Le Tantrisme vu par Peter Fenner

lausm

Voilà ce que Peter Fenner dit du Tantrisme dans son bouquin "le fil de la certitude-dilemmes de la voie bouddhique".

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La tradition tantrique a d'abord pris naissance en tant que mouvement secret-et peut-être en un sens spirituellement subversif-attirant des adeptes parmis les communautés yogiques hindoues aussi bien que bouddhistes. Ses communautés informelles d'ascètes vivant dans les bois et de yogins et yoginis laïcs constituaient une contreculture qui défiait l'orthodoxie des institutions monastiques. Les tantras eux-mêmes étaient enseignés par des lignées distinctes d'adeptes chevronnés, au sein d'une tradition essentiellement orale.
Par sa nature-même, le Tantrisme primitif n'a guère laissé de quoi réellement retracer son histoire-on ne sait même pas avec certitude quand ce courant est apparu. Il existait déjà cependant au 4e siècle de notre ère, et probablement même bien avant. Tandis que le tantrisme prenait de l'ampleur, deux formes distinctes se dessinèrent peu à peu, l'une hindoue et l'autre bouddhique, essentiellement sous l'influence de philosophes soucieux de conférer à la nouvelle école de solides fondements conceptuels correspondant à leur propre système philosophique.
A certains égards, le Tantrisme Bouddhique, ou Vajrayana a jailli d'une certaine exaspération vis à vis de l'attitude "socialement correcte" et du conservatisme institutionnel de la tradition Mahayana. Il est un fait qu'en Inde le bouddhisme Mahayana était assez rapidement devenu la propriété des philosophes-moines, dont chacun arguait de la supériorité de ses propres interprétations de la bouddhéité. Cependant, l'énergie brute et imprévisible des émotions et des relations humaines, inspiraient à d'autres adeptes du dharma une toute autre approche, plus dynamique, embrassant pleinement les passions, les idées fausses et les névroses de l'existence humaine au lieu de les ignorer ou de les réprimer. Comme l'écrit Chögyam Trungpa Rimpoché :
"Quand vous êtes emportés par une émotion comme par exemple la colère, (...)vous commencez à voir que vous n'avez pas à réprimer cette énergie. Au lieu de la réprimer et supprimer l'énergie de la colère, vous pouvez transformer votre agressivité en une énergie dynamique."
Bien que le Tantrisme soit couramment présenté comme une forme hétérodoxe du bouddhisme, nous le considèrerons ici comme un système "orthodoxe" puisqu'il implique, comme nous allons le voir, la mise en pratique d'une méthode dont on attend un résultat au fil du temps (encore que, dans certains cas, en un bref laps de temps).
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Boubou
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Bonjour Lausm

Comment tu comprends ces notions, dont parle Fenner, "d'orthodoxe et d'hétérodoxe" et comment se fait cette classification (y aurait-il un bouddhisme déviant ?) ?

Et en quoi "attendre un résultat" relèverait plus de l'orthodoxie ?
coucou_3333
lausm

Faut que tu lises le bouquin!

Il utilise cette classification, je vais donc te citer comment il l'établit pour que tu comprennes ce qu'il signifie.

Il parle de la quatrième noble vérité, disant qu'elle renferme toute la pratique bouddhiste, pour "surmonter la nature problématique de l'existence et parvenir à l'éveil".
Mais il dit que la nature de cette méthode diffère considérablement selon les traditions.
Il définit donc trois grandes traditions : Theravada, Mahayana, et Tantrisme.

Et donc deux catégories, orthodoxes, et hétérodoxes.

Orthodoxes comprenant : Theravada, Mahayana, Zen, Madhyamika, Tantrisme.
Hétérodoxes comprenant : Dzogchen, Mahamudra, et...Zen encore!

et en fait il explique que les pratiques "orthodoxes" se caractérisent par les notions de : -effort, -changement, -plus tard, -pratique.

Et les pratiques "hétérodoxes" par : -pas d'effort, -pas de changement, -maintenant, -pas de pratique.

J'espère que ça t'a éclairé (et tous ceux qui lisent)....mais le mieux est que tu te procures le bouquin, vraiment intéressant.
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Boubou
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Ca y est c'est commandé, je replace le résumé trouvé chez le vendeur :
Dilemmes de la voie bouddhiste. -- Nous découvrons un livre sur le "zen", puis y lisons qu'il n'y a rien à accomplir, que tout est là, et que l'objet de la pratique spirituelle est simplement d'en prendre conscience. Nous adoptons alors les paradoxes contenus dans ces déclarations et nous en servons pour créer un problème : si ce que dit le Zen est vrai, comment allons-nous découvrir qu'il n'y a rien à découvrir ? Tout le sujet du livre est là : résoudre les paradoxes du bouddhisme
D'après le court résumé que tu as fait, j'ai l'impression que la difficulté réside en la confrontation de la vue qui vise la non-dualité en tant qu'immédiateté, dépourvue d'objectif, et les vues qui affirment que l'état de bouddha s'atteint par une démarche (progressive ou pas). Ca semble être le fameux dilemme qui est à résoudre ou pas !
coucou_3333
lausm

Oui, toujours le problème entre éveil graduel et subit.
Ce que j'avais appris, et qui pour moi reste toujours valable, c'est qu'on peut avoir une percée subite, qui n'empèche pas une évolution dans le temps.
Mais situer l'objectif dans l'inatteignable, me semble improductif à terme : on est obligé de se normer à une pratique, et je pense qu'au 21e siècle, c'est un peu dépassé.
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Dharmadhatu
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jap_8 Le Bouddhisme indo-tibétain, entre autres, semble avoir réglé l'affaire depuis pas mal de temps: il y a des disciples pour lesquels tout arrive soudainement parce qu'ils ont parcouru les étapes précédentes antérieurement, et il y a des disciples qui ont encore ces étapes à parcourir. La tradition bouddhiste propose des méthodes adaptés à tous. On peut avoir soit l'une, soit l'autre, soit un mixe des 2 pour affermir une soudaineté au travers de pratiques progressives, etc...

FleurDeLotus
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komyo
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Je partage l'explication de dharmadatu, d'ailleurs des auteurs chan ou zen aussi, il utilisent l'image de l'eau qui bout en un instant dés que les conditions nécessaires sont remplies.
Enfin des expériences d'éveil ou de satori ne sont pas nécessairement difficile a obtenir, ce qui est le plus ardu c'est après, car il est très facile de retomber dans ses routines.
C'est peut etre pour ca que des maîtres comme dogen (peut etre meme tous d'ailleurs) insistent bcp sur la pratique régulière.

Le tantrisme travaille sur l'énergie des émotions, si l'on considère les principaux chakras comme des disques durs encombrés par une multitude de mémoire, les mantras, les rituels permettent
de faire monter celles-ci pour ensuite récupérer l'énergie de base (action dans le cas de la colère).
En cela, c'est en quelque sorte parfois comme de vouloir chevaucher un tigre. D'autres traditions préfèrent ne pas s'en occuper et les laisser s'éteindre petit a petit.
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