Il n'y a pas de religion par Buddhadasa Bhikkhu

Compagnon

@Davi : sacrée question... en fait il y a une parabole zen que j'ai lu il y a quelques temps qui pourrait peut être illustrer la chose, un cas particulier ou un maître zen est délibérément insultant vis à vis de son disciple, mais dans un but pédagogique.

Je peux reproduire le texte anglais et la version française (traduite par mes soins il y a quelques temps), mais c'est une parabole zen donc je ne sais pas si je la mets ici comme réponse à ta question ou dans la section consacrée au zen, il y a un topic parabole dans mon souvenir, je l'ai peut être initié d'ailleurs il faudrait vérifier. J'aime bien les parabole zen, elle peuvent parfois enseigner beaucoup en peu de ligne et en étant drôles ou percutantes mais pleines de sagesse.

Cela me changera les idées, je suis encore retombé sur un texte ou Mr Éric Rommeluère doit, comme Mr Cornu, essayer de contrer si cela est possible les effets du livre et des articles de Mme Daspance. Et toute cette polémique me peine. Sincèrement.

Donc dis moi ou je peux poster la parabole dont je parle ?
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davi
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Je pense que tu peux la mettre dans ce fil puisque c'est une réponse à une question concernant un passage du texte en introduction.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

http://www.ic.sunysb.edu/Clubs/buddhism/story/

Worse than a clown

There was a young monk in China who was a very serious practitioner of the Dharma.

Once, this monk came across something he did not understand, so he went to ask the master. When the master heard the question, he started laughing loudly. The master then stood up and walked away, still laughing.

The young monk was very disturbed by the master's reaction. For the next 3 days, he could not eat, sleep nor think properly. At the end of 3 days, he went back to the master and told the master how disturbed he had felt.

When the master heard this, he said, "Monk, do you know what your problem is? Your problem is that YOU ARE WORSE THAN A CLOWN!"

The monk was shocked to hear that, "Venerable Sir, how can you say such a thing?! How can I be worse than a clown?"

The master explained, "A clown enjoys seeing people laugh at him. You? You feel disturbed because another person laughed at you. Tell me, are you not worse than a clown?"

When the monk heard this, he began to laugh. He was enlightened.


Traduction :


Pire qu'un clown

Il y avait en Chine un jeune moine qui état un pratiquant assidu du Dharma.

Un jour, ce moine tomba sur quelque chose qu'il ne comprit pas, c'est pourquoi il se rendit auprès de son maître pour le questionner. Quand le maître eut entendu la question, il se mit à rire bruyamment. Puis le maître se mit debout et s'éloigna en riant toujours.

Le jeune moine fut très perturbé par la réaction du maître. Les 3 jours suivants, il ne fut pas en mesure de manger, de dormir ni de réfléchir correctement. A la fin des 3 jours, il retourna voir son maître et lui dit à quel point il se sentait troublé.

Quand le maître eu entendu cela il dit :

« Moine, savez vous quel est votre problème ?
Votre problème c'est que vous êtes pire qu'un clown ! »


Le moine fut choqué d'entendre cela :

« Vénérable, comment pouvez-vous dire une chose pareille ? Comment puis-je être pire qu'un clown ? »

Le Maître expliqua alors :

« Un clown se réjouis de voir les gens rire de lui. Vous ? Vous vous sentez troublé parce qu'une autre personne rit de vous. Dites-moi, n'êtes vous pas pire qu'un clown ? »

Quand le moine entendit cela, il commença à rire.

Il avait été éclairé !



Je vois au moins 2 ou 3 leçons que le maître a pu chercher à faire passer au disciple en même temps. Et il l'a insulter sciemment, il l'a vexé pour provoquer quelque chose. Ce qui est dans le style d'un certain bouddhisme zen qui cherche à provoquer l'Eveil brutalement par quelque chose de déstabilisant. Insulter pédagogiquement ? Le maître n'avait nullement l'intention de blesser, mais de provoquer une prise de conscience, c'est pourquoi l'insulte n'était qu'un moyen. Et elle n'a pas fait durablement de tort au disciple, au contraire.
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davi
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Il est pire qu'un clown... :mrgreen: Très bonne parabole... :D
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

J'en ai une autre dont le titre est "tout un programme" : "un tas de merde séchée". Mais elle parle de la façon de réagir face à l'insulte et on s'éloigne peut être un peu plus en core du sujet initial du topic qui était plutôt sur l'union de tous les dharmas.
C'est marrant comme les paraboles zen sont régulièrement scato.

Tiens, un autre texte Théravédin en rapport avec le topic :

Par Satya Narayan Goenka professeur de méditation Vipassana dans la tradition de Sayagyi U Ba Khin, de Birmanie.

Bien que d'origine indienne, S. N. Goenka est né et a grandi en Birmanie. C'est là qu'il entre en contact avec son maître Sayagyi U Ba Khin, et apprend de lui la technique de Vipassana. Après avoir étudié avec son professeur pendant quatorze ans, Goenka retourne en Inde et commence à enseigner en 1969. Dans un pays encore divisé par les castes et les religions, ses cours ont attiré des milliers de personnes de toutes les composantes de la société.

En 1982, il commence à nommer des assistants-enseignants pour l'aider à faire face à la demande croissante de cours. Sous sa conduite, des centres de méditation sont établis en Inde, aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en France, en Belgique, au Royaume-Uni, en Suisse, au Japon, au Sri Lanka, en Thaïlande, au Cambodge, en Birmanie, au Népal, en Israël, à Taïwan et dans d'autres pays.

La technique que Goenka enseigne rappelle les enseignements du bouddhisme theravada mais insiste largement sur son universalité.

Buddhaline :

Le bouddhisme est-il une religion ?

S.N. Goenka, est ici interviewé par Helen Tworkow dans le magazine américain Tricyle lors du Sommet Mondial pour la Paix qui s’est tenu aux Nations-Unies cet automne (année 2000).

Il y a un mot que j’évite d’employer depuis maintenant 31 ans, c’est le mot « bouddhisme », et un autre que je n’emploie jamais en référence à l’enseignement du Bouddha ; il s’agit du mot « religion ». Pour moi le Bouddha n’a jamais établi une religion. Le Bouddha n’a jamais enseigné le bouddhisme. Le Bouddha n’a jamais fait de personne un bouddhiste.

Tout le monde s’accorde à dire que les religions du monde ont ceci en commun : l’observance de la moralité, le contrôle de son esprit et la purification de son mental. C’est le cœur essentiel de chaque religion. Et puis il y a les rites, cérémonies, etc.

Que chacun soit heureux dans l’accomplissement de ses rites et cérémonies, mais que personne n’oublie l’essence ! Si vous oubliez le cœur essentiel et vous proclamez une personne religieuse parce que vous participez à tel ou tel rituel ou cérémonie, vous vous fourvoyez et de plus vous dupez les autres.

Si vous vous dîtes bouddhiste et en restez là, vous êtes un dévot du Bouddha, mais pas un disciple du Bouddha. C’est pas du tout la même chose ! Vous avez une grande dévotion pour le Bouddha ; vous louez le Bouddha, etc., mais vous ne pratiquez pas !

Le vrai disciple du Bouddha est celui qui suit le triple entraînement en éthique, concentration et sagesse (sila, samadhi et prajna). Le fait de vous dire bouddhiste ne fait pas de vous un disciple du Bouddha. Voilà pourquoi je n’utilise pas de mots comme « bouddhiste » ou « bouddhisme ». Le bouddha n’avait rien à voir avec ces « ismes ». Prenez toutes ses paroles consignées dans les textes et commentaires, des milliers de pages ! Nulle part vous ne trouverez le mot « bouddhisme ». Le mot est apparu bien plus tard, et l’enseignement du Bouddha s’en est trouvé déprécié. D’un enseignement universel on a fait un culte, quelque chose de réservé aux bouddhistes, comme l’hindouisme est la religion des hindous et l’islam la religion des musulmans. Le dharma appartient à tous !

jap_8

PS : dites donc je fais bien d'être ouvert à toutes les écoles :) Il y a des types épatants dans le Théravada, deux premier textes de ce courant que je pêche, deux petites bijoux à mes yeux ! XD

Et ! Suis vernis ce soir, je me dis, tiens je vais essayé de ne pas rester sur la mauvaise impression retirer de ma dernière visite sur le site de l'IEB avec l'article sur les objections contre les prises de positions de Me Despance, et là je tombe presque immédiatement sur un article portant sur un commentaire du Sûtra du Coeur par Nan Huaijin ! Ca va faire le 3ème commentaire de ce Sûtra dont je dispose, excellent !
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davi
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Compagnon a écrit : Buddhaline :

Le bouddhisme est-il une religion ?

S.N. Goenka, est ici interviewé par Helen Tworkow dans le magazine américain Tricyle lors du Sommet Mondial pour la Paix qui s’est tenu aux Nations-Unies cet automne (année 2000).

Il y a un mot que j’évite d’employer depuis maintenant 31 ans, c’est le mot « bouddhisme », et un autre que je n’emploie jamais en référence à l’enseignement du Bouddha ; il s’agit du mot « religion ». Pour moi le Bouddha n’a jamais établi une religion. Le Bouddha n’a jamais enseigné le bouddhisme. Le Bouddha n’a jamais fait de personne un bouddhiste.
Je pense qu'on a le droit de qualifier le bouddhisme de religion si l'on estime que pratiquer cette religion permet de se relier à la nature réel de notre esprit. Dans ce cas le bouddhisme peut être vue comme une religion de l'esprit. Tout cela est pure convention de toute façon et l'essentiel comme il est dit plus loin c'est de privilégier le fond à la forme.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

Tout dépend du sens donné au mot "religion". Si on emploi plutôt le sens qu'on lui donne en Occident, cela ne colle pas. En même temps en Orient on pourra utiliser le terme "secte" parce que ce mot n'a pas le connotation péjorative qu'il a acquis en Occident. A l'origine d'ailleurs le christianisme était une secte juive, puis il s'est suffisamment développé pour ne plus pouvoir être qualifié de secte et pour devenir une religion.
Certains dirons que le bouddhisme est une philosophie.
On peut aussi l'appeler tout simplement la méthode proposée par le Bouddha. Ou une pratique spirituelle.
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