A propos de la re-naissance

Compagnon

A propos de la re-naissance :

Walpola Rahula (1907 - 1997) est un moine bouddhiste théravadin (École des Anciens), né et mort au Sri Lanka (ex Ceylan). Après ses études initiales, il s'intéressa également au bouddhisme mahāyāna (Grand Véhicule), qu'il étudia à l'Université Paris-Sorbonne dans les années 1950.

Son engagement politique, non négligeable durant une certaine période de sa vie, s'apparentait à une certaine forme de socialisme religieux. Aujourd'hui, il est célèbre pour son érudition.

Écrivain, il est surtout connu pour son ouvrage « L'Enseignement du Bouddha » paru en français en 1961, un « exposé lumineux et accessible à tous, des principes fondamentaux de la doctrine bouddhique, tels qu'on les trouve dans les textes les plus anciens ». Il a également participé à la fondation du premier centre et temple theravāda aux États-Unis, en 1962.


PS : la liste de ses références académiques est trop longue pour figurer ici. Voir l'article wikipédia qui lui est consacré.

J'aurai personnellement tendance à penser que c'est une des figures majeures du bouddhisme dans le monde au XXème siècle. Comme un Taisen Deshimaru pouvait l'être pour le Zen (je vous épargne mon « chouchou » du moment ;) ). Opinion personnelle évidemment.

Tiré de son livre : l'enseignement du Bouddha d'après les textes les plus anciens. Chapitre consacré à la seconde noble vérité : samudaya. Question posée dans le livre : qu'est ce que la renaissance ?

Nous avons vu qu'un être n'est qu'une combinaison de forces ou d'énergies physiques et mentales. Ce que nous appelons mort, c'est l'arrêt complet du fonctionnement de l'organisme physique. Ces forces, ces énergies prennent-elles fin absolument avec la cessation du fonctionnement de l'organisme ? Le bouddhisme dit : non.

La volonté, le désir, la soif d'exister, de continuer, de devenir, est une force formidable qui meut l'ensemble des vies, des existences, le monde entier. C'est la force la plus grande, l'énergie la plus puissante qui soit au monde. Selon le bouddhisme, elle ne cesse pas d'agir avec l'arrêt du fonctionnement de notre corps, qui pour nous est la mort, mais elle continue à se manifester sous une autre forme, produisant une re-existence qu'on appelle renaissance.

Il vient à l'esprit une autre question : si il n'y a pas d'entité permanente, immuable, s'il n'y a pas une substance telle qu'un Soi ou une Ame (âtman), qu'est ce donc qui peut re-exister, renaître après la mort ?

Avant d'en venir à la vie après la mort, considérons donc ce qu'est la vie présente, comment, maintenant, elle se continue.

Ce que nous appelons vie, nous l'avons déjà répété, c'est la combinaison des cinq Agrégats, une combinaison d'énergies physiques et mentales. Celles-ci changent continuellement, elles ne restent pas identiques pendant deux instants consécutifs. Elles naissent et meurent à chaque instant.

« Quand les Agrégats apparaissent, déclinent et meurent, ô bhikku, à chaque instant vous naissez, vous déclinez, vous mourez ».


(ps : cette phrase est cité dans le commentaire du Paramatthajotikâ comme étant parole même du Bouddha mais Walpola Raula admet qu'au moment d'écrire son livre il n'a pas pu retrouver cette phrase dans le texte original).

Par conséquent, même pendant la durée de cette vie, nous naissons et mourons à chaque instant, et pourtant nous continuons d'exister.

Si nous pouvons comprendre qu'en cette vie nous pouvons continuer d'exister, sans qu'il y ait une substance permanente, immuable, telle qu'un Soi ou une Âme, pourquoi ne pouvons-nous pas comprendre que ces forces elles-mêmes puissent continuer à agir sans qu'il y ait en elles un soi ou une âme pour les animer après que l'organisme physique a cessé de fonctionner ?

Lorsque le corps physique n'est plus capable de fonctionner, les énergies ne meurent pas avec lui, mais elles continuent à s'exercer en prenant une autre forme, que nous appelons une autre vie.

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Comme il n'y a pas de substance permanente, immuable, rien ne se transmet d'un instant l'autre. Ainsi il est évident que rien de permanent, d'immuable ne peut passer ou transmigrer d'une vie à l'autre. C'est une série qui continue sans rupture, mais qui cependant change à chaque instant. La série à proprement parler, n'est rien que du mouvement. C'est comme une flamme qui brûle pendant la nuit : ce n'est pas la même, ce n'en est pas une autre non plus.

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De même un homme qui meurt ici et renaît ailleurs n'est ni la même personne ni une autre (na ca so na ca anno). C'est une continuité de la même série. La différence entre la mort et la naissance n'est qu'un instant dans notre pensée : le dernier instant de la pensée en cette vie conditionnera le premier dans ce qu'on appellera une vie suivante, qui n'est en fait que la continuation de la même série. Pendant cette vie même un instant de la pensée conditionne le suivant. Ainsi, selon le point de vue bouddhiste, la question d'une vie après la mort ne constitue pas un grand mystère, et un bouddhiste ne se préoccupe pas du tout de ce « problème ».

Tant qu'il y a la « soif » d'être et de devenir, le cycle de continuité (samsara) se poursuit. Il ne pourra prendre fin que lorsque la force qui le meut, cette « soif » même, sera arrachée, coupée, par la sagesse qui aura la vision de la Réalité, de la Vérité, du Nirvana.


jap_8

PS : je vais poster un extrait du livre de Thay "il n'y a ni mort ni peur" qui dit la même chose, mais dans la section adéquat.
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