue avec les deux.
La première informelle avec Étienne Mokusho Zeisler (seulement remise du kesa et une seule phrase de lui : "on va pas chipoter"). :D
La deuxième formelle avec ketsumyaku par Stéphane Kosen. (coupage de mèche, photo, la totale)
Oui Deshimaru a fait des ordinations avant d'être "Shihoté". Il n'est pas le seul. Beaucoup de moines sont sollicités pour donner des ordinations, moi aussi. Souvent ceux qui veulent devenir maître font beaucoup d’ordinations en espérant convaincre car sans quoi ils peuvent créer une école dissidente. Des fois ça réussit. Perso je ne fais pas de politiques et j'ai renoncé à la course au shiho. :D
-- Kaïkan --
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lausm

Je suis loin d'être sûr que la version rinzai et soto soient aussi fondamentalement différentes.
Et puis il y a les mots, et le contexte de leur lecture, qui est lié à la façon dont est menée la pratique....ce qui est par essence non visible sur un forum exclusivement fonctionnant sur l'écrit. Les biais de lectures sont donc liés aussi à l'historique du lecteur.
Je lisais un jour l'histoire de Daibai Hojo (Ta Mei pour les sinisants), sur le petit livre sur l'histoire du chan (d'un auteur au nom vietnamien qui m'échappe tout de suite)...sa version différait vraiment de celle de Deshimaru ou d'autres, mais au final, c''est juste un autre angle de lecture.

Tokuda dit un jour à un ami, qui lui parlait de koans, que penser que le soto rejette les koans formels, est un malentendu.
Chaque école a sa forme de pédagogie, elles répondent à un besoin spécifique, et elles pourraient bien être plus complémentaires que concurrentes.
Après tout, Tokuda est arrivé au zen soto envoyé au temple par un maître rinzaï, et Deshimaru a été aidé à ses débuts plus par des gens du zen Obaku et Rinzai que du zen soto (qui sont arrivés le jour où ils ont vu que son business commençait à tourner).
On aime bien à lire l'histoire du chan zen émaillé de querelles dynastiques et controverses héréditaires, mais Michel nous rappelle bien que Ma Tsu et Dong Shan (Baso et Tozan), s'envoyaient des disciples mutuellement, tout comme en fait le faisaient Houei Neng et Shen Xiu (Eno et Jinshu pour les japonisants!), eux aussi, bien que la légende dorée qu'on nous a laissée laisse entendre une rivalité atroce-ce qui donc est historiquement faux, et là le travail de certains universitaires non pratiquants a parfois sa grande valeur d'éclaircissement des faits).
Kaïkan
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Entièrement d'accord avec lausm.
Ce ne sont que certaines interprétations qui semblent créer des murs infranchissables. D'ailleurs T. Deshimaru nous en avait parlé à de nombreuses reprises de ce que lausm a entendu dire par Tokuda. :)
L'un des textes les plus importants du sôtô : le sutra Hôkyô-zanmai comporte un nombre impressionnant de kôans.
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Dumè Antoni

Kaîkan a écrit :Nous avons bien compris, le contraire serait étonnant, que pour Dumè le bouddhisme zen n'est valable que selon sa propre interprétation du rinzai dont il fait grande publicité
Je pense que tu dois être le seul à avoir compris une telle absurdité. Une grande publicité, dis-tu ? Je ne sais pas si tu l'as remarqué, mais il n'y a pas eu beaucoup de contributeurs rattachés à l'école Sôtô du Zen sur Nangpa ces derniers mois (c'est à dire en gros depuis que je me suis réinscrit). En clair, la probabilité de trouver des fils sur le Rinzaï quand le seul membre pratiquant le Zen sur un forum est Rinzaï frise nécessairement les 100%. Je te ferai remarquer que sur le forum zen-et-nous que tu diriges, c'est exactement l'inverse : la contribution au Rinzaï frise les 0% tandis que le Sôtô, ou plus exactement le Deshimarisme (ce qui n'est pas pareil à mon sens, et des contributeurs sur ton forum l'affirment sans complexe), atteint les 100%.
Je reconnais qu'il est bon d'avoir des convictions mais seulement jusqu'à un certain point et je reste très sceptiques lorsque ces dites convictions amènent au rejet de toute autre opinion que celle qui est qualifiée d'orthodoxe les autres étant en quelque sorte hérétiques.
Je ne rejette pas le Sôtô. J'en veux pour preuve que j'apprécie des maîtres tels que Shunryu Suzuki, ou bien Kapleau, ou bien Albert Low. En revanche, sur un forum bouddhiste, je n'apprécie pas les opinions erronées, teintées de new age, en particulier quand ces opinions se réclament du Bouddhisme (ou du Zen). Donc, j'affirme et revendique le fait que je suis et demeurerai intraitable sur les opinions fausses qui ne servent qu'à tromper ou égarer les lecteurs, en particuliers quand ceux-ci, qui ne connaissent du Zen que l'apport de Deshimaru, pensent qu'il n'existe qu'un seul "vrai zen" (c'est ce qu'affirmait Deshimaru, n'est-ce pas) : le sien. J'affirme donc, haut et fort, que le Zen de Deshimaru — qui faisait de son Zen le seul "vrai zen" — fait tomber la Vue dans la pratique, le conduisant ainsi à nier le kensho et à faire d'une pratique de volailles l'équivalent du satori. Ni Shunryu Suzuki, ni Kapleau, ni Dôgen si j'en crois les citations nombreuses de ces auteurs, n'affirment une telle chose. Shunryu Suzuki disait que Dôgen affirmait que "nous devions faire comme si nous avions atteint l'Illumination". Il n'a jamais dit que nous sommes tous des Bouddhas. Ce serait une honte, un mépris pour l'apport de Çakyamuni et sa pratique avant l'Illumination.
Dumè a écrit :Kaïkan est seulement un moine de l'AZI, avec un karma bien rempli de coagulations mentales.
Dumè a regardé dans sa boule de cristal new-âge pour en arriver à cette déduction ? (ce n’est pas une question, je trouve seulement ça drôle et j’ai tendance à rire en lisant certaines réactions à mes messages).
Je pense que question new age, tu es l'hôpital qui se rit de la charité. Il suffit de consulter tes contributions sur zen et nous et même ici, pour réaliser que tu mets dans le même panier l'Hindouisme et le Bouddhisme. C'est normal, puisque tu ne sais pas ce qu'est la Vue dans le Bouddhisme dès lors que tu n'as jamais eu le kensho. Et ce n'est pas dans une boule de cristal que je le devine. Mais tu ne pourrais pas le comprendre, bien évidemment. Du reste, si réellement tu avais eu le kensho, tu ne déploierais pas autant d'ardeur à le nier. Au contraire, tu déploierais toute ton énergie à inciter les pratiquants à faire cette expérience cruciale, fondamentale, sans laquelle le Zen n'existerait pas. Je te signale, au cas où tu l'aurais oublié, que Dôgen a eu le kensho en Chine et que sans le kensho, il n'aurait pas été le Dôgen que tu crois connaître.
Au fait j’ai lu dans la charte :
• • Les insultes et la diffamation ne sont pas tolérées, on évitera généralement toute intervention désinvolte, vulgaire ou inconsidérée.
Est-ce une insulte ou une diffamation ou intervention désinvolte, vulgaire ou inconsidérée de dire que tu es un moine de l'AZI ? Que ton karma est rempli de coagulation mentale ? Tu ne serais pas en train de nous faire une crise de paranoïa ? Je dis ça à cause de ton fil : http://zen-et-nous.1fr1.net/t1969-les-d ... noia#34580

Qu'est-ce qui te gène dans mon propos ? Que je dise que tu es un moine de l'AZI ? C'est vrai. Que ton karma est bien rempli ? C'est vrai : tu ne vas quand même pas essayer de nous faire croire que tu vis là ta dernière existence et que tu es délivré comme l'était Çakyamuni, non ? si ? :lol: A moins que ce soit l'expression "coagulation mentale" qui te semble être une insulte ou une diffamation. Pourtant, je n'ai fait que recopier cette expression dans ton post, expression que tu as soulignée et jointe d'un smiley. Elle ne t'était pas destinée quand tu disais qu'il fallait oublier dans ta pratique ce genre de chose ? Tu voulais dire que ce n'était pas toi qui devait oublier cela, parce que toi tu es un Bouddha, mais les autres ?

A présent veux-tu que je fasse l'inventaire des injures et diffamations à mon encontre qui auraient pu facilement me conduire à faire fermer ton forum, ne serait-ce que par les blagues racistes en loucedé que tu emploies me concernant : "rinzaï corsé ou corseté" (je ne compte pas le nombre de fois où l'allusion à la Corse, me concernant, a été utilisée). Le problème, c'est qu'avec toi, on ne peut même pas régler les problèmes en mp. Sur Zen et nous, c'est impossible (sauf à joindre ton fournisseur d'accès) et sur Nangpa tu refuses de lire mes messages, me renvoyant ta lâcheté en pleine figure à deux reprises : "Lors d'une mauvaise manipulation votre message a été supprimé. Je suis désolé, je ne suis pas habitué à la messagerie de Nangpa." Les lecteurs apprécieront.

Veux-tu également que je rappelle tes propos, dans le fil sur le kensho selon Mumon Yamada Roshi qui fut un des plus grand maîtres zen Rinzaï d'après guerre ? Qui disait que les propos de ce grand maître étaient des "sornettes" et que tu plaignais ceux (comme moi, donc) qui les appliquaient ou les croyaient ?
En faisant une recherche sur le mot kensho on trouve sur ce site 233 occurrences mais souvent le mot est cité de nombreuses fois dans chaque message ce qui donne une moyenne de plus de 500. Cette obstination à répéter en boucle ce que tout le monde à quand même bien compris peut être pris pour une sorte de conduite obsessionnelle. C’est exactement de cela qu’on veut parler quand on dit : "coagulation mentale".
Ben nous y voilà ! Tu fais l'inventaire du nombre de fois où l'on trouve le mot kensho, sur un forum zen fréquenté à 95% (voire 100%) par un pratiquant Rinzaï. Sachant que dans le Rinzaï le Zen commence avec le kensho, que le kensho y est fondamental, il y a en effet de forte probabilité de le trouver souvent. A présent dis-nous quel nombre de fois, sur un forum Dzogchen on trouvera le mot "Rigpa", le nombre de fois qu'on trouvera le mot "Dhamma" sur un forum Théravadin et le nombre de fois qu'on trouvera "Zazen" sur Zen et nous. Devrais-je dire qu'à chaque fois que tu parles de zazen, tu as une conduite obsessionnelle ? Une "coagulation mentale" ? :roll: Après ça, si tu parais ridicule, c'est de la faute du Rinzaï (ou la mienne) ?
Je voudrais aussi rappeler que "se comporter pour le moins avec un esprit d'ouverture", c’est aussi accepter un retour de critiques, ce n’est pas à sens unique.
Qui a écrit : "NB : Je trouve un peu exagéré le fait que chaque fois que j'essaie de faire un sujet sur le zen sôtô il y ait immédiatement un message venant s'opposer en proposant la façon rinzai de voir différemment ce que je tente d'exposer." ? Qui a écrit que c'était "systématique" ?
(A moins que j’ai droit à un traitement spécial). ;-)
Qui a fait l'inventaire d'occurrences du mot "kensho" ? Encore un souci de paranoïa ? Tu devrais peut-être consulter, non ?

Pour le reste, relativement à Deshimaru notamment, le fait que Kodo Sawaki ait accepté, alors qu'il était mourant, de l'ordonner moine, est en effet d'une valeur capitale. J'imagine qu'on va pleurer tellement c'est beau. Tout cela est pathétique et grave car si Deshimaru a sans conteste contribué à ouvrir des dojos en Europe, il a ordonné des moines avec une telle désinvolture que c'en est affligeant pour qui sait le parcours en monastère des moines par ailleurs, sans compter que ces dits moines (de l'AZI) reprennent à leur compte l'idée qu'il leur suffit d'être assis "sans rien attendre" pour se dire éveillés.

Enfin bref, j'invite le lecteur à s'asseoir comme bon lui semble. Et s'il s'éveille comme un Bouddha sur son zafu, alors qu'il n'a rien cherché, rien demandé, qu'il a abandonné toutes idées, toutes réflexions, toutes pensées, toutes interrogations ou doutes car inutiles, et bien j'en serais heureux pour lui et me ferai moine en cotisant à l'AZI ::mr yellow:: . En attendant, avec tous ces pratiquants de l'AZI que l'on voit, force est de constater qu'on est encore à fouetter la charrette, dans les dojos :lol:

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