" L'homme est un animal métaphysique". Je ne sais plus de qui est cette phrase.
Les animaux ne se posent pas de questions métaphysiques. En cela, ils sont simples et vivent naturellement.
Les hommes, eux, s'en posent beaucoup, peut-être parce qu'ils ont peur de mourir et de disparaître. Et il arrive qu'ils se fassent la guerre les uns aux autres, en raison d'opinions métaphysiques différentes.
En ce qui me concerne, je " bloque" sur les questions métaphysiques, comme si je me retrouvais devant un mur noir.
Même si le bouddhisme est avant tout une pratique, une expérience à vivre, il est aussi un édifice conceptuel à l'architecture précise. Pour le voir, il n'y a qu'à consulter l'immense corpus de textes ( les Trois Corbeilles, et les centaines de commentaires indiens, tibétains, chinois, japonais, vietnamiens, nangpaiens
, et j'en oublie sûrement).
Cet édifice conceptuel est soutenu par des "murs porteurs conceptuels", qui sont eux-même souvent des sujets métaphysiques : y a t il quelque chose après la mort ? Si oui, qu'est-ce qui se passe après ? Qu'est-ce qui passe d'une vie à l'autre ? Où va t-on ? Comment seront mes vies futures si j'agis comme ceci ou comme cela ? Et les réponses traditionnelles viennent, sur la réincarnation, la renaissance, la théorie du karma, celle des six mondes (des enfers jusqu'au monde des dieux), etc. Ceux qui y croient pratiquent pour améliorer leurs vies futures (cf. le bouddhisme populaire). Ceux qui sont sceptiques (ni acceptation ni rejet) avouent en fait leur ignorance naturelle sur ces sujets. Ceux qui n'y croient pas sont définis comme des matérialistes, au sens philosophique du terme.
Cela fait bien longtemps que je me pose ces questions (30 années...) et je pense que si je passais le reste de ma vie à y penser, je n'en serai finalement guère plus avancé. Car en face, toujours cet épais mur noir de la métaphysique, toujours ces questions insolubles. Alors maintenant, je lâche prise. La vie est courte. Seul le présent compte vraiment, et je souhaite redécouvrir la simplicité de ces instants qui passent.
En cliquant sur le lien, donné par Jules, je suis tombé sur des échanges des questions-réponses entre Deshimaru et des disciples. J'ai eu la surprise de constater sa position sur les questions métaphysiques. Sa vision du karma et de ce qui se passe après la mort ne semblent pas en accord avec l'orthodoxie bouddhiste. Il dit aussi que ce sont des questions insolubles et inutiles. Je ne sais pas si sa vision singulière est juste la sienne propre, ou bien si elle reflète en effet ce qu'en pense la tradition zen en général ?