Etre bouddhiste et croire en Dieu, est-ce possible ?

ted

L'objectif du fil, c'était plutôt d'obtenir des témoignages, des ressentis, de personnes qui oscillent entre deux sensibilités, soit à cause de leur tradition d'origine, soit à cause de leurs doutes. Ou qui ont réussi à assumer leurs différentes convictions.

Rappel du thème du fil :
ted a écrit :Loin des experts qui vous diront :
  • 1) que la croyance en une âme est incompatible avec la notion d'anatta (le non soi) dans le bouddhisme,
    2) qu'il n'y a pas de Dieu créateur ni de cause première dans le bouddhisme,
certaines personnes peuvent éprouver le sentiment qu'il existe quelqu'un, quelque chose, une intelligence supérieure, inaccessible, inconnaissable etc...

Est-ce un obstacle dans la pratique bouddhiste ?
Ou bien est-ce que la pratique va nous apporter, au final, la réponse, quelle qu'elle soit ?
tobeornottobe

Comme je disai, il faut faire un choix : une voie et non plusieurs.

Mais dans tous les cas, il est possible qu'au final, la réponse sera la même.

Namasté
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Flocon
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Personnellement, je ne crois pas que croyance en Dieu et bouddhisme soient foncièrement incompatibles, même si la première est qualifiée d'erreur éternaliste par le second.
En revance, cette croyance me paraît constituer un obstacle à une pratique efficace dans certains cas : par exemple si on la réifie, qu'on en fait un concept auquel on s'accroche, ou pire, un objet de détestation. Même si de fait, on peut dire que le bouddhisme est une forme d'athéisme, la lutte contre "Dieu" doit poser problème pour un bouddhiste si elle est passionnelle : je ne parle pas des déconstructions intellectuelles de la notion d'un dieu créateur telle qu'elles apparaissent dans les textes philosophiques du bouddhisme, mais des émotions, angoisse, colère ou mépris, suscitées chez le pratiquant par l'existence d'une telle notion.
D'où la nécessité d'une certaine prudence, me semble-t-il, avant de se convertir au bouddhisme, pour ne pas se retrouver trop en lutte contre soi-même et contre les autres. Mieux vaut ne pas se précipiter et s'interroger sur soi-même et son rapport intime à ce que les religions du livre nomment "Dieu".

Pour la question des enfants inscrits au catholicisme,pourquoi pas? Mais si l'enseignement chrétien fonctionne pour eux, peut-être ensuite ne deviendront-ils pas bouddhistes, ce qui n'est pas très grave.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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yudo
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Je pense surtout que la croyance en une "intelligence supérieure" participe simplement d'une volonté de se dé-responsabiliser, et d'une forme d'idolâtrie en plus, car c'est à tout prix vouloir mettre le doigt sur ce qui est de toute façon hors d'atteinte.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
Aldous

yudo a écrit :Je pense surtout que la croyance en une "intelligence supérieure" participe simplement d'une volonté de se dé-responsabiliser, et d'une forme d'idolâtrie en plus, car c'est à tout prix vouloir mettre le doigt sur ce qui est de toute façon hors d'atteinte.
Dire cela c'est ne pas savoir qu'au contraire cette "intelligence supérieure" nous demande d'être responsable de sa création, Dieu nous invite à participer à sa création.
Plutôt qu'idôlatrie je dirais adoration, sensibilité à ce qui (le mystère de l'être) nous dépasse!
ardjopa

Dire cela c'est ne pas savoir qu'au contraire cette "intelligence supérieure" nous demande d'être responsable de sa création, Dieu nous invite à participer à sa création.
Plutôt qu'idôlatrie je dirais adoration, sensibilité à ce qui (le mystère de l'être) nous dépasse!
De ce que j'en sais, d'un point de vue (déjà) théorique, (et je rejoins là en partie ce que dit yudo), c'est que les religions monothéistes dans leur version "populaire" (pour le peuple) et "simpliste", ont été élaborées bien souvent pour favoriser la peur, la culpabilisation, les hiérarchies (terrestres ou "célestes") le "paternalisme d'un "dieu créateur" au-dessus de ses créatures", sans oublier les jugements, récompenses, rituels et sanctions possibles de ce dieu, envers ceux qui agiraient bien ou mal, etc, etc (favorisant bien souvent aussi les guerres, le sectarisme, l'intolérance entre religions différentes etc,

; Bref, tout cela n'est à mon sens ni libérateur, ni une "spiritualité" authentique, où chacun devrait à mon sens et pour résumer, réaliser son "propre esprit", qui n'est pas "différent" du "grand esprit",et de l'univers; La non dualité, est enseignée dans la plupart des "traditions spirituelles", différemment pour chacune, dont le bouddhisme à mon avis, mais longtemps restée "secrête" pour les gens du peuple, souvent pour mieux les controler, et que les "états", empires, et autres gouvernements, conservent leur "pouvoir" sur les gens;
Ce qui ne veut pas dire à mon sens que "Dieu", "notre nature de Bouddha", notre "vraie nature", ou peu importe comme on nomme la "réalité ultime", la sagesse etc, n'a pas d'existence ou ne peut se "rejoindre"; Mais justement, les religions traditionnelles (comme les mots) "séparent", les individus entre eux, comme elles séparent la nature spirituelle et la nature terrestre de chaque être;
Alors que la "spiritualité" digne de ce nom, est là pour réunir, rassembler, réaliser l'unité de toutes choses, de "soi" et de l'univers", de l'esprit et du monde
Aldous

ardjopa a écrit :
Dire cela c'est ne pas savoir qu'au contraire cette "intelligence supérieure" nous demande d'être responsable de sa création, Dieu nous invite à participer à sa création.
Plutôt qu'idôlatrie je dirais adoration, sensibilité à ce qui (le mystère de l'être) nous dépasse!
De ce que j'en sais,...
C'est ça le problème, tu restes bloqué à ce que t'en sais sans approfondir le positif des religions à travers l'Histoire, leur rapport nécessaire ou conflictuel au pouvoir, à la science, à la philosophie, à la morale, etc, etc... C'est bien connu on ne parle jamais des trains qui arrivent à l'heure. C'est vraiment un "ce que j'en sais" trés étriqué!

Tu peux toujours supprimer Dieu et les religions c'est pas pour cela que les gens seront exempts de sanctions et de récompenses de leurs actes, qu'ils vivront sans culpabilité, sans conflits, etc, etc... :roll: Les choses ne sont pas si simples et si binaires que de la façon dont ce que t'en sais...
ardjopa

"Ce que j'en sais", c'est aussi "mon avis", et mon "intuition" ou expérience personnelle (quelquesoit sa portée);
L'intuition de "l'unité absolue" de toutes choses, au-delà des divergences et multiplicités;
L'expérience aussi qu'on ne peut "enfermer un esprit ou l'esprit" derrière les murs d'une église, d'une religion, d'une institution;
Tu considères "new age" des gens qui préfèrent voir l'unité, ou les correspondances entre des religions, des valeurs universelles, des choses du monde, plutot que ceux qui se cantonnent derrière les murs de leur religion, et ceux qui voient Jesus ou Bouddha plus comme des "frères" universels, parmi d'autres, plutot que comme des "pères uniques sur leur trône"; Chacun ses choix, je respecte le tien, dans le respect des amerindiens ;-)
Aldous

ardjopa a écrit :"Tu considères "new age" des gens qui préfèrent voir l'unité, ou les correspondances entre des religions, des valeurs universelles, des choses du monde, plutot que ceux qui se cantonnent derrière les murs de leur religion,
C'est là ton erreur tu ne vois que ceux qui sont dans des religions officielles comme quasi des monstres incapables de penser par eux-mêmes, incapables d'échanges, de partages, de fraternité etc et planqués derrière les murs de leur religion.

Tu ne vois pas que tu es tout aussi planqué derrière tes murs de ta non-religion et tu ressors toujours le même discours dès que quelqu'un écrit quatre lignes sur son point de vue d'aprés sa religion!
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yudo
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En fait, ce que je sais des religions monothéistes, c'est que leur intransigeance devient toujours, dès qu'elles en ont les moyens politiques, de la persécution. Quelqu'un mentionnait le suicide par le feu de moines vietnamiens pendant la Guerre du Vietnam, en soutenant, (ce qui est la croyance de la majorité des gens) qu'il s'agissait de protester contre la guerre. Or, il s'agissait de protester contre la persécution dont le régime catholique de Ngo Dinh Diem faisait usage contre la majorité bouddhiste. Oui, même en minorité, sitôt qu'ils ont le pouvoir, les chrétiens passent à l'attaque.
Et je me souviens assez de mon catéchisme pour savoir que les prétentions d'Aldous sont absolument non-fondées en théologie. Mais, et c'est bien là où je veux en venir, si je ne nie pas l'existence du dieu Jésus, dieu du sacrifice de soi au bénéfice des autres, ni de la déesse Notre-Dame de la Merci, déesse de l'empathie, je nie leur existence réelle, "charnelle", dans un plan différent du nôtre. S'ils existent, c'est en tant que personnification de qualités qui sont en nous et qu'il ne tient qu'à nous de faire remonter à la surface.
En fait, ce qui m'indigne le plus chez Aldous, ce n'est pas qu'il pense ce qu'il pense. C'est qu'il vienne nous l'infliger ici dans une veine missionnaire que toute l'histoire du Christianisme nous montre à l'oeuvre même dans les pires circonstances. Et je rappelle que cette histoire comprend d'innombrables autodafés de livres.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
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