Faut-il renaître bouddhiste pour s'en sortir ?

ted

Ne serait-il pas illusoire d'imaginer que le continuum de conscience capitalise les bonnes actions à notre insu pour nous apporter l'éveil sur un plateau ?

Nos bonnes actions passées, même si elles créent des voies karmiques favorables, ne nous dispensent pas d'être vigilants au présent et de tout faire pour éviter de mauvaises actions, toujours possibles.

Dans ce cas, je ne comprends pas comment fonctionne "l'accumulation des mérites" dont parlent certains enseignements.

A chaque renaissance, nous perdons la mémoire. Comment savoir si nous étions un monstre ou un sage auparavant ?

On nous dira que ce qui compte, c'est l'instant présent. Avoir des pensées, paroles et actions justes à partir de maintenant. Oui mais, combien de temps nous a t'il fallu pour en être convaincu dans cette vie ci ? :D :mrgreen:

Combien de conneries avons-nous fait dans notre jeunesse etc... ? :)

C'est bien beau d'être conscient maintenant d'avoir à suivre l'octuple sentier, mais que se passera t'il si nous renaissons dans un environnement où le Dharma n'est pas enseigné ? Où nos parents nous inculquent des habitudes défavorables ?

Sachant qu'on ne se souvient pas de nos vies passées, sauf à pratiquer spécifiquement pour y arriver, comment recoller au Dharma après un décès ? :shock:

Le monde est rempli de personnes odieuses qui ont des vies pourtant extrêmement privilégiées. Donc, il semble bien qu'une renaissance "favorable" n'est pas suffisante pour développer le gout de l'éthique, de la concentration et de la sagesse.

A part l'effet de "cliquet" du sotapanna, clairement déterministe puisque toute rechute est impossible, même pendant sept vies, je ne vois pas comment garder le cap. :shock:

D'ailleurs, je soupçonne les sotapanna d'avoir l'accès complet au tableau de bord de leurs vies antérieures. C'est sur que quand on est au courant de notre casier judiciaire, on fait nettement plus gaffe. :D

Les autres, qui sont libres et non soumis au déterminisme, ont tout loisir de refaire de mauvaises actions, même avec des millions de vies derrière eux ! D'ailleurs, n'est-ce pas notre cas actuellement ?

A moins d'avoir la chance de retomber sur le Dharma à chaque renaissance, je ne vois pas comment s'en sortir. :-(

A moins de privilégier une voie d'éveil subit ? :oops:
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davi
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Pour nous il n'y a pas d'autres moyens que de pratiquer pour constituer une habitude. Le danger est de lever le pied car on retombe vite dans les travers je trouve. Rien n'est assuré bien que nous puissions penser parfois que nous soyons protégés des renaissances inférieures ou de l'oubli du dharma. J'ai parfois cette impression d'être protégé comme si j'étais quelqu'un de spécial mais j'ai aussi parfois cette peur de retomber dans l'ignorance absolue, anonyme parmi les êtres ordinaires parfaitement inconscients de leur condition. Cette peur me pousse dans ma pratique. Ce qui nous protège vraiment c'est la pratique, la pratique sincère du dharma. Dans ce cas, l'éveil est assuré à n'en pas douter. jap_8
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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jules
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L'ignorance devient réalisation.
La réalisation devient ignorance.
O Sariputra (...) Les phénomènes deviennent Ku, Ku devient phénomène (la forme est le vide, le vide est la forme), les cinq skandas sont phénomènes également.
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davi
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jules a écrit :
28 décembre 2017, 17:13
L'ignorance devient réalisation.
La réalisation devient ignorance.
Jules est-ce ici ta traduction ou est-ce extrait de quelque part, textuellement ?
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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jules
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C'est une paraphrase de :

"Je dis toujours satori devient illusion et illusion devient satori." Deshimaru.
ted

davi a écrit :
28 décembre 2017, 16:12
Pour nous il n'y a pas d'autres moyens que de pratiquer pour constituer une habitude. Le danger est de lever le pied car on retombe vite dans les travers je trouve. Rien n'est assuré bien que nous puissions penser parfois que nous soyons protégés des renaissances inférieures ou de l'oubli du dharma. J'ai parfois cette impression d'être protégé comme si j'étais quelqu'un de spécial mais j'ai aussi parfois cette peur de retomber dans l'ignorance absolue, anonyme parmi les êtres ordinaires parfaitement inconscients de leur condition. Cette peur me pousse dans ma pratique. Ce qui nous protège vraiment c'est la pratique, la pratique sincère du dharma. Dans ce cas, l'éveil est assuré à n'en pas douter. jap_8
Davi

Je respecte énormément ton point de vue et je ne veux pas te déstabiliser, d'autant plus que j'ai répété je ne sais combien de fois : "celui qui pratique la Voie, la Voie le protège".

Mais à part s'en remettre à la "bienveillance" des Bouddhas pour obtenir systématiquement des renaissances favorables et une pratique régulière, je ne vois pas comment faire. :???:

Or, s'en remettre ainsi aux Bouddhas, à Prajna ou au Dharma pour une renaissance, me semble une approche religieuse. Les Mahayanistes le peuvent, car ils postulent une "activité éveillée" des Bouddhas et des Bodhisattvas qui utilisent des moyens salvifiques pour les guider. C'est plutôt confortable pour le pratiquant.

Mais dans le bouddhisme originel, là où le mécanisme est épuré, le Bouddha n'est plus là. Il est en parinirvana. Il n'est pas resté pour aider les êtres. Ou alors, j'ai rien compris au Bouddhisme Theravada. Il n'a rien caché de son enseignement et à laissé toutes les instructions nécessaires pour suivre le même chemin que lui.

Et dans ces instructions, les suttas du Canon Pali par exemple, je ne vois pas comment un être peut développer une conduite parfaite et conforme au Dhamma s'il n'est pas en contact avec celui ci lors de sa prochaine renaissance. Tout le monde fait comme si ça allait de soi... :oops:

J'ai du rater un truc. :-(
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davi
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Peut-être faudrait-il faire confiance au Bouddha intérieur plutôt qu'extérieur, et donc travailler sa foi ?
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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Je sais que j'ai posé une question dérangeante. Désolé...
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cgigi2
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Ted dit:
Je sais que j'ai posé une question dérangeante. Désolé...
gigi dit:
Ta question n'est pas dérangeante Ted, elle est très pertinente à cette époque que nous vivons, lorsque l'ont se sens dans le doute c'est que l'on est pas vraiment connectés au Dhamma, il est important de se mettre en contact intime avec le Dhamma et cela se fait par la méditation, le Dhamma est constant, toujours disponible dans l'instant présent pour ceux qui font l'effort de concentration nécessaire, cela se produit de l'intérieur, la méditation permet une stabilisation du contact dans le Dhamma tout en affermissant la Foi en Cela
l'effort à faire est de se recentrer Ici et Maintenant
car il n'y a aucun autre espace ou se réfugier et cela est en toi-même au fond de ton coeur tout simplement :) love2
avec metta
gigi


C’est la pratique qui maintient la pureté du Dhamma. Le Bouddha a dit de son enseignement [le Dhamma] que, s’il est placé dans le cœur d’une personne ordinaire, il sera inévitablement entièrement corrompu (saddhamma-patirupa). Par contre, s’il est placé dans le cœur d’un Etre Noble, il sera inévitablement pur et authentique, il ne pourra plus ni être effacé ni être obscurci. Par conséquent, tant que nous nous contentons de passer notre temps à étudier la théorie du Dhamma, il ne peut pas nous être utile. Ce n’est que lorsque nous aurons entraîné notre cœur à éliminer ses parasites, ses corruptions (upakkilesa), que nous en bénéficierons pleinement. Et c’est alors seulement que le Dhamma authentique sera maintenu dans sa pureté, sans aucune distorsion ni déviation par rapport à ses principes originels.
Ajahn Mun
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Ici et Maintenant pleine attention à la pleine conscience
ted

cgigi2 a écrit :
01 janvier 2018, 07:51
Ted dit:
Je sais que j'ai posé une question dérangeante. Désolé...
gigi dit:
Ta question n'est pas dérangeante Ted, elle est très pertinente à cette époque que nous vivons, lorsque l'ont se sens dans le doute c'est que l'on est pas vraiment connectés au Dhamma, il est important de se mettre en contact intime avec le Dhamma et cela se fait par la méditation, le Dhamma est constant, toujours disponible dans l'instant présent pour ceux qui font l'effort de concentration nécessaire, cela se produit de l'intérieur, la méditation permet une stabilisation du contact dans le Dhamma tout en affermissant la Foi en Cela
l'effort à faire est de se recentrer Ici et Maintenant
car il n'y a aucun autre espace ou se réfugier et cela est en toi-même au fond de ton coeur tout simplement :) love2
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gigi
Merci Gigi

Mais avoir foi en l'enseignement du Bouddha, c'est aussi admettre qu'il a sans doute raison quand il dit que nous errons dans le samsara depuis des millions d'années.
D'accord ?

Or, le Bouddha est apparu il y a 2500 ans seulement. Et il nous a dit que nous avions une chance énorme de bénéficier d'une précieuse vie humaine.

J'en conclus que renaître dans le samsara avec des conditions favorables ne suffit pas. Encore faut-il être au contact des enseignements de nouveau.

Je me trompe ? :roll:
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