Thème du mois de Mai : Upekkhā - l'équanimité

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tirru...
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Bonjour,

Avec un peu de retard, voici un terme que je souhaiterais approfondir car je trouve qu'il n'est pas assez abordé, il s'agit d'Upekkhā, l'équanimité. Un facteur d'éveil pour le moins discret dans les enseignements mais qui a son importante et qui mérite d'être développé et mieux connu :
Upekkhā, l'équanimité, ou tranquillité, est l'un des concepts centraux du bouddhisme.

L'équanimité est une qualité particulière, associée à la sagesse, panna, qui diffère de l'indifférence. L'indifférence est simplement une sensation, vedana, ni agréable ni déplaisante. Mais l'équanimité est «qualité morale» : non pas une sensation mais une volition, sankhara.
    • ° Upekkhā, en tant que sankhara, est décrit comme l'un des facteurs d'une concentration extrêmement développée : le quatrième jhana, quel que soit l'objet qui aura permis d'atteindre cette concentration.

      ° Upekkhā peut être pris comme objet d'un exercice de concentration et constitue alors l'un des Quatre Incommensurables. Voir : Samatha Bhavana. Cet exercice consiste à développer l'équanimité et la concentration.

      ° «La connaissance de l'équanimité envers les formations mentales», sankharupekkha-nana, est, selon la description de sept puretés l'un des stades de la pratique de vipassana.

      ° Upekkhā-bojjhanga est un facteur d'éveil, l'une des sept qualités qui permet d'atteindre le nirvana. À ce titre, elle est associée à la sagesse, voire elle est la sagesse.
La description de la pratique en terme graduels fait référence à un stade, sankharupekkha nana, l'équanimité envers toute formation, ou encore l'imperturbabilité devant tous les phénomènes conditionnés, dans lequel le méditant parachève cette qualité et se rapproche du nirvana de par la force de son détachement.

Source :Vocabulaire pâli-français des termes bouddhiques, Vén. Nyanatiloka
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tirru...
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Upekkhā

Elle nous permet d'être avec ce qui existe sans être perdu ou désespéré, sans prendre les choses personnellement ; c'est l'acceptation totale de ce qui est.

Mais ce n'est pas être indifférent ou passif. C'est lié à la compréhension, à l'ouverture et à la clarté. Nous pouvons savoir où, quand et comment agir. Ce n'est pas vouloir changer ou contrôler les choses selon nos souhaits. C'est accepter les choses simplement comme elles sont.

Nous passons beaucoup de temps à résister, à lutter, à rejeter, à ne pas accepter les situations et les gens. Nous ne désirons que ce qui est plaisant, agréable et bénéfique, mais cela génère beaucoup d'anxiété et de souffrance. Si nous permettons aux choses d'être ce qu'elles sont, si nous les acceptons, nous ressentons alors une grande paix. Avec l'équanimité, chaque instant est parfait, notre cœur s'ouvre à ce qui est plaisant, tout comme à ce qui est déplaisant. Nous sommes tolérants vis-à-vis de ce qui est désagréable.

Par la pratique, l'équanimité se développe et nous devenons capables de lâcher prise, d'accepter et de voir les choses telles qu'elles sont réellement. La sagesse et la compréhension émergent tout naturellement.

Nous ne pouvons pas faire surgir ces qualités, ces facteurs d'éveil par notre volonté. Ils ne se développent que grâce à la pratique, à une motivation et une intention sincères, au désir d'être présent, avec patience.

Quand ces qualités sont pleinement développées, l'esprit devient lumineux et clair, plein de joie, de paix et de liberté. Nous pouvons enfin vivre harmonieusement et heureux. Source
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axiste
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Un des concepts centraux du bouddhisme, faisant partie des quatre incommensurables anjalimetta
Upekkha est lié à la compréhension, à l'ouverture et à la clarté, il se développe grâce à la pratique, à une motivation et une intention sincères, au désir d'être présent, avec patience.
Et aussi un chemin vers la paix intérieure. jap_8
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
ted

J'ai l'impression qu'on ne réalise pas vraiment ce que c'est que de rester impassible face à des phénomènes physiques et mentaux qui vous assaillent, et de continuer l'activité qu'on s'est choisie.

Pour donner un exemple :
Regardez ces sportifs de l'extrême qui attachent une corde entre deux falaises, à plusieurs centaines de mètres au dessus du sol. Et puis qui, en équilibre sur la corde, traversent sans peur d'une falaise à l'autre.

J'ai l'impression que sans Upekkhā, il n'y arriverait pas.

Alors bien sûr, on peut utiliser Upekkhā pour ne pas réagir à une insulte ou à une provocation. Mais on peut s'en servir aussi pour opérer quelqu'un à coeur ouvert, ou pour marcher en équilibre sur un fil. C'est une faculté prodigieuse et spectaculaire ! Qu'on associe surtout à des états d'immobilité et de concentration, mais qui peut être utilisée tout le temps.

En tout cas, je le comprends comme ça. :oops:

Qui, ici, pourrait se retrouver en pleine nuit, dans l'obscurité totale, dans un endroit inconnu, et entendre un raclement étrange juste derrière lui, sans paniquer ? :)
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axiste
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En cas de survie c'est peut-être plus direct , on mobilise plus facilement cette faculté, comme un non choix.

En dehors des situations extrêmes, rester concentré quand on est assailli de tous les côtés est étrangement plus difficile.

Quelquefois on lâche toutes les tensions quand un évènement important arrive et on est comme vide en dedans, sans rien: pas de peurs ni de désirs, juste le truc en face que l'on regarde et accueille avec un grand calme.
C'est de la concentration parce qu'il n'y a plus rien d'autre que ce point qu'on accueille. Cela peut-être face une nouvelle, un évènement, c'est toujours ce qui se passe dans l'instant…on trouve le bon mouvement dans l'instant: on l'est totalement.
Malheureusement ça ne dure pas, on retombe ensuite dans des états plus diffus.
oiseau2julie
Qui, ici, pourrait se retrouver en pleine nuit, dans l'obscurité totale, dans un endroit inconnu, et entendre un raclement étrange juste derrière lui, sans paniquer ?


Heu...pas si téméraire :shock:
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davi
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Normalement l'équanimité est un esprit tranquille, et je ne suis pas sûr qu'un équilibriste ou un chirurgien à coeur ouvert le soit tant que ça. Concentré oui, tranquille pas certain. Il n'est pas tranquille de tomber ou de rater son patient. De plus il y a de nombreuses activités nuisibles qui demandent une bonne concentration, mais pas un esprit équanime qui est normalement associé à la sagesse.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
ted

davi a écrit :Normalement l'équanimité est un esprit tranquille, et je ne suis pas sûr qu'un équilibriste ou un chirurgien à coeur ouvert le soit tant que ça. Concentré oui, tranquille pas certain. Il n'est pas tranquille de tomber ou de rater son patient. De plus il y a de nombreuses activités nuisibles qui demandent une bonne concentration, mais pas un esprit équanime qui est normalement associé à la sagesse.
Ce que je crois comprendre, c'est que la sagesse émerge grâce à l'équanimité, à la suite de l'équanimité.
vipassana sangha a écrit :Par la pratique, l'équanimité se développe et nous devenons capables de lâcher prise, d'accepter et de voir les choses telles qu'elles sont réellement. La sagesse et la compréhension émergent tout naturellement.
Je ne suis pas certain qu'il y ait une composante de sagesse dans le détachement et l'imperturbabilité d'upekkha ? :oops:
Je ne sais pas... :???:

La première définition en haut du fil dit :
L'équanimité est une qualité particulière, associée à la sagesse, panna (...)
Est-ce qu'on ne pourrait pas tout aussi bien l'associer à autre chose ?

Est-ce qu'un assassin, froid, précis, concentré, calculateur, est équanime ?
:?:
ted

axiste a écrit :En cas de survie c'est peut-être plus direct , on mobilise plus facilement cette faculté, comme un non choix.

Tu as raison. Il y a apparition spontanée.
Dans ces cas là, upekkha est plus proche de la concentration neutre que de la tranquillité sage alors ?
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davi
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° Upekkhā peut être pris comme objet d'un exercice de concentration et constitue alors l'un des Quatre Incommensurables. Voir : Samatha Bhavana. Cet exercice consiste à développer l'équanimité et la concentration.

° «La connaissance de l'équanimité envers les formations mentales», sankharupekkha-nana, est, selon la description de sept puretés l'un des stades de la pratique de vipassana.

° Upekkhā-bojjhanga est un facteur d'éveil, l'une des sept qualités qui permet d'atteindre le nirvana. À ce titre, elle est associée à la sagesse, voire elle est la sagesse.
Ensuite, effectivement, il y a une quatrième catégorie où la sagesse ne semble pas forcément présente, à première vue :
° Upekkhā, en tant que sankhara, est décrit comme l'un des facteurs d'une concentration extrêmement développée : le quatrième jhana, quel que soit l'objet qui aura permis d'atteindre cette concentration.
Mais, entre le quatrième jhana, et la concentration d'un équilibriste, il y a peut-être un gouffre.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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axiste
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@ ted
Est-ce qu'un assassin, froid, précis, concentré, calculateur, est équanime ?
Le texte dit:
C'est lié à la compréhension, à l'ouverture et à la clarté. Nous pouvons savoir où, quand et comment agir.
Un assassin n'est vraisemblablement pas dans l'ouverture, il est attaché il me semble. Quand à la compréhension et clarté, comment pourrait-il l'avoir …si son geste est mécanique (froid, etc) ?
Dans ces cas là, upekkha est plus proche de la concentration neutre que de la tranquillité sage alors ?
Peut-être mais pour se concentrer ne faut-il pas une dose de tranquillité ? L'agitation n'aide pas la concentration, puisqu'elle est le contraire de la focalisation. Quand on est agité, on est un peu "désarticulé"…parce qu'on part dans tous les sens. Enfin, c'est l'impression que j'en ai ?!
Existe t-il un tranquillité pas sage ?


Ce soir sur mon balcon, l'air immobile. J'entends les oiseaux et quelque chose émane des arbres : une paix immobile. Je me dis : Upekkha est là tout autour, pas en nous seulement...

@davi
Peut-être qu'un chirurgien qui n'a pas peur de rater son patient sait mobiliser des forces qui font que son acte devient juste ? Dans ce cas, s'il sait avant que l'opération va réussir, est-ce alors Upekkhā ? (s'il est concentré, que son esprit est clair et qu'il en est conscient, le calme est là)
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