Amour altruiste et compassion par Dilgo Khyentsé Rinpoché

Compagnon

Cité par le moine Matthieu Ricard dans son anthologie des plus beaux textes tibétains.

Amour altruiste et compassion.

Dilgo Khyentsé Rinpotché (1910-1991)

Dilgo Khyentsé Rinpoché (1910-28 septembre 1991, Bhoutan) est né dans la région du Kham (Tibet oriental). Il était un maître du bouddhisme Vajrayana, un lettré, un poète, un enseignant, un tertön*, et le chef de l'école Nyingma du bouddhisme tibétain entre 1987 et 1991. Il était considéré comme l'héritier spirituel de Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö.

* Tertön est un mot tibétain signifiant « découvreur de trésors ». Dans le bouddhisme tibétain, un tertön est une personne qui découvre des enseignements ou des objets sacrés cachés à une certaine époque pour être redécouverts en temps utile.

Le texte :

Dans chacune des innombrables vies que nous avons vécues au sein du samsara sans commencement, nous avons nécessairement eu des parents. En fait, nous avons pris naissance tant de fois que chaque être de ce monde a été notre mère ou notre père à un moment ou à un autre.

Quand nous pensons à tous ces êtres, nos parents présents ou passés qui errent depuis si longtemps, semblables à des aveugles égarés sur une immense plaine, nous ne pouvons qu'éprouver pour eux une infinie compassion. Mais la compassion seule ne suffit pas.

Tant que notre esprit est limité par l'attachement, nous pouvons leur donner de la nourriture, des vêtements, de l'argent, ou simplement de l'affection, mais cela ne leur apportera, dans le meilleur des cas, qu'un bonheur temporaire et limité.

Ce dont ils ont vraiment besoin, c'est d'être libérés définitivement de la souffrance, et nous ne pourrons les y aider qu'en mettant en pratique les enseignements du Dharma.

La vraie compassion s'adresse à tous les êtres, sans distinction entre amis et ennemis. Dédions donc au bien de tous les êtres chaque acte bénéfique que nous accomplissons, ne serait-ce que l'offrande d'une fleur ou la récitation d'un mantra.

Pour les grands maîtres du passé, l'enseignement le plus précieux était celui qui porte sur l'union de la vacuité et de la compassion. Ils cultivaient sans relâche les quatre pensées incommensurables : bonté, compassion, joie et impartialité, qui permettent d'aider spontanément les autres.

Ils commençaient pas l'étude approfondie des enseignements, puis ils faisaient l'expérience intérieure, au moyen de la méditation, de ce qu'ils avaient appris. C'est l'authenticité de leur pratique qui les rendit célèbres, et le chemin qu'ils prirent est celui qui conduit tout droit à la grande félicité de l’Éveil.

Il est dit : « Le souhait de rendre heureux les autres, même ceux qui nous font du mal, est la source du bonheur ultime. » Celui qui en est capable éprouve une compassion spontanée pour tous les êtres.

Il est essentiel de méditer du plus profond de soi sur la pensée de l’Éveil jusqu’à ce que les activités de ce monde révèlent clairement leur caractère frustrant et dérisoire. C'est alors que l'on est profondément attristé par la douloureuse condition des êtres de cet âge sombre, et que grandit en soi la détermination de les libérer du samsara.

Sans cette prise de conscience et cette authentique résolution, notre pratique resterait fragile, ses progrès incertains, et nous ne pourrions accomplir le but du Grand Véhicule.

Tous les êtres sont identiques dans leur désir d'être heureux et de ne pas souffrir. Ils ne diffèrent de moi que par leur nombre : je suis un, alors qu'eux sont innombrables. Mes joies et mes peines sont donc insignifiantes face aux bonheurs et au malheurs des autres.

Cette pensée est la base de l'esprit d’Éveil.

Nous devrions souhaiter le bonheur d’autrui plus que le nôtre, en songeant particulièrement à nos ennemis et à ceux qui nous maltraitent. Sinon, à quoi servirait la compassion ?


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Dharmadhatu
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Il y a d'autres excellents textes de ce Maître incomparable dans L'Esprit du Tibet de Matthieu Ricard.

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apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Compagnon

Sans doute vrai. Un achat à faire peut être un jour :)
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