Sur la haine et la colère par Dilgo Khyentsé Rinpotché

Compagnon

Tiré de : Chemins Spirituels, petite anthologie des plus beaux textes tibétains, par Matthieu Richard.

Chapitre III La voie principale, partie 1 Comprendre la nature de l'esprit.

La haine ou la colère ne font pas partie de la personne envers qui nous les éprouvons. Elles n'existent que dans notre esprit. Dès que celui que nous prenons pour un ennemi se trouve devant nous, toutes nos pensées se focalisent sur le tort qu'il nous a fait autrefois, le mal qu'il nous fait maintenant et celui qu'il pourrait nous faire plus tard. Nous sommes à ce point ulcérés qu'il nous est insupportable ne serait-ce qu'entendre le nom de cette personne. Et plus nous laissons libre cours à ces pensées, plus la colère nous submerge et, avec elle, l'irrésistible envie de saisir une pierre ou un bâton. C'est ainsi qu'un simple accès de colère peut nous conduire au comble de l'agressivité.

La colère semble capable de prendre entièrement possession de nous, mais d'ou tire-t-elle son pouvoir ? Est ce une force extérieure, avec des jambes et des bras, des armes et des guerriers ? Ou intérieure, tapie quelque part en nous ? Dans ce dernier cas, pouvons nous la localiser dans notre cerveau, notre cœur ou tout autre partie de nous-même ? Nous n'y parviendrons pas, et pourtant elle nous semble si présente, capable de figer notre esprit en déclenchant tout un enchaînement de souffrances en nous et chez les autres. A l'exemple des nuages, qui sont trop impalpables pour supporter le moindre poids mais qui peuvent couvrir le ciel et cacher le soleil, les pensées peuvent masquer la lumière de la conscience éveillée.

Reconnaissez la vacuité de l'esprit, sa transparence, et l'esprit retournera de lui-même à son état de liberté naturelle. Reconnaissez la vacuité de la colère, et elle perdra son pouvoir de nuire.


jap_8
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