Les bardos

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davi
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Inscription : 28 février 2016, 11:38

Nous sommes actuellement dans le bardo de la vie. Habituellement nous concevons la mort comme la fin de la vie, mais cette opposition déforme la réalité quand elle est érigée en absolu. On ne peut pas dire que la mort s’oppose absolument à la vie dans la mesure où la vie qui est mouvement et changement nécessite une disparition, celle de l’état d’avant. Mort et vie s’inscrivent donc dans un même processus de continuation. Quand il n’y a pas de vie on ne peut pas parler de mort.
Ce que nous apprend les enseignements sur les bardos c’est que l’existence ne peut se réduire à la vie terrestre, et que cette existence est présente à la fois dans l’instant de la vie, mais aussi dans les autres états d’existences que sont le sommeil et la mort notamment. Nous prenons notre vie éveillée pour la réalité, mais elle n’est pas plus réelle que notre vie dans les autres états d’existence. Elle fait simplement appel à des états d'esprits qui lui sont propres, et s’inscrit dans un cycle. Nous pensons que c’est nous, mais c’est seulement un instant de nous. Quand vous vous endormez le soir, vous disparaissez de l’état de veille, et vous entrez dans un autre état d’existence, celui du sommeil. Ce n’est pas que l’état de veille attend de vous voir revenir, c’est que cet état de veille n’existe que pour ceux qui sont à l’état de veille. Quand à vous, vous êtes dans le bardo du sommeil, tout comme celui qui meurt entre dans le bardo de la mort, un autre état encore. Aucun de ces états d’existence n’est plus vrai qu’un autre. C’est simplement un moment du cycle.
Bérou Khyentsé Rinpoché


L'été dernier, S.E. Bérou Khyentsé Rinpoché enseignait pour la première fois à Dhagpo Kagyu Ling (voir Tendrel n°20). L'enseignement sur les Six Bardos dont nous reproduisons ici la première partie fut donné conjointement à l'initiation des cent divinités paisibles et courroucées.
Ordinairement, l'Occidental considère l'étendue de son existence en termes opposés de vie et de mort, cette dernière étant bien souvent considérée comme l'anéantissement définitif de l'individu, la négation de l'existence. Or, il faut se rappeler que, selon la tradition tibétaine, il apparaît un continuum de l'existence qui n'est qu'une suite d'états de conscience (ou domaines, champs d'expérience), techniquement appelés "bardo*", c'est-à-dire "état intermédiaire".
Le pratiquant bouddhiste aborde son existence dans la perspective globale des différents bardos (classés en six généralement), de leur continuité et interaction. La mort n'est donc pas l'objet d'une focalisation particulière, mais s'inscrit dans un processus global continu qui est pris en compte dans son ensemble.
http://www.dhagpo.org/fr/multimedia/rev ... six-bardos
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

Tich Nhat Hanh nous invite à reconnaître notre vrai nature, celle de la non-naissance et de la non-mort, reconnaître que la vague n'a pas a avoir peur de naître ou de mourir car elle est faite d'eau, l'eau de l'océan partout, la vague se lève, se dresse, puis retombe, puis se redresse, elle reste d'eau. La mort n'existe pas, la naissance non plus donc, nous n'avons donc pas à avoir peur de la mort car elle n'est qu'un changement non une fin. Une transition. Ou nous demeurons à la fois semblables et différents, ou rien ne se perd et ou rien ne se créé, la science le dit aussi. Le néant n'existe pas, la création spontanée non plus plus. Nous n'avons donc aucune raison de craindre la mort. Seule notre ignorance de notre véritable nature de non-naissance et non-mort nous la fait craindre rien de plus. Seule notre croyance fausse en l’existence d'un moi immuable auquel nous sommes attaché nous fait redouter la "mort" de ce corps, de cette manifestation.

Nos pères et nos mères sont en nous, même après la mort de leur corps, nous demeurons dans nos enfants même après notre mort physique, après la mort de ce corps, de cette manifestation etc... Nous n'avons pas a être triste, du moins pas trop longtemps et pas trop, nous pouvons toujours sentir en nous nos pères et nos mères après la mort de leur corps si nous sommes attentif et ouvert, si nous avons une vue correcte, suffisamment profonde, car ils sont toujours en nous, nous pouvons leur parler quand nous le désirons. Et la science le dit aussi en quelque sorte à travers la génétique, la transmission génétique. Nos enfants sont à la fois semblables et différents de nous comme nous sommes à la fois semblables et différents de nos parents.

Bérou Khyentsé Rinpoché et Tich Nhat Hanh disent chacun la même chose à leur façon.

jap_8
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