Thaïlande, vague d’arrestations dans les monastères bouddhistes

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ShraWaKa
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Depuis quatre semaines dans le royaume thaïlandais, des dizaines de moines dont certains de haut rang, ont été arrêtées à la suite d’un vaste scandale de corruption et de détournement de fonds.

Jamais un gouvernement thaïlandais n’avait procédé à une telle série d’arrestations au sein de la Sangha, la communauté monastique du royaume qui compte environ 300 000 moines, répartis dans 37 000 temples.

Depuis le début du mois de mai, de nombreuses arrestations ont été effectuées dans 45 temples de ce royaume du sud-est asiatique. Trois de ces temples, dont le célèbre Temple de la Montagne d’or à Bangkok (connu des touristes sous le nom de « Golden Mount Temple » ou « Wat Saket »), sont d’importance nationale, placés sous patronage royal.

Dix comptes en banque pour un suspect

Une dizaine de moines sont sous les verrous ; d’autres ont été forcés de quitter leur monastère. Le 24 mai, la police a arrêté l’abbé de Wat Saket après avoir découvert que celui-ci possédait dix comptes en banque, avec un total de 3,4 millions d’euros.

Au Bureau national du bouddhisme – l’organe gouvernemental qui gère la Sangha –, plusieurs dizaines de responsables ont également été arrêtées.
Le Conseil suprême de la Sangha impliqué

De même, trois moines membres du Conseil suprême de la Sangha sont mis en cause : deux sont en prison ; le troisième, après s’être caché pendant six jours, a été arrêté le 30 mai. Jamais, dans toute l’histoire de la Thaïlande, des membres du Conseil suprême n’avaient ainsi été emprisonnés.

Tous ces moines sont impliqués dans un vaste détournement de fonds s’élevant à 110 millions d’euros, soit l’équivalent du budget alloué annuellement par l’État à la Sangha pour entretenir et construire des bâtiments, développer l’éducation bouddhiste et verser les salaires des 40 000 moines dans l’administration monastique.

Le mécanisme était simple : des officiels du Bureau national du bouddhisme versaient des sommes, prélevées sur le budget, aux abbés de différents temples pour des projets de construction ou d’éducation, et ces abbés renvoyaient la majeure partie de l’argent public alloué sur les comptes bancaires personnels de ces officiels.
S’attaquer au sommet de la hiérarchie monastique

Ces détournements se pratiquaient depuis des années, sans que personne n’y trouve rien à redire. Mais le nouveau chef du Bureau national du bouddhisme, le lieutenant-colonel de police Pongporn Pramsaneh, a décidé d’y mettre un terme, sans craindre de s’attaquer au sommet de la hiérarchie monastique.

Cette vague d’arrestations montre aussi la volonté de la junte militaire, au pouvoir depuis mai 2014, d’assainir la communauté monastique, dont la crédibilité s’est sérieusement érodée aux yeux des fidèles ces dernières années, à cause de scandales de corruption et de mœurs.

Certains observateurs soulignent toutefois que ces moines de haut rang ont, curieusement, été arrêtés le même jour, le 24 mai, que l’arrestation, par des commandos de la police, de Phra Buddha Isara. Ce moine avait joué un rôle clé dans les manifestations contre l’ancienne première ministre Yingluck Shinawatra en 2014 et il avait applaudi le coup d’État militaire de mai 2014.
Utilisation des symboles royaux sur des amulettes

Mais ses liens avec les généraux n’ont pas suffi à le protéger. En prison lui aussi, Phra Buddha Isara est accusé d’utilisation sans autorisation des symboles royaux sur des amulettes fabriquées dans son temple en 2011. Il est aussi accusé d’avoir blessé deux policiers en civil lors des manifestations de 2014. Il encourt jusqu’à vingt ans de prison.

Selon ces mêmes observateurs, la simultanéité de l’arrestation de Phra Buddha Isara avec celles d’autres moines liés au temple controversé de Dhammakaya (dont le supérieur, accusé de malversation financière, avait été arrêté en mars 2017), viserait à créer une image d’impartialité, Phra Buddha Isara étant viscéralement opposé au temple Dhammakaya.

Beaucoup de Thaïlandais se sont offusqués de la manière musclée dont Phra Buddha Isara a été appréhendé. Mais les autres arrestations ont provoqué des réactions plutôt positives. Les Thaïlandais demandent même d’aller plus loin dans la lutte contre ces pratiques abusives. Chaque année, les dons versés par les fidèles aux temples du royaume atteignent un total de 3,2 milliards d’euros, selon une étude de 2014.

source la-croix.com
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