Conseils de pratique de Ajahn Dtun Tiraccito

Florent

Ces enseignements ont été donnés lors d’une retraite en Australie en Mars 2005.


Nous sommes réunis ici pour observer des préceptes de conduite vertueuse, pour pratiquer la méditation et pour développer la sagesse, chose très difficile à trouver dans le cœur et l’esprit des gens de nos jours. Avec l’attention et la sagesse, nous sommes en mesure de voir combien il est néfaste de mal agir et de transgresser les préceptes.

[Les cinq préceptes sont : 1) S’efforcer de s’abstenir de prendre la vie. 2) S’efforcer de s’abstenir de prendre ce qui n’est pas donné. 3) S’efforcer de s’abstenir d’excès dans les plaisirs des sens. 4) S’efforcer de s’abstenir de paroles grossières, futiles ou mensongères. 5) S’efforcer de s’abstenir de consommer des boissons alcoolisées qui engendrent un manque de conscience et de présence. ]

Quand on observe les cinq préceptes, que l’on bâtit sa vie quotidienne autour d’eux, on ne peut manquer de voir à quel point ils sont bénéfiques. Il est bon que, dans le cœur de chacun, il y ait une conscience morale et une juste crainte des conséquences de ses actes nuisibles.

Il est dit que suivre les cinq préceptes est le propre des êtres nobles. Par contre, ceux qui ne les suivent pas ne sont pas considérés comme des êtres pleinement humains car le moins que puissent faire les humains est d’appliquer ces préceptes.

Quand nous avons cette conscience morale et la crainte des conséquences de nos actes, notre esprit s’élève vraiment ; c’est comme si nous avions l’esprit d’un deva, d’un être céleste. Et si nous souhaitons poursuivre le développement et l’approfondissement de notre esprit, nous devons pratiquer les brahma vihara, que l’on traduit comme « les quatre états sublimes » ; d’abord en développant mett­ā, l’amitié bienveillante ; ensuite karun­ā, la compassion ; le troisième est mudit­ā, la joie altruiste ; et le quatrième upekkhā, l’équanimité. Toutes ces vertus sont appelées « les états d’esprit d’un Brahma ».

- Avoir mettā, de l’amitié bienveillante, signifie que nous nous montrons gentils et amicaux envers tous les êtres vivants, envers nos amis comme envers tous les autres êtres. Cela signifie ne pas souhaiter de mal, ne pas blesser et ne nuire à la vie d’aucun être.

- La compassion, karunā, est le sentiment qui apparaît quand nous voyons des êtres souffrir, que ce soit des êtres humains, des animaux ou autres. Si nous sommes en mesure de les aider, nous essayons de le faire de notre mieux, selon notre degré d’attention et de sagesse. Cela signifie que nous sommes dans un état de bonté et que nous avons le désir de nous entraider.

- La joie altruiste, muditā, se manifeste quand nous voyons des êtres, humains ou autres, se réjouir et que leur bonheur nous réjouit. Nous sommes heureux pour eux et ne ressentons aucune envie ou jalousie. Nous sommes conscients qu’en réalité tous les êtres souhaitent le bonheur alors, quand nous voyons des êtres se réjouir, nous nous réjouissons pour eux et nous partageons leur bonheur.

- L’équanimité, upekkhā, c’est quand nous voyons des êtres souffrir ou traverser des moments difficiles et que nous sommes dans l’incapacité de leur porter secours ou de les aider. A ce moment-là, il faut garder l’esprit égal, dans un état d’équilibre qui n’est ni bonheur ni malheur.

Au fil des événements de notre vie quotidienne, nous pouvons développer et approfondir ces qualités d’amitié bienveillante, de compassion, de joie altruiste et d’équanimité en fonction des situations. Ce sont les qualités qui nourrissent notre cœur et nous apportent détente et tranquillité. Grâce à elles, le cœur connaît une paix et un bonheur permanents. Cette paix et ce bonheur seront, à leur tour, les causes et les conditions qui nous permettront d’avoir l’attention et la sagesse pour voir la souffrance de notre propre vie et, par conséquent, chercher la façon et la pratique qui nous permettront de nous libérer de cette souffrance.

Donc, en observant les cinq préceptes (vertus de base d’un être humain), en développant une conscience morale et la crainte des conséquences de nos actes (le propre d’un être céleste) et en ayant les quatre brahma vihara ou « demeures sublimes » dans notre cœur (état d’esprit d’un dieu Brahma), toutes ces qualités s’ajoutent à notre pratique du développement de sila, samadhi et pañña [vertu, concentration et sagesse] et contribuent à développer la vision juste des choses. De ce fait, notre cœur et notre esprit ne pourront plus sombrer dans des états négatifs, il n’y aura que maturation et croissance, ce qui nous sera très bénéfique et nous apportera le bonheur dans cette vie présente comme dans le futur.

C’est pourquoi je vous demande à tous d’avoir la confiance voulue pour agir de manière positive et vertueuse.
Jean

les 4 Pensées Infinies sont un des nombreux joyaux du Dharma. Ce sont une pratique simple et à la profondeur illimitée.
Juste réciter une fois ou répéter comme un mantra ces quatre pensées est une graine positive.

Elle peuvent être comme un test : Si on récite facilement ces 4 Pensées, si c'est comme un flot qui vient du cœur tout va bien. Mais si on ressent un blocage à ce flot, cela est un signe que l'on est pas dans un bon état de conscience et donc qu'il est temps de le modifier.

C'est une pratique aussi simple que Tong Len. Il est même possible de pratiquer les deux en même temps : Inspir noir et à chaque expir une des chaque pensées en la ressentant puis passer à la non pratique. Une sorte de sauce vinaigrette yoguique.

Sans parler d'Eveil, d'une certaine manière c'est comme retrouver son coeur d'enfant. De là on peut aller encore plus avant dans l'ouverture...le voyage sans fin continue.
Florent

Oui Jean tu as tout a fait raison quand on commence a pratiquer metta, il faut avoir le bon état d'esprit, j'avais commencé et j'ai du abandonner parce que mon état d'esprit n'étais pas en adéquation avec cette pratique, j'ai donc décidais d' y revenir plus tard quand je serais mur pour l'effectuer.

A cette occasion je vous met un petit livret sur la pratique de metta c'est très bien expliqué et c'est très complet:

http://dhammadelaforet.org/sommaire/bud ... _metta.pdf

anjalimetta
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Merci Florent.
Il y a de très beaux passages dans ce texte.
Celui là par exemple...
Mettā a la caractéristique de « développer le bien-être ». Sa fonction est de préférer le bien-être au malheur. Il se manifeste comme une force qui « ôte les contrariétés » et la cause principale en est sa tendance à voir le bon côté des choses et des gens mais jamais leurs défauts. Mettā réussit quand il projette une bienveillance égale envers tous et il échoue quand il dégénère en « affection » sur le plan mondain.
Cette analyse démontre clairement que ce n’est que lorsque l’on cherche à voir le bon côté des gens, que l’on souhaite leur bien et, par conséquent, que l’on est inoffensif (en ne causant ni souci ni blessure) et que l’on développe activement le bien-être et que mettā fonctionne comme un « solvant »


Plutôt que de voir les aspects négatifs des situations, choses ou personnes, plutôt se focaliser sur les aspects positifs : mettâ alors fonctionne comme un solvant...
FleurDeLotus
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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