extraits de Yungdrung Gyalpo
Publié : 05 mars 2016, 13:04
Avant d'entrer dans les ordres, Yungdrung Gyalpo (Stéphane Arguillère) est venu "bavarder" et nous offrir quelques perles parmi ses traductions. J'ai pensé que "pour les fines bouches" qui se régalent de la suavité du miel celles-ci méritaient une meilleure place que dans les archives de SF.
En voici quelques extraits ... et à suivre.
Serge
En voici quelques extraits ... et à suivre.
« [319] L’apparence [du soleil] sous le couvert des nuages se ramène elle-même, en son principe, à [la puissance] expressive du soleil (nyi-ma’i rtsal), car c’est par [cette puissance] expressive du rayonnement solaire, se projetant (phog) sur le sol et l’océan, que se produit un échauffement, dont la vapeur [forme] les brumes qui, dans le ciel, se massent en bouillonnant. Ce sont elles qui, formant les nuées, obombrent le soleil. De même, la [puissance] expressive de l’Intelligence étant passée (g.yos) dans l’épiphanie du Fond qu’elle ne reconnaît pas pour elle-même, [il advient] une appréhension [des divers moments de cette épiphanie] en tant que soi et non-soi.
[320] De ce fait, le divertissement (rol-pa) [de l’Intelligence] vient au jour sous la forme des apparences trompeuses (’khrul-snang) [que sont] l’esprit, [d’une part,] et ce qui se manifeste à son point de vue (sems kyi ngo na snang-ba), [d’autre part ; soit] le monde phénoménal, contenant et contenu. Le corps [propre], la parole et l’esprit occultent le Corps, la Parole et l’Esprit de l’Intelligence originellement sise dans l’Eveil , lesquels, de la sorte, deviennent inapparents ; d’où vient que l’on s’égare dans les six destinées. Ainsi a-t-on expliqué ce que l’on appelle « les perceptions de l’esprit égaré. »
Klong chen rab ’byams, Lung gi gter mdzod (auto-commentaire du Chos dbyings mdzod), la pagination est celle de l'édition d'Adzom Drugpa republiée par les Tibétains en exil.
Enjoy! color_3« C’est [donc] la propre expressivité inadéquate (rtsal ma-dag-pa) de l’Intelligence et son divertissement qui occultent l’Intelligence même. Selon le Lion à la dextérité consommée (Seng-ge rtsal rdzogs) :
« C’est l’Eveil même qui à l’Eveil porte ombrage ;
La connaissance principielle dont clairs sont les trois yeux est en elle-même éclatante. »
Mais ce qui dissipe ce voilement causé par l’expression et le divertissement de l’Intelligence elle-même, « c’est bien le soleil », est-il dit — expliquons [cela :]
C’est la [puissance] expressive des rayons solaires qui met les vents en branle, [lesquels] dispersent les nuées ;
De même est-ce grâce à la compréhension [par l’Intelligence] de sa [propre] quiddité que le divertissement vient au jour en tant que parure.
L’égarement est libéré depuis l’origine ; maintenant, il est en soi libre,
Donc, les perceptions trompeuses et l’appréhension égarée sont pures dans l’Elément, sans [qu’il y ait lieu de] les bannir.
Où sont-elles parties, [ces occultations] ? Il n’y en a plus trace ! Dans le ciel transparent
S’est levé le soleil spontanément établi des Corps et connaissances principielles,
Non point venues d’ailleurs, mais simple auto-manifestation pure…
C’est au soleil même que revient [la prérogative] d’être clairement lumineux par nature [au moment où il se tient] au beau milieu du ciel, sans [rien pour] lui porter ombrage, car c’est l’effusion du rayonnement solaire qui a mis en mouvement le vent dissipateur de toute [nuée, l’air étant] par soi en repos [sans cette action du soleil]. De même que, celui-ci s’étant levé, les nuages ont été dispersés dans la céleste condition et le soleil resplendit, de même, [issue] de l’essence de l’Intelligence (rig-pa), Corps de Réalité (Dharmakāya), dont les portes de manifestation ne sont point obstruées, se fait jour une compréhension de soi-même ; elle sait que les apparences et l’esprit ne sont que des illusions propres [au sujet qui les perçoit], vides et sans fondement. Elle voit qu’il serait absurde d’adopter [la vertu] et de bannir [le vice], et s’abandonne au laisser-aller (cog-gzhag) . Alors, apparences et esprit, qui par soi sont déliés (grol) en soi, viennent au jour comme parure de la connaissance principielle. »
Serge