Transformer ses problèmes - par Lama Zopa Rinpoché

Compagnon

Un enseignement trouvé hier sur buddhaline qui est très "fort" à mes yeux. Clair et sans concessions.

Transformer ses problèmes

Par Lama Zopa Rinpoché

« Le bonheur et la souffrance dépendent de votre esprit, de votre interprétation. Ils ne viennent pas d’autrui, ni de l’extérieur. Tous les bonheurs, toutes les souffrances ne dépendent que de vous, ils sont créés par votre esprit.

Puisque les pensées sont les causes du bonheur, recherchez le bonheur dans l’esprit. Voilà le message essentiel de l’enseignement du Bouddha, et pratiquer la transformation de la pensée est le moyen le plus intelligent et le plus efficace pour y parvenir... Même si quelqu’un ne s’en remet pas au Bouddha, au Dharma et à la Sangha, même s’il ne croit pas en la loi du karma, s’il utilise ses problèmes pour mettre fin à l’égoïsme, il pratique le Dharma avec pureté. »

Commentant un texte tibétain du XIIIème siècle composé d’instructions et de conseils pratiques sur le développement spirituel, Lama Zopa Rinpoché révèle les changements d’attitude qui nous permettent de vivre une vie paisible et heureuse, enfin libérés des circonstances extérieures qui d’habitude nous gouvernent. Grâce à sa connaissance du monde occidental, l’auteur “colore” ici avec pertinence ces enseignements universels sur la psychologie bouddhiste et permet à chacun d’entre nous, indépendamment de son parcours personnel, d’établir la relation avec sa propre expérience.

Une courte biographie agrémentée de quelques témoignages permet au lecteur de mieux connaître ce personnage exceptionnel, exemple vivant de ce qu’il enseigne.

Ce précieux corps humain

Le but de votre précieuse vie humaine n’est pas d’obtenir un simple bonheur personnel, mais d’éliminer les souffrances de tous les êtres et de leur procurer du bonheur. C’est cela le sens de votre vie humaine. Si vous avez un précieux corps humain, doté de huit libertés et de dix richesses, c’est pour servir autrui.

Tout le monde recherche le bonheur et veut éviter la souffrance. Le bonheur dont les gens ont besoin n’est pas simplement un bonheur temporaire, ce dont ils ont vraiment besoin, c’est un bonheur ultime, l’incomparable bonheur de l’éveil. Quand ils vont dans les magasins, ils achètent toujours ce qu’il y a de mieux, ce qui durera le plus longtemps. Il en va de même avec le bonheur ; chacun recherche le bonheur le plus durable et de meilleure qualité. Selon sa compréhension du Dharma et les niveaux de bonheur qui peuvent être atteints, chacun cherche à obtenir le bonheur qu’il considère comme le plus élevé.

La seule raison qui pourrait inciter les êtres à ne pas vouloir atteindre l’éveil est le manque de sagesse du Dharma. En fait, tous ceux qui ont rencontré le bouddhisme et savent qu’on peut se libérer des chaînes du karma et des émotions perturbatrices, atteindre un bonheur sans égal, éliminer tous les voiles, acquérir toutes les réalisations, aspirent à cela.

Puisque tous les êtres ont besoin d’accéder au bonheur incomparable de l’éveil, la meilleure aide que vous puissiez leur apporter est de les conduire à cet état. Pour l’atteindre, ils doivent suivre la voie qui mène à l’éveil ; à vous donc de la leur montrer. Afin de révéler la voie aux autres, vous devez être capables de connaître très précisément toutes les facettes de leur esprit. Puisque les êtres vivants ont des spécificités et des niveaux d’intelligence différents, une grande variété de méthodes doit leur être révélée. Vous devez, pour cela, connaître toutes ces méthodes, sans la moindre erreur. Seul un esprit omniscient connaît chaque particularité et chaque niveau d’intelligence propres à chacun ainsi que toutes les méthodes qui permettent de les guider. Par conséquent, vous devez atteindre l’éveil, l’état d’esprit omniscient.

La transformation de la pensée selon le grand véhicule

L’esprit omniscient est obtenu en suivant la voie progressive qui mène à l’éveil (le lam rim). Vous devez pratiquer cette voie dans sa totalité, car elle contient l’essence de l’ensemble du Dharma, les quatre-vingt quatre mille enseignements du Bouddha. Du fait que nous vivions à « l’ère des disputes » -une époque extrêmement décadente, où les cinq signes de dégénérescence sont présents- la pratique du Dharma rencontre de nombreux obstacles. à cause du déferlement constant des obstacles externes et internes, même si vous avez rencontré le Dharma, il peut s’avérer extrêmement difficile de poursuivre et d’achever votre pratique.

Pour parvenir à écouter, contempler et méditer les enseignements de la voie progressive pour le bienfait de tous les êtres sensibles, il faut pratiquer la transformation de la pensée du Mahayana. Autrement dit, vous utilisez tous les problèmes que vous rencontrez, pour générer dans votre esprit les réalisations de la voie vers l’éveil. Loin de vous perturber, les problèmes peuvent vous aider à développer votre esprit et à avancer sur la voie. Sans mettre en pratique cette transformation de la pensée, vous ne pouvez pas parachever votre pratique du Dharma, votre développement spirituel intérieur. C’est la raison pour laquelle, j’ai pensé vous expliquer un texte court, écrit par Dodrouptchèn Rinpoché : Amener la Souffrance et le Bonheur sur la Voie de l’éveil.

Lorsque vous avez des problèmes, diverses méditations du lam rim peuvent être utilisées. Ces quelques conseils sont basés sur La Précieuse Guirlande de Nagarjouna et le Bodhicharyavatara de Shantidéva. Dodrouptchèn Rinpoché, Jigmé Tenpei Nyima, un grand maître nyingma, dont l’esprit saint avait obtenu de hauts niveaux de réalisations des tantras, était aussi versé dans les enseignements de Lama Tsong Khapa. Ce texte ne contient rien qui ne soit déjà inclus dans des écrits célèbres tels que Les Sept Points de l’Entraînement de l’Esprit de Géshé Tchékawa, Les Huit Strophes de Langri Tangpa, ou les divers enseignements sur la transformation de la pensée. La différence vient de la manière dont Jigmé Tenpei Rinpoché relie la pratique du lam rim à l’expérience des problèmes et des obstacles.

Cette pratique de la transformation de la pensée a deux aspects : amener la souffrance sur la voie vers l’éveil et amener le bonheur sur cette même voie. Ici, je traiterai exclusivement de la manière d’utiliser la souffrance et les problèmes comme voie d’éveil.

Changer d’Attitude face aux Problèmes

Aimer les problèmes devrait être aussi spontané qu’aimer manger une glace ou écouter de la musique.

Dans cette époque dégénérée, les êtres humains sont particulièrement submergés par la souffrance accompagnée de nombreux problèmes, de nombreux malheurs. Cela est dû à la faiblesse de leur esprit qui les empêche de considérer ces problèmes comme des bienfaits et des sources de bonheur. Non seulement, sont-ils incapables d’admettre cela, mais ils ne peuvent pas non plus entraîner leur esprit à le reconnaître.

Au lieu de considérer comme souffrance tous les maux que vous infligent les êtres animés et inanimés, vous devriez vous habituer à les voir comme des circonstances bénéfiques et propices au bonheur. Il faut commencer par considérer les petits désagréments comme positifs puis, grâce à l’habitude, vous pourrez progressivement reconnaître que même les graves ennuis sont bénéfiques, voire agréables, et nécessaires à votre bonheur. Tout ce qui vous perturbe sera alors perçu comme une nécessité. Généralement, de telles conditions sont considérées comme étant indésirables et nuisibles, mais vous serez capables de les voir comme absolument nécessaires à votre bonheur.

L’entraînement de l’esprit ne vise pas à éliminer les problèmes mais plutôt à vous rendre capables d’utiliser les problèmes que vous rencontrez afin de développer votre esprit sur la voie progressive de l’éveil. Il ne faut pas croire que cela vous met ou vous mettra hors de danger des ennemis ou des maladies. Simplement, vous ne serez plus perturbés par ceux-ci. Ces problèmes ne mettront pas d’entraves à votre pratique du Dharma et à l’obtention des réalisations de la voie. En fait, au lieu de vous déranger, les problèmes vous aideront à développer votre esprit et à poursuivre votre pratique du Dharma.

Comment les problèmes peuvent-ils soutenir votre pratique ? En entraînant votre esprit à deux types de pensées. Il faut premièrement arrêter toute pensée qui prend la souffrance en aversion et deuxièmement se réjouir de rencontrer des problèmes. Une fois que vous avez réalisé cela et que, face aux problèmes, vous vous réjouissez effectivement plutôt que de vous lamenter, les problèmes ne seront désormais plus des obstacles à la génération de la voie de l’éveil dans votre esprit.

Le défaut de ne voir que des problèmes

Nous sommes tous soumis à l’adversité d’êtres animés ou inanimés, comme les éléments. Tant que notre esprit est habitué à reconnaître ces expériences comme problématiques, nous rencontrerons de plus en plus d’êtres et de situations extérieures qui nous perturbent. La moindre broutille provoquera de grandes souffrances en notre esprit et nous mettra en colère en un rien de temps. Le nœud du problème réside dans l’égoïsme forcené qui régit notre esprit.

Tant que vous identifiez tout comme un problème, le simple fait de vous servir un plat un peu tiède crée une énorme gêne dans votre esprit. Une légère anomalie dans la tenue vestimentaire ou l’apparence de quelqu’un, un détail qui ne s’accorde pas vraiment à vos idées, deviennent une grande source de souffrance.

Si une personne ou un animal fait du bruit pendant la nuit et vous réveille, vous vous mettez en colère de façon incroyable et vous vous en plaignez toute la journée : « Oh, je n’ai pas pu dormir cette nuit à cause de ceci, de cela ! » Le manque de sommeil prend des proportions démesurées et devient un énorme problème, une incroyable souffrance.

Qu’une puce vous grimpe le long de la jambe et vous pique pendant votre sommeil ou votre méditation, et cela devient un problème colossal. Certains Occidentaux dépensent beaucoup d’argent pour se rendre à Kathmandou, mais après la première nuit, ils rentrent vite dans leur pays parce que le manque de confort leur est insupportable.

Par nature, l’esprit s’accoutume à une certaine manière de voir les choses. En prenant l’habitude de voir comme souffrance tout ce qui n’épouse pas parfaitement les souhaits de votre esprit ego-centré, vous exagérez les détails et leur donnez des proportions énormes. Si vous laissez des inconvénients mineurs se transformer en de colossales souffrances qui vous rendent irascibles, vous resterez toujours dominés par un esprit lourd et malheureux. Il vous sera alors extrêmement difficile d’endurer le moindre problème. Tout semble alors se liguer contre vous. Tout ce que vos sens perçoivent devient source d’insatisfaction : tout ce que vous entendez, voyez, goûtez, sentez ou touchez vous rend malheureux. Votre esprit exagère les problèmes et votre vie ne devient qu’irritation, déprime, paranoïa et crises de nerfs. Vous êtes constamment sous le joug d’un esprit totalement malheureux et il vous est très difficile d’être heureux pendant une journée entière, ou même une heure.

Vous n’avez aucune chance de goûter au bonheur si vous n’aimez rien, si rien ne vous satisfait. Où que vous alliez, quoi que vous fassiez, tout vous rend malheureux.

Comme vous ne comprenez pas que c’est de votre faute, que votre esprit s’est habitué à cette façon de penser, vous en attribuez la responsabilité à des choses extérieures -d’autres êtres, les éléments. Et plus vous pensez que le problème vient de l’extérieur, d’êtres animés ou non, plus la colère monte, comme un feu qui s’embrase au fur et à mesure que l’on y ajoute du combustible. Et plus la colère monte, plus le karma négatif s’alourdit : la colère devient insurmontable et crée un karma des plus lourds. Vous vous mettez en colère contre tout ce qui apparaît à vos sens : la maison, les gens autour de vous. Voilà ce que signifie l’expression « les apparences s’élèvent en ennemis ».

On représente souvent le grand yogi Milarépa avec la main droite contre l’oreille, faisant le geste d’écouter. Cela symbolise que tout ce qui existe lui apparaît sous forme de conseils et d’enseignements. Pour les grands yogis, au lieu que toutes les apparences s’élèvent en ennemis, au contraire elles apparaissent en ami. Rien ne les dérange, tout leur semble bénéfique et porteur. Pour eux, tout apparaît comme félicité… tout apparaît comme vacuité.

Voir les ennuis comme bénéfiques

Si, lorsque vous avez un problème, vous vous rappelez son aspect positif et l’intégrez à la transformation de la pensée du Mahayana, tous vos problèmes deviennent appréciables.
Au lieu d’être négatif, tout problème devient positif et utile.

Aussi nombreux soient-ils, il ne sert rien de s’irriter ou de se braquer contre les problèmes. Face à des situations pénibles et indésirables, il est extrêmement important de se dire sans cesse que cela n’apporte absolument rien de les considérer comme des problèmes et d’en être irrité. Cette attitude n’est absolument d’aucune utilité. Cela ne sert à rien !

Certaines situations sont gérables alors que d’autres doivent simplement être endurées. Même si nous déplorons que notre maison ne soit pas en or, nous n’avons aucun moyen de transformer les briques en lingots. Même si nous souffrons que le ciel ne soit pas la terre, il nous est impossible de transformer le ciel en terre. à quoi bon se soucier de telles choses. On aura beau retourner un problème dans tous les sens ou être irrité par la moindre broutille concernant quelqu’un, cela ne sert à rien de s’en préoccuper.

Comme le dit Shantidéva dans le Bodhicharyavatara , si un problème peut être résolu, à quoi bon se faire du soucis. Il n’y a aucune raison de s’énerver ou de déprimer. Et si ce problème est tel que rien ne peut le changer, pourquoi s’en attrister ou le rejeter ? Quoi qu’il arrive, il est inutile de se mettre en colère ou de sombrer dans la déprime.

En toutes circonstances, pensons : « C’est une situation favorable et bénéfique. » Par exemple, afin de guérir quelqu’un d’une morsure de serpent, on recommande de couper la chair autour de la blessure, malgré la douleur. Puisque cela nous sauve la vie, on considère cette intervention comme bénéfique et non pas comme nuisible. D’après la médecine tibétaine, lorsqu’une maladie qui contamine l’intérieur du corps commence à s’extérioriser, c’est généralement bon signe. Lorsqu’au lieu de rester à l’intérieur du corps, de se développer de plus en plus et de demeurer longtemps, la maladie fait irruption, cela est envisagé comme une bonne chose. Cela reste une maladie, mais c’est considéré comme positif.

Concevoir comme problèmes les nuisances que vous infligent certains êtres animés ou inanimés présente de gros inconvénients. Réfléchissez profondément à tous les problèmes que vous avez rencontrés durant votre vie et au résultat produit par le fait de les voir comme étant des problèmes. Puis, engendrez une puissante motivation et promettez-vous : « à partir de maintenant, quels que soient les problèmes que je rencontre, je n’en serai pas irrité. Je ne les considérerai pas comme des problèmes. Je les prendrai comme des expériences positives. » Il est très important de prendre courageusement cette détermination.

Forts de cette motivation, essayez de dompter votre esprit jusqu’à ce que vous deveniez semblables à d’habiles cavaliers. Même quand son esprit est distrait, un bon cavalier sait guider son cheval sans efforts, en toutes circonstances, sans risquer de tomber et de se rompre le cou. Il y parvient car son corps épouse tous les mouvements du cheval. Pareillement, lorsque vous rencontrez des situations difficiles ou des obstacles, vous devez immédiatement et spontanément les reconnaître comme positifs. La pensée qui apprécie les problèmes devrait surgir aussi naturellement que celle d’aimer les glaces ou la musique. Lorsqu’un passionné de musique entend un morceau qui lui plaît, une pensée d’appréciation surgit naturellement sans qu’il ait à se demander pourquoi.

Si, chaque fois que vous rencontrez des circonstances défavorables, vous les considérez automatiquement comme positives, vous serez heureux. Même si vous êtes accablés par les critiques, la pauvreté, les difficultés, l’échec, la maladie ou même la mort, rien ne perturbera votre esprit. Vous serez constamment heureux. Naturellement, sans efforts, vous serez conscients des aspects positifs du problème. Et plus vous verrez ces bienfaits et plus vous serez heureux d’avoir à expérimenter des difficultés dans votre vie.

En entraînant votre esprit, en vous habituant à ne pas considérer les problèmes comme tels, les plus grandes souffrances mentales et physiques deviennent tellement faciles à supporter que l’on n’a aucun mal à les gérer. On apprécie les problèmes que l’on rencontre et ils deviennent aussi légers et doux que du coton.

Voir les problèmes comme une source de joie

Pour pouvoir vraiment affronter des situations pénibles, il est important de bien se préparer avant qu’elles ne surgissent car il est extrêmement difficile de les associer immédiatement à la vertu. Grâce à un entraînement préalable, si un grave problème survient, on peut aisément y appliquer les méditations du lam rim ou les méthodes de transformation de la pensée auxquelles nous sommes le plus habitués.

Pour pouvoir transformer les problèmes en bonheur, il ne suffit pas de voir que les problèmes nous aident à pratiquer la vertu. Cette approche n’est pas suffisante. Il faut percevoir avec clarté que les problèmes sont vraiment des conditions nécessaires à la pratique de la vertu et en retirer un bonheur stable et durable.

Pendant les moments difficiles, pensez que vos problèmes sont immensément bénéfiques car ils vous permettent de trouver un bonheur temporaire, un bonheur dans les vies futures, la libération et le bonheur ultime de l’éveil. Ces problèmes ont beau être extrêmement lourds et pénibles à supporter, ils sont une incroyable source de joie parce qu’ils vont vous être continuellement bénéfiques.

Arrêter la pensée qui refuse les problèmes et cultiver celle qui les apprécie, rend l’esprit heureux. On peut alors continuer à pratiquer sans se sentir déprimé ou découragé. C’est le fait d’entretenir constamment ce genre de pensées qui amènera la joie à l’esprit.

Alors, grâce à la conviction que rencontrer des problèmes est une source de joie, quand l’un d’eux apparaîtra, il sera imperceptible. Il ne vous perturbera pas et sera facilement gérable. C’est ainsi que vous parviendrez à dépasser les maladies et autres problèmes, tels que les ennemis ou les esprits qui donnent l’impression de nuire à votre bonheur et à votre pratique du Dharma. Vous pouvez vaincre tout cela. Même si elles restent actives, ces forces ne pourront plus s’immiscer en vous et affecter votre esprit.

Tant que vous considérez une chose comme un problème et la laissez vous irriter, vous lui donnez la possibilité de déranger votre esprit. Au moment où cela se passe, il est impossible de transformer cette souffrance en voie du grand véhicule. Dès lors que l’on parvient à amener les souffrances sur la voie du Mahayana, les problèmes aident à accroître le karma positif et deviennent des causes de bonheur. Mais il faut que cela vienne de votre propre expérience.

Il est évident que vous n’allez pas vous mettre brusquement à expérimenter de gros problèmes pour les amener sur la voie du Mahayana. Selon vos capacités, entraînez votre esprit à transformer les petites souffrances. Puis, lorsque vous rencontrez de gros problèmes, des situations désastreuses -la plus effrayante étant l’expérience de la mort- vous saurez les associer à la vertu et les utiliser sur la voie.

En bref, entraînez votre esprit à voir de la beauté dans tous les problèmes. Pour voir l’aspect appréciable des problèmes, il faut arrêter de juger leurs mauvais côtés. Mettez tous vos efforts à ne voir que les aspects positifs et bénéfiques des problèmes. Une situation peut être jugée merveilleuse ou désastreuse, tout dépend de la façon dont votre esprit la perçoit et l’interprète. à vous de choisir si vous désignez une expérience comme « merveilleuse » ou « désastreuse ». Cela ne dépend que de votre esprit et de votre interprétation de la situation.

Il est certain que vos expériences changeront si vous changez de façon de penser.

Il y a bien longtemps, alors que je résidais dans la grotte de Lawoudo, avant d’enseigner le sixième cours de méditation de Kopan, j’avais trouvé un texte appelé Ouvrir la Porte du Dharma : le Premier Stade de l’Entraînement de l’Esprit à la Voie Progressive de l’Eveil. Parmi de nombreux manuscrits sur les initiations et pratiques de déités de la tradition nyingma, ce fut le seul texte d’ordre général que j’y avais trouvé.

En lisant et relisant ce texte, j’avais dû profondément m’imprégner des dangers de la pensée pernicieuse des huit dharmas mondains. Car, après cela, lorsque les gens des alentours m’apportaient des offrandes -comme par exemple un plateau rempli de maïs et de riz avec de l’argent dessus (ce qu’ils appellent traditionnellement mandala)- j’avais très peur car je voyais les risques de telles offrandes. Je craignais d’acquérir une renommée et une réputation. Mon cœur était empli de peur. Mais à cette époque-là, j’essayais encore de pratiquer le Dharma alors que maintenant j’ai complètement sombré dans le marécage des attaches mondaines !

Mars 2001


jap_8
ted

Compagnon a écrit :Un enseignement trouvé hier sur buddhaline qui est très "fort" à mes yeux. Clair et sans concessions.

Transformer ses problèmes

Par Lama Zopa Rinpoché

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Si, chaque fois que vous rencontrez des circonstances défavorables, vous les considérez automatiquement comme positives, vous serez heureux.

Même si vous êtes accablés par les critiques, la pauvreté, les difficultés, l’échec, la maladie ou même la mort, rien ne perturbera votre esprit. Vous serez constamment heureux.

Naturellement, sans efforts, vous serez conscients des aspects positifs du problème. Et plus vous verrez ces bienfaits et plus vous serez heureux d’avoir à expérimenter des difficultés dans votre vie.

En entraînant votre esprit, en vous habituant à ne pas considérer les problèmes comme tels, les plus grandes souffrances mentales et physiques deviennent tellement faciles à supporter que l’on n’a aucun mal à les gérer
Ca a l'air tellement simple, écrit comme ça... :oops:
Compagnon

Oui, je pense que c'est comme les patins a roulette, au début on galère, on se ramasse souvent, puis petit à petit on y arrive et à la fin c'est naturel. C'est comme pour tout, c'est à cultivé. Et comme en France on est experts dans l'art de se plaindre de tout la bouche pleine ça aide pas... Notre ego a tendance à se plaindre facilement afin d'entretenir l'illusion de son existence "en soi".

D'ailleurs ce Lama le dit, notre période historique est défavorable. La pratique en général est entravée.

Cet état d'esprit à cultiver me fait penser à cette phrase d'un prof de math que j'ai connu : il n'y a pas de problème il n'y a que des solutions. J'ai mis du temps à comprendre tant cette phrase me paraissait absurde au premier abord.

On prête aussi au Bouddha Shakyamuni cette phrase concernant en général "les problèmes" :

Si un problème a une solution alors inutile de s'inquiéter. Si il n'a pas de solution s'inquiéter ne sert à rien.

PS : il y a une pratique qu'encourage Tich Nhat Hanh : rechercher en soi et autour de soi les "éléments de bonheur disponibles". Et si on prends le temps on se rend compte qu'il y a beaucoup d'éléments source de bonheur, comme le fait d'avoir ses 2 jambes et de pouvoir marcher, de vivre dans un pays en paix, d'avoir de quoi se nourrir et un toit au dessus de la tête. Ce matin en allant au travail je me suis focalisé uniquement sur les couleurs, les couleurs de tout ce qu'il y avait autour de moi. Tich Nhat Hanh souligne la chance que l'on a d'avoir des yeux quand ils marchent car ils nous permettent de voir à chaque instant ce qu'il appelle une "symphonie de formes et de couleurs". Et c'est vrai que l'on ne prête pas attention à l'incroyable diversité des couleurs et nuances autour de nous à chaque instant. Et tout le monde n'est pas capable d'en profiter.
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Circé
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Il y a un type qui a dit ça en 2 mots: Carpe Diem.
Compagnon

Carpe Diem peut s'apparenter au "Ici et maintenant" en quelque sorte.

Circé puisque tu connais bien Tich Nhat Hanh dis-tu, tu sais qu'il cite parfois des philosophes et penseurs occidentaux dans ses enseignements, même des scientifiques. Et le "ici et maintenant" c'est une autre façon de dire "pleine conscience". Je ne t'apprends rien ;)
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Circé
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Nous sommes d'accord!!!! Super!!!! ba11
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Zopa2
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ted a écrit :
Compagnon a écrit :Un enseignement trouvé hier sur buddhaline qui est très "fort" à mes yeux. Clair et sans concessions.

Transformer ses problèmes

Par Lama Zopa Rinpoché

...

Si, chaque fois que vous rencontrez des circonstances défavorables, vous les considérez automatiquement comme positives, vous serez heureux.

Même si vous êtes accablés par les critiques, la pauvreté, les difficultés, l’échec, la maladie ou même la mort, rien ne perturbera votre esprit. Vous serez constamment heureux.


Naturellement, sans efforts, vous serez conscients des aspects positifs du problème. Et plus vous verrez ces bienfaits et plus vous serez heureux d’avoir à expérimenter des difficultés dans votre vie.

En entraînant votre esprit, en vous habituant à ne pas considérer les problèmes comme tels, les plus grandes souffrances mentales et physiques deviennent tellement faciles à supporter que l’on n’a aucun mal à les gérer

Ca a l'air tellement simple, écrit comme ça... :oops:

Oui ça a l'air tellement simple écrit comme çà, alors en qu'en réalité...

Peut-on être vraiment heureux à Auschwitz, au milieu d'un massacre dans un village Centrafrique, dans une chambre de torture en Syrie ?


Ce texte met la barre très haut, trop haut peut être... Rester complètent heureux, ne pas être perturbé, éprouver un bonheur durable, une sérénité qui résiste aux aléas de la vie, à ses hauts comme à ses bas, identifier le positif, etc, dans le deuil d'un être aimé, une maladie mortelle, la guerre sur notre sol et même ailleurs, une séparation, la perte d'un emploi, un handicap soudain, ou encore lorsque les gendarmes vous annoncent un matin la mort de votre unique enfant :
n'est-ce pas là aller trop loin, beaucoup trop loin ?
ted

Pourquoi as tu choisi le pseudo Zopa ?
Comme l'auteur de ce texte... :oops: :?:
anjalimetta

Tu n'es pas obligé de me répondre... :oops:
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Zopa2
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ted a écrit :Pourquoi as tu choisi le pseudo Zopa ?
Comme l'auteur de ce texte... :oops: :?:
anjalimetta

Tu n'es pas obligé de me répondre... :oops:


C'est mon nom de "refuge" que m'avait attribué mon maître lorsque j'avais 20 ans. Je l'aime bien, il signifie patience, comme tu le sais.
Il y a plusieurs formes de patience, y compris l'endurance dans la difficulté, en effet. Mais de là à être tout le temps heureux malgré les pires calamités, y compris celles qui touchent nos proches, familles, amis de coeur, il y a un gouffre.

Du reste, j'ai rencontré Lama Zopa plus tard en 1996, à Paris et j'ai toujours eu du respect pour l'homme et le maitre. Il a eu beaucoup d'influence sur ma vie étant donné son activité au sein de la FPMT. Mais cet extrait a fait venir en moi cette remarque. ( tu commences a me connaitre maintenant, hein Ted ? :) )
ted

Zopa2 a écrit : Oui ça a l'air tellement simple écrit comme çà, alors en qu'en réalité...

Peut-on être vraiment heureux à Auschwitz, au milieu d'un massacre dans un village Centrafrique, dans une chambre de torture en Syrie ?

Ce texte met la barre très haut, trop haut peut être... Rester complètent heureux, ne pas être perturbé, éprouver un bonheur durable, une sérénité qui résiste aux aléas de la vie, à ses hauts comme à ses bas, identifier le positif, etc, dans le deuil d'un être aimé, une maladie mortelle, la guerre sur notre sol et même ailleurs, une séparation, la perte d'un emploi, un handicap soudain, ou encore lorsque les gendarmes vous annoncent un matin la mort de votre unique enfant :
n'est-ce pas là aller trop loin, beaucoup trop loin ?
Mais Zopa, essaie tu de dire qu'à partir d'un certain niveau de souffrance, la libération n'est plus possible ?
C'est bien le cas. Ca s'appelle l'enfer.

Il faut mener une vie humaine, avec des plages de paisibilité, pour avoir la possibilité de se libérer.
Si notre vie est un enfer, c'est impossible.

Le problème, c'est que nous décidons un peu de ce qui est insupportable ou pas.
Il y a des réfugiés qui racontent des histoires atroces. Qui ont perdu toute leur famille, et qui pourtant, reconstruisent une nouvelle vie et ont un discours étonnant de sagesse. Ce sont souvent, d'ailleurs des modèles d'humanité et de sensibilité. Pas du tout des personnes froides ni égoïstes.
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