D'après ce qui est dit ci-après, l'univers se décompose en deux "choses" : samsara, qui regroupent la conscience, les propriétés matérielles et physiques, et les propriétés mentales, finalement ce que nous vivons actuellement en tant qu'être non-éveillé, et nibbana.
Il a donc enseigné qu’il y a ces quatre choses qui constituent l’univers.
1. La conscience, qui a la faculté de connaître.
2. Les propriétés matérielles et physiques, qui peuvent être connues de la conscience.
3. Les propriétés mentales, qui peuvent être connues de la conscience.
4. nibbāna, parinibbāna.
Ce que nous appelons la conscience, les phénomènes mentaux et les phénomènes physiques, ce sont les cinq agrégats.
En fait, lorsqu’on parle des « cinq agrégats », c’est juste une manière différente d’énoncer. Tantôt on les énonce comme étant deux catégories (d’un côté les phénomènes physiques et de l’autre les phénomènes mentaux), tantôt on donne trois catégories (la conscience, les phénomènes matériels et les phénomènes mentaux), tantôt on donne cinq catégories (les cinq agrégats), tantôt on en donne encore plus. On dit qu’il y a vingt-huit propriétés matérielles, qu’il y a cinquante-deux propriétés mentales, (etc.) On peut subdiviser, les contemporains de Bouddha ne s’en sont pas abstenus. On peut regrouper tout cela en trois : La conscience, les phénomènes matériels et les phénomènes mentaux. Puis il y a quelque chose qui sort de cette catégorie, de cette liste, qui est : nibbāna (ou parinibbāna). C’est cela que le Bienheureux a découvert.
Il est également dit que ce découpage en 4 est "juste une manière différente d'énoncer", tout du moins concernant les 3 premiers; que ces 3 premiers peuvent être regroupés en 2 : d’un côté les phénomènes physiques et de l’autre les phénomènes mentaux. Dans le Mahayana, peut-être pas dans toutes les sensibilités, il est dit que les propriétés mentales (ou facteurs mentaux) constituent en fait la conscience, tout comme les différentes parties du corps constituent le corps dans son ensemble permettant à celui-ci de fonctionner tel un corps. Ainsi on voit bien que dissocier conscience et facteurs mentaux ne peut se faire dans une absolue dissociation. Egalement le Chittamatra, qui est une sensibilité du Mahayana, lui, de 2 catégories, il passe à 1 : l'objet ne peut exister sans la conscience, seul l'esprit existe.
Par contre Pa Auk Sayadaw semble faire exister une chose en particulier :
nibbana, que la conscience pourrait connaître, mais de manière fugace du moins temporairement.
Pa Auk Sayadaw a écrit :On ne peut pas connaître nibbāna dans l’inconscient, pour le connaître, il faut être conscient [connaître = être conscient]. Il a donc VU nibbāna, il a CONNU nibbāna, il a touché nibbāna.
Il a connu nibbāna lorsque la conscience a arrêté de se fixer sur ces objets, qui apparaissent et qui disparaissent sans cesse. Aussitôt que la conscience a arrêté de se fixer sur ces objets, elle s’est projeté sur nibbāna et elle s’est fixée sur nibbāna, car elle ne peut pas faire autrement que de se fixer sur ce qu’elle prend. Ainsi, pendant un court instant, parce que la fixation sur nibbāna ne peut pas durer longtemps, Bouddha a connu nibbāna.
Il dit aussi de nibbana qu'il ne disparaît pas puisqu'il n'apparaît pas. Nibbana est "une chose", "un phénomène comme un autre", qui ne dépend pas de la conscience.
Pa Auk Sayadaw a écrit :en réalité, nibbāna est là. Il est très accessible, rapidement. C’est juste un phénomène comme un autre. Il est différent des autres parce qu’il n’apparaît pas mais c’est un phénomène comme un autre en ce sens qu’il n’est rien d’autre qu’un phénomène. Tout simplement parce qu’il ne peut rien avoir d’autre, dans ce monde, que des phénomènes. C’est juste un phénomène que nous n’avons encore jamais connu et qui est à notre portée.
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C’est un moment [la conscience de nibbana] où la conscience expérimente quelque chose de particulier ?
C’est quelque chose de particulier qui est connaissable, « expérimentable », mais qui n’est pas la conscience. La conscience qui fait l’expérience de nibbāna est encore une conscience conditionnée, fabriquée. Bouddha dit que c’est encore une fabrication mentale.
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parinibbāna
La fin d’une vague
Pour l’être totalement libéré, il arrive un moment, celui de la mort, précisément, où la conscience va se projeter sur nibbāna. Puisque le moment de la mort est venu, elle va arrêter, elle va cesser. À ce moment, il va rester nibbāna, sans aucune conscience résiduelle. Le corps va entrer dans la décomposition habituelle de tous les cadavres, puis tout est terminé. C’est exactement comme la vague qui s’est évanouie sur la plage : L’eau est encore là, le sable est encore là, mais la vague a disparu. Il en est ainsi de l’arahant, de l’être pleinement libéré, de Bouddha. Au moment de la mort, ce qui se passe est simplement un arrêt, cette fois-ci définitif de l’apparition des agrégats. La conscience qui prend pour objet nibbāna n’apparaît plus non plus.