La dévotion aux poils du Bouddha

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tirru...
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Lu sur un blog :)
La dévotion aux poils du Bouddha m'agace. Mais pour peu que j'évoque la société que le Bouddha tentait de convertir, un monde où le rituel et le système des castes commandaient toute vie, j'oubliais les dents, les os, les poils de Gautama, pour ne me rappeler qu'une chose : grâce à lui des brahmanes .. devinrent de simples moines qui frayaient sans scrupule avec des artisans, des cultivateurs, des blanchisseurs, des vidangeurs. Je me rappelais un texte de M. André Barreau .. "Ce n'est ni au brahmane, ni au noble, ni au bourgeois, ni à l'esclave qu'il s'adresse, mais à l'homme dépouillé de sa défroque sociale .. Le bouddhisme fut en effet sans doute la première doctrine à concevoir clairement et à soutenir l'idée de la responsabilité consciente et individuelle .. Voilà la raison profonde de l'universalisme bouddhique, qui transparaît si bien dans l'extrême diversité des conditions sociales de ses premiers adhérents."

Oui, je me sentais enclin à contresigner Nietzsche : "Le bouddhisme est cent fois plus réaliste que le christianisme. Il a accepté la responsabilité de poser les problèmes d'une manière objective et calme. Il a vu le jour après un développement philosophique de quelque cent ans. Aussitôt que l'idée de Dieu apparaît, elle a déjà rendu l'âme. Il n'y a pas de prière, non plus que d'ascétisme, pas d'impératif catégorique, enfin pas de contrainte, même pas de communauté claustrale. C'est pourquoi le bouddhisme n'incite point à faire la guerre aux autres religions. C'est justement contre les sentiments de revanche, d'animosité et de ressentiment que l'enseignement bouddhique s'oppose d'une manière vraiment impressionnante." Il y aurait là-dessus beaucoup à redire .. mais je comprends que Lévi-Strauss ait subi la tentation. Moi aussi, je la connus." (172,3)  

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axiste
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C'est au poil..
C'est justement contre les sentiments de revanche, d'animosité et de ressentiment que l'enseignement bouddhique s'oppose d'une manière vraiment impressionnante.
<<metta>>
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Katly

Bien des choses intéressantes à lire dans ce lien comme :



"Ce n'est ni au brahmane, ni au noble, ni au bourgeois, ni à l'esclave qu'il s'adresse, mais à l'homme dépouillé de sa défroque sociale .. Le bouddhisme fut en effet sans doute la première doctrine à concevoir clairement et à soutenir l'idée de la responsabilité consciente et individuelle .. Voilà la raison profonde de l'universalisme bouddhique, qui transparaît si bien dans l'extrême diversité des conditions sociales de ses premiers adhérents."

...

C'est justement contre les sentiments de revanche, d'animosité et de ressentiment que l'enseignement bouddhique s'oppose d'une manière vraiment impressionnante."

...

Mais ce qui m'importe ici, c'est que de même qu'il existe une parole du Christ, .. de Marx qui ne sont pas réductibles au catholicisme ou au marxisme, il existe une parole du Bouddha qui n'est pas réductible au bouddhisme. C'est à dire de paroles qui ne sont pas réductibles aux principes d'institution d'une idéologie, les fameux "bâtons merdeux".

...

"Le Bouddhisme n’est pas une croyance au sens traditionnel du terme ; c’est un mode de vie, Le Bouddhisme une manière de se comporter vis-à-vis des choses, des personnes et des événements, en actes, paroles et pensées, une hygiène mentale radicale conduisant non pas une « adaptation » au monde ou à un refus du monde mais à une transcendance de celui-ci. Il n’impose pas de suivre aveuglément une série de propositions dogmatiques mais invite à « voir », constater et comprendre par l’expérience personnelle afin d’agir armé d’une sagesse toujours plus profonde.

...

Cette sagesse est la vision directe dans la véritable nature de tout ce qui existe : impermanence, insatisfaction et vide de réelle substance, seule cette sagesse nous permet d’aller jusqu’au bout dans l’implication de ces trois caractéristiques. Elle conduit au détachement et au renoncement à toute idée de « moi », et permet de détruire les racines de toute souffrance : haine, convoitise et illusion. .."


Edit : paragraphe cité deux fois.
Dernière modification par Katly le 23 avril 2013, 13:39, modifié 1 fois.
Dhammadanam

Dans l'ensemble les propos de ce monsieur me paraissent juste et j'y vois un message de mise en garde quant à une idôlatrie excessive et folklorique du Bienheureux ainsi que d'une trop grande rigidité dans l'appréhension et la structure même de l'enseignement du Dhamma cependant ...
"Le Bouddhisme n’est pas une croyance au sens traditionnel du terme ; c’est un mode de vie, Le Bouddhisme une manière de se comporter vis-à-vis des choses, des personnes et des événements, en actes, paroles et pensées, une hygiène mentale radicale conduisant non pas une « adaptation » au monde ou à un refus du monde mais à une transcendance de celui-ci. Il n’impose pas de suivre aveuglément une série de propositions dogmatiques mais invite à « voir », constater et comprendre par l’expérience personnelle afin d’agir armé d’une sagesse toujours plus profonde.
Le bouddhisme n'est pas une croyance/dogme figé dans le temps et l'espace au même titre que peuvent l'être d'autre religions. Mais je pense que l'auteur ne mesure pas nécessairement l'impact de sa première phrase: un mode de vie. Un mode de vie est souple, libertaire, on le façonne en fonction de ses désirs et envies. Hors le buddhadhamma c'est une structure définie, une croyance dans un but précis qu'est nibbana, des règles qui régissent l'univers (samsara/kamma...). Considérer le buddhadhamma comme un simple mode de vie, c'est ouvrir la boîte de pandore et offrir à une trop grande majorité de nouveaux sur le sentier de se dire " je fais ce que je veux, le Bouddha a dit que je devais découvrir par moi même".

Non il y'a un certains nombres de préceptes certes non obligatoires mais qui sont la seule issue de l'Eveil et de la libération au sens bouddhiste du terme. Donc certes vous n'êtes pas obligé de pratiquer l'Octuple Noble Sentier mais vous n'atteindrez jamais Nibbana sans le parcourir, c'est un fait. S'il suffisait de voir en soit même et suivre ses propres instincts ou intuitions, on seraient toujours dans la même panade. Ceci rejoins l'avis de Bhikkhu Bodhi concernant le kalama sutta et la vue biaisée que l'on a du principe "d'expérimenter soit même".

Oui le bouddhisme permet d'appréhender différemment le monde qui nous entoure, la vérité conventionnelle mais derrière se cache une vérité ultime. Sans un minimum de foi et de croyance fondée sur l'expérience du Bienheureux, nous ne sommes que des aveugles.
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cgigi2
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Dhammadana a écrit : Oui le bouddhisme permet d'appréhender différemment le monde qui nous entoure, la vérité conventionnelle mais derrière se cache une vérité ultime. Sans un minimum de foi et de croyance fondée sur l'expérience du Bienheureux, nous ne sommes que des aveugles.

Ce n'est pas a proprement parler le Bouddhisme qui nous permet de contacter cette vérité ultime, mais bien le Dhamma,et le Bienheureux a bien spécifier, ne croyez pas en moi, ne croyez pas en ce que je dis mais expérimenter,
ayez foi en Cela, et non croyez en moi ou en ma parole,
Cette vérité ultime est en chacun de nous
Et c'est par la méditation
que nous allons
au précieux rendez-vous du Dhamma
Ici et maintenant
Avec metta
Gigi
Ici et Maintenant pleine attention à la pleine conscience
Dhammadanam

cgigi2 a écrit :Dhamadama dit:

Oui le bouddhisme permet d'appréhender différemment le monde qui nous entoure, la vérité conventionnelle mais derrière se cache une vérité ultime. Sans un minimum de foi et de croyance fondée sur l'expérience du Bienheureux, nous ne sommes que des aveugles.

Gigi dit:
Ce n'est pas a proprement parler le Bouddhisme qui nous permet de contacter cette vérité ultime, mais bien le Dhamma,et le Bienheureux a bien spécifier, ne croyez pas en moi, ne croyez pas en ce que je dis mais expérimenter,
ayez foi en Cela, et non croyez en moi ou en ma parole,
Cette vérité ultime est en chacun de nous
Et c'est par la méditation
que nous allons
au précieux rendez-vous du Dhamma
Ici et maintenant
Avec metta
Gigi
Je ne suis pas d'accord et je vais tenter d'étayer ma pensée car me semble il, on utilise à tord le Kalama Sutta et l'idée général qu'il faille se fier uniquement à sa propre expérience et rejeter la croyance dans la parole du Bouddha.
« Kalamas, ne vous laissez pas guider par ce que vous avez entendu dire ni par les traditions. Ne vous laissez pas guider par l'autorité des textes religieux, ni par la simple logique ou les allégations, ni par les apparences, ni par la spéculation sur des opinions, ni par des vraisemblances probables, ni par la pensée : ‘Ce religieux est notre maître spirituel’. « Cependant, lorsque vous savez par vous-mêmes que certaines choses ne sont pas justes, qu‘elles sont blâmables, condamnées par les sages et que, lorsqu'on les met en pratique, elles conduisent au mal et au malheur, abandonnez-les !
Dans un premier temps, définissons ce qu'est ce que le Dhamma ?
Dharma, (transcription depuis le sanskrit: धर्म), ou dhamma (depuis le pali: धम्म), est un terme polymorphe et important dans les philosophies et religions indiennes. Selon le contexte, la définition diffère et recouvre une grande variété des sens théoriquement dérivés de la racine dhar, porter, soutenir :
- ferme, établi ;
- loi naturelle
- substance, essence, caractéristique, vérité, réalité
- vertu, religion, enseignement, doctrine ;
- phénomène, fait de conscience et même atome
De façon générale, dharma désigne donc l'ensemble des normes et lois, sociales, politiques, familiales, personnelles, ou naturelles.


Maintenant que dit le kalama sutta dans son essence ? Je m'appuie sur le commentaire (extraits) du Vénérable Bhikkhu Bodhi. S'il subsiste quelques erreurs de grammaires/synthaxe ne m'en tenez pas rigueur, j'affine cette traduction.
Maintenant ce passage, comme tout ce que le Bouddha a prononcé, a été dicté dans un contexte spécifique avec un public particulier et doit donc être compris en rapport à ce contexte. Les Kalamas, les citoyens de la ville de Kesaputta, étaient visités par des enseignants religieux aux points de vue divergents, chacun d'eux prônant ses propres doctrines et balayant les doctrines de leurs prédécesseurs. Cela laissaient perplexes les Kalamas, et donc lorsque «Gotama le solitaire», réputé pour être un Eveillé, arriva dans leur ville, s'approchèrent de lui dans l'espoir qu'il pourrait être en mesure de dissiper la confusion. Dès le développement ultérieur de ce sutta, il est clair que les questions qui laissent perplexes les kalamas ont attrait à la réalité de la renaissance et de la rétribution karmique pour bonnes et mauvaises actions.

Le Bouddha commence en assurant les Kalamas que dans de telles circonstances, il est approprié d'émettre le doute car cela encourage le libre examen. Ensuite, il cite le passage ci-dessus, en conseillant les Kalamas d'abandonner les choses qu'ils savent d'eux-mêmes être mauvais et d'entreprendre les choses qu'ils savent être bonnes pour eux-mêmes . Ce conseil peut être dangereux si il est donnée à ceux dont l'éthique est peu développée, et nous pouvons donc supposer que le Bouddha considérait les Kalamas comme des gens à la morale affinée. En tout cas, il ne les abandonna pas à leur sort, mais les encouragea à s'interrogeant sur leurs conduites et constater que la cupidité, la haine et l'illusion, étaient de nature à nuire à soi et aux autres, que ces conduites devaient être abandonnées, et leurs contraires, bénéfiques pour tous, devaient être développées.
Maintenant, le Kalama sutta propose qu'un adepte de la voie bouddhiste puisse se passer de toute foi et de la doctrine, qu'il fasse de sa propre expérience personnelle le critère pour juger les paroles du Bouddha et de rejeter ce qui ne peut être concilié avec lui même ? Il est vrai que le Bouddha ne demande pas aux Kalamas d'accepter tout ce qu'il dit , mais notons un point important: les Kalamas, au début du discours, ne sont pas les disciples du Bouddha. Ils s'approchèrent de lui que comme un conseiller qui pourrait les aider à dissiper leurs doutes, mais ils ne sont pas venus à lui comme le Tathagata, qui pourrait leur montrer le chemin du progrès spirituel et de la libération finale.

Ainsi, parce que les Kalamas n'était pas encore venu à accepter le Bouddha comme le révélateur de la vérité libératrice, il n'aurait pas été de rigueur d'exposer le Dhamma comme son propre remède tels que les Quatre Nobles Vérités, les trois caractéristiques et les méthodes de contemplation. Ces enseignements sont spécifiquement destinés à ceux qui ont accepté le Bouddha comme leur guide et dans les suttas il les expose seulement à ceux qui «ont acquis la foi dans le Tathagata" et qui possèdent le recul nécessaire pour les comprendre et les appliquer. Les Kalamas cependant, au début du discours n'ont pas encore le terreau fertile pour le Bouddha de semer les graines de son message libérateur. Toujours confus par les revendications conflictuelles qui lui ont étés exposés, ils ne sont pas encore clairement sur la même voie
En réaction à la religion dogmatique et la soumission au paradigme du savoir scientifique, il est devenu systématique en faisant appel au Kalama Sutta que l'enseignement du Bouddha demande de renoncer à la foi et la doctrine et d'accepter uniquement ce nous pouvons vérifier personnellement. Cette interprétation du sutta oublie que le conseil donné aux Kalamas était subordonnée à la condition qu'ils n'étaient pas encore prêts à remettre leur foi en le Bouddha et sa doctrine, il oublie aussi que le sutta omet, pour cette même raison , toute mention à la vue juste et à la perspective qui s'ouvre quand on acquiert la vue juste. Il propose plutôt un conseil raisonnable sur une vie saine lorsque la question des convictions est mis entre parenthèses.
Je pense qu'il faille bien se garder de prôner l'auto libération comme ultime réalité et rejeter toute foi ou croyance dans la parole du Bienheureux. Bien évidemment il ne faut pas idolâtrer l'homme et son discours au point d'en faire un gourou mystique dont la seule écoute du discours permettrait de se libérer. Seul le buddhadhamma peut nous libérer du samsara, il est une vérité qui existait avant le Bouddha Sakyamuni que les précédents Bouddha on découvert. Cette vérité le Bienheureux l'a mise en forme et nous l'a offert, on l'appelle Bouddhisme. Je ne remets pas en cause le principe de "véritable nature", mais il ne suffit pas de méditer et à contrario d'écouter le buddhadhamma, c'est un juste équilibre basé d'une part sur la foi (saddha) et la pratique du Noble Octuple Sentier (Ariyo atthangiko maggo). Si l'on ne suit pas le Noble Octuple Sentier on ne se libère pas, hors c'est la ou le bât blesse: le Bienheureux ne nous a jamais obligé à pratiquer la noble discipline et les 5/10 préceptes en sont la preuve mais si l'on ne suit pas cette discipline point d'Eveil.

Donc oui le buddhadhamma est bien un dogme, structuré selon un cheminement défini (par rapport et en calque de la propre expérience libératrice du Bouddha)
qui demande de suivre une voie définie.

Ceci est en tout cas ma vision de ce qu'est le bouddhisme en lien avec ma propre expérience et celle du Bienheureux.
lausm

Regarde donc ce qu'il a dit concernant le mode de vie:

"Le Bouddhisme n’est pas une croyance au sens traditionnel du terme ; c’est un mode de vie, Le Bouddhisme une manière de se comporter vis-à-vis des choses, des personnes et des événements, en actes, paroles et pensées, une hygiène mentale radicale conduisant non pas une « adaptation » au monde ou à un refus du monde mais à une transcendance de celui-ci.

Quand il parle d'une hygiène de vie, il ne parle donc pas d'un mode de vie licencieux, débridé et sans structure, ni de son inverse ultra rigide, ni meme a quelque chose entre les deux, mais d'une façon d'etre dans le monde, conscient.
Il ne dit donc pas comme tu le dis que tout est permis et qu'on fait ce qu'on veut.
PAr contre il ne donne aucune réponse sur ce que c'est : ce serait trop facile, on penserait a notre place, et on n'aurait plus a s'entrainer quotidiennement a exercer notre conscience dans les circonstances de vie qui impliquent qu'on choisisse notre chemin.
C'est pour cela que je pense que l'éveil, le Nirvana, ne dépend meme pas de règles. Quand le Nirvana est connu, les règles n'ont aucune utilités pour qui n'en a plus besoin.

Car quand on a construit une maison, on retire l'échafaudage.
Dhammadanam

lausm a écrit :
Quand il parle d'une hygiène de vie, il ne parle donc pas d'un mode de vie licencieux, débridé et sans structure
Ca tombien bien moi non plus. Je dis simplement que le buddhadhamma ce n'est pas qu'un mode de vie, une hygiène saine mais bien plus que ça et que la simplification à l'extrême risque de plonger les gens dans une vue eronnée du bouddhisme.
lausm a écrit :C'est pour cela que je pense que l'éveil, le Nirvana, ne dépend meme pas de règles. Quand le Nirvana est connu, les règles n'ont aucune utilités pour qui n'en a plus besoin.
C'est bien beau tout ça ... mais nibbana ca tombe pas du ciel comme le saint esprit sur la tronche des apôtres :mrgreen:

Il y'a un cheminement codifié, structuré qui s'appelle le buddhadhamma que le Bouddha a enseigné dans ce but: suivre ce sentier (teinté d'introspection) afin de connaitre la paix suprème. Règle n'est pas synonyme de rigidité et de croyance aveugle ...

Mais sans règles - le chaos.

:D
lausm

Je n'ai pas dit qu'il ne doive pas y avoir de règles.
Par contre, si l'on reste dépendant des règles, il n'y a pas vraiment libération : on est toujours prisonnier de ce qui est censé nous rendre libre.
Comme je l'ai déja écrit : quand on a fini de construire une maison, on n'a plus besoin de l'échafaudage.
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cgigi2
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Il n'y a pas de religion

Buddhadasa Bhikkhu


Traduit par Hervé Panchaud

http://www.dhammadelaforet.org/



« Menez toutes vos activités avec un esprit libre de la notion de « moi »
Et offrez tous les fruits de votre travail à la vacuité.
Nourrissez-vous de la vacuité comme le font les Eveillés,
Ainsi vous serez mort à vous-même depuis le commencement. »

Buddhadasa Bhikkhu

Suan Ubon Foundation, Bangkok, le 27 janvier 1967.


Extrait


Bien que nous nous désignions en tant que bouddhistes et que nous professions le bouddhisme, nous n'avons pas une claire connaissance de la vérité du bouddhisme parce que nous n'avons approché qu'une infime partie de ce que nous appelons le bouddhisme. Que nous soyons moines, nonnes, novices ou fidèles laïcs, nous ne sommes conscients que de l'écorce, de l'apparence extérieure qui nous fait penser que notre religion est différente des autres religions. Parce que nous ne sommes pas encore parvenus à une compréhension claire de notre propre vérité, nous dénigrons les autres religions pour mieux exalter la nôtre. Nous pensons que nous formons un groupe spécial, tandis que les autres sont différents, des étrangers. Nous croyons qu’ils ont tort et que nous seuls avons raison, que nous avons quelque chose en plus, que nous avons reçu un appel spécial, et que, nous seuls détenons la vérité et suivons le chemin vers le salut. Beaucoup de telles croyances nous aveuglent. Elles nous montrent que nous sommes encore ignorants, voire même, que nous sommes bien limités, comme les bébés qui ne connaissent rien d'autre que leur ventre. Demandez à un jeune enfant de prendre un bain et de se savonner pour bien se laver : il ne frottera que son ventre. Il ne saura pas se laver partout, il ne pensera pas à se laver derrière les oreilles ou entre les orteils et bien d'autres parties du corps. Il ne fera que se frotter énergiquement le ventre.
De la même manière, beaucoup d'adeptes du bouddhisme n'en connaissent qu'une infime partie, comme la façon de prendre et d'obtenir. Même quand ils font de bonnes actions, comme soutenir les monastères et les moines, ou observer les préceptes, leur seul objectif est d'obtenir quelque chose. Ils désirent même obtenir davantage en retour qu'ils n'ont donné. Quand elles font des offrandes, certaines personnes espèrent recevoir en retour dix fois ce qu'elles ont donné, d'autres en attendent cent fois plus ou même mille fois plus et davantage encore. Dans ce cas-là, mieux vaut dire que ces personnes n'ont absolument rien compris car elles savent seulement comment prendre et comment obtenir. Cela n'a rien à voir avec le bouddhisme – c’est la religion de la possession et de l'accaparement. Si ces gens ne peuvent obtenir quelque chose ou s'en accaparer, ils se sentent frustrés et ils en souffrent. Le véritable bouddhisme, c'est savoir comment obtenir sans obtenir et comment prendre sans prendre, afin qu'il n'y ait pas la moindre frustration, ni la moindre souffrance.
Ceci doit être souvent répété de manière à faire connaître à tous le cœur véritable du bouddhisme: le non-attachement. Le bouddhisme, c’est ne pas chercher à prendre et à garder quelque chose, ne s’attacher à rien, pas même à la religion, jusqu’à parvenir à voir que, en définitive, il n'y a pas de religion, il n'y a pas de bouddhisme. Cela signifie, pour parler le langage de la vérité ultime, qu'il n'y a pas de Bouddha, pas de Dhamma, pas de Sangha – ce Triple Joyau bien-aimé considéré par la plupart des bouddhistes comme la base de leur foi. Il faut cependant reconnaître que, si nous parlons ce langage, nous ne serons pas compris des gens et ils pourraient même être scandalisés et effrayés.
Ceux qui ont une compréhension juste voient que le Bouddha, le Dhamma et le Sangha sont une seule et même chose, à savoir, le Dhamma tout simplement ; ou, autrement exprimé, la Nature elle-même. Ils ne ressentent pas en eux le désir compulsif de saisir et de s'accrocher aux choses en tant que personnes et individus. Tout est impersonnel, c'est-à-dire, tout est Dhamma ou Nature à l'état pur, peu importe le nom que vous lui donnez. Mais nous n'osons pas formuler une telle pensée. Nous avons peur de penser qu'il n'y a pas de religion, qu'il n'y a pas de Bouddha, de Dhamma ou de Sangha. Même si les gens étaient instruits de la sorte ou contraints à penser de la sorte, ils ne pourraient toujours pas comprendre. De fait, ils auraient une compréhension complètement déformée de leurs propres pensées et réagiraient à l’inverse du but recherché.

http://www.dhammadelaforet.org/sommaire ... igion.html

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Gigi
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