Bouddhiste ou non-bouddhiste ?

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Zopa2
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chercheur a écrit :
05 septembre 2017, 17:13
il n'en demeure pas moins que si l'on utilise un mot en lui donnant un autre sens que celui conventionnellement accepté, ou que l'on pense qu' il faut dépasser les étiquettes, alors, où se trouve la limite ? Bientôt, si l'on continue dans cette voie, on pourrait utiliser n'importe quel mot pour designer n'importe quel objet.
Moi, j'aime bien lire, j'aime bien les mots, mais je me demande si les mots font tout et suffisent. Une chose est-elle une chose, parce qu'elle est nommée, ou bien parce qu'elle est (ou n'est pas?) avec toutes ses qualités ?

Quand on nomme une table c'est par opposition à tout ce qui n'est pas table. On est satisfait certes, mais c'est du domaine de la pensée discursive. Le bouddhisme nous propose-t-il pas d'aller au-delà ?

Si j'écris "miel" sur une feuille on est bien d'accord que cela ne suffit pas pour en avoir le goût, bien que le mot avec sa définition peut nous évoquer toute une palette de souvenir, et de concept ?


Oui bien sûr, Chercheur, je suis d'accord avec ce que tu dis.


Je continue cependant de croire qu'on peut aller au-delà de la pensée discursive en se servant des mots justes, comme des outils précis et adaptés, en étant capable de reconnaitre la juste valeur des mots (en ne leur accordant ni trop de valeur, ni trop peu).

Si on insiste trop sur le caractère imparfait des mots au motif que le bouddhiste vise le non-discusif, on risque d'aboutir sur un relativisme conceptuel et finir, dans le pire des cas, par dire n'importe quoi (et parfois en se croyant très spirituel et très intelligent d'être l'auteur de tels propos).

L'inverse est aussi vrai, si on devient trop rigide dans l'usage des mots, concepts, étiquettes et conventions, on risque de s'enfermer dans un univers mental qui aura des barreaux aux fenêtres...avec les conséquences que l'on connaît.
Dernière modification par Zopa2 le 05 septembre 2017, 19:29, modifié 1 fois.
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Si on insiste trop sur le caractère imparfait des mots au motif que le bouddhiste vise le non-discusif, on risque d'aboutir sur un relativisme conceptuel et finir, dans le pire des cas, par dire n'importe quoi (et parfois en se croyant très spirituel et très intelligent d'être l'auteur de tels propos).
jap_8 d'où le fait de trouver un équilibre, un milieu, de l'humilité et du discernement
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Dans le bouddhisme zen une place importance est accordée au non-dualisme, au dépassement de la dualité.

Certaines traditions bouddhistes accorde moins d'importance, voire aucune au non-dualisme, ça me rappelle un texte de Bhikkhu Bodhi que j'avais posté : http://forum-nangpa.com/viewtopic.php?f=88&t=9738
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Si on insiste trop sur le caractère imparfait des mots au motif que le bouddhiste vise le non-discursif, on risque d'aboutir sur un relativisme conceptuel et finir, dans le pire des cas, par dire n'importe quoi
Je suis d'accord, si tu me donnes des excréments je ne les prendrais pas pour des fruits et ne les mangerais pas sur le moment :lol: on est d'accord ;-) Mais dans mon exemple plus haut, cela veut dire qu'une chose est une chose, mais elle n'est pas non plus cette chose car sujet au changement. Un graine n'est pas l'arbre, mais c'est aussi un arbre.

Suzuki roshi nous invite à regarder non du côté relatif, conventionnel, mais absolu. A mon avis quand il parle que tout est bouddhiste même un insecte, il fait référence au fait qu'au niveau absolu quand on est bouddhiste tout est bouddhiste avec nous, dans le même élan.

Si je veux vraiment être bienveillant avec moi, ma bienveillance ne s'arrête pas aux limites de mon moi. Ca va au-delà du cadre de mon corps et de mon esprit. Je suis bienveillant avec ce qui est à l'extérieur de mon propre cadre. Et cette bienveillance me revient aussi. Si je suis bienveillant avec ma voiture, en en prenant soin, et en étant attentif "à ses besoins" (essence, réparations...) cette bienveillance me revient, je limite considérablement les risques de devenir tétraplégique... Je ne dirai pas que la voiture est bienveillante mais il y a de ça.

Pour les amateurs de Nagarjuna, de sa voie du Milieu et de l'Ainsité :
Tout est vrai, non vrai,
Vrai et non vrai,
Ni vrai ni non vrai,
Tel est l'enseignement de l'Eveillé.
9.
Non connue par l'intermédiaire d'autrui, apaisée,
Non élaborée par la pensée discursive,
Non conceptuelle, sans diversité,
Tels sont les caractères de l'ainsité.
10.
Ce qui apparaît en dépendance d'une chose,
Cela n'est pas cette chose
Et n'est pas non plus différent d'elle.
Par suite, il n'a a ni annihilation ni permanence.
11.
Ni identité, ni diversité,
Ni anéantissement, ni permanence,
Tel est le nectar de l'enseignement
Des Eveillés, protecteurs du monde.

Non connue par l’intermédiaire d’autrui, apaisée,
Non élaborée par la pensée discursive,
Non conceptuelle, sans diversité,
Tels sont les caractères de l’Ainsité [tathatā].


Quoiqu’elle ne constitue pas un objet d’expression, si nous voulons la caractériser en nous plaçant selon la convention, la vérité du monde, l’Ainsité possède cinq attributs :

1) Ce n’est pas un objet que l’on pénètre uniquement par l’enseignement d’autrui, mais elle est comprise par soi-même au moyen de la sagesse fondamentale immaculée, qui la perçoit selon le mode de la disparition des apparences dualistes ;
2) « apaisée » veut dire « libre de nature propre » ;
3) elle n’est pas élaborée – c’est-à-dire exprimée – par la parole qui développe des significations ;
4) la pensée conceptuelle, c’est le mouvement de l’esprit ; « non conceptuelle » car, manifeste, elle est libre de concepts ; comme le dit un soutra : « Qu’est-ce que la vérité ultime ? Là où le mouvement de l’esprit est absent, à quoi bon les mots ? » ;
5) « sans diversité » signifie que l’Ainsité de tous les phénomènes est du même ordre.

Tels sont les caractères de l’Ainsité, exprimés pour écarter les idées erronées. (XVIII, 9, avec commentaire de Lama Tsong Khapa, p. 172)
https://www.babelio.com/auteur/-Nagarj ... /citations
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« Le zen est l’expérience de l’inconu. Et devant l’inconnu, le plus souvent, le langage défaille. Pourtant il nous faut bien oser la parole, la creuser. Comment puis-je réellement parler de l’éveil ? Ou mieux : comment puis-je laisser l’éveil me parler ? Me bouleverser jusqu’à me secouer de part en part. Oui, l’enjeu est là, ressentir jusqu’au tréfonds de soi comme l’éveil m’invite à m’éveiller »

Eric Rommeluère (Les Bouddhas naissent dans le feu).


vu sur : https://zemapprentimaitrezen.wordpress.com/page/2/
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jules
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Ha oui, laisser l'éveil nous parler, nous susurrer 2 3 4 youpi_333
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