Gérer les sentiments de désespoir et d'inutilité - M. Ricard

Compagnon

Réponse à la question : ‟Comment gérer les sentiments de désespoir et d'inutilité ?"

Par Matthieu Ricard le 26 mai 2011

Réfléchissez à ceci : quoi qu'il advienne, Il n'y a rien, en chacun des êtres humains, vous ou n'importe qui d'autre, qui soit fondamentalement mauvais. Pour le bouddhisme, la nature de bouddha est présente en chaque être sensible, comme l'huile dans une graine de sésame.

Il ne s'agit pas d'une simple croyance naïve. Pensez à la nature fondamentale de l'esprit. Elle est encore plus fondamentale que le bonheur ou la souffrance. La conscience pure, qui est à la base de tout événement mentale mais n'est pas affectée par ces événements est la qualité quintessentielle de l'être. Comment pourrait-elle se détériorer ? Seuls les contenus de l'esprit, les fabrications mentales, peuvent nous induire en erreur. Ces erreurs, il est vrai, peuvent s'avérer catastrophiques. Toutefois, la nature fondamentale de l'esprit demeure la même.

C'est là un point crucial. Les événements mentaux résultent d'innombrables causes et conditions qui sont par nature impermanentes. Il est donc impossible que la conscience soit corrompue de façon permanente. La perception que nous avons de nous-mêmes comme étant un individu fondamentalement « mauvais » ou « bon » perdure aussi longtemps que nous nourrissons les ruminations qui perpétuent cet état d'esprit spécifique qui nous induit à penser que nous sommes « mauvais »

Comment sortir de ce carcan mental? Essayez de comprendre que ce que vous percevez comme « mauvais » n'est pas une qualité intrinsèque de l'esprit. Comme il ne s'agit pas d'une caractéristique permanente, il n'y a aucune raison d'être désespéré. Il y a toujours une porte de sortie.

Il vous faut nourrir, dans votre esprit, les éléments que vous pouvez utiliser comme antidotes directes aux perturbations mentales.
. Méditer avec ardeur sur la compassion envers tous les êtres qui souffrent autant que vous, ou le plus souvent, plus que vous.
. Voir la nature de vacuité des pensées lorsque vous les contemplez directement.
. Susciter en votre esprit des images mentales très différentes de celles qui d'habitude déclenchent vos états de souffrance (songez, par exemple, à un lieu où tout est paisible et harmonieux).
. Regardez au tréfonds de vous-même ce ‟lieu” intérieur, ou état d'expérience, qui n'est pas affecté par la souffrance, et reposez vous en ce lieu.


Mais surtout, ne perdez jamais confiance dans le fait qu'il y a toujours en vous-même un potentiel de changement. Nous sous-estimons grandement le pouvoir de transformation de l'esprit. L'esprit peut être notre pire ennemi comme notre meilleur ami.

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