Ne pas être minable

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yudo
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Divers récents événements m'ont décidé à vous faire partager la réélaboration par Brad Warner du Shoaku Makusa de maître Dôgen. Ce texte, dans sa traduction savante est assez clair, mais néanmoins rédigé dans des termes qui pourraient amener certains à passer à côté du message, qui dans notre version (qui a quand même demandé un peu de ma part pour le faire passer en français) dit TRÈÈÈÈS clairement les choses. Le voici. En plusieurs sections.
Le Bouddha dit :

Ne soyez pas minables
Faites ce qui est correct
Alors votre esprit se connecte
Et aux éveillés c’est agréable.

Nous devons considérer cet ancien enseignement en pratique. C’est là le vrai message qui a été transmis à travers les âges jusqu’à cet endroit et ce moment concrets. C’est ce que les dix-mille bouddhas ont toujours pratiqué.
Entre la correction, l’incorrection et le peu-importe, il y a l’incorrection. L’incorrection est ce qui arrive au moment même où vous faites quelque chose d’incorrect. Ce n’est pas une abstraction posée là en attendant qu’on la fasse. Et il en va de même de la correction et du peu-importe.
Il y a des similitudes entre les vraies actions incorrectes, peu importe où ni quand elles ont lieu. Et il y a une grande différence entre les actions correctes, les incorrectes et les peu-importe. Ce qui est correct et ce qui est incorrect est du temps, mais le temps n’est ni correct ni incorrect. Correct et incorrect sont le Dharma, mais le Dharma n’est ni correct ni incorrect.
Lorsque vous êtes équilibré, vous savez absolument distinguer le correct de l’incorrect. L’état d’éveil est immense et inclut tout.
Nos maîtres et nos lectures nous parlent de cet état suprême.Dès le départ, cela ressemble à « ne pas être minable ». Si cela ne ressemble pas à « ne soyez pas minable », ce n’est pas un enseignement bouddhique.
« Ne soyez pas minable » n’est pas un enseignement que quelqu’un aurait pu délibérément inventé. Il existait bien avant que quiconque l’ait exprimé par des mots. En l’entendant, nous espérons pouvoir apprendre à faire la chose correcte et ne pas être un minable. Ce n’est pas qu’une mince affaire. C’est à l’échelle de l’entièreté du temps et de l’univers tout entier. La mesure de ne pas être minable se situe dans la partie « ne pas être ». Ne faites juste pas de trucs minables.
Lorsque quelqu’un ne commet pas d’actions minables, les actions minables n’existent pas. Même en vivant là où vous pourriez agir en minable, même en affrontant des circonstances où vous pourriez être minable, même en en traînant qu’avec des bandes de minables, le pouvoir de ne pas faire de trucs minables est plus fort que tout.
Les actions minables n’ont pas de forme fixe. Elles n’ont aucune existence tant que quelqu’un ne les accomplit pas. Si nous n’agissons pas en minables, les actes minables ne peuvent pas exister.
Vous pouvez faire des trucs minables, ou vous pouvez éviter d’en faire. Dès que vous savez que l’action minable n’existe pas en dehors de votre propre comportement, vous avez là la réalisation de la vérité.
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yudo
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Ce n’est pas là une réalisation une fois pour toutes. Elle apparaît de façon dynamique, un instant après l’autre. Lorsque les éveillés comprennent que ne pas être minable requiert de ne pas faire de trucs minables, ils se comportent en personnes décentes à tout moment du passé, du présent et de l’avenir.
A chaque instant, peu importe ce que nous faisons, nous devons comprendre que ne pas être minable est la façon dont on devient un éveillé. Cet état nous a toujours appartenu. La cause et l’effet nous font agir. En n’étant pas minable maintenant, vous créez la cause pour ne pas être minable à l’avenir. Notre action n’est pas prédestinée, et elle n’a pas lieu spontanément non plus.
En n’étant pas minable à cet instant même, vous promulguez la non-minablitude et vous la faites apparaître dans le monde. Ce n’est pas que vous, en tant que personne normale, êtes détruit en faisant ce qui est correct, mais pourtant, vous, en tant que personne normale, avez disparu et il ne reste qu’un être éveillé.
Si vous regardez les choses ainsi, vous vous rendrez compte avoir reconcé à l’être-minable. Aidé par cette compréhension, vous pouvez pénétrer le « ne-pas-être-minable » et le réaliser définitivement grâce à la pratique du Zen.
Il n’existe pas d’être-minable en dehors de ce que vous faites réellement. L’être-minable ne disparaît pas comme s’il s’agissait d’une chose en elle-même. On cesse juste de faire des trucs minables.
Il y en a qui pensent que l’être-minable provient de causes et de conditions passées, sans voir comment ils sont eux-mêmes ces causes et conditions. Ce sont là des cas assez désespérés. Les semences de la bouddhéité viennent aussi de causes et de conditions. Les actions minables ne sont ni existantes ni non-existantes. Le mal n’est ni existant ni non-existant. Ou on le fait, ou on ne le fait pas.
Apprendre ceci en pratique est la grande réalisation universelle. Vous pouvez le considérer subjectivement ou bien objectivement.
Lorsque vous finissez pas capter ce point, même la pensée « Flûte, qu’est-ce que j’ai pu être minable, à l’époque » n’est que de l’énergie qui provient de votre désir de ne pas être minable à nouveau. Cependant, prétendre que cette réalisation serait une sorte de bizarre justification pour être minable est complètement stupide.
La relation entre l’être-minable et le ne pas de ne-pas-être-minable n’est pas celle d’un âne qui regarde un puits. C’est comme un puits qui regarde un âne, un puits qui regarde un puits, un âne qui regarde un âne, une personne qui regarde une personne et une montagne qui regarde une montagne. Autrement dit, c’est la relation mutuelle de toutes les choses impliquées.
Il est dit : « Le vrai corps du Bouddha est comme l’espace ; il manifeste sa forme selon les circonstances comme le reflet de la lune dans un étang ». Ce qui signifie qu’il n’y a pas de division entre le sujet et l’objet. On ne peut douter de telles occurrences de non-minablitude.
Quant à faire ce qui convient, il y a toutes sortes de choses correctes qu’on peut faire. Mais n’y a jamais eu la moindre sorte de chose correcte qui soit posée là, en attendant que quelqu’un la fasse.
La chose correcte ne manque jamais d’apparaître une fois que quelqu’un l’a faite. Les diverses sortes de choses correctes convergent comme le fer sur un aimant, vers l’endroit où les faire se produit. Rien ne peut leur faire obstacle, pas même toutes les choses erronées que vous auriez jamais pur faire de toute votre vie.
Différentes personnes à différents endroits peuvent avoir des idées différentes sur ce qui est la chose correcte à faire. Il en va de même de ce qui fait qu’on soit minable.
Ce que nous pouvons reconnaître comme correct, nous le disons correct. C’est comme la façon dont les Bouddhas prêchent la chose appropriée selon les personnes à qui ils prêchent et selon l’époque où ils apparaissent. Néanmoins, sous la surface, tout le Dharma qu’ils prêchent reste fondamentalement le même.
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yudo
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C’est un peu comme avec la pratique dévotionnelle et la pratique méditative. Pour différentes qu’elles soient, elles sont pourtant la même chose.
Faire la chose correcte ne vient pas des causes et des conditions, pas plus que cela ne cesse en fonction des causes et des conditions. Bien des sortes d’action correcte sont tous les phénomènes, même si tous les phénomènes ne sont pas des exempless d’action correcte. Ce qui est vraiment correct l’est au début, au milieu et à la fin.
Faire la chose correcte n’est pas le soi, et n’est pas connu par le soi. Et ce n’est pas non plus quelqu’un d’autre et ce n’est pas connu par quelqu’un d’autre. Dans l’acte de connaître, il y a soi et autre. Dans l’acte de voir, il y a soi et autre. Mais faire la chose correcte est au-delà de ce genre de distinctions. C’est juste la chose correcte qui se fait toute seule.
Faire ce qui est correct n’est pas un truc qu’on puisse comprendre intellectuellement. C’est au-delà de ça. Faire ce qui est correct est au-delà de l’existence et de la non-existence, au-delà de la forme et de la vacuité. Ce n’est rien d’autre que le faire-ce-qui-est-correct en train d’être fait.
Partout et chaque fois qu’il se produit que la chose correcte se fasse, c’est, sans la moindre exception, faire la chose correcte. Le faire effectif de la chose correcte est l’univers lui-même. Il n’apparait ni ne disparaît. Tous les exemples individuels de faire la chose correcte sont pareils.
Lorsque nous faisons effectivement ce qui est correct, l’univers tout entier est impliqué dans ce faire la chose correcte. La cause et l’effet de cette chose correcte est l’univers en tant que réalisation du fait de faire la chose correcte.
Ce n’est pas que la cause vienne d’abord et que l’effet arrive ensuite. C’est plutôt que la cause et l’effet se satisfont mutuellement de façon parfaite. Lorsque causes et effets sont en équilibre, l’univers tout entier est en équilibre. Quand on attend les causes, on ressent les effets. Mais ce n’est pas affaire d’avant et d’après.La vérité est là à chaque instant telle quelle.
Le sens de la vieille phrase bouddhiste « purifiez votre esprit naturellement » est le suivant : il est naturel de ne pas être minable, et ne-pas-être-minable purifie l’esprit. Vous êtes vous-même celui qui, concrètement, ne fait pas de trucs minables. Ce à quoi on fait référence par « esprit » est le fait-de-faire-ce-qui-est-correct. Ce qui le purifie est le fait-de-faire-le truc-correct. L’état concret est le fait-de-faire-la-chose-correcte.
Ceux que nous appelons bouddhas sont parfois comme Shiva, le dieu Hindou de la destruction et de la régénération. Mais certains Shivas sont différent des autres Shivas. D’autres bouddhas sont comme les rois légendaires qui-font-tourner-la-roue, ,mais tous les rois qui-font-tourner-la-roue ne sont pas des bouddhas.
Fondamentalement, tous les bouddhas sont différents, vous devez donc savoir que la façon d’être ou de faire des éveillés peut ne pas ressembler exactement à ce que vous attendiez. Si vous n’examinez pas ce que sont réellement les bouddhas, vous perdrez juste votre temps à les chercher.
Ne-pas-être-minable signifie que ceci et cela ont été faits, et que maintenant, il vous faut faire le reste. c’est un processus continu.
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yudo
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Haku Kyô-i (Ch. Bai Zhuji, 770-846 EC) était un étudiant du maître zen Choka Dôrin (Ch. Niaowo Daolin, 740-824 EC). Kyô-i demanda à Dôrin, « Quel est le sens du Bouddhisme ? »
Dôrin répondit : « Ne soyez pas minable. Faites ce qui est correct ».
Kyô-i dit : « Flûte ! Même un gamin de trois ans pourrait dire ça! »
Dôrin répondit : « Certes, un gamin de trois ans pourrait le dire. Mais même un vieux de quatre-vingts ans a du mal à y arriver ».
Kyô-i salua pour remercier et s’en alla.
Kyô-i était un poète hyper-respecté. On le tenait pour un des plus grands ayant jamais vécu. Mais en matière de Zen, ce n’était qu’un amateur. Il semble qu’il n’aurait même pas imaginé en rêve une phrase comme « ne soyez pas minable ».
Kyô-i croyait que Dôrin ne faisait qu’une observation intellectuelle. Il ne savait pas que « ne soyez pas minable » est la vérité bouddhiste éternelle honorée par le temps. Brillant comme il l’était dans le domaine de la littérature, c’était un peu un idiot, en matière de Bouddhisme.
Même si on dit aux gens de ne pas être intentionnellement minable ou qu’on les encourage à faire ce qui est correct, ce qui importe c’est la réalité concrète de ne pas être minable ici et maintenant. Cet enseignement est le même, qu’on l’entende d’un bon enseignant ou qu’on en fasse l’expérience en tant que stade ultime de la réalisation.
La cause et l’effet concrets ne se préoccupent pas de savoir si on les caractérise comme une sorte de principe divin ou comme processus naturel. Cela étant, on ne peut ressentir de bons effets sans avoir mis en œuvre de bonnes causes. Dôrin l’a exprimé, de sorte qu’on puisse en dire que c’est un véritable enseignement bouddhique.
Même si l’univers tout entier n’est rien d’autre qu’un tas de minables en train de faire toutes sortes de trucs minables, il y a quand même libération si on s’abstient juste d’être minable.
Kyô-i ne le comprend absolument pas, il dit donc : « Flûte ! Même un gamin de trois ans pourrait dire ça! » S’il le dit, c’est qu’il est incapable d’exprimer la vérité.
Quel imbécile vous faites, Kyô-i ! Qu’est -ce que vous essayez de dire, de toute façon ? Vous n’avez jamais compris les coutûmes des bouddhistes, vous ne pouvez donc pas comprendre même celles des enfants de trois ans ! Comment quelqu’un qui n’a pas compris les bouddhas pourrait-il comprendre les petits enfants ? Quelqu’un qui connaît les gamins de trois ans connaît aussi les bouddhas.
Ne croyez pas que juste rencontrer face-à-face soit la même chose que de vraiment connaître quelqu’un. Et ne croyez pas que ne pas rencontrer quelqu’un face-à-face signifie que vous n’avez pas à les connaître.
Quelqu’un qui en vient à vraiment connaître un seul grain de poussière connaît l’univers tout entier. Quelqu’un qui a pénétré un enseignement les a tous compris. Ceux qui ne comprennent pas tous les enseignements n’en comprennent même pas un seul. Quand vous étudiez un grain de poussière attentivement et entièrement, vous étudiez l’univers tout entier.
C’est vraiment stupide d’imaginer qu’un gamin de trois ans ne puisse pas exprimer l’enseignement essentiel du Bouddhisme, ou de penser que quoi que puisse penser un gamin de trois ans doit être facile.
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yudo
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Le véritable objet de tout ceci est de clarifier attentivement la vie et la mort. C’est la grande affaire de la cause et de l’effet. Maître Nâgârjuna disait : « Quand vous êtes né, vous pouviez rugir comme un lion ! » Rugir comme un lion signifie comprendre la grande vérité bouddhique.
Le maître zen Engo Kokugon (Ch. Yuanwu keqin, 1063-1135EC) disait : « Aller-et-venir, naître -et-mourir sont le véritable corps humain ». Donc, clarifier le véritable corps humain et être capable de rugir comme un lion sont l’objet véritable de tout ce bintz bouddhiste. C’est pour cela que clarifier les vrais motifs et actions d’un gamin de trois ans sont aussi l’objet réel de tout ce bintz bouddhiste.
Evidemment, il y a des différences entre ce que font les gamins de trois ans et ce que font les bouddhas. C’est pour cela que ce débile de Kyô-i n’a pas pu entendre un gamin de trois ans dire la vérité. Il a dit ce qu’il a dit parce qu’il ne pouvait même pas imaginer qu’il fut possible à un gamin de trois ans de dire quelque chose de profond.
Il n’entend pas le grondement de la voix de Dôrin, et c’est pourquoi il ridiculise sa réponse. Mais Dôrin avait assez de compassion pour lui dire : « Certes, un gamin de trois ans pourrait le dire. Mais même un vieux de quatre-vingts ans a du mal à y arriver ».
Il voulait dire que les gamins de trois ans ont parfois quelque chose de profond à dire et qu’il faut les écouter. Mais il dit aussi que les vieillards de quatre-vingts ans ont du mal à ne pas être minables en pratique et qu’il faut aussi les écouter. C’est à vous de décider si un gamin dit la vérité, pas au gamin. C’est à vous de décider si un vieillard dit la vérité, pas au vieillard. C’est votre boulot.
Réaliser, exprimer et vivre votre vie ainsi est l’objet tout entier de tout ce bintz bouddhiste.

— Prêché au temple Koshô-hôrin-ji,
le soir de la pleine lune d’août 1240.
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Longchen
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jap_8 intéressant et non conventionnel !
« Ne pas être minable » n’est pas « Devenir un héros », c’est accessible dès aujourd’hui !

Je me souviens aussi d’un texte de Brad Warner (partagé sur le forum par le passé) sur les rapports maître-discipline ; sur le coup cela m’avait juste interpellé, mais bien après j’avais repensé à ce qu’il avait dit...
L’instant présent 🙏
Kaïkan
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Et puis même un minable peut complètement changer, étudier le bouddhisme, pratiquer, et devenir quelqu'un de bien.
C'est toujours possible, à chaque instant. eveil_333
-- Kaïkan --
- Kyo gyo sho itto
-
L’enseignement, la pratique et le satori sont unité.
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ShraWaKa
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merci Yudo jap_8 non conventionnel effectivement mais comme toujours le fond importe plus que la forme
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jules
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Ne pas être minable dans ses actions, pour ne pas renaître au travers des conséquences de cette minabilitude.

J'ai appris récemment que lorsqu'on appuie le bout de son index contre une surface dure, cette même surface exerce activement à son tour sur notre doigt, la pression équivalente. Si mon information est correcte, cela signifierait d'une certaine façon qu'on ne peut ignorer le fait que nos actes et même pourquoi pas nos émotions et nos pensées, conditionnent notre environnement de sorte à le faire renvoyer en notre direction, tel un miroir, une force équivalente à celle que nous exerçons sur lui.
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ShraWaKa
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jules a écrit :
03 février 2018, 16:03
Ne pas être minable dans ses actions, pour ne pas renaître au travers des conséquences de cette minabilitude.

J'ai appris récemment que lorsqu'on appuie le bout de son index contre une surface dure, cette même surface exerce activement à son tour sur notre doigt, la pression équivalente. Si mon information est correcte, cela signifierait d'une certaine façon qu'on ne peut ignorer le fait que nos actes et même pourquoi pas nos émotions et nos pensées, conditionnent notre environnement de sorte à le faire renvoyer en notre direction, tel un miroir, une force équivalente à celle que nous exerçons sur lui.
Je pense que nous n'avons pas eu accès au même cours...
J'ai appris depuis un certain temps déjà, que lorsqu'on exerce une pression sur sa main (par exemple), la propriété visco-élastique de la chair associée aux sensations somesthésiques induit une perception rémanente du contact.

Comme cette analogie n’est pas clair pour tout le monde,
on peut aussi comparer cela au fait de regarder fixement une ampoule électrique allumée.

Lorsqu'on éteint la lumière, il subsiste pendant un instant une perception de cette lumière pourtant elle ne brille plus...

C'est une analogie pour nous faire prendre comprendre la nature de Sati qui surimpose des concepts par rapport à l'objet réel, tel qu'il est ultimement.

Si le Bouddha insiste par exemple dans le Mahasatipatana sutta afin que l'on s’intéresse à l'apparition et la disparition des phénomènes, c'est parce que ce sont des points clefs…

Ainsi le méditant aguerri établi dans << une vision/perception yogique directe de son objet laquelle est une perception mentale non conceptuelle qui unie concentration supérieure du calme stable et vue supérieure (ou vision profonde) de son objet.>> sera en mesure de réaliser au moment de la disparition du phénomène, non seulement la disparition de ce phénomène mais également la disparition de sa conscience qui est une première perception profonde de la vacuité appelée stade de Bhanga nana vipassana dans le Theravada.

En complément ci-dessous l'extrait d'un commentaire de l'Ariyavasa sutta réalisé par le Vénérable Mahasi Sayadaw.

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, le Vénérable fût un célèbre moine birman grand érudit du canon Pali et spécialiste de la méditation Vipassana (Satipatthana).

(...) Notre principale préoccupation est d’accéder à la connaissance de la Vérité qui n’est accessible que par une approche expérimentale. Au travers de ses expériences, le méditant voit la distinction entre l’esprit et la matière et il réalise l’impermanence de toute chose. L’expérience peut être complétée par une explication du professeur. La réelle connaissance n’a rien à voir avec les notions préconçues, elle est basée sur l’expérience personnelle.

La connaissance expérimentale acquise par le méditant est claire et distincte. Il ne voit rien d’autre que la disparition de chaque chose. Cela est appelé bhanga-insight qu’il n’apprend pas d’écritures ou d’un professeur, mais par expérience. S’il continue à méditer, il devient de plus en plus attentif jusqu’à ce que son attention devienne parfaite à la dernière étape de la Noble Voie.

La compréhension de la loi de l’impermanence conduit le méditant à réaliser la compréhension de la souffrance (dukkha) et du non soi (anatta). Ces trois caractéristiques de l’existence sont interdépendantes et quand on voit anatta, on est près de Nibbana. Mais « voir » anatta ne signifie pas l’acceptation intellectuelle, mais la compréhension par la méditation.

Après avoir compris l’impermanence par l’introspection, le méditant cesse de réfléchir et note plutôt les phénomènes physiques et mentaux et sa compréhension s’approfondit. Il peut voir notamment le début et la fin de chaque phénomène. Il voit des lumières et expérimente la joie, la sérénité, un accroissement de la foi et un état de conscience élevé. Cependant, le méditant ne doit pas confondre ces expériences avec la paix de Nibbana. Il doit les noter et les dépasser.

Alors qu’il continue à méditer, il parvient à voir les disparitions incessantes des choses.
Quand il observe un objet, il ne pense plus à sa forme, à sa dimension ou à sa qualité.
- Il voit chaque chose, l’objet, son esprit, etc… disparaître sans cesse. Ceci est appelé bangañana.
- Parce qu’il voit chaque chose disparaître, il est pris de peur, c’est bhayañana.
- La peur conduit à reconnaître les mauvais aspects de l’existence conditionnée : adinavañana. - Ainsi, le méditant se dégoûte de la vie : nibbidañana.
- Parce qu’il est désillusionné, il veut être libre : muncitukamayatañana.
- Et pour cela, il doit avoir recours à l’observation : patisankañana.
- Cela conduit à la pleine compréhension des trois caractéristiques de l’existence: anicca, dukkha et anatta : sankharupekkhañana.
- Par cette compréhension, le méditant atteint l’équanimité vis-à-vis des six sens que le Bouddha décrit comme suit :

« Oh moines, le moine qui a vu un objet visible de ses yeux n’est ni content ni mécontent. Son esprit est équilibré, nullement affecté par l’attachement ou par l’aversion, parce qu’il a l’attention juste ».


Source bica-vipassana
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