Brad Warner: Pourquoi je fais Zazen

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blutack
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Je ne suis pas un gentil garçon au bon caractère lisse et sans faille. C'est pas moi. Je sui un mec aigri, amer, en colère, maladroit socialement, et à la carapace pas facile à percer. Quand je suis stressé, je le suis à fond. Pour moi, la pratique du Zen n'a pas été un moyen d'aller de garçon bien ajusté à Grand Maître Omniscient et Omnivoyant, plein de beauté, de bonheur et d'arcs-en-ciel. Ça s'est juste révélé être une façon de m'empêcher de tomber complètement au fond du trou.

Sans l'assise solide que la pratique du Zen m'a donnée, je ne pourrais absolument pas faire tout ça. J'en ai totalement conscience. Lorsque je m'assieds sur mon petit coussin dans mon petit appartement chaque matin et chaque soir, je sais qu'aussi ennuyeux et débile que puisse sembler le fait de m'asseoir devant la porte de mon placard pendant une demi-heure -- même pour moi! -- c'est ce qui rend juste possible le reste de ma vie.

Ouais, j'ai eu quelques moments de pénétrations particulièrement étonnantes. Non pas que moi, je sois étonnant. Mais ce que j'ai vu l'était.

Mais c'est pas pour ça que je me pose sur le zafu à chaque jour.


Je me pose chaque jour sur le zafu afin d'y survivre.
Bon la partie intéressante du texte ce résume à ça. Alors qu'est ce qu'il nous dit ? Pas besoin d'aller chercher midi à 14 heure: Il nous explique tout simplement que le but de son zen "c'est de de ne pas sombrer au fond du trou". Il entend quoi par tomber au fond du trou ? Au vu de la longue anecdote sur sa vie il s'agit tout simplement des ennuis au quotidien qui sont cause de stress pour lui.

Voili voilou. Et je le dis haut et fort, faire du but du zen, la simple capacité à supporter les petits aléa de la vie sans "sombrer au fond du trou" et bien c'est ramener le bouddhisme zen au niveau d'une thérapie. Ici on est au niveau soit d'une psychothérapie soit d'une thérapie orienté vers le bien être. Des tas de gens obtiennent le même résultat en allant voir des matchs de foot avec leurs amis, d'autre en pratiquant les arts martiaux ou d'autres sports, certains se livrent à la création artistique que sais-je encore !

Alors soyons clair ! Le Bouddhisme vise à atteindre l'éveil qui est n'en déplaise à Brad Warner, considéré comme un état d'omniscience, il est même considéré que l'éveil confère à celui qu'il l'atteint des siddhi, qui ne sont rien d'autre que des pouvoirs magiques. Ces histoires d'omniscience et de pouvoirs ça en fait fantasmer certains et ça en rebutent d'autre mais le Bouddhisme c'est ça !
Le Bouddhisme n'est rien d'autre qu'une religion qui propose de faire une expérience mystique et transformatrice qu'il appelle éveil ! Cela n'a pas grand chose à voir avec apprendre à supporter le stress.
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yudo
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blutack a écrit : (...)

Alors soyons clair ! Le Bouddhisme vise à atteindre l'éveil qui est n'en déplaise à Brad Warner, considéré comme un état d'omniscience, il est même considéré que l'éveil confère à celui qu'il l'atteint des siddhi, qui ne sont rien d'autre que des pouvoirs magiques. Ces histoires d'omniscience et de pouvoirs ça en fait fantasmer certains et ça en rebutent d'autre mais le Bouddhisme c'est ça !
Le Bouddhisme n'est rien d'autre qu'une religion qui propose de faire une expérience mystique et transformatrice qu'il appelle éveil ! Cela n'a pas grand chose à voir avec apprendre à supporter le stress.
Soyons clair. Je pense que tu pares le Bouddhisme de tous ces oripeaux chamarrés tout simplement parce que cela te permet de te dire que c'est trop élevé pour toi, que tu ne pourras jamais y arriver, sauf à rencontrer un être exceptionnel qui correspond à tes fantasmes et dont tu espères peut-être que, par magie, il te confère à ton tour toutes ces choses mirifiques. (Je suis passé par là...)

Même les suttas du Canon Pali font observer que les pouvoirs magiques sont contre-productifs. Il est même interdit à un moine de s'en vanter. Pratiquement toutes les écoles ont toujours tenté, soit d'une manière, soit d'une autre, de remettre les gens comme toi sur terre. Parce que si tu penses qu'il s'agit d'une expérience mystique, c'est que tu fais abstraction du corps, et le Bouddhisme, c'est toujours corps-et-esprit, indissolublement.

J'observe que, à chaque fois que tu interviens, c'est toujours de façon négative, et évidemment, sans jamais rien proposer de concret de ta part. Ni Brad Warner ni moi, et pas plus Dumè, n'avons jamais soutenu que le Bouddhisme se limite à une thérapie. Dans d'autres de ses textes, Brad Warner s'érige vigoureusement contre l'assertion. Pour des gens instables, la pratique est même déconseillée, par ce qu'elle fait remonter du tréfond de notre être, et qui nécessite quelqu'un de compétent et d'averti pour empêcher le pratiquant d'en pâtir. Ce n'est pas parce qu'elle apporte incidemment certains avantages qu'il faut la faire en espérant les obtenir: en fait, c'est toujours pareil, et des centaines de maîtres sur des dizaines de siècles ont toujours mis en garde contre la démarche "intéressée" parce qu'elle fait s'éloigner, en fait, ce qu'on voudrait atteindre.

Maître Nishijima disait que ce qu'il enseigne n'est pas pour les dieux, mais pour des humains. Mais l'imaginer comme quelque chose d'extraordinaire est un excellent moyen de s'excuser de ne pas faire ce qu'il faut (c'est vrai que c'est donc chiant!!!).
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blutack
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Je note qu'une fois de plus on s'en prend à ma personne. C'est désespérant mais chronique chez Yudo ! Je trouve ça très désagréable et j'estime que ça n'a pas sa place dans un débat. Il aurait été beaucoup plus intéressant de ce pauser la question qu'est ce que l'éveil ? Et de s'appuyer sur des propos de maitre authentique pour y répondre. On se serait rendu compte que cela va beaucoup plus loin que de faire face au stress. Enfin bon je laisse Yudo à ses arguments ad hominem.
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Dumè Antoni

Blutack a écrit :qu'est ce que l'éveil ? Et de s'appuyer sur des propos de maitre authentique pour y répondre. On se serait rendu compte que cela va beaucoup plus loin que de faire face au stress.
Je ne crois pas qu'il faille faire dire à BW ce qu'il n'a pas dit, à savoir que le Zen consiste à faire — uniquement — face au stress, même si on peut le lire aussi à ta manière (et du reste, je l'ai reconnu). A mon sens, il faut y voir la notion de "contentement" qui est beaucoup plus profonde qu'une parade au stress. Il y a un kôan qui dit "où que l'on soit, c'est le zendo". Le zendo, c'est le lieu habité par le Bouddha, et quand on pénètre dans le zendo, on n'est pas ailleurs que là où se trouve le Bouddha. Le fait est qu'on ne peut pas être ailleurs que là où l'on se trouve, c'est à dire en fait dans le zendo, mais on se débrouille toujours pour n'être jamais satisfait de notre état, de notre position. De fait, l'essentiel de nos problèmes sont liés à cette distance que nous mettons entre nous et le Bouddha, c'est à dire entre nous et nous-même. Cette distance est la source de nos problèmes et la manière la plus simple, la plus immédiate, d'abattre cette distance est de revenir au corps et d'abandonner la pensée (qui part dans toutes les directions). Quand on passe 1/2 heure par jour à pratiquer zazen, on retrouve le Bouddha (même si on ne l'a jamais perdu, en fait, mais nous le réalisons pas). On s'imagine que le Bouddha, ça doit être quelque chose de très spécial. Mais en fait — et c'est pourquoi j'ai parlé de Rinzaï — le Bouddha est l'homme sans affaire qui entre et sort par la porte des sens (nos sens) à chaque instant.

Il existe des traditions qui parlent de siddhis rattachés à l'éveil. Mais il faut faire attention de comprendre ce que sont en réalité ces siddhis. Le kôan "avale d'une seule gorgée toute l'eau de l'océan Pacifique", par exemple, fait appel à une sorte de "siddhi", mais la réponse juste (correcte) à ce kôan renvoie à quelque chose de beaucoup simple et au final à la porté de n'importe quel humain, à condition bien sûr qu'il réalise sa nature de Bouddha, c'est à dire qu'il réalise que "où qu'il se trouve, cet endroit est le zendo". Et la notion d'Omniscience relève de la même opération sapientiale qu'un siddhi (car un siddhi, ça n'est jamais que comprendre comment les choses sont, en réalité).

Je ne dis pas que BW est un Bouddha ou un Bodhisattva. Lui-même ne le dit pas. Mais s'il a trouvé le zendo là où il se trouve, alors on peut s'incliner devant lui. Non pas parce qu'il est exceptionnel, mais parce qu'en s'inclinant devant lui, on s'incline devant les flocons de neige qui tombent, un à un, exactement dans le zendo, ou les gouttes de pluies... Ce n'est pas de la poésie. C'est le Zen. Et si BW a compris, quand on s'incline, il s'incline à son tour. Si on comprend ça, on peut vivre dans le monde avec les problèmes du monde et ne pas avoir peur de la peur.
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yudo
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blutack a écrit :Je note qu'une fois de plus on s'en prend à ma personne. C'est désespérant mais chronique chez Yudo ! Je trouve ça très désagréable et j'estime que ça n'a pas sa place dans un débat. Il aurait été beaucoup plus intéressant de ce pauser la question qu'est ce que l'éveil ? Et de s'appuyer sur des propos de maitre authentique pour y répondre. On se serait rendu compte que cela va beaucoup plus loin que de faire face au stress. Enfin bon je laisse Yudo à ses arguments ad hominem.
Ce n'est pas que "je m'en prenne à ta personne". Ce que je constate, c'est que où que tu interviennes, sur quelque sujet que tu interviennes, ton ton est agressif, méchant, arrogant et méprisant.
Outre que cela ne dénote pas quelque chose de très positif, il me semble que cela dénote surtout une idée dévoyée de ce que devraient être les choses, et probablement une grande souffrance. Mais mon impression, c'est que tu chéris cette souffrance, parce qu'elle te donne une (fausse) impression de sens.

C'est à cela que je m'attaque (car, pour le coup, oui, il y en a une), mais pas à toi. Tout ce que je veux, c'est que tu finisses par prendre conscience de ce que les attitudes à priori méprisantes n'entraînent que la même chose.

Tu n'as jamais posé la question "qu'est-ce que l'éveil". Tu as au contraire toujours donné l'impression de "moi je sais ce que c'est, et ce que je vois ne correspond pas".

Essaie d'en prendre conscience et tu verras peut-être que ce n'est pas à toi que j'en ai.
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tirru...
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* Petite parenthèse : Le terme thérapie pour désigner le bouddhisme est tout à fait adapté et le Bouddha est aussi nommé le "Grand Médecin" "Dans le Canon pâli, le Bouddha est appelé le médecin (bhisakka) ou chirurgien insurpassable (sallakatto anuttaro)". Les Quatre Nobles Vérités se succèdent comme les quatre moments d'un acte médical : constat de la maladie, origine de la maladie, prévision sur la maladie et application du traitement.
  • -1 Diagnostic : Voici, moines, la Noble Vérité de la souffrance : la naissance est souffrance, la vieillesse est souffrance, la maladie est souffrance, la mort est souffrance ; être uni à ce que l'on n'aime pas est souffrance, être séparé de ce que l'on aime est souffrance, ne pas obtenir ce que l'on désire est souffrance. En résumé, les cinq agrégats d'attachement sont souffrance.

    -2 Étiologie : Voici, moines, la Noble Vérité de la cause de la souffrance : c’est le désir avide ou la « soif » qui est à l’origine des incessantes renaissances. Elle s’accompagne de la passion et de la recherche du plaisir que l’on trouve tantôt ici, tantôt là. En d’autres termes, c'est la soif des plaisirs des sens, la soif de l'existence et la soif de la non-existence.

    -3 Pronostic : Voici, moines, la Noble Vérité de la cessation de la souffrance : c'est la diminution puis la cessation complète de cette « soif ». C’est abandonner, renoncer et se libérer définitivement de cette « soif ».

    -4 Thérapie : Voici, moines, la Noble Vérité du Sentier conduisant à la cessation de la souffrance : c'est le Noble Octuple Sentier qui inclut la vision juste des choses, la détermination juste, la parole juste, l'action juste, les moyens d'existence juste, l'effort juste, l'attention juste et la concentration juste. Source
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Bouddha tenant un bol de médicaments.
------------------------------------------------------------------------------ Image Sabba danam dhammadanam jinati - Le don du Dhamma surpasse tout autre don ImageDhammapada
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yudo
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De plus, j'en reviens toujours à cela, il est important de comprendre les Quatre Nobles non pas comme une condamnation irrévocable qui prétendrait que tout est souffrance (ce qu'on entend et lit souvent, erronément) mais que la souffrance existe (Dhukkha Aryasatya). Que celle-ci est causée par le différentiel qui existe entre nos expectatives et la réalité qui se présente devant nous (Samudaya Aryasatya). Littéralement, d'ailleurs, "samudaya" peut se traduire par "accumulation" ce qui est souvent visible chez les collectionneurs ainsi que les avares. On peut sortir de ce différentiel générateur d'insatisfaction et de souffrance (Nirodha Aryasatya). Pour ce faire, il faut s'engager sur l'Octuple Sentier (Marga Aryasatya).

On peut délibérer éternellement sur les modalités de ce sentier, mais d'une manière ou d'une autre, il faut le parcourir, ce qui n'est en rien évident. Mais encore faut-il reconnaître les deux premières Vérités, l'Insatisfaction et sa cause, et cesser de gratter ses bobos, au prétexte qu'ils nous donnent l'impression d'exister.
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Dumè Antoni

Il importe en effet de toujours revenir à la base : les 4 nobles vérités. Si on les néglige, on ne fait pas du Bouddhisme.
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davi
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yudo a écrit :De plus, j'en reviens toujours à cela, il est important de comprendre les Quatre Nobles non pas comme une condamnation irrévocable qui prétendrait que tout est souffrance (ce qu'on entend et lit souvent, erronément) mais que la souffrance existe (Dhukkha Aryasatya). Que celle-ci est causée par le différentiel qui existe entre nos expectatives et la réalité qui se présente devant nous (Samudaya Aryasatya).
Je fais parti de ceux qui pensent que, à cause de cette renaissance samsarique, tout est souffrance. Notre naissance est souffrance, nos expériences sont souffrance, notre mort est souffrance, c'est-à-dire que notre existence même en tant qu'être humain est dans la nature de la souffrance. A l'origine de notre existence est une ignorance dont la nature même est souffrance.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Dumè Antoni

Davi a écrit :Je fais parti de ceux qui pensent que, à cause de cette renaissance samsarique, tout est souffrance. Notre naissance est souffrance, nos expériences sont souffrance, notre mort est souffrance, c'est-à-dire que notre existence même en tant qu'être humain est dans la nature de la souffrance. A l'origine de notre existence est une ignorance dont la nature même est souffrance.
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