Peter Fenner : la libération naturelle

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lausm

Voici un extrait du livre de Peter Fenner, que je recommande fortement, surtout aux amateurs de non dualisme effrenés!!
Il s'agit de "l'esprit lumineux".
Avec lui, pas de détail, on va direct au but....bon, il a pratiqué chez les tibétains, dans le zen, le theravada, autant dire qu'il a quand même exploré à fond la pratique.
En tous cas un instructeur qui peut, je pense, apporter à beaucoup.


"Les approches psycho spirituelles conventionnelles partent du principe que la libération des émotions intenses requiert travail et effort, prise de conscience cognitive profonde, libération cathartique ou une combinaison de tous ces éléments. De telles voies sont construites sur les principes de discipline et de transformation : nous changeons notre comportement, nous purifions notre esprit et transformons notre perception.
L'approche non duelle nous donne la possibilité de nous libérer des pensées et des émotions perturbatrices en ne faisant rien! La tradition non duelle de Dzogchen appelle cela "laisser ce qui est exactement tel quel". Les maîtres Dzogchen dissolvent les perturbations et entrent dans la conscience inconditionnée en laissant les choses telles quelles. Dès qu'elles agissent vraiment de la sorte, les réponses réactives fondent comme neige au soleil ou, comme le disent les textes traditionnels, "comme de la neige tombant sur l'eau chaude de la pure non interférence".
Dans l'approche non-duelle, nous ne considérons pas que certaines expériences sont sublimes et d'autres profanes. Nous ne surimposons rien de plus à notre expérience que celle qu'elle nous donne dans son immédiateté. Nous ne donnons pas à notre expérience plus d'importance qu'elle n'en a, nous ne l'éxagérons pas, nous ne la banalisons pas et ne la dévalorisons pas non plus. Nous n'intervenons ou ne nous immisçons en aucune façon dans notre expérience, nous laissons ce qui est exactement tel quel. Notre expérience est naturelle, simple, non manipulée et sans calcul. Lorsque nous nous relions à la source de notre être, nous sommes intrinsèquement libres, nous nous sentons ouverts et libérés quelles que soient les circonstances extérieures ou intérieures.
Lorsque nous laissons les choses telles quelles, les crispations émotionnelles et les pensées compulsives se dissipent souvent plus rapidement que si nous intervenions ou interférions. Cette capacité à laisser les choses être, sans jugement ou réflexion, est un élément central de l'approche non-duelle.
Nous créons simplement de l'espace autour du problème, nous le laissons suivre son cours et se dissiper de lui-même. C'est ce que dit Longchenpa, le grand yogi dzogchen : "ne conditionnez pas votre mental en essayant de réprimer votre expérience, de la transformer machinalement ou d'appliquer un antidote, laissez plutôt votre mental s'ouvrir naturellement à la condition dans laquelle vous le trouverez. Ceci est l'essence irréfutable de ce qui a un sens ultime." Dans la tradition dzogchen, la dissolution spontanée de ces croyances et des émotions limitatives est appelée "libération naturelle" ou "auto-libération".
tongra

Ah ! Tu lis des choses comme ça ? ;-) T'as pas peur de te faire traiter d'hérétique par les pros du dzogchen !

Pour moi il est l'un de ceux qui font un véritable trait d'union entre nos cultures. Il a su saisir l'essence et la reformuler sans la dénaturer. En live il est redoutable d'efficacité pour t'enrayer les mécanismes mentaux et te mettre en contexte pour un ressenti indubitable de ce qu'est l'Etat Naturel.
Etonnant.
Jean

C'est une expérience qui a été partagée par de nombreux profs ou élèves :

Le prof explique quelque chose. Certains élèves comprennent, d'autres pas.

Parfois un élève qui a compris explique à celui qui n'a pas compris avec d'autres mots ce qu'a dit le prof. Et l'élève qui n'avait pas compris comprend!!!!!!

Facultatif : Et ils se marierent et eurent beaucoup d'enfants...
tongra

La différence ici, c'est qu'avoir compris veut dire être dans la totale incapacité de comprendre. Et si jamais on comprend quelque chose, c'est qu'on est à côté.
ted

tongra a écrit :La différence ici, c'est qu'avoir compris veut dire être dans la totale incapacité de comprendre. Et si jamais on comprend quelque chose, c'est qu'on est à côté.
J'ai le plus grand respect pour ce monsieur, que je ne connais pas.
Mais s'il n'y a rien à comprendre, qu'est ce qu'il fait pendant ses conférences, une transmission ? :roll: :D

Au fait, quels sont les signes qui montrent qu'une personne est dans l'état naturel ?
onmyway

Au fait, quels sont les signes qui montrent qu'une personne est dans l'état naturel ?
C'est simple !

Image
tongra

Exactement, une transmission sans contenu, dans le sens où l'on expérimente que tout savoir, volonté de compréhension sont vains pour appréhender cet espace qui n'est pas sujet à un quelconque conditionnement, au changement, au temps et n'est localisé nulle part.
On y débat pour assécher littéralement toute possibilité de penser à propos de cet "état". Il y a un véritable travail de déconstruction qui finit par s'opérer.

Et les signes sont classiques, nul besoin d'interférer dans le déroulement des évènements, ni modifier, ni ajouter ni soustraire. L'instant est parfait en soi et vu dans une lucidité a-normale. Pas de réaction psychologique particulière et si cela se produit, c'est accueilli sans surajouter une problématique. Les écarts entre réalité de l'instant et les envies se réduisent ou se comblent, etc.
lausm

tongra a écrit :Ah ! Tu lis des choses comme ça ? ;-) T'as pas peur de te faire traiter d'hérétique par les pros du dzogchen !

Pour moi il est l'un de ceux qui font un véritable trait d'union entre nos cultures. Il a su saisir l'essence et la reformuler sans la dénaturer. En live il est redoutable d'efficacité pour t'enrayer les mécanismes mentaux et te mettre en contexte pour un ressenti indubitable de ce qu'est l'Etat Naturel.
Etonnant.
en fait, je le connaissais, car un ami qui pratiquait zazen l'avait interviewé, mais je ne me suis pas intéressé plus que ça au bonhomme.
Et j'ai rencontré récemment quelqu'un qui s'est formé avec lui, et ce que ça donne sur lui m'a convaincu. d'autant plus que c'est quelqu'un qui pratique le zen et le bouddhisme tibétain en parallèle depuis longtemps, et de toute évidence ce que Fenner lui a apporté, c'est de transcender les aspects culturels pour viser au but premier de ces voies : expérimenter la réalité telle qu'elle est, et ce sans s'opposer à quoi que ce soit, ni rien forcer.
Je me suis retrouvé avec quelqu'un qui faisait tomber toutes mes certitudes, mais sans que ça ne fasse souffrir le moins du monde, bien au contraire pour plus de liberté.
Je ressens vraiment ce truc de trait d'union que tu dis, et je partage tout ton avis.
Quand à me faire traiter d"hérétique par les tenants du dzogchen, m'en fous, je viens du zen....mais du coup je m'intéresse au dzogchen!...
et puis, un gars comme Bruce Harris, a pratiqué le zen, et le dzogchen, et ne semble pas opposer l'un à l'autre.

Et puis si on est un pro du dzogchen ou du zen, quelle orthodoxie aurait-on encore à devoir défendre contre quelle hérésie??
je croyais que les pros du dzogchen se caractérisent par le fait qu'on n'en voit aucune trace extérieure??
C'est un peu la même chose dans le zen : effacer ses traces et obscurcir sa lumière!
onmyway

Même si ma pratique est "free style" (comme le pseudo ici !), je "connais" le dzogchen (au moins le sujet, pour la réalisation c'est autre chose) depuis longtemps, plusieurs années; A une époque où j'ai commencé à m'interesser au bouddhisme, mais pas que; J'avais lu un bouquin du Dalai lama (sur le bouddhisme en general et tibetain en particulier) où il parlait de la "grande perfection", un véhicule qui transcende tous les autres; D'où le bouquin de Longchenpa et le dzogchen peu après !
Mais j'avais déjà vu des similitudes d'enseignements chez d'autres, même si certains n'aiment pas "voir ailleurs" hors bouddhisme, chez Ramana maharshi entre autre; Qui avait deux "niveaux d'enseignements", un relatif et un absolu, un progressif et un immédiat, un qui s'adressait à ceux qui ont des difficultés (dhyana, sadhanas, vichara, tapas... soit méditation, investigation ... , efforts, transcender les obstacles pour réaliser la vérité) et un qui s'adressait à ceux qui pouvait comprendre de suite, et réaliser sans aucune pratique ("soyez simplement ce que vous êtes", aucun effort pour être ce que l'on est, "restez tranquille", "rien à faire, "tout est déjà là", vous êtes déjà réalisé)
Ce qui est logique vu que Ramana maharshi enseignait surtout l'advaita vedanta, non dualité aussi
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