Le blog de Lausm : un moine peut-il tenir un blog ?

ted

Le blog de Lausm, un membre de la team Nangpa.
https://faceaumur.wordpress.com/

Coucou Lausm. On espère que tu vas bien. love_3
ted

Lausm dit ceci :
Donc il ne s’agit nullement d’adapter une pratique aux occidentaux : si elle est universelle, elle doit marcher. Si ça ne fonctionne pas si bien chez nous, c’est qu’il y a un problème réel. Et identifier le bouddhisme à un modèle monastique où une frange de la population vit en dépendance de dons, où l’on doit avoir quand même des laïcs qui vivent dans le non renoncement afin de procréer et travailler pour faire naître de futurs moines et nonnes et leur donner à manger, me semble relever d’un équilibre social qui à mes yeux pose sacrément question sur le modèle dont il s’agit. Notamment sur le caractère universel de ce modèle, et son « adaptabilité »
Il soulève ainsi ce problème du fonctionnement traditionnel du sangha que nous ne pourrons sans doute jamais adopter en France : des renonçants vivant en dépendance d'une communauté de laïcs.
Dumè Antoni

Ted a écrit :Il soulève ainsi ce problème du fonctionnement traditionnel du sangha que nous ne pourrons sans doute jamais adopter en France : des renonçants vivant en dépendance d'une communauté de laïcs.
Bien sûr que si, ce modèle est adaptable en France. Les laïcs assurent le fonctionnement des associations ou des congrégations, non seulement par les adhésions (qui ne suffisent pas, en général) mais aussi en participant aux sesshins, sans compter les "stages" divers et variés qui permettent de renflouer les caisses.

Cela étant, je ne comprends pas bien le sens du titre : "un moine peut-il tenir un blog ?" Pourquoi pas ?

En voici un (celui de Jyoji qui est moine et maître Zen) : http://aucoeurduzen.blogspot.fr/
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yudo
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Inscription : 04 mars 2007, 10:43

Je dirais qu'un aspect fondamental du problème vient de l'attente de certains à avoir une communauté laïque pour les faire vivre. Si l'on procède ainsi, on n'est absolument pas dans la gratuité. C'est, je pense, de toute façon pour cette exacte raison que M° Joshu Jushin avait déterminé que les communautés zen devaient être autonomes ("Un jour sans travailler, un jour sans manger"), ce qui leur a permis de survivre à la grande persécution, au VIII° siècle.

Tout en vivant personnellement en moine, (réellement), je ne suis pas convaincu de l'universalité et de la perfection intrinsèque de la vie en monastère. La vie d'ermite, peut-être, le monastère, avec son pourcentage de parasites ayant choisi cette vie précisément pour ne pas avoir à se faire c... à la gagner, je suis sceptique.

Mais je persiste à penser qu'il y a un certain nombre de gens que l'enseignement du Dharma pourrait intéresser, et à qui il serait utile, mais qui ne sont en rien prêts à pratiquer Zazen, même de temps en temps, et qu'il ne sert de rien de vouloir les y forcer. La plupart des personnes d'origine vietnamienne que je connais ne pratiquent jamais Zazen, et cela ne les empêche pas de connaître les fondamentaux du Dharma et de les mettre en application. Il serait juste temps que nous cessions d'être trop binaires ("ou tu viens pratiquer zazen, ou tu t'abstiens complètement"), et revenions à un fondamental qui nous paraît aujourd'hui bien trivial, mais qui était loin de l'être pour nos ancêtres: le théâtre est à l'origine une cérémonie religieuse.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
lausm

Je partage cet avis.
D'ailleurs quand les appels à donation deviennent trop pressant, où est l'échange?
En Orient, la structure de fonctionnement accepte socialement le fait qu'il y ait des moines, qui, par exemple, vont venir demander l'aumône. Nous, avons un autre modèle en fonction, pas tout à fait pareil.
D'ailleurs, autrefois, du temps du Bouddha, ce n'était pas tant des communautés monastiques que ce qu'on appelait les Sramanas (mot qui d'ailleurs a la même étymologie que "chamane"), qui étaient plutôt des itinérants.
A mon avis ça marche mieux.
Car il me semble qu'il y a dans le système monastique quelque chose qui a beaucoup été induit par la culture brahmaniste : un nouveau système hiérarchisé bien patriarcal et pyramidal. On retrouve ça au final dans toutes les grandes traditions bouddhistes. Seules les lignées un peu érémitiques y échappent.
Ma réaction sur le blog était dûe aussi au discours que tiennent des gens qui parlent au nom du bouddhisme theravada orthodoxe sur facebook : je trouve ça fascinant de déclarer que le vrai bouddhisme c'est no sexualité ni possession matérielle....quand on apprends que peu après le Bouddha, certains temples possédaient 3 ans de récolte de riz pour 12000 personnes! Mais ça n'appartenait pas aux moines, car quelqu'un le gère pour eux.
Idem pour la sexualité considérée quasi comme impure puisqu'étant obstacle çà l'éveil.
En ce cas je demande qui sur terre n'a jamais touché le sexe d'une femme avec son corps (sauf en cas de césarienne!).
Cela veut dire que la pureté des uns dépend de l'impureté des autres....donc tout ça me semble tellement hypocrite et décalé avec les vrais problèmes de notre temps!

Pour moi le vrai engagement est intime, à l'intérieur de soi. Et pas dépendant des formes extérieures comme ne pas toucher une femme, etc etc.....cela me semble même cause de méconnaissances profondes du monde réel, et donc un handicap pour aider ceux qui y souffrent parce qu'on ne connaît pas ce qu'ils vivent.

Sinon un moine peut aussi lâcher un blog!
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blutack
Messages : 77
Inscription : 19 juillet 2009, 18:42

Je crois que le seul et unique problème vient de la mentalité moderne. C'est particulièrement le cas en occident, Il y a une attente pathologique chez le soit disant bouddhiste occidental, que je préfère appeler bouboudhiste, à voir le Bouddhisme, tradition pluriséculaire, se conformer à ses à priori. Un tel fâché avec la société patriarcal voudrait un bouddhisme au féminin. Un tel fâché avec l'idée d'ordination voudrait un bouddhisme laïc. Un tel fâché avec le surnaturel voudrait un bouddhisme rationnel expurgé de toute référence au merveilleux. Un autre fantasme sur la "sexualité sacré" voudrait évacuer la critique des plaisirs sensoriels. Bref un Bouddhisme à la carte pour post-hippie soixante huitard gorgé jusqu'à la lie de contre-culture et de préjugé issu du monde moderne.
Mais au fond tout cela est surtout la petite lubie de la génération baby boom qui a cristallisé en elle un refus de l’ordre ancien. Je pense que les générations plus jeunes ayant vécu dans une société plus ouverte sur bien des plans seront près eux aussi à en faire la critique ce qui les rendra plus aptes à accepter le Bouddhisme dans sa réalité et ce libérer des fantasmes et des névroses du passé récent.
Bref le problème se règlera de lui même quand [censuré par un modérateur] qui a mes yeux sont de parfaits exemples de bouboudhisme grave, auront enfin avaler leur bulletin de naissance. Charge alors à la nouvelle génération de faire table rase des 70 ans passé et de regarder le Bouddhisme avec un œil neuf libéré de la névrose moderne. flower_mid
Dernière modification par blutack le 30 mars 2016, 11:09, modifié 2 fois.
Your Kingdom is Doomed
ted

Tu as quel age Blutack ? Si c'est pas indiscret... :)
lausm a écrit :Pour moi le vrai engagement est intime, à l'intérieur de soi. Et pas dépendant des formes extérieures comme ne pas toucher une femme, etc etc.....cela me semble même cause de méconnaissances profondes du monde réel, et donc un handicap pour aider ceux qui y souffrent parce qu'on ne connaît pas ce qu'ils vivent.
Ouais. d'accord avec toi.
Ca m'énerve cette tendance à rendre les femmes responsables de nos conneries, de nos désirs. La femme impure ! N'importe quoi !
Couvre toi, par ci !
Ferme la, par là !
Touche pas à la pomme !
Sale pute, par ci !
Nique ta mère, par là !

Les femmes sont des hommes comme les autres. Faudrait vraiment leur fiche la paix un de ces jours et arrêter de les rabaisser, les réduire, les discriminer, penser à leur place.
La moitié de l'humanité mis en esclavage par une bande de primates qui ne pensent qu'à se taper dessus pour prouver qu'ils ont de grosses testicules ! :D
Dumè Antoni

Ca m'énerve cette tendance de rendre les femmes responsables de nos conneries, de nos désirs. La femme impure ! N'importe quoi !
Excusez-moi, je n'ai pas bien compris. Qui est-ce qui dit que la femme est "impure" ou "responsable de nos conneries", dans le Zen ? Je ne crois pas que la femme soit dévalorisée dans le Bouddhisme Zen, même si, je peux en convenir, elle n'a pas les mêmes responsabilités administratives que les hommes, et encore, je n'en suis pas certain pour ce qui concerne les monastères dirigés par des nonnes, qui sont, au Japon, il est vrai moins nombreux que ceux dirigés par des hommes, mais pour des raisons qui tiennent davantage aux traditions qu'au Bouddhisme proprement dit.

En Occident, pour ce qui m'a été donné de voir, les femmes sont très présentes dans le Zen (ou dans le BT, mais ce n'est pas la section appropriée).
Kaïkan
Messages : 147
Inscription : 21 avril 2011, 10:35


Je recommande le blog de lausm et j’ai mis dans le forum "Zen et nous" un lien vers http://faceaumur.wordpress.com/
En fait T. Deshimaru avait le souhait de voir se multiplier les groupes ayant des activités créatrices tout en pratiquant régulièrement zazen. C’est, je crois, le chemin que s’est tracé lausm en dépit des difficultés et au-delà des titres, des querelles d’écoles ou des dirigismes revendiqués par les grandes infrastructures comme l’AZI.
En fréquentant se blog le lecteur peut avoir accès à une opinion différente de la doxa azèdiesque et retrouver une certaine fraicheur d’opinion qui était évidente au début de la pratique sôtô en France.
Alors oui il ya sur ce blog un point de vue très personnalisé mais qui fait plaisir à entendre, et puis il fallait avoir le courage de le faire.
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-- Kaïkan --
- Kyo gyo sho itto
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L’enseignement, la pratique et le satori sont unité.
Voyageur

Excusez moi d'intervenir mais... quand la question est posée : un moine peut-il tenir un blog ? Est ce parce que cela rencontrerait des difficultés matérielles ou est ce aussi niveau de préceptes du Dharma que la question est posée ?

Si c'est au niveau spirituel n'est ce pas "l'intention qui compte" ?
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