Le véritable développement spirituel

lausm

Voilà qui devrait éclairer sur cette question. C'est un extrait du livre "un ermitage dans la neige", de Vickie Mackenzie, qui raconte son ascèse chez les tibétains. Elle décrit une expérience vécue, qui donc met à bas pas mal de mythes, et explique aussi beaucoup de choses très simplement et clairement. C'était une aventurière de son temps.

Elle parle donc des yogis, les Togdens, dont elle dit que ce sont les seuls qui n'ont pas entretenu une différence de considération du fait qu'elle était une femme.
Elle raconte ceci d'après leur témoignage :

"Ils me racontaient qu'au Tibet, lorsqu'ils étaient choisis pour être Togden, on les emmenait dans des grottes et qu'ils étaient tout excités à la pensée qu'ils allaient devenir yogis. Mais pendant les trois premières années on les enjoignait de ne rien faire d'autre que d'observer leur esprit et de pratiquer la bodhicitta, le pur altruisme. Ils ne faisaient que cette profonde méditation pendant trois années d'affilée! Ils disent que c'est au cours de cette période que leur esprit se transformait. Ensuite, les nombreuses autres pratiques qu'ils effectuaient s'appuyaient entièrement sur ce fondement essentiel. Un jour, l'un d'eux me dit : "tu penses que nous, les yogis, nous faisons des pratiques extraordinaire et ésotériques et que, si tu connaissais ces enseignements, tu pourrais soudainement accomplir des exploits. Laisse-moi te dire que tout ce que je fais t'a été enseigné à toi aussi. La seule différence est que je le mets en pratique et que tu ne le fais pas."
........."si quelqu'un te demande ce que tu as réalisé, répond "rien", parce que comparé à la réalisation des bouddhas, ce n'est rien. Et de toute façon, plus tu progresseras, plus tu prendras conscience qu'il n'y a rien à réaliser."

En gros, ce que ça veut dire, c'est que ce qui importe, c'est d'établir une base saine, forte et solide. Avant d'attaquer le reste.
Pour escalader les hauts sommets, faut établir un camp de base bien organisé, bien pourvu....c'est la partie invisible de l'iceberg. Mais sans celle-ci, on risque de ne pas pouvoir accomplir ce genre de choses.
longchen2

Flocon a écrit :C'est quoi, la pratique du Garuda rouge?
Précisément je ne le sais pas ; sinon je crois qu’il s’agit d’une pratique de guérison.

Sinon je suis à fait d’accord avec la "base saine forte et solide" qu’évoque Lausm FleurDeLotus jap_8
D’ailleurs j’avais entendu que si la base n’était pas acquise (ce qui inclut la bodhicitta) le reste n’était pas possible.
Butterfly_tenryu
Dernière modification par longchen2 le 03 mai 2014, 19:40, modifié 1 fois.
Jean

Il y a deux débats dans ce fil

- L'un est le problème du risque de se gonfler la tête, les chevilles, l'ego parce que l'on est Bouddhiste ou que l'on pratique une pratique spéciale, etc

- L'autre c'est le fait d'avoir recours ou pas à une seule pratique.

Dans le vajrayana, on a recours traditionnellement à plusieurs pratiques . Les méditations des sutras, les méditations des tantras avec au départ un certain nombre de répétitions de certaines pratiques, (les 4 x 100.000, les récitations de 10000 à 1000000 fois de mantras), les méditations sur les nadis, lungs, etc et les pratiques de Mahamoudra ou Dzogchen qui sont faites pendant des retraites. Je parle de la voie progressive. Une fois que le pratiquant s'est familiarisé, a intégré ces pratiques, que ces pratiques font partie de lui, libre à lui de pratiquer suivant les circonstances la pratique qui lui semble adéquate.

Dans le Dzogchen de Ch NN. L'important c'est la présence, ensuite il y a les pratiques secondaires mais avec lesquelles il faut aussi s'être familiarisé avant de pouvoir s'en servir suivant la situation.

C'est comme apprendre à conduire une voiture. D'abord savoir comment freiner, puis démarrer, puis passer les vitesses, faire une marche arrière, etc. Sachant faire cela on peut prendre la route ayant appris le dharma de la route.

Il y a le raisonnement . Pratique l'une après l'autre et le raisonnement "imprégnation". L'apprentissage permet l'intégration qui devient imprégnation. La situation détermine la pratique.

On peut raisonner entre être ouvert et être fermé. Pour s'ouvrir on peut faire un tour de pâté de maison en faisant de profondes respirations, et avec le ressenti correspondant, en récitant un mantra, en récitant les 4 incommensurables, en priant ou en étant assis sur son coussin de méditation et en se laissant faire par l'immobilité de la posture.

Si on est ouvert et plus précisément, plus on a le coeur ouvert, plus on se rapproche de son coeur d'enfant, plus on se rapproche de sa nature de Bouddha. Tous les ouvre boites sont bons à prendre. Il a le changement de conscience dans l'instant présent, il y a l'habitude de ce changement qui s'installe peu à peu, il y a l'imprégnation qui fait que ce changement d'état de conscience fait de plus en plus partie de soi. La pratique spécifique n'est pas si importante que cela, c'est le changement d'état de conscience produit qui est important. Il peut être produit par différentes pratiques du corps, de la parole, du coeur, de l'énergie, de l'esprit.

Inversement si on éprouve un sentiment de joie on peut l'accentuer en chantant "Il y de la joie" ou "Happy" ou "Haré Krishna" ou un mantra pour partager cette joie avec tous les êtres ou pour remercier les Bouddhas, ou on peut réciter les 4 incommensurables ou on peut se recueillir, se reposer, méditer sur ce ressenti de joie.

Dans le judo, on peut avoir une prise "favorite", "spéciale" que l'on a travaillé des centaines, des milliers de fois. mais en compétition, il faut pouvoir la placer. Si on travaillé peut être un peu moins d'autres prises, on peut mieux s'adapter à son adversaire et à la situation. Cependant la judoka ne va pas, en compétition, essayer une prise à laquelle il ne s'est jamais entrainé.

Un moyen habile, une pratique peut être vus comme des outils pour atteindre l'état de conscience illuminée, comme ils peuvent être vus comme l’expression de cet état.

Le mantra OM MANI PADME HUM , Zazen, etc. Des grands Lamas ont réalisé cet état illuminé à travers de nombreuses pratiques pour finir par avoir comme pratique principale le mantra OM MANI PADME HUM que tout nomade illettré connait et pratique. Cf le texte de Patrul Rinpoché : "Le Trésor du coeur des évéillés".

La simple prosternation peut être vue comme une prise de Refuge de quelqu'un qui rentre dans le Bouddhisme comme elle peut être vue comme une activité de Bouddha : "Le Bouddha qui se prosterne devant le Bouddha", "l'univers qui se prosterne devant l'univers"
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Flocon
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Longchen, merci de ta réponse. J'aime beaucoup le tangka que tu as posté, même sans connaître la pratique qui lui est liée. L'art tibétain en général est puissant et surprenant. :)
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Jean

Un maître? Plusieurs maîtres? Maitres de différentes tradition? Une pratique? Plusieurs pratiques? Plusieurs pratiques d'une seule tradition? Plusieurs pratiques issues de différentes traditions?

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