taṇhā, suññata: soif et vacuité, problème et solution?
Dans les quatre nobles vérités, le Bouddha identifie dukkha, la souffrance, comme problématique essentielle, et présente taṇhā, la soif, comme élément causateur. Il explicite la solution de la souffrance, et la méthode pour l'accomplir.
La soif, la saisie ou l'attachement, est donc un élément clé dans le bouddhisme. Par ailleurs, le Bouddha caractérise l'existence des phénomènes en tant que coproduction conditionnée, idée résumée dans la notion de vacuité.
De ce que je comprends, le Bouddha utilise la vacuité, qui caractérise les phénomènes, comme solution à la soif. Mais moi je ne comprends pas pourquoi saisir la vacuité des choses peut aider à se débarrasser de la soif. Quelqu'un peut-il éclairer ma lanterne?
- Dharmadhatu
- Messages : 3690
- Inscription : 02 juillet 2008, 18:07
La soif est elle-même causée par l'ignorance fondamentale (avidya) qui attribue des prix de beauté à certains phénomènes, suscitant la soif du désir (kama-tanha) et la soif du devenir (bhava-tanha), et des prix de laideur à d'autres phénomènes, suscitant la soif de ne pas vivre telle ou telle expérience (vibhava-tanha).
Cette ignorance est donc une perception distordue de la réalité (si elle ne l'était pas, nous trouvrions tous le même phénomène désirable par exemple), et son antidote direct est la sagesse réalisant la vacuité d'existence propre des phénomènes. Comprenant et réalisant qu'il ne sont pas désirables en soi ou détestables en soi, l'esprit s'apaise.
Amitié
Cette ignorance est donc une perception distordue de la réalité (si elle ne l'était pas, nous trouvrions tous le même phénomène désirable par exemple), et son antidote direct est la sagesse réalisant la vacuité d'existence propre des phénomènes. Comprenant et réalisant qu'il ne sont pas désirables en soi ou détestables en soi, l'esprit s'apaise.
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apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate
Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.
Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.
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Ok, dans ce cas je pense que je comprends la stratégie pour la cessation de la souffrance, merci pour l'éclaircissementDharmadhatu a écrit :La soif est elle-même causée par l'ignorance fondamentale (avidya)
Est-ce que cela veut dire qu'il ne faudrait pas confier la décoration d'une maison à un Éveillé, de la même façon qu'il ne faut pas compter sur un daltonien pour assortir les couleurs d'une parure?Cette ignorance est donc une perception distordue de la réalité (si elle ne l'était pas, nous trouvrions tous le même phénomène désirable par exemple), et son antidote direct est la sagesse réalisant la vacuité d'existence propre des phénomènes. Comprenant et réalisant qu'il ne sont pas désirables en soi ou détestables en soi, l'esprit s'apaise.
Iskander dit:
Si je peux me permettre,
nous sommes humains, par contre nous pouvons êtres des humains éclairés, pourquoi faudrait-il confier la déco d'une maison à un Éveillé ?
rien empêche de décorer sa maison et pratiquer le Dhamma, si cela produit un milieu harmonique et paisible, s'occuper à des choses saines sans en devenir des esclaves, cela fait parie des activités humaines, à moins de se retirer dans un renoncement total, chaque chose en son temps,
avec metta
gigi
gigi dit:Est-ce que cela veut dire qu'il ne faudrait pas confier la décoration d'une maison à un Éveillé, de la même façon qu'il ne faut pas compter sur un daltonien pour assortir les couleurs d'une parure?
Si je peux me permettre,
nous sommes humains, par contre nous pouvons êtres des humains éclairés, pourquoi faudrait-il confier la déco d'une maison à un Éveillé ?
rien empêche de décorer sa maison et pratiquer le Dhamma, si cela produit un milieu harmonique et paisible, s'occuper à des choses saines sans en devenir des esclaves, cela fait parie des activités humaines, à moins de se retirer dans un renoncement total, chaque chose en son temps,
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gigi
Ici et Maintenant pleine attention à la pleine conscience
Je te rassure, je n'ai jamais sérieusement considéré la possibilité de faire appel aux services d'un Éveillé pour la décoration de mon chez moi. Je notais simplement que cette possibilité serait à ranger au rayon des hypothétiques mauvaises idées, comme de faire surveiller la boîte de chocolats par un enfant de quatre ans, ou de confier à un schizophrène en plein délire euphorique le suivi de la ligne de prévention du suicide.cgigi2 a écrit :nous sommes humains, par contre nous pouvons êtres des humains éclairés, pourquoi faudrait-il confier la déco d'une maison à un Éveillé ?
Iskander dit:
Fiou !! j'ai eu chaud
Farce à part, j'aime bien ta façon de présenter les choses
avec metta
gigi
gigi dit:Je te rassure, je n'ai jamais sérieusement considéré la possibilité de faire appel aux services d'un Éveillé pour la décoration de mon chez moi. Je notais simplement que cette possibilité serait à ranger au rayon des hypothétiques mauvaises idées, comme de faire surveiller la boîte de chocolats par un enfant de quatre ans, ou de confier à un schizophrène en plein délire euphorique le suivi de la ligne de prévention du suicide.
Fiou !! j'ai eu chaud
Farce à part, j'aime bien ta façon de présenter les choses
avec metta
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- Dharmadhatu
- Messages : 3690
- Inscription : 02 juillet 2008, 18:07
Excellente question Iskander,
En fait les Bouddhas connaissent à la fois la diversité des phénomènes (tib. dji niépé khyènpa) et leur nature ultime (dji tawé khyènpa).
Quand c'est le monde qui perçoit la vérité relative, celle-ci est obscurcissante (skt. samvritti-satya), lorsque ce sont les Aryas et les Eveillés, celle-ci est purement conventionnelle (vyavahara-satya), c'est pourquoi Chandrakirti fait cette distinction lexicale.
Amitié
En fait les Bouddhas connaissent à la fois la diversité des phénomènes (tib. dji niépé khyènpa) et leur nature ultime (dji tawé khyènpa).
Quand c'est le monde qui perçoit la vérité relative, celle-ci est obscurcissante (skt. samvritti-satya), lorsque ce sont les Aryas et les Eveillés, celle-ci est purement conventionnelle (vyavahara-satya), c'est pourquoi Chandrakirti fait cette distinction lexicale.
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Il n'est rien qui ne soit vide.
Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
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Pour revenir à l'ignorance (avidya), est-ce qu'elles est réduite de façon graduelle, ou brusque, au cours de l'éveil? Je demande ça parce que j'aimerais bien savoir si l'extinction de la soif est graduelle (on peut rapidement constater des bénéfices) ou subite (faut être patient, et avoir beaucoup de foi)
Donc l'éveillé voit bien la beauté et la laideur, mais sans s'y attacher, ou sans en être repoussé.Dharmadhatu a écrit : En fait les Bouddhas connaissent à la fois la diversité des phénomènes (tib. dji niépé khyènpa) et leur nature ultime (dji tawé khyènpa).
Quand c'est le monde qui perçoit la vérité relative, celle-ci est obscurcissante (skt. samvritti-satya), lorsque ce sont les Aryas et les Eveillés, celle-ci est purement conventionnelle (vyavahara-satya), c'est pourquoi Chandrakirti fait cette distinction lexicale.
- Dharmadhatu
- Messages : 3690
- Inscription : 02 juillet 2008, 18:07
Ca peut être graduel et paraître subit si on compare avec la durée des ères cosmiques. Ca peut être subit et paraître une éternité pour un moustique...Iskander a écrit :Pour revenir à l'ignorance (avidya), est-ce qu'elles est réduite de façon graduelle, ou brusque, au cours de l'éveil? Je demande ça parce que j'aimerais bien savoir si l'extinction de la soif est graduelle (on peut rapidement constater des bénéfices) ou subite (faut être patient, et avoir beaucoup de foi)
Il existe différents points de vue sur cette question. Par exemple, j'ai lu quelque part que pour un Bouddha, tout est pur et félicité, mais cela ne l'empêche pas de voir la beauté et la laideur au travers de l'esprit des êtres ordinaires.Donc l'éveillé voit bien la beauté et la laideur, mais sans s'y attacher, ou sans en être repoussé.
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