Le joug

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tirru...
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jules
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Très intéressante cette métaphore du joug, qui ajoute à la réflexion sur la nature de la dualité, l'idée que cette dualité précisément fonctionne de manière ternaire.
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davi
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C'est-à-dire Jules ?
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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jules
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Salut Davi,

Eh bien si j'ai bien compris la citation de Bouddha et si je peux me permettre d'en déduire ceci ; la dualité, ce sont deux choses, deux idées, croyances qui se disputent la place de la vérité. Deux choses qui se battent pour une chose, ça fait trois en quelque sorte.
Donc d'une certaine manière, comme le dit Bouddha, cette dispute n'est ni inhérente à la nature d'une chose (le boeuf blanc) ni inhérente à la nature de l'autre chose (le boeuf noir), mais à la combinaison de ces deux là plus ce troisième acteur complémentaire pour former cette trinité dont je parlais, à savoir le désir/soif (joug).
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davi
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Prenons l'exemple de deux prisonniers qui seraient attachés l'un à l'autre. Chacun ne peut vaquer à sa guise du fait d'être entravé à l'autre. Le Bouddha dit que l'entrave de chacun ne vient pas de l'autre mais du lien qui les attache. Or ce qui nous attache au samsara, c'est le lien du désir qui naît à la vue d'un objet et de la soif qui nous pousse à agir. Le Bouddha nous montre les véritables liens qui nous entravent, ici qui nous rattachent au samsara, et donc ce qu'il est nécessaire de briser, ici le désir et la soif. Notamment il indique que les formes ne sont pas responsables, et que donc il est inutile de vouloir s'en détourner, comme le feraient certains ascètes. C'est la même chose pour les phénomènes mentaux. Il cible les perturbations intérieures que sont le désir et la soif pour ces objets/phénomènes extérieurs.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
ted

davi a écrit :
30 novembre 2017, 17:12
C'est-à-dire Jules ?
Jules cherche et cherche encore. :D
C'est un vrai chercheur. :D
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axiste
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Notamment il indique que les formes ne sont pas responsables, et que donc il est inutile de vouloir s'en détourner, comme le feraient certains ascètes

Et donc notre responsabilité se situerait dans l'équanimité ?
Mais en même temps un autre mouvement se dessine, en parallèle : pour apaiser la souffrance, il est ardu de ne pas se saisir un minimum des formes et des phénomènes. Entre le désir et l'action, le mouvement est ténu.

La non action consisterait à couler avec les phénomènes et plonger le regard en leur sein ?

Cependant, il m'apparait que dans tout mouvement le désir s'insinue qui mène à un accord entre les évènements, parce que le désir ici est juste le mouvement.
Tiraillée entre le mouvement et le non mouvement, ceci s'inscrit dans le temps, dans un regard qui alterne entre le retrait et l'engagement, il y a des périodes où je coule totalement les évènements et d'autres où mon regard semble absent.

Mais se pourrait-il que ce qui meut nos gestes soit au final une certaine immobilité ? Butterfly_tenryu
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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ShraWaKa
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Le joug est une pièce de bois permettant d'atteler des animaux de trait en exploitant au mieux leur force de traction.

Le joug s'emploie généralement avec des bovins, parfois des chevaux, et se place sur la tête ou sur le garrot. Il est le plus souvent double afin d'atteler ensemble une paire de bœufs pour labourer ou tirer un chariot.

Joug se dit aussi d'une relation de domination vécue entre personnes. C'est la définition 3 du Larousse : « Chez les Romains, javelot attaché horizontalement sur deux autres fichés en terre, et sous lequel le vainqueur faisait passer, en signe de soumission, les chefs et les soldats de l'armée vaincue. » (appelées aussi fourches caudines)

source WIKIPEDIA
Hors du contexte et selon ma compréhension, l'image du bœuf noir et du bœuf blanc est une bonne analogie au sujet identitaire sur lequel nous avons débattu.

Quand deux idéologies s'opposent, il y a toujours d'un côté comme de l'autre des extrémistes attisant le conflit radical et des sages recherchant le compromis pacifique.

Si nous ne prenons pas garde, la souffrance nous rattrapera tôt ou tard dans le samsara.

Nous sommes tel ces bœufs enchaînés par un joug au milieu d'une plaine ravagée par un incendie.

Lorsque chacun tire aveuglément de son côté, le tiraillement lacère la chair, la souffrance due au joug augmente tandis que les bœufs s'embourbent à mesure que les flammes viennent les lécher.

L'ignorant ne comprend pas l'interdépendance de cette souffrance et ne fait que l'entretenir.

Lorsque les bœufs tirent ensembles dans la bonne direction, la souffrance due au joug diminue et ils parviennent pour un temps à se tenir à distance des flammes.

Ballotté par le mouvement le joug fini par se desserrer, le bœuf avisé parvient à se libérer et quitte définitivement cet endroit.

Ainsi partiellement libéré, mue par un élan de sagesse, il est possible d'investiguer plus en profondeur nos émotions pour se rendre compte que la souffrance ne provient pas de l'autre mais du joug de l'ignorance qui nous aveugle et nous enchaîne à cette existence.

De même l’œil n'est pas l'entrave des formes, ce qui signifie qu'il est inutile de blâmer l’œil ou la forme car le vrai problème vient de la soif et du désir (et l'aversion) qui émanent de leur rencontre.

De même les phénomènes psychiques ne sont pas l'entrave de l'esprit, ce qui signifie qu'il est inutile de blâmer les phénomènes psychiques ou l'esprit car le vrai problème vient de la soif et du désir (et l'aversion) qui émanent de leur rencontre.

L'ignorant à beau blâmer l'autre, voiler la beauté, se crever les yeux pour ne pas voir, se trancher les organes génitaux pour fuir le désir, incriminer ses émotions perturbatrices ou même son propre esprit, il ne tranchera pas pour autant la racine de la souffrance.

Le bouddha l'a répété maintes fois, la seule voie qui mène à l'extinction de la souffrance passe par le noble octuple sentier.

Mais il a une différence entre connaître et arpenter le sentier.

Celui qui ne met pas en pratique les enseignements, qui n'investigue pas ses actions et ses pensées ne sera pas libéré de la souffrance car il est incapable d'en réaliser les causes..

flower_mid
Dernière modification par ShraWaKa le 04 février 2018, 03:20, modifié 1 fois.
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axiste
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FleurDeLotus
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