Qu'est ce que la méditation ?

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Dharmadhatu
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yudo a écrit :Comme je l'ai dit mille fois déjà, je n'aime pas l'usage du mot "méditation" qui au sens strict, signifie pondérer, examiner une idée, un concept. Le mot le plus proche de ce que nous pratiquons (ou tentons de pratiquer) est "contemplation".

C'est pour ces raisons que je préfère parler de "s'asseoir".
:idea: Contemplation semble très approprié; le problème c'est qu'il est parfois employé pour "analyse", comme dans certains livres en français de S.S. le Dalaï Lama, ce qui rejoint le sens strict que tu évoques.

Personnellement, dès que je parle "méditation", j'en indique le sens actuel, ça permet d'en rappeler le contexte premier.

flower_mid
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
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yves
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souvent, quand des gens me parlent de méditations alors qu'il n'y connaissent que peu de chose, je fais différer le sens "occidental" de cogitation et le sens "oriental" de contemplation Butterfly_tenryu

ça parlent bien et ils comprennent assez vite de quoi il est question loveeeee
oui à ce qui est
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amour
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Dharmadhatu
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jap_8

Bien sûr, il est utile de ne prendre garde à ne pas aller dans l'extrême inverse qui voudrait que la méditation (au sens général) soit totalement dénuée d'examen critique, puisque celui-ci est une part importante de vipashyana (Cf. par exemple King of Samadhi ou encore Méditation bouddhique du Vén. Thrangu Rinpotché). Autrement dit, méditer implique de s'imprégner entièrement soit d'un sentiment salutaire (bienveillance, compassion etc.), soit d'un regard porté sur tel ou tel fait de l'existence (impermanence, non-soi, agrégats, etc.).

Or comment s'imprégner de quelque chose qu'on n'a pas compris ou qui ne saute pas aux yeux (comme l'impermanence subtile ou encore le non-soi) ? Comment être bienveillant à l'égard d'un inconnu, voire d'un dictateur ? Vipashyana a pour but de susciter une vraie compréhension, et c'est sur la base de celle-ci que peut naître un sentiment authentique ou un regard averti sur la réalité qui va au-delà des simples apparences.

flower_mid
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ted

Dumè Antoni a écrit :Voici un entretien de Dominique Trotignon, qui me paraît très intéressant à propos de la méditation :

Merci à Florent et à Dumè pour cette vidéo.

Alors, ce week-end, j'ai trouvé quand même 2 heures pour la regarder en entier.
Cette vidéo est dingue ! :D
Pas seulement parce que Dominique Trotignon parle des différentes définitions de la méditation et des confusions qui vont avec... à la limite, bof, on comprend vite que c'est un mot fourre-tout, mais surtout parce que Dominique Trotignon a une vision historique du bouddhisme et qu'il prend le recul nécessaire pour resituer, recadrer les enseignements dans un contexte politique, religieux, colonial. Il nous parle de l'influence des jésuites qui, dès le départ, injectent leurs mots et leur vision chrétienne sur cette spiritualité. Il nous parle des stratégies de défense des pays bouddhistes pour éviter la colonisation spirituelle de l'occident et promotionner un bouddhisme attirant. Il nous parle des 3 bonheurs possibles sur la voie bouddhiste (mondain, transcendant et nirvanique).

Son approche est remarquable, même si elle semble renvoyer tous les bouddhistes dos à dos. Mais c'est compréhensible quand il explique l'importance de la relation maître/disciple et le fait que chaque saddhana est un cas particulier qui nécessite des pratiques particulières et même une voie bouddhique, une école, particulière.

On en redemande... :)
Merci Monsieur Trotignon.
jap_8
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yudo
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Dharmadhatu a écrit : Comment être bienveillant à l'égard d'un inconnu, voire d'un dictateur ?
En revisitant l'étymologie du mot "bienveillant".

Il signifie "vouloir du bien". Or, il n'est pas besoin d'avoir fait sciences-po pour comprendre (à condition de s'en donner la peine...) que vouloir du bien à quelqu'un ne veut pas nécessairement dire "souhaiter que SES souhaits se réalisent". Parce qu'en réalité, et on le dit souvent, que nos souhaits se réalisent peut parfois se révéler une catastrophe. Vouloir du bien à un dictateur peut donc se traduire par "espérer qu'il voie où cela le mène, et y mette fin". Par exemple...
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
Dumè Antoni

Yudo a écrit : Vouloir du bien à un dictateur peut donc se traduire par "espérer qu'il voie où cela le mène, et y mette fin". Par exemple...
Tout à fait d'accord et c'est très bien de l'avoir dit ainsi. "Vouloir du Bien", ça ne veut certainement pas dire vouloir (espérer) qu'un dictateur réussisse dans son délire de pouvoir au prétexte que ce dernier serait alors comblé de bonheur. Vouloir du bien, ça passe par la réalisation de sa vraie nature — pour le bien de tous les êtres sensibles — et cela, quel qu'en soit le prix. Le chat pourfendu de Nansen — excellent kôan dans ce registre — montre ce que signifie "quel qu'en soit le prix" (à ce sujet, il est bon de ne pas voir dans la mort du petit chat, la mort d'un innocent. Cette histoire — sans doute apocryphe — est un kôan ; Nansen n'était pas un pourfendeur de chat).
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Dharmadhatu
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yudo a écrit :
Dharmadhatu a écrit : Comment être bienveillant à l'égard d'un inconnu, voire d'un dictateur ?
En revisitant l'étymologie du mot "bienveillant".

Il signifie "vouloir du bien". Or, il n'est pas besoin d'avoir fait sciences-po pour comprendre (à condition de s'en donner la peine...) que vouloir du bien à quelqu'un ne veut pas nécessairement dire "souhaiter que SES souhaits se réalisent". Parce qu'en réalité, et on le dit souvent, que nos souhaits se réalisent peut parfois se révéler une catastrophe. Vouloir du bien à un dictateur peut donc se traduire par "espérer qu'il voie où cela le mène, et y mette fin". Par exemple...
jap_8 Oui c'est tout à fait ça, et on ne peut être véritablement bienveillant que si on comprend l'autre. Cette compréhension implique qu'on s'entraîne à voir l'autre autrement que de manière superficielle (un co...ard de dictateur), qu'on s'entraîne à le voir tel qu'il est vraiment (un être qui a exactement la même aspiration que moi au bonheur, pas plus ni moins, sans savoir que ses souhaits sont parfois à l'opposé de ce bonheur).

Ce que le Bouddhisme va ajouter, au sein de cette pratique méditative de compréhension, bienveillance etc., c'est sa définition du bonheur: l'atteinte d'un état impliquant l'absence définitive et totale de toute source de souffrance (l'absence de la souffrance inhérente aux conditionnés), le nirvana en somme. Bien sûr, ça ne veut pas dire qu'on ne souhaite pas à l'autre d'atteindre au minimum des états qui sont des formes de bien-être temporaire.

Ce que le Bouddhisme Mahayana va ensuite ajouter à cette culture du "vouloir du bien à l'autre", c'est la responsabilité: puisse cette personne atteindre le bonheur et ses causes (parce que le bonheur n'arrive pas au hasard) et puissé-je tout faire en sorte de contribuer à ça. Cette responsabilité universelle sera le coeur de bodhichitta.

Comme on l'avait évoqué avec Ted sur un fil antérieur, même si le bodhisattva prend la responsabilité du bonheur actuel et surtout ultime de tous les êtres, ce n'est pas pour ça que ce sera effectif, car certains voeux des bodhisattvas sont avant tout un moyen de s'entraîner (méditer) à cultiver cet altruisme.

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apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
ted

D'après D. Trotignon, (si j'ai bien compris son propos) la méditation est peu pratiquée par la masse dans les pays de confession bouddhiste. Elle est réservée à des personnes bien préparées qui on fait un gros travail préliminaire sur elles mêmes et qui sont prêtes à faire face à l'impact de cette pratique sur leur vie. Mais surtout, qui ont une Vue qui place la méditation dans un cadre bouddhiste.

Il donne l'exemple d'un intervenant asiatique, de passage en France, qui avait refusé d'enseigner vipassana à un groupe dont 30% des membres se disaient non bouddhistes.
Voyageur

Qu'est ce que la méditation ?

Un mot, un concept, qui est vacuité, vide d'existence propre et indépendante. Dans peut être n'est il pas correct, ou véridique, de chercher à enfermer une expérience, un ressenti "vide" et donc ouvert car interdépendant avec tout, sans un mot, qui plus est dans une langue bien précise, un mot qui enferme, tente de cerner, de cadrer, de limiter quelque chose qui ne l'est pas. Nommer risque fort d'amoindrir, de fausser la réalité de ce que c'est que "la méditation".

La méditation pourrait être qualifiée "d'expérience", de "ressenti", de "vécu", ce sont encore des mots mais au moins ils sont plus "vagues' je trouve, moins enfermant. Qu'en pensez-vous ?


Ou alors : plusieurs méthodes différentes et parfois complémentaires pour voir la réalité tel qu'elle est ?
ted

Voyageur,

Prend le temps de regarder la vidéo, ça vaut le coup :

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