Comprendre notre époque

ted

J'ai des enfants adolescents.

En les observant, eux et leurs amis, en lisant leurs contributions sur les réseaux sociaux (facebook, twitter, etc...), j'ai l'impression que "pute" est devenu l'insulte suprême, aussi bien chez les garçons que chez les filles.
J'ai trouvé ça comme définition :
Pute : La prostitution est une activité consistant à échanger des relations sexuelles contre une rémunération. Bien que pratiquée par les membres des deux sexes, elle est majoritairement exercée par les femmes et consommée par les hommes. ...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pute
pute , nom féminin
Prostituée, femme qui échange des relations sexuelles contre une rémunération. Terme péjoratif pour désigner une femme vendant ses services sexuels à autrui. Femme dont le métier est la prostitution.
Alors, j'essaie de comprendre. Dans le tandem "relation sexuelle/argent", qu'est ce qui les choque ? la relation sexuelle ou l'argent ?
Et c'est là que je ne comprend plus : ils semblent s'intéresser passionnément aux deux. :D

La relation sexuelle est-elle le dernier refuge des valeurs d'une société décadente ? Sa tarification signifiant l'échec d'une relation idéale fanstasmée ?
C'est donc que la relation sexuelle est pressentie non comme une porte vers le vice, mais comme le début d'une relation plus profonde, plus pure. La tarification programmée, en mettant automatiquement un coup d'arrêt à cette aspiration fusionnelle, rend ignobles toutes celles et ceux qui font obstacle à cet élan sacré.

Ou alors, ont-ils compris que l'argent gachait tout ?
Le Dharma n'est pas à vendre, disait un membre de Nangpa, il y a quelques années.
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axiste
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Là où l'argent prend le pas sur la vie, la vie s'enfuit. Butterfly_tenryu
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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davi
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C'est peut-être une question d'époque, effectivement. Je ne me souviens pas du tout d'avoir jamais traité une fille de ..., je n'arrive même pas à le dire. :D Une fois j'ai appelé une fille "pot de miel", mais c'était pour la rime, elle s'appelait Muriel... Je crois que c'est ma plus grosse insulte. :cool: En même temps je n'avais pas les réseaux sociaux sur lesquels on peut déblatérer tout un tas d'idioties en temps réel...
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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axiste
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Déjà travailler et se faire rémunérer c'est étrange, exemple si l'on dépanne une personne cela se fait dans un élan naturel: il y a un problème, on le résout à coup de marteau ou d'huile de coude et puis c'est tout. Comme lorsqu'on trouve un trou sur la route et qu'on le contourne (ou mieux, on le rebouche) Quand on peint un tableau, comment le vendre ? On ne vend pas vraiment un tableau mais on partage un regard, il nous libère certainement en apparaissant. On le vend parce qu'on a des besoins financiers, l'art n'a rien à y voir.
Et croire que l'achat d'un tableau le fait devenir mien est absurde… On possède un tableau qu'on exhibe aux autres: pour partager l'intérêt qu'on y trouve. Partager. Un regard, un mouvement, un message, il n'y a que ça qui reste dans les couleurs. Sinon, on capitalise, on fait des paris sur la vente, c'est du commerce.
Idem pour un service contre de l'argent: un service non gratuit, n'est plus un service, mais entente commerciale, un business.
Je lisais dernièrement un article qui disait : "on devrait faire faire du bénévolat aux chômeurs." Quoi de mieux pour tuer l'esprit de gratuité : rendre un élan naturel et spontané obligatoire et planifié. C'est tuer les derniers sursauts de gratuité, la gratuité dérange et pourquoi ? Est-elle incontrôlable ? A qui échappe t-elle ?

Alors la misère elle est partout. C'est d'abord une misère morale. On est pris dans ces engrenages à diverses échelles, mais on y échappe pas. A moins d'aller s'enfermer dans une grotte mais se couper du monde n'est pas non plus souhaitable sur le long terme, parce qu'on apprend dans le monde avant tout. On apprend à fonctionner dans le monde en accomplissant des tâches qui (tant mieux lorsqu'elles sont utiles) ne nous appartiennent pas: elles sont fonctionnelles. Quand il y a un besoin dans un lieu on lui répond du mieux qu'on peut.

Le titre "comprendre notre époque " est bizarre parce qu'il est large et que la prostitution est seulement une facette de notre époque.
Il y a toutes ces histoires, que l'on tente d'englober sous des termes génériques et ça ne veut rien dire.

La prostitution est un business, et derrière il y a des histoires, des souffrances, des choses que l'on ne voit pas.

L'éthique n'y est pas.

Là où l'argent prend le pas sur la vie, la vie s'enfuit...

popcorn-22c71
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yves
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pour ce qui est de l'utilisation du mot "pute" par les adolescents, c'est une référence au parlé des banlieue http://www.dictionnairedelazone.fr/defi ... _pute.html
qui va assez dans le sens que tu donnes ted ;-)

et pour coller au titre du fil, j'ai mieux compris notre société à travers la notion d'attachement

dans le bouddhisme rien n'est bien ou mal en soi, on s'adapte à chaque situation qui est unique color_3

ainsi l'argent utilisé comme moyen d'échange est bon, mais dès qu'on en devient le propriétaire... on tombe dans la société matérialiste :cry:

je suis toujours impressionné par la cohérence et la simplicité du système bouddhiste youpi_333
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ted

Je me suis garé hier à Paris et j'ai pris un ticket de parcmètre pour 2 heures.
Mais au bout de 20 minutes, j'avais fini.
J'allais m'en aller quand je vois un bonhomme en berline qui se gare.
Je m'approche de sa portière et lui propose mon ticket, valable encore 1h et demie.

Le gars me regarde d'un air méfiant, lis le ticket. Puis il sort son portefeuille.
Je lui dit que non, je lui donne gratuitement... il en revenait pas... :shock:
- Ah bon ? Vous êtes sur ?
- bé, mais oui...
- Ah dans ce cas, merci... etc...

Je l'entendais presque penser : "il est où le piège. Elle est où l'arnaque ?"
Ca m'a beaucoup amusé. :)

Bon, je reconnais qu'il y a de nombreuses personnes qui n'auraient pas sorti leur portefeuille. Peut être que ce monsieur trouvait normal de rembourser une partie du ticket ? Pourquoi pas ? Mais ce qui m'a frappé, c'est son air incrédule. Il a du me prendre pour un con.

Yen a qui auraient aussi jeté le ticket à la poubelle sans essayer de le donner à quelqu'un d'autre. Si c'est pour se prendre une balle en approchant de la portière d'un inconnu, non merci... Ils ont peut être pas tort après tout. :D

Bref. Ce que j'ai bien aimé, c'est qu'en se garant, le monsieur faisait la gueule. Il était triste et renfrogné. :-(
Et quand je suis parti, il était heureux et souriant. :D
La bonne humeur des gens, ça tient à peu de choses. Un geste de partage, un sourire.
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yves
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Robi

Comprendre notre époque.
Vaste sujet.

A mes yeux (mais pas qu'aux miens) il est une caractéristique de notre époque jamais vécue par l'humanité auparavant, c'est que nous savons, ou plutôt que ça nous pend au nez que nous, l'humanité, pouvons disparaître. Nous sommes entrés dans une époque eschatologique. Eschatologie veut dire "discours sur la fin du monde ou la fin du temps".

Bon je tempère l'alarme (quoique peut-elle être tempérée?) en disant que si ce n'est (pas encore) la fin du monde qui arrive, nous sommes dans une fin (ou des fins). Longtemps pour ne pas dire depuis toujours l'humanité a cru au progrès, en gros on avance, on progresse, ça ira mieux, ça va aller mieux, de mieux en mieux et puis d'un seul coup (maintenant) on en est plus si sûr. Fin du progressisme donc.
Mais quoi encore? Fin de la culture, fin de la modernité, fin du politique, fin des valeurs, fin de la religion (fin de la transcendance, du mystère), fin des paysages, fin des poissons dans la mer, fin de l'humain (un robot c'est tellement mieux), fin de l'humain (les bêtes sont tellement plus gentilles), je suis sûr que vous en avez à ajouter...

Bon appétit quand même! ::mr yellow::
ted

Je crois que tu confonds "disparition de l'humanité" et "disparition d'une civilisation".
Robi

ted a écrit :Je crois que tu confonds "disparition de l'humanité" et "disparition d'une civilisation".
Dans un premier temps je dis que notre humanité peut disparaître, c'est le constat de notre époque, essentiellement à cause du réchauffement climatique qui s'emballerait grâve.
Dans un deuxième temps je dis que si la disparition de l'humanité n'est pas encore (!) pour maintenant nous assistons à une fin ou des fins (de la culture, des valeurs, etc...) donc oui là d'une civilisation.
Donc je dis les deux, je ne les confonds pas.
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