Comment observer la conscience ?

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yudo
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Dans une certaine mesure, il me paraît intéressant de rappeler que l'équivalent linguistique direct de prajñâ est prognose.
En effet, le pra est (sauf erreur de ma part) le même que le parâ du mantra (gate gate etc.) qui veut dire "au-delà", "de l'autre côté". En grec, pro signifie "en avant", "devant".
Quant à jñâ, il est l'équivalent direct de gnose, c'est-à- dire la connaissance.

Ainsi, de même que prognose (prognostic) est une "connaissance avant" (et diagnostic, une connaissance "à travers"), pra-jñâ est une "connaissance ultérieure".
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
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davi
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Si "ultérieur" veut dire "après" je ne comprends pas où tu veux en venir. De plus après paragate (voie de la vision), qui n'est donc pas le dernier stade, on trouve parasamgate (voie au-delà de l'étude).
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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yudo
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Ultérieur= au delà.
Quant à paragate et parasamgate, traduire par "au-delà de l'étude" me paraît un peu capillotracté, vu que gate veut littéralement dire "allé"
"Allé, allé
"Allé au delà
"Allé complètement (sam) au delà
"Eveil
"Ainsi soit-il"
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jules
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Ca ne serait pas plus logique au sujet de "Allé", de le mettre à la troisième personne du pluriel : All(ez) ?

jap_8
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yudo
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Non, parce que "gate" est un participe passé. L'impératif serait "gacchata"

(Pour la table de conjugaison du verbe "gam" voir: http://sanskrit.inria.fr/cgi-bin/SKT/sk ... ?q=gam;c=1)

Vous y reconnaîtrez la première personne du singulier du présent de l'indicatif: "gacchâmi" comme dans
"Buddham saranam gacchâmi
"Dhammam saranam gacchâmi
"Sangham saranam gacchâmi"
Dernière modification par yudo le 06 avril 2016, 19:12, modifié 1 fois.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
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davi
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yudo a écrit :Ultérieur= au delà.
Quant à paragate et parasamgate, traduire par "au-delà de l'étude" me paraît un peu capillotracté, vu que gate veut littéralement dire "allé"
"Allé, allé
"Allé au delà
"Allé complètement (sam) au delà
"Eveil
"Ainsi soit-il"
Au temps pour moi. "Allé, allé" est à prendre comme une "accumulation, préparation" à la voie suivante : "Allé au-delà". "Allé au-delà" a sans doute à voir avec "Allé au-delà de la vue ordinaire". "Au-delà de l'étude" a plutôt à voir avec bodhi (éveil) => plus rien à étudier.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
ted

axiste a écrit : Je ne voyais pas pourquoi "la sagesse" prajna ne pouvait coexister avec un dieu extérieur. Pour comprendre, il y a des connections qui doivent se mettre en place, ensuite on fait les liens… la pratique fait ça, le temps aussi.
Je connais une personne très pratiquante, depuis bien plus longtemps que moi, (un peu New Age c'est vrai) et qui est persuadée que prajna, c'est le "St Esprit" des chrétiens. En tout cas, dans ses manifestations : sapience (comme dit Dumè), spontanéïté, énergie, intuition, dynamisme, transcendance, sagesse... <<metta>>
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axiste
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Je ne sais pas Ted ce qu'est le Saint Esprit ni pourquoi les concepts apposés sur les choses devraient être fixes. Puisque les choses ne le sont pas…

Ce matin, il faisait froid. Le soleil est venu. Puis la nuit qui s'incline est tombée dans les yeux...
Comment observer la conscience ?
En méditant à chaque instant. En étant présent. zeeeennnyyy
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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davi
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ted a écrit :
  • Un moine demeure observant les cinq agrégats d'attachement :
    "Ainsi sont les formations mentales, etc... ".
    (...)
    "Ainsi est la conscience, ainsi est l'apparition de la conscience, ainsi est la disparition de la conscience ".

    satipatthana sutta
Comment peut-on observer la disparition de la conscience ? :)
Après tout, il faut être conscient pour observer quelque chose, non ?
On peut méditer en se souvenant d'un rêve par exemple. Parfois je me souviens de rêves où je ne suis pas présent. C'est assez curieux. On a l'impression d'un film qui passe sur un écran de cinéma. C'est le phénomène de la conscience qui se déroule.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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tirru...
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Merci Ted pour cette question en apparence simple mais qui mène à une réflexion très large des enseignements et plus précisément sur la nature et les caractéristiques de la conscience. La conscience est conditionné et prend naissance dans les six portes des sens', on la retrouve à tout les niveaux des enseignements aussi bien dans les cinq agrégats, la coproduction conditionnée :
Et qu'est-ce que Viññāṇa? Il y a six classes de consciences: la conscience concernant les formes, la conscience concernant les sons, la conscience concernant les odeurs, la conscience concernant les goûts, la conscience concernant les sensations corporelles, la conscience concernant les phénomènes mentaux. Voici ce qu'on appelle Viññāṇa. Avec l'apparition du contact, il y a apparition de la conscience. Avec la cessation du contact, il y a cessation de la conscience. Cet octuple noble sentier est le chemin menant à la cessation de la conscience: vues (opinions) correctes, résolution correcte, parole correcte, action correcte, moyens d'existence corrects, effort correct, attention correcte et concentration correcte.
Le fait que du plaisir et de la joie apparaissent sur la base de Viññāṇa constitue l'attrait de la conscience. Le fait que la conscience soit inconstante, insatisfaisante, sujette au changement constitue l'inconvénient de la conscience. L'assujettissement du désir et de l'avidité envers la conscience constitue l'évasion dans le cas de la conscience.

Tous les renonçants-et-brahmanes qui, ayant acquis de cette manière la connaissance directe de Viññāṇa, de l'apparition de la conscience, de la cessation de la conscience, du chemin menant à la cessation de la conscience, de l'attrait de la conscience, de l'inconvénient de la conscience et de l'évasion dans le cas de la conscience, pratiquent pour établir nibbidā envers elle, pour son extinction et sa cessation, ceux-là pratiquent correctement. Ceux qui pratiquent correctement ont prit pied dans ce Dhamma et discipline.

Sattaṭṭhāna Sutta
Source : http://www.buddha-vacana.org/fr/sutta/s ... 2-057.html
L'abhidhamma est consacré principalement â la conscience et plus précisément aux quatre conscience, à savoir :

(i) la conscience appartenant à la sphère sensuelle

(ii) la conscience appartenant à la sphère de la forme

(iii) la conscience appartenant à la sphère du sans-forme

(iv) la conscience supra-mondaine

Source : http://www.dhammatalks.net/French/Narad ... dhamma.pdf
L'observation que tu cites qui est évoquée dans la Satipatthna Sutta â pour but de nous faire voir la véritable nature de la conscience dans ces trois caractéristiques : impermanence-non soi et insatisfaction. La vitesse d'apparition' et de disparition d'une conscience est fulgurante c'est pourquoi nous ne voyons pas le processus d'apparition et de disparition mais nous voyons un flot :
Tout comme, ô Ananda, lorsqu'un homme verse chaque jour deux ou trois gouttes d'eau dans une casserole chauffée au rouge, ces gouttes d'eau sont détruites aussitôt et elles sont consommées aussitôt, de même, ô Ananda, c'est avec une telle vitesse, une telle rapidité, une telle aisance qu'une sensation agréable, ou une sensation désagréable, ou une sensation à la fois agréable et désagréable s'estompe et, enfin, c'est l'équanimité qui reste


INDRIYABHAVANA-SUTTA
Source :
http://tinyurl.com/h6d4yf5
La pratique de Sati, l'attention permet d'affiner l'observation et de voir le processus d'apparition et de disparition de la conscience.
Observez le mental, observez le processus de l’expérience apparaissant et cessant . Au départ, le mouvement est constant- dès qu’une choses disparaît, une autre surgit, et nous semblons voir davantage de choses qui apparaissent que celles qui disparaissent. Avec le temps, nous voyons plus clairement comment les choses apparaissent à toute vitesse, jusqu’à ce que nous atteignions le stade où elles apparaissent, disparaissent puis ne plus réapparaître.
Ajahn Sumedho
Pour en revenir à ta question et la ou les choses deviennent vraiment intéressantes c'est le rapport de nibbana et la conscience. Y a t.il une conscience lorsqu'on experimente nibbana ? La réponse est oui et cette conscience est assez particulière, il s'agit d'anidassanam. Il suffit de faire une recherche sur Google pour voir l'importance de ce mot.
C'est pourquoi la conscience du Nirvana est dite "sans surface" (anidassanam), car elle ne se pose pas. Comme l'agrégat de la conscience recouvre seulement la conscience proche ou lointaine, présente ou passée ou future - c'est-à-dire en relation avec le temps et l'espace - la conscience sans surface n'est pas comprise dans les agrégats. Elle n'est pas éternelle car l'éternité est fonction du temps. Et comme non local signifie également indéfini, le Bouddha insistait sur le fait qu'un être éveillé - à la différence des gens ordinaires - ne peut en aucune manière être localisé ou défini par rapport aux agrégats dans cette vie ; après la mort elle/lui ne peut être décrite comme existante, non existante, ni l'un ni l'autre ou les deux, car les descriptions ne peuvent s'appliquer qu'aux choses définissables.
Pour en savoir plus suivre ce lien : http://www.vipassana.fr/Textes/Thanissaro-Nirvana.htm
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------------------------------------------------------------------------------ Image Sabba danam dhammadanam jinati - Le don du Dhamma surpasse tout autre don ImageDhammapada
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