Petit rappel sur les 4 vérités nobles.

Florent

Ici je vous propose un petit rappel sur ce que sont les 4 vérités nobles.

Les Quatre Nobles Vérités

Bien qu’il existe de nombreux volumes des discours du Bouddha dans plusieurs traditions, on dit aussi que tout son enseignement est contenu dans son tout premier discours, celui que l’on a appelé « la mise en marche de la roue de la Vérité ». Le Bouddha donna cet enseignement à ses cinq anciens compagnons spirituels, dans le Parc aux Daims, près de Bénarès, peu de temps après son Eveil. Dans ce bref discours – il ne faut que vingt minutes pour le réciter – il développa la nature de la Voie du Milieu et les Quatre Nobles Vérités. Cet enseignement est commun à toutes les traditions bouddhistes et, tout comme un gland contient dans son code génétique ce qui le fera devenir un immense chêne, on peut dire que toute la myriade des enseignements bouddhistes dérive de cette matrice de sagesse fondamentale.

Les Quatre Nobles Vérités sont formulées à la manière d’un diagnostic médical dans la tradition ayurvédique : a) les symptômes de la maladie ; b) la cause ; c) le pronostic ; et d) le traitement. Le Bouddha a toujours utilisé des structures et des formes qui étaient familières aux personnes de son époque et, dans ce cas précis, c’est ainsi qu’il peignit le tableau.

La première vérité, le « symptôme », est qu’il existe dukkha, un mal-être que l’on peut ressentir comme un sentiment d’incomplétude, d’insatisfaction ou de souffrance. Il peut y avoir des instants ou de longues périodes où nous ressentons du bonheur – un bonheur grossier ou même de nature transcendante – mais il arrive un moment où le cœur ressent une insatisfaction. Celle-ci peut aller de l’angoisse extrême à l’infime intuition que la félicité que l’on ressent ne va pas durer. Toutes ces variantes portent l’étiquette de « dukkha ».

Parfois les gens lisent cette Première Vérité et l’interprètent mal, comme si le Bouddha avait déclaré de manière absolue que la réalité est dukkha dans toutes ses dimensions. On prend cette Vérité comme un jugement de valeur qui s’applique à tout, mais ce n’est pas ce qui a été dit. Si c’était le cas, cela voudrait dire qu’il n’y a aucun espoir de libération pour qui que ce soit, et la réalisation de la vérité de ce qui est – le Dhamma – n’aboutirait pas à une paix et un bonheur durables, contrairement à ce qu’a découvert le Bouddha.

Ce qu’il est donc très important de noter là, c’est qu’il s’agit de « nobles » vérités et non de vérités « absolues ». Elles sont nobles dans le sens que ce sont des vérités relatives mais que, une fois comprises, elles nous mènent à la réalisation de l’Absolu ou de l’Ultime.

La seconde Noble Vérité est que la cause de ce dukkha est le désir égoïste, tanhā en pāli, ce qui signifie littéralement « soif ». Ce désir, cet attachement avide, est la cause de dukkha. Il peut s’agir du désir de plaisirs sensoriels, du désir de « devenir » quelque chose, du désir de s’identifier à quelque chose, ou encore du désir de ne pas exister, de disparaître, d’être annihilé ou de se débarrasser de certaines choses. Il y a de nombreuses dimensions subtiles à toutes ces formes de désir.

La troisième Noble Vérité, le pronostic, est dukkha-nirodha. Nirodha signifie « cessation ». Autrement dit, ce sentiment de dukkha, d’incomplétude, peut disparaître en étant transcendé ; on peut y mettre un terme. Dukkha n’est donc pas une réalité absolue, ce n’est qu’un vécu temporaire dont le cœur et l’esprit peuvent se libérer.

La quatrième Noble Vérité est celle de la Voie : comment aller de la seconde Vérité à la troisième, de la cause de dukkha à son terme. Le traitement est l’Octuple Sentier qui consiste essentiellement à développer la vertu, la concentration et la sagesse.


Ajahn Amaro
Vertu et méditations, éditions Sully.
Dernière modification par Florent le 18 décembre 2012, 09:40, modifié 2 fois.
ted

Merci Florent. jap_8

Et à propos des renaissances :
Subarys a écrit :État intermédiaire (Antara-bhāva ou Bardo) : Une Évidence pour le Canon Pali ?

Mahâtanhâsankhaya Sutta:

Bhikkhus, la descente de l'être à naître (gabbhassâvakkanti) prend place uniquement par l'union de trois choses. Ici, il y a l'union de la mère et du père, mais si la mère n'est pas fertile (en saison), et le gandhabba n'est pas présent – dans ce cas la descente de l'être à naître ne prend pas place.



Assalayana Sutta

Mais, Sires, savez-vous comment la descente de l'être à naitre vient (est possible) ?
«Monsieur, nous savons comment la descente l'être à naitre est possible
Ici, il y a l'union de la mère et du père, la mère est fertile et l'être à naitre est présent
Par l'union de ces trois la descente de l'être à naitre prend place.


Kutūhala,sala Sutta

Vaccha, tout comme le feu brûle avec du carburant, non sans carburant, je déclare qu'il y a une renaissance en lien avec le carburant [Upadana], pas pour celui qui est sans (carburant)
"Mais, maître Gotama, si une flamme est ballotté par le vent et va le long du chemin, qu'est-ce que le maître Gotama déclarent être son carburant ? "
"Vaccha, une flamme qui est ballotté par le vent et va le long du chemin, je déclare qu'elle est alimenté par le vent [l'air]. Car, Vaccha, à ce moment-là, le vent [l'air] est le carburant. "
"Et plus loin, maître Gotama, quand un être est privée de ce corps (mort), mais n'ai pas encore renaît dans un autre corps, qu'est ce que maître Gotama déclare être le carburant? "
"Vaccha, quand un être est privé de ce corps, mais n'est pas encore renaît dans un autre corps, il est alimentée par la soif, je le dis. Car, Vaccha, à ce moment-là, la soif est son carburant. "


Bojjhaṅga) Sila Sutta

Si l'on n'atteint pas la connaissances finales en cette vie ou au moment de la mort, avec la destruction totale des cinq chaînes inférieures, on devient un non retournant (anagami) qui réalise nibbana dans l'intervalle (entre la mort et la future renaissance) [intermédiaire État] (antara parinibbayi)


Mahâtanhâsankhaya Sutta

« Bhikkhus, il y a ces quatre sortes d'aliments pour le maintient des êtres qui sont déjà venus à l'existence (bhuta) et pour le soutien de ceux qui sont (en attente) à naitre (sambhavesi) Quels quatre ? Ce sont : la nourriture physique comme aliment, grossière ou subtile ; le contact comme deuxième ; la volition mentale comme troisième ; et la conscience comme quatrième.


Channovâda Sutta

For one who is dependent there is wavering (calita);
For one who is independent, there is no wavering.
When there is no wavering, there is tranquillity (passaddhi).
When there is tranquillity, there is no inclination (towards craving or existence) (nati).52
When there is no inclination, there is no coming and going (agati,gati).53
When there is no coming and going, there is no passing away and rebirth (cut’upapta).
When there is no passing away and rebirth, there is neither here nor beyond nor in between
the two (na ubhayaa antarena).

—This itself is the end of suffering.



Metta sutta

Visibles ou invisibles, proches ou lointains, nés ou en attente d'une naissance/allant naitre (sambhavesi)
puissent tous les êtres sans exception être heureux.


Samaññaphala Sutta

Ainsi -- au moyen de l'oeil divin, purifié et dépassant l'humain -- il voit des êtres décéder et réapparaître, et il discerne comment ils sont inférieurs et supérieurs, beaux et laids, fortunés et infortunés en accord avec leur kamma. C'est comme s'il y avait un grand édifice sur la place centrale [d'un bourg], et qu'un homme à la bonne vue se tenant sur son sommet voyait des gens entrer ((re)naitre) dans une maison (le corps ou forme), la quitter (mourir), errer (antarabhava/bardo) au long de la rue, et s'asseoir sur la place centrale (dans l’attente d'une nouvelle (re)naissance). L'idée lui viendrait, 'Ces gens sont entrés dans une maison, l'ont quitté, ont marché au long des rues, et se sont assis sur la place centrale.' de la même façon -- son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, souple, malléable, solide, et entraîné à l'imperturbabilité -- le moine le dirige et l'oriente vers la connaissance du décès et la réapparition des êtres. Il voit -- au moyen de l'oeil divin, purifiés et dépassant l'humain -- des êtres décéder et réapparaître

() est un ajout de ma part.



Maha Assapura Sutta

Juste comme s'il y avait deux maisons avec des portes et qu'un homme avec une bonne vue se tenant là entre les deux verrait des personnes entrer (naitre) dans les maisons et en sortir (mourir) et errer ça et là (bardo), de même, avec l'oeil divin, qui est purifié et surpasse celui de l'humain, un bhikkhu voit les êtres mourant et réapparaissant, inférieurs et supérieurs, beaux et laids, heureux et malheureux, et il comprend que le passage des êtres dépend de leurs actions.



FleurDeLotus jap_8 FleurDeLotus
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Ajahn Amaro a écrit :Ce qu’il est donc très important de noter là, c’est qu’il s’agit de « nobles » vérités et non de vérités « absolues ». Elles sont nobles dans le sens que ce sont des vérités relatives mais que, une fois comprises, elles nous mènent à la réalisation de l’Absolu ou de l’Ultime.
jap_8 C'est très juste et c'est pourquoi seule la vérité de la cessation est ultime car c'est cette réalisation qui est visée.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Florent

Je remonte ce topic en guise de piqure de rappel, ça ne peut pas faire de mal :)
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Florent a écrit :Je remonte ce topic en guise de piqure de rappel, ça ne peut pas faire de mal :)
jap_8

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Zopa

Dharmadhatu a écrit :
Ajahn Amaro a écrit :Ce qu’il est donc très important de noter là, c’est qu’il s’agit de « nobles » vérités et non de vérités « absolues ». Elles sont nobles dans le sens que ce sont des vérités relatives mais que, une fois comprises, elles nous mènent à la réalisation de l’Absolu ou de l’Ultime.
jap_8 C'est très juste et c'est pourquoi seule la vérité de la cessation est ultime car c'est cette réalisation qui est visée.

FleurDeLotus
Il est aussi dit que ce sont les "vérités des nobles" (arya : ceux qui réalisent la vacuité directement).

Vérités des Nobles est d'ailleurs la traduction littérale et précise des termes tibétains.

Ce sont donc des vérités seulement pour les Arya.
Les non-arya ne les perçoivent pas comme telles.
binah

Namasté, merci pour ce partage des 4 vérités qui tombe dans le mille pour moi... :shock: FleurDeLotus
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