Conte = les trois Billy

Sourire

Une vieille chèvre avait trois fils. C'étaient tous les trois des amours de boucs, cornus à souhaits, broutant tous les buissons se présentant à leurs incisives, fiers comme des cerfs à dix cors et entêtés comme des ânes de montagne. Pour que le tableau soit complet, il faut ajouter, d'une part qu'ils aimaient beaucoup leur vieille maman, et d'autre part que leurs âge s'étalant de façon assez large, il y avait entre l'aîné et le benjamin une assez grande différence de morphologie.
La vieille chèvre vivait dans un petit coin tranquille de la vallée.
Les trois frères vivaient avec les troupeaux du village.
En revenant des alpages, ils avaient coutume d'aller voir leur vieille maman, sans emmener de pot de beurre, mais bien décidés à lui préparer des provisions d'herbes et de feuilles bonnes à manger.
Petit Billy, qui était le plus pressé de la revoir, le plus rapide et peut-être aussi le moins occupé à montrer ses cornes aux chèvres du troupeau d'à côté, partit devant. Au moment de passer le torrent, il s'arrêta. Un troll s'était agrippé au tablier du pont.
Petit Billy ne fut pas très étonné. Il n'avait jamais vu le troll, mais cela faisait déjà longtemps qu'à cause de lui les villageois n'employaient plus ce pont. Il n'en fut pas non plus effrayé. On est un bouc ou on ne l'est pas. Même avec des cornes toutes petites comme c'était encore son cas à lui.
- "Avance, avance, petit ! J'ai très faim. Il ne passe plus jamais personne, par ce pont. Tu as l'air juteux à souhait. Je vais me régaler.
- Oh non ! Je suis tout maigre. Vous allez vous mettre un os dans le gosier. Attendez plutôt mon frère. Il sera bientôt là."
Le troll décide de patienter. D'ailleurs, on aperçoit déjà sur le chemin Moyen Billy qui arrive à son tour.
- "En effet ! Tu es plus en chair que l'autre ! J'ai trop faim pour te faire cuire, je vais donc te manger cru.
- Regardez: je suis tout sec. Pas la moindre graisse pour vous graisser le gosier. Attendez plutôt notre frère aîné. Il va arriver."
Sur le chemin, on entend un galop qui se rapproche. Le troll se dit qu'il peut attendre encore un peu.
Mais il n'a pas le temps de commenter, quand Grand Billy arrive, car celui-ci est le plus grand de tous les boucs de la vallée, le plus fort, celui qui galope le plus vite. C'est à peine s'il se rend compte, en traversant le pont, qu'il a heurté quelque chose et que ce quelque chose est tombé à l'eau.
Et voilà nos trois boucs qui, avant de reprendre leur chemin, rigolent de toutes leurs dents en regardant le troll se hisser sur les rochers de la berge en maugréant tout ce qu'il peut.
Le troll ne revint jamais... Personne au village ne sut jamais ce qui l'avait mis en fuite.



Souvenir d'un conte que j'ai lu étant enfant
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Flocon
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Très chouette! ba11
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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