En voici quelques extraits ... et à suivre.
« [319] L’apparence [du soleil] sous le couvert des nuages se ramène elle-même, en son principe, à [la puissance] expressive du soleil (nyi-ma’i rtsal), car c’est par [cette puissance] expressive du rayonnement solaire, se projetant (phog) sur le sol et l’océan, que se produit un échauffement, dont la vapeur [forme] les brumes qui, dans le ciel, se massent en bouillonnant. Ce sont elles qui, formant les nuées, obombrent le soleil. De même, la [puissance] expressive de l’Intelligence étant passée (g.yos) dans l’épiphanie du Fond qu’elle ne reconnaît pas pour elle-même, [il advient] une appréhension [des divers moments de cette épiphanie] en tant que soi et non-soi.
[320] De ce fait, le divertissement (rol-pa) [de l’Intelligence] vient au jour sous la forme des apparences trompeuses (’khrul-snang) [que sont] l’esprit, [d’une part,] et ce qui se manifeste à son point de vue (sems kyi ngo na snang-ba), [d’autre part ; soit] le monde phénoménal, contenant et contenu. Le corps [propre], la parole et l’esprit occultent le Corps, la Parole et l’Esprit de l’Intelligence originellement sise dans l’Eveil , lesquels, de la sorte, deviennent inapparents ; d’où vient que l’on s’égare dans les six destinées. Ainsi a-t-on expliqué ce que l’on appelle « les perceptions de l’esprit égaré. »
Klong chen rab ’byams, Lung gi gter mdzod (auto-commentaire du Chos dbyings mdzod), la pagination est celle de l'édition d'Adzom Drugpa republiée par les Tibétains en exil.
Enjoy! color_3« C’est [donc] la propre expressivité inadéquate (rtsal ma-dag-pa) de l’Intelligence et son divertissement qui occultent l’Intelligence même. Selon le Lion à la dextérité consommée (Seng-ge rtsal rdzogs) :
« C’est l’Eveil même qui à l’Eveil porte ombrage ;
La connaissance principielle dont clairs sont les trois yeux est en elle-même éclatante. »
Mais ce qui dissipe ce voilement causé par l’expression et le divertissement de l’Intelligence elle-même, « c’est bien le soleil », est-il dit — expliquons [cela :]
C’est la [puissance] expressive des rayons solaires qui met les vents en branle, [lesquels] dispersent les nuées ;
De même est-ce grâce à la compréhension [par l’Intelligence] de sa [propre] quiddité que le divertissement vient au jour en tant que parure.
L’égarement est libéré depuis l’origine ; maintenant, il est en soi libre,
Donc, les perceptions trompeuses et l’appréhension égarée sont pures dans l’Elément, sans [qu’il y ait lieu de] les bannir.
Où sont-elles parties, [ces occultations] ? Il n’y en a plus trace ! Dans le ciel transparent
S’est levé le soleil spontanément établi des Corps et connaissances principielles,
Non point venues d’ailleurs, mais simple auto-manifestation pure…
C’est au soleil même que revient [la prérogative] d’être clairement lumineux par nature [au moment où il se tient] au beau milieu du ciel, sans [rien pour] lui porter ombrage, car c’est l’effusion du rayonnement solaire qui a mis en mouvement le vent dissipateur de toute [nuée, l’air étant] par soi en repos [sans cette action du soleil]. De même que, celui-ci s’étant levé, les nuages ont été dispersés dans la céleste condition et le soleil resplendit, de même, [issue] de l’essence de l’Intelligence (rig-pa), Corps de Réalité (Dharmakāya), dont les portes de manifestation ne sont point obstruées, se fait jour une compréhension de soi-même ; elle sait que les apparences et l’esprit ne sont que des illusions propres [au sujet qui les perçoit], vides et sans fondement. Elle voit qu’il serait absurde d’adopter [la vertu] et de bannir [le vice], et s’abandonne au laisser-aller (cog-gzhag) . Alors, apparences et esprit, qui par soi sont déliés (grol) en soi, viennent au jour comme parure de la connaissance principielle. »
Serge