L'imaginaire pragmatique

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axiste
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@ Jules,
A gauche c'est aujourd'hui (today) et à droite, c'était hier (yesterday)
A gauche c'est je dois, à droite c'est je ne dois pas.
A gauche c'est à moi, à droite c'est à toi.
A gauche c'est j'aime, à droite c'est je n'aime pas.
Effectivement, oppositions il y a :)

Ou alors c'est l'abolition de la notion de temps et d'espace…

En général sur la représentation linéaire du temps, le passé est à gauche et le présent (ou futur) à droite…ici la convention s'évanouit.
@ Floch
L'enseignement du bouddha selon les textes les plus anciens est une bonne entrée pour débuter, Davi est bon conseiller jap_8
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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Floch
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jules a écrit :
12 mars 2018, 14:11
Cette capacité consistant à distinguer les choses utiles des choses inutiles, ce qu'il faut faire ou ce qu'il ne faut pas faire, comment il faut agir ou non etc. m'interpelle d'ailleurs, tant je trouve qu'elle possède des ressemblances avec celle qui a permis que ces lignes imaginaires soient tracées sur la surface de la Terre.
On y retrouve la même volonté de catégoriser, de situer, de se positionner.
axiste a écrit :
12 mars 2018, 22:00
En général sur la représentation linéaire du temps, le passé est à gauche et le présent (ou futur) à droite…ici la convention s'évanouit.
En lisant cela, il me semble déjà comprendre qu'on est conditionné pour - ou qu'on croit avoir besoin de - se positionner par rapport aux autres et par rapport aux choses, par ce qui est à l'extérieur de soi (?), par rapport à des normes communes imposées ou choisies, des conventions comme le dit axiste règlementant sous la forme d'oppositions ce qui est conforme et ce qui ne l'est pas et visant à uniformiser nos actions, nos pensées, nos réactions pour qu'elles soient catégorisées comme dans le quadrillage du globe.

Mais je sens qu'il y a bien plus que cela dans ces messages, et cette histoire de banc me fait penser à la méditation, à zazen,
" sur un banc", cela signifie-t-il seul avec soi-même ?...
jules a écrit :
12 mars 2018, 14:11
Jules: Lorsque vous êtes assis sur un banc, vous n'avez pas besoin de savoir si la personne qui est assise à côté de vous, vous est ou non sympathique.
zazen pendant lequel on ne se positionne plus par rapport à l'extérieur, par rapport aux autres, par rapport aux normes; zazen pendant lequel on est dans l'instant présent et on se rapproche de notre nature propre...
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Longchen
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Floch a écrit :
12 mars 2018, 21:26
(...)
Bon, alors j'en profite pour te remercier Longchen pour ton message. Je te fais une réponse rapide.
Je lis le blog d'AncestraL: très intéressant, beaucoup de livres sur le zen, mais je souhaitais avoir d'autres avis; augmenter zazen d'une minute par quinzaine m'a été conseillé par quelqu'un qui pratique zazen depuis quelques années et en qui j'ai confiance, afin de privilégier la régularité :D (pratique quotidienne);...mais j'aime bien cette idée d'homéopathie vu que je suis très favorable aux thérapies et médecines non conventionnelles (holistiques) . Je ne sais pas si quelque chose me freine mais merci d'avoir posée cette question à laquelle je réfléchirai. jap_8
Ah, ok, je vois.
Développer une pratique très stable dans le temps est un point très important ! jap_8
white lotus
L’instant présent 🙏
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Floch
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jules a écrit :
12 mars 2018, 17:43
A gauche c'est je dois, à droite c'est je ne dois pas.
A gauche c'est à moi, à droite c'est à toi.
A gauche c'est j'aime, à droite c'est je n'aime pas.

"...Il existe d'infinies nuances de gris entre le blanc et le noir..."
J'aurais envie d'ajouter ce petit enseignement de Eric Barret qui me semble signifier qu'il peut aussi y avoir d'infinies nuances entre le blanc et le blanc ; le noir et le noir :

Voici ce qu'il dit de mémoire : Lorsque vous êtes assis sur un banc, vous n'avez pas besoin de savoir si la personne qui est assise à côté de vous, vous est ou non sympathique.

anjalimetta
Pourrais-je dire alors que notre conception du monde et de nous même est construite sur la dualité, l'opposition, la distinction, la catégorisation, la confrontation entre le blanc et le noir, entre soi et les autres, entre ce que l'on aime et ce que l'on rejette et qu'il faut prendre conscience que c'est seulement une illusion, une manière de fonctionner mais que par l'assise silencieuse, ici et maintenant, on rompt avec cette vision dualiste et il n'y a plus d'opposition mais une unité ?

"Lorsque vous êtes assis sur un banc, vous n'avez pas besoin de savoir si la personne qui est assise à côté de vous, vous est ou non sympathique."
Et donc quand on dit pratiquer zazen, c'est se rapprocher de sa nature fondamentale, cela signifie-t-il, sachant que l'opposition est une illusion, qu'il n'y a plus de distinction entre soi et les autres, entre l'intérieur et l'extérieur ?

"il peut aussi y avoir d'infinies nuances entre le blanc et le blanc ; le noir et le noir ": Cela veut-il alors dire qu'il n'y a plus qu'une seule couleur ?
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jules
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Floch : Pourrais-je dire alors que notre conception du monde et de nous même est construite sur la dualité, l'opposition, la distinction, la catégorisation, la confrontation entre le blanc et le noir, entre soi et les autres, entre ce que l'on aime et ce que l'on rejette et qu'il faut prendre conscience que c'est seulement une illusion, une manière de fonctionner mais que par l'assise silencieuse, ici et maintenant, on rompt avec cette vision dualiste et il n'y a plus d'opposition mais une unité ?
Disons que la faculté de catégoriser qui est au demeurant très pratique, a ses limites.
Quand ces catégories d’ordre pratique sont en quelque sorte malencontreusement appliquées à nos émotions, à nos perceptions, il arrive alors que nous soyons maladivement attirés par le fait de mettre un mot, une étiquette sur ce que l’on perçoit, sur ce que l’on est, sur ce que l'on veut…On construit une case et on s’enferme dedans. Et il faut insister là dessus, cette case, c’est nous qui la construisons de A à Z et c'est nous qui décidons de nous y enfermer.
Si sur mon banc, je veux savoir si la personne qui est assise à côté de moi m'est ou non sympathique, ce qui arrive, c'est qu'à la place ou je suis assis, au lieu qu'il s'y trouve un mec qui s'est oublié lui-même, se trouve un mec qui trouve un autre mec sympathique ou antipathique et qui se fabrique une identité là dessus : "Je suis le mec qui trouve cet autre mec sympathique ou antipathique". Mais on n'est pas obligé d'avoir d'identité. Je veux dire, oui, sur ma carte nationale d'identité, je suis bien jules, né le etc, mais ça s'arrête là.
"Lorsque vous êtes assis sur un banc, vous n'avez pas besoin de savoir si la personne qui est assise à côté de vous, vous est ou non sympathique."
Et donc quand on dit pratiquer zazen, c'est se rapprocher de sa nature fondamentale, cela signifie-t-il, sachant que l'opposition est une illusion, qu'il n'y a plus de distinction entre soi et les autres, entre l'intérieur et l'extérieur ?
Il n'est pas même nécessaire de s'occuper de cette non distinction, pas besoin de se faire de rapports là dessus.
"il peut aussi y avoir d'infinies nuances entre le blanc et le blanc ; le noir et le noir ": Cela veut-il alors dire qu'il n'y a plus qu'une seule couleur ?
Oui, une seule couleur rouge jaune et bleue. :D
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Floch
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jules a écrit :
13 mars 2018, 14:17
Disons que la faculté de catégoriser qui est au demeurant très pratique, a ses limites.
Quand ces catégories d’ordre pratique sont en quelque sorte malencontreusement appliquées à nos émotions, à nos perceptions, il arrive alors que nous soyons maladivement attirés par le fait de mettre un mot, une étiquette sur ce que l’on perçoit, sur ce que l’on est, sur ce que l'on veut…
Je crois comprendre ce que tu veux dire, mais il me semble que les émotions ne sont pas mauvaises en soi, qu'elles font partie de notre "kit de survie"; en revanche, il me semble aussi que c'est la manière dont les émotions sont exacerbées par le mental qui cause de la souffrance (ressassement, angoisses...) et j'aurai plutôt dit que l'observation des émotions et la prise de conscience de ce que l'on en fait et comment on l'interprète est une clé pour mettre fin aux ressassements et à la souffrance. Mais cela vient peut-être du sens que l'on donne au mot émotion... C'est un sujet que j'ai un peu approfondi, je développerai davantage en rentrant... je vais y réfléchir à nouveau surtout à la lumière de ce que tu as expliqué ...
jap_8
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Floch
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Tout d’abord, le sens que je donnais au mot "émotion" s'appuyait sur le livre de Catherine Aimelet Périssol, laquelle présente les émotions (peur, colère, tristesse et joie) comme des pulsions non conscientes, non contrôlables, qui font partie de notre part archaïque (animale), que l’on ne peut pas gérer, qui ont leur raison d’être car elles alertent d’un déséquilibre, mais qui, lorsqu’elles sont étendues au mental, engendrent des projections, des ressassements, des croyances limitantes et du stress. Un retour sur soi par l’accueil et l’observation approfondie de la cause de ces émotions (= l’identification du « grain de sable ») permet de trouver des solutions à l’intérieur de soi par la prise de responsabilité de nos comportements (et non la culpabilité) afin d’élaborer en soi des stratégies d’adaptation et modifier ainsi nos comportements inadaptés et nos croyances limitantes et créer de nouvelles habitudes … C'est en partie ce travail là qui m'a permis d'être davantage dans l'instant présent.
jules a écrit :
13 mars 2018, 14:17
Disons que la faculté de catégoriser qui est au demeurant très pratique, a ses limites.
Quand ces catégories d’ordre pratique sont en quelque sorte malencontreusement appliquées à nos émotions, à nos perceptions, il arrive alors que nous soyons maladivement attirés par le fait de mettre un mot, une étiquette sur ce que l’on perçoit, sur ce que l’on est, sur ce que l'on veut…On construit une case et on s’enferme dedans. Et il faut insister là dessus, cette case, c’est nous qui la construisons de A à Z et c'est nous qui décidons de nous y enfermer.
Et c’est tellement vrai ! Et ce qui est fou, c’est qu’on peut ainsi, pour des raisons de « praticité », créer une nouvelle case ayant pour but de nous faire sortir d'autres cases et s’y enfermer à nouveau…
Ma première idée était donc de partager cette case puisque je l’ai trouvée bénéfique, mais finalement, il me semble maintenant que c'est moi qui ai du faire un effort pour en sortir… Donc comme tu le dis, la catégorisation peut être pratique, mais elle a aussi ses limites puisque le fait d’avoir conçu cette case et de m’y être confortablement enfermée, m’a dans un premier temps limité l’accès à ce que tu as dit ensuite… :cool:
jules a écrit :
13 mars 2018, 14:17
Si sur mon banc, je veux savoir si la personne qui est assise à côté de moi m'est ou non sympathique, ce qui arrive, c'est qu'à la place ou je suis assis, au lieu qu'il s'y trouve un mec qui s'est oublié lui-même, se trouve un mec qui trouve un autre mec sympathique ou antipathique et qui se fabrique une identité là dessus : "Je suis le mec qui trouve cet autre mec sympathique ou antipathique". Mais on n'est pas obligé d'avoir d'identité. Je veux dire, oui, sur ma carte nationale d'identité, je suis bien jules, né le etc, mais ça s'arrête là.
En effet, il me semble que trouver quelqu'un d'inconnu antipathique ou non est le résultat (attirance ou rejet) de la projection mentale d'une émotion /pulsion (peur, joie...) et c'est ce type de case qui crée les dualites. Cest ça?
On peut parvenir à s'en libérer par la construction d'une nouvelle case "technique d'introspection émotionnelle" mais on risque d'être prisonnier de cette case;
On peut parvenir à s''en libérer par la pratique sur un banc, sans construire d'autre case parce que: pratiquer: c'est s'oublier... ;-)
jap_8



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Nathan Sawaya
Dernière modification par Floch le 14 mars 2018, 18:09, modifié 2 fois.
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jules
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Floch : Tout d’abord, le sens que je donnais au mot "émotion" s'appuyait sur le livre de Catherine Aimelet Périssol, laquelle présente les émotions (peur, colère, tristesse et joie) comme des pulsions non conscientes, non contrôlables, qui font partie de notre part archaïque (animale), que l’on ne peut pas gérer, qui ont leur raison d’être car elles alertent d’un déséquilibre, mais qui, lorsqu’elles sont étendues au mental, engendrent des projections, des ressassements, des croyances limitantes et du stress. Un retour sur soi par l’accueil et l’observation approfondie de la cause de ces émotions (= l’identification du « grain de sable ») permet de trouver des solutions à l’intérieur de soi par la prise de responsabilité de nos comportements (et non la culpabilité) afin d’élaborer en soi des stratégies d’adaptation et modifier ainsi nos comportements inadaptés et nos croyances limitantes et créer de nouvelles habitudes … C'est en partie ce travail là qui m'a permis d'être davantage dans l'instant présent.
Très clair et très intéressant... Merci !
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jules
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Voilà comment ça se passe en fait :D

Ce monticule de terre est pour les Egyptiens le symbole de ce qui émergea en premier du chaos, lorsque l'air souffla en tempête au dessus des eaux primordiales. Les dieux prennent pied sur la colline originelle et créent la lumière.
flower_333
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axiste
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e-motion: wifi interne en mouvement, souvent virtuelle et qui produit des énergies presque atomiques (oui, ça bouscule parfois nos atomes, molécules, cellules)
Faut pas les dénigrer non plus, parfois les émotions véhiculent nos aspirations les plus profondes.
Quand elles vibrent juste (comme une note claire), elles sont utiles et atteignent leur cible, enfin, elles disent ce qu'elles ont à dire...alors on peut les remercier. white lotus
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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