Re: Tathagatagarbha (Nature de Bouddha)
Publié : 06 octobre 2017, 15:01
A ce propos...
et puis...Tandis que les véhicules des sûtras prônent le renoncement aux émotions perturbatrices pour maîtriser l’esprit et parvenir à l'Éveil, le véhicule des tantras préconise l’utilisation du potentiel de ces émotions. Si l’on reconnaît qu’en leur nature profonde les agrégats du « moi », les émotions sont des qualités de la Nature de Bouddha, il est possible de les purifier ou de les transformer en sagesse par divers « moyens habiles ». C’est la voie qui transforme les poisons en remèdes ou catalyseurs. Le vajra, ou sceptre-diamant, symbolise le principe de cette transformation. Les cinq branches du bas représentent les cinq agrégats grossiers du « moi » ou les cinq émotions perturbatrices, avidité, colère, ignorance, orgueil et scepticisme. Les cinq branches du haut symbolisent les cinq Bouddhas ou les cinq Sagesses résultant de la transformation des émotions perturbatrices. Au milieu, la sphère de la vacuité est la clé de la transmutation. Pour atteindre l’au-delà de la souffrance ou nirvâna il n’est plus nécessaire de rejeter le samsâra, le « cercle vicieux » de notre existence conditionnée. L’idée est de transmuter les perceptions impures en visions pures. Le samsâra n’est jamais que notre perception karmique impure, elle-même est le fruit de nos conditionnements et de notre ignorance. Il y a en fait indivisibilité du saṃsāra et du nirvāna. Loin d’être de simples techniques, les moyens habiles sont nés de la pure sagesse des Bouddhas. Très variés, ils comprennent entre autres la visualisation de la déité de pratique, ou Yidam, la récitation de mantras, formules transformant l’essence des déités en sons, l'exposition de gestes symboliques ou mudrā, des rituels complexes, l’élaboration de mandalas, l’utilisation d’objets rituels et de danses sacrées. Les déités Yidam ne sont pas des dieux extérieurs mais des archétypes de l’Éveil, des Bouddhas répartis en cinq divisions ou familles selon leurs qualités respectives.
L’aspirant au Vajrayāna doit choisir avec discernement un maître qualifié à qui il peut accorder toute sa confiance. Celui-ci lui accorde la transmission de pouvoir, ou wang, et les instructions qui lui permettront de pratiquer un sâdhana, ou « moyen d’accomplissement ». Ce sâdhana consistera principalement à visualiser la déité, ou Yidam, et à réciter son mantra, ce qui est un moyen puissant de transformation des caractéristiques émotionnelles ordinaires en sagesse. Quand le yogi réalise enfin que sa vraie nature n’est pas différente de celle de la déité, il atteint la libération.
Ce chemin nécessite la confiance ou absence de doute, la pureté de vision et un lien sacré, ou samaya, parfait avec le maître. Incarnation vivante de la transmission des Bouddhas, détenteur de la Sagesse de tous les maîtres de la lignée qui l’ont précédé, le maître ou Lama, est effectivement indispensable.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddhisme_vajray%C4%81na
Le Bouddhisme tantrique
Emission du 27 Février 2000
Intervenant :
Dagpo Rinpoche
Invité : Dagpo Rimpotché, né au Tibet en 1932, vit à Paris depuis 1960, date à laquelle il est arrivé en France, il fut le premier lama tibétain à venir en France. Il enseigna pendant de nombreuses années aux Langues O et il est le fondateur de la congrégation bouddhiste Ganden Ling et de l'Institut Guepelé, à Veneux-les-Sablons.
Dagpo Rimpotché fut reconnu à l'âge d'un an comme étant la réincarnation d'un très grand maître tibétain, et en conséquence il reçut une formation très poussée pendant plusieurs années dans des monastères au Tibet. Il enseigne maintenant le bouddhisme aux occidentaux. Très proche de Sa Sainteté le Dalai lama, il accompagne celui-ci lors de ses séjours en France.
Introduction:
Cette émission est consacrée au tantrisme et plus particulièrement aux tantras dans le bouddhisme tibétain. Pourquoi associer le tantrisme au Vajrayana? tout simplement pour éviter toute confusion. Il est en effet beaucoup question de tantrisme actuellement en occident mais il faut savoir que la forme de tantrisme dont on parle dans certains journaux ou dans certains cercles de développement personnel, concerne en fait l'art de l'amour tel qu'il était enseigné autrefois en Inde, un art qui n'a rien à voir bien entendu avec le sujet que nous allons aborder avec Dagpo Rimpotché qui est en effet considéré comme l'un des grands maîtres tantriques de notre époque.
VB - Quelles sont les diffèrences entre le tantrisme tibétain et le tantrisme dans l'hindouisme?
Dagpo Rimpotché - Avant tout, je voudrais apporter une petite rectification à ce qu'il vient d'être dit. Il est vrai que j'ai énormément de foi vis à vis des tantras et que j'ai eu la chance de rencontrer les plus grands maîtres du tantrisme grâce auxquels je fais de mon mieux pour m'adonner à la pratique mais de là à dire que je serais moi-même un très grand maître des tantras, il y une marge que je ne voudrais surtout pas franchir et je voulais donc vous préciser ce point.
Y a t-il une diffèrence entre le tantrisme tel qu'il est connu dans l'hindouisme et le tantrisme tel qu'on le conçoit dans le bouddhisme : sans aucun doute. Quand on pratique les tantras en tant que bouddhiste, c'est parce qu'on voudrait obtenir l'état de Bouddha et ce pour pouvoir accomplir le bonheur de tous les êtres. Ceci est une première caractèristique. Une deuxième est en ce qui concerne les méthodes employées. De fait, pour pratiquer les tantras selon le bouddhisme, on se fonde sur la compréhension de la vacuité et on se réfère également à la grande compassion, à la production de l'esprit d'éveil et à ma connaissance, je ne pense pas que l'on conçoive la compréhension de la vacuité dans les tantras tels qu'ils sont admis dans l'hindouisme.
VB - Pour bien comprendre la place des tantras dans le bouddhisme, je crois qu'il y a deux voies , lesquelles?
Dagpo Rimpotché - Dans le grand véhicule, il y a deux traditions, celle dite des paramitas, c'est à dire des perfections et le vajrayana c'est à dire le véhicule adamanta.
VB - Donc, quand on parle de vajrayana ou de tantrisme, on parle de la même chose?
Dagpo Rimpotché - Effectivement ce sont des termes qui sont pour nous équivalents. Les deux termes ont sensiblement le même sens.
VB - Peut-on parler d'une progression entre la voie des sutras et la voie des tantras, comment cela se passe t-il?
Dagpo Rimpotché - Plutôt que dire que la voie des sutras et la voie des tantras seraient progressives, on pourrait peut-être dire complémentaires. Il n'y a pas d'obligation pour dissocier les deux types de pratique. Du reste quand on veut pratiquer les tantras, c'est toujours sur la base de la pratique des sutras. Mais il est vrai que ceux qui le préfèrent peuvent s'en tenir à la pratique des paramitayanas, c'est à dire de la voie des sutras, mais il serait impossible de pratiquer les tantras sans se fonder sur les sutras.
VB - On dit également dans les enseignements que la voie des tantras est une voie rapide vers l'éveil. Que faut-il comprendre et quelles sont les limites parce que ce n'est pas non plus une voie miraculeuse?
Dagpo Rimpotché - Pour que cette voie soit rapide, cela va dépendre uniquement du pratiquant. Il faut qu'il ait d'ores et déjà développé toutes sortes de qualités et plus il aura développé en lui des qualités tel que le renoncement vis à vis du samsara ou encore la production de l'esprit d'éveil ou encore la compréhension du non-soi, de la vacuité, plus vite il pourra obtenir des résultats à partir des tantras.
VB - C'est une voie qui demande beaucoup de courage, ce n'est pas une voie facile, quelles sont les principales méthodes qui caractèrisent cette voie?
Dagpo Rimpotché - Losque l'on pratique selon le véhicule des perfections, on va donc travailler sur les qualités qui sont considérées comme les causes de l'éveil complet d'un bouddha: la générosité, l'éthique ou encore la patience, l'enthousiasme, la concentration et la sagesse. Par rapport à cela dans les tantras, on va bien entendu s'efforcer de cultiver les mêmes qualités mais en prenant en compte les résultats que l'on veut en tirer. Ainsi on va commencer par visualiser par exemple la déité, le bouddha que l'on veut devenir. On va également se représenter la terre pure, c'est à dire la sphère d'existence qui serait alors son univers et c'est en se fondant sur les résultats que l'on veut obtenir au travers de la pratique que l'on va mener l'application des tantras, ce que l'on ne peut pas faire dans la voie des sutras.
VB - Vous parliez de déité. Comment définir les déités puisque l'on parle parfois de déité courroucée, de déité paisible, de déité enlacée, ce qui peut donner certaines interprétations liées à la sexualité. Dans quel cadre les situer?
Dagpo Rimpotché - Dans la pratique des tantras, si l'on fait porter les méditations sur les déités, c'est en tant que méthode. On commence par faire se manifester en soi, la compréhension du non-soi, ou encore la compréhension de la vacuité et il faut alors penser que c'est la compréhension que l'on a de la vacuité qui prend la forme de la déité, qui prend la forme également de son entourage et cela va permettre de renforcer notablement toutes les méditations que l'on peut faire à partir de là. Sinon il est vrai qu'on va également se représenter les déités d'une manière très diverse, par exemple on va imaginer des déités paisibles lorsque l'on veut prendre en référence et cultiver en soi des qualités qui relèvent de la méthode, donc des qualités d'amour et de compassion, et l'on va faire appel à des déités d'aspect courroucé pour représenter le combat à mener contre les défauts, contre les imperfections, contre les passions, contre les facteurs perturbateurs et enfin c'est vrai que l'on va également se représenter des déités enlacées étant entendu que là c'est pour représenter l'union qui est indispensable entre l'aspect méthode et l'aspect sagesse.
VB - Peut-on dire finalement que la nature de l'esprit ne change pas, ce qui change, ce sont les facteurs perturbateurs et que ces déités, ces visualisations nous permettent de modifier ces facteurs perturbateurs?
Dagpo Rimpotché - Pour que les méditations puissent apporter le résultat que l'on recherche, il ne faut pas oublier que dans les tantras, on commence donc toujours par faire en sorte de comprendre la vacuité et c'est la compréhension que l'on a obtenu de la vacuité qui ensuite se manifeste avec l'aspect de la déité, méditation que l'on utilise alors pour combattre les facteurs perturbateurs mais sinon, si nous nous contentons de méditer des formes de déités diverses sans faire le lien avec la compréhension de la vacuité, ce n'est pas ainsi que l'on pourrait obtenir une transformation intérieure.
VB - Il y a une précision peut-être à apporter, c'est que ces visualisations, les mantras des déités qui correspondent, sont donnés au cours de certaines initiations et il est recommandé de ne pas les utiliser n'importe comment et surtout pas si l'on a pas reçu ces initiations.
Dagpo Rimpotché - Bien sur, si l'on veut réciter des mantras sans en avoir reçu la transmission, sans doute que cela ne pourrait pas nuire mais on ne pourrait pas en tirer tant de résultats que cela. En revanche, pour ce qui est des méditations des déités, c'est vrai qu'il est indispensable d'en avoir obtenu l'autorisation au travers d'une initiation.
VB - En conclusion, dans le tantrisme, on peut utiliser toutes les énergies, certaines sont-elles considérées mauvaises, d'autres bonnes ou finalement peut-on dire qu'on peut trasformer toute énergie quelle qu'elle soit en sagesse?
Dagpo Rimpotché - Dans le cours d'une perception où aurait pu apparaître un facteur perturbateur tel que l'attachement, si on utilise les moyens pour faire barrage à l'attachement, cet attachement ne peut donc se produire, et il y a l'énergie mentale qui elle est déjà manifeste, et à ce moment là puisque l'attachement n'a pu se manifester, on va canaliser l'énergie mentale présente pour au contraire accomplir des buts tout à fait diffèrents, mais surout, il ne faut pas penser que ce seraient les facteurs perturbateurs eux-même qu l'on emploierait pour la pratique.
VB - Donc, il faut pratiquer le tantrisme avec un maître de façon à ne pas commettre d'erreurs?
Dagpo Rimpotché - D'une manière générale, dans le bouddhisme, on considère toujours comme indispensable de s'en remettre à un guide, à un maître spirituel et c'est encore plus vrai dans la pratique des tantras.
http://www.bouddhisme-france.org/archiv ... npoche.htm