ShraWaKa a écrit : ↑27 janvier 2018, 08:46
Longchen a écrit : ↑27 janvier 2018, 08:14
Mais parfois dans la pénombre on peut voir une simple corde et croire que c'est un serpent (il y a une histoire comme celle-là dans le bouddhisme je crois).
Et donc...comment savoir où on met vraiment les pieds ?
Oui j'ai déjà entendu cette analogie de la part de Matthieu Ricard au sujet de la notion d'absence ego qui émeut la mentalité occidentale.
Il explique que selon un proverbe tibétain (il me semble), lorsqu'on entre dans un pièce mal éclairée on peut sursauter à la vue d'un serpent mais si on allume la lumière on se rend compte qu'il ne s'agissait que d'une corde enroulée.
Le serpent n'a jamais existé mais ce n'est pas pour autant qu'il n'y a rien.
C'est la même chose pour la disparition de l'ego, il ne s'agit pas de devenir un pantin sans personnalité mais de changer de perspective en comprenant la vraie nature de cet ego.
Edit en corrigeant 's
a vraie nature'
par 'la vraie nature de cet ego' pour éviter un malentendu...
Je vais vous raconter quelque chose à propos de cette histoire de corde. Il s'agit d'un témoignage rare du Dalaï Lama (rare parce qu'il ne parle presque jamais de ses réalisations) :
" À 35 ans, je méditais sur le sens d'un passage d'un commentaire de Tsongkgapa sur l'existence d'un moi, homogène ou distinct de l'entité corps-esprit, et sa relation avec l'élaboration de concepts. Voici le passage :
- Une corde mouchetée et enroulée peut se confondre avec un serpent qui se love. En apercevant cette corde dans un endroit peu éclairé, on pense immédiatement : " C'est un serpent ! " On voit un serpent, alors que la corde et le moindre de ses composés n'ont rien de commun avec lui. On conclut alors qu'il est né d'une simple élaboration conceptuelle. De même, quand la pensée " moi " se manifeste en dépendance avec l'esprit et le corps, il n'y a aucun lien : pas de " moi" qui soit uni au continuum des instants passés et futurs des agrégats, ou aux agrégats à un moment donné, ou à des agrégats séparés les uns des autres, ou au continuum individuel des agrégats. Il n'y a pas non plus la moindre chose qui soit une entité distincte de l'esprit et du corps et qui soit appréhendable comme le "moi". En conséquence, le "moi" est né tout simplement d'un concept élaboré en interdépendance avec l'esprit et le corps. Il n'est pas instauré selon sa propre nature.-
Subitement, une lumière a envahi ma poitrine. J'étais très impressionné. Les semaines qui suivirent, les gens que je rencontrais étaient semblables à des illusions créées par un magicien. En apparence, ils avaient une existence inhérente. Mais je savais que ce n'était pas la réalité. C'est ainsi que j'ai commencé à prendre conscience que le refus de l'existence du "moi" et des autres phénomènes agit effectivement sur l'apparition des émotions perturbatrices. Chaque matin, je médite sur la vacuité. Je me remémore cette expérience pour qu'elle soit une inspiration dans mes activités quotidiennes. Dès que je pense ou dis "moi" dans le contexte d'une obligation à faire ceci ou cela, cette impression surgit. Mais je ne revendique pas encore une pleine connaissance de la vacuité."