(SN 1.1) Oghatarana Sutta: traverser le torrent

Dhammadanam

Oghataraṇa Sutta
— Traverser le torrent —
Commentaire a écrit :Sur la demande d'un Brahma, le Bouddha explique dans l'Oghatarana Sutta qu'il traverse le flot des désirs sensuel, de l'existence, des vues erronées et de l'ignorance, ni en restant inactif, ni en faisant des efforts considérables. En restant inactif, il sera aspiré dans le tourbillon; en faisant des efforts désespérés, il sera balayé dans le courant de l'inondation. Il suit une voie médiane.
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Evaṃ me sutaṃ:

En une occasion, le Bhagavā demeurait à Sāvatthī, dans le bois de Jeta, le parc d'Anāthapiṇḍika. Alors que la nuit était très avancée, un certain deva, illuminant tout le bois de Jeta de sa prodigieuse beauté, alla voir le Bhagavā. A son arrivée, s'étant incliné devant lui, il se tint debout d'un côté. Alors qu'il était debout là, il lui dit:

– Monsieur, comment avez-vous traversé le torrent?
– J'ai traversé le torrent sans stationner et sans forcer.
– Et comment, Monsieur, avez-vous traversé le torrent sans stationner et sans forcer?
– Quand je m'arrêtais, je coulais, et lorsque je forçais, j'étais emporté. C'est de cette manière, ami, que j'ai traversé le torrent sans stationner et sans forcer.

Après si longtemps enfin je vois
Un brahmane totalement libéré
Qui, sans stationner et sans forcer,
A dépassé l'attachement au monde.

Ainsi parla le deva, et l'Instructeur approuva. Alors le deva, pensant: 'L'Instructeur m'a approuvé', rendit hommage au Bhagavā et, en le conservant sur sa droite, il disparut instannément.


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Dernière modification par Dhammadanam le 31 mars 2013, 10:53, modifié 2 fois.
Dhammadanam

Commentaire d'Ajhan Chah sur la Voie médiane:

Si nous coupons un rondin de bois et que nous le jetons dans une rivière, et si ce rondin ne coule pas ou ne pourrit pas, s’il ne va pas s’échouer sur l’une ou l’autre berge de la rivière, ce rondin finira bien par atteindre la mer. Notre pratique est comparable à cela. Si vous pratiquez en suivant le chemin indiqué par le Bouddha, si vous le suivez rigoureusement, vous transcenderez deux choses. Et quelles sont ces deux choses ? Simplement, les deux extrêmes que le Bouddha nous a enseigné à éviter car ils ne sont pas la voie que doit suivre un vrai méditant – se complaire dans les plaisirs et se complaire dans la douleur. Ce sont les deux berges de la rivière. Une de ces berges est la haine, l’autre berge est l’amour. Ou bien vous pouvez dire qu’une de ces berges est le contentement et l’autre berge, l’insatisfaction. Le « rondin », c’est l’esprit. Comme il « descend cette rivière », il fera l’expérience du contentement et de l’insatisfaction, du bonheur et de la souffrance. Si l’esprit ne s’accroche ni au bonheur, ni à la souffrance, il atteindra « l’océan » du Nibbana. Vous devez juste voir qu’il n’y a que le contentement et l’insatisfaction, le bonheur et la souffrance apparaissant et disparaissant.

Si vous n’allez pas vous échouer sur les berges que sont ces deux choses, vous êtes sur la voie du vrai méditant.

Tel est l’enseignement du Bouddha. Bonheur, malheur, amour et haine n’existent dans la nature qu’en fonction de la loi constante de la nature. Une personne sage ne les suit pas, ne les encourage pas ; elle ne s’y attache pas non plus. Ainsi est l’esprit qui lâche prise et laisse aller la complaissance pour les plaisirs et la complaisance pour la douleur. C’est la pratique juste. Juste comme le rondin de bois qui flottera jusqu’à la mer.

Ainsi, l’esprit qui ne s’attache pas à ces deux extrêmes atteindra immanquablement la paix.
Le Bouddha enseigne également dans d'autres suttas de ce samyutta que tous les êtres sont empêtrés dans les mailles de l' attachement provoquée par les 6 sens (saḷāyatana). Le moyen d'échapper à ces enchevêtrements est de s'établir dans sila, pour développer la concentration et la méditation vipassana afin d'être pleinement accompli dans la connaissance supérieure de la libération.

http://www.budsas.org/ebud/guide-tipita ... aka-06.htm
ted

pas d'accord pour parler de l'amour comme d'un extrême... ce qui est extrême, c'est plutôt l'attachement né du désir égoïste.

On appelle ce sentiment "amour", mais c'est un abus de langage. De même qu'on dit "j'aime la viande" alors qu'il n'y a aucune trace "d'amour vrai" dans cette attirance.

L'amour vrai est la compassion. Et ce n'est pas un extrême. Il est dommage de traduire par "amour" le sentiment opposé à la haine. On devrait plutôt parler "d'attirance" ?
Dhammadanam

Le mot amour utilisé par Ajahn Chah fait référence à l'amour mondain composé de désir/attachement/affection et bien évidemment pas à Metta ni Karuna.

L'amour prends plusieurs formes comme nombre de sentiments et Metta n'est pas l'amour mais l'amour-sans-désir/attachement.

jap_8
ted

Dhammadanam a écrit :Le mot amour utilisé par Ajahn Chah fait référence à l'amour mondain composé de désir/attachement/affection et bien évidemment pas à Metta ni Karuna.
Le problème avec toutes ces traductions variables, c'est qu'un lecteur peu familier, risque de croire que les bouddhistes recommandent de se détourner de l'amour.
Dhammadanam a écrit :
Commentaire d'Ajhan Chah sur la Voie médiane:
Simplement, les deux extrêmes que le Bouddha nous a enseigné à éviter car ils ne sont pas la voie que doit suivre un vrai méditant – se complaire dans les plaisirs et se complaire dans la douleur. Ce sont les deux berges de la rivière. Une de ces berges est la haine, l’autre berge est l’amour.
ted

:D :D :D
Ne pas s'attacher... Ne rien attendre... :D
Ne pas saisir... Ne pas écarter..
:D
:mrgreen:

(ne pas se suicider non plus :D)
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Flocon
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Hum... Insinuerais-tu que les lecteurs du forum ont tendance à se tromper de sources, dans leur étude du bouddhisme? :lol:

En tout cas, j'ai lu ton fil et je l'ai beaucoup apprécié. Merci : j'espère que tu en posteras d'autres du même genre.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Katly

:roll: :oops: :-(
Cela n'empêche rien.
Et ce que j'ai rencontré qui m'a mis en contact peu à peu et amené à m'intéresser, à étudier le bouddhisme, n'était pas un texte sur mon chemin, mais des petites choses comme un un art martial. Remonter à l'origine de ces disciplines, à la source ne veut pas dire se tromper de source en ce qui me concerne. Pour l'étude, je m'enferme plutôt chez moi avec des livres, sur Nangpa, je partage et discute, la réflexion sur les texte est plutôt une progression intérieure, chez moi. Mais de temps en temps j'apprécie des post et des partages comme celui-ci, merci Dhammadanam.
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Flocon
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:lol: .

Disons qu'il y a des gens qui essaient d'étudier le bouddhisme, non?
En tout cas, je me suis reconnue dans ce que tu écris :oops: : malgré mon strict programme de lecture, certains jours, pour moi, c'est bien plus tentant d'étudier le bouddhisme dans les films de Bruce Lee (ou dans les séries télé, ou dans n'importe quoi d'amusant, en fait) que dans les suttas. C'est un écueil réel.

Katly, je ne parlais que de moi-même, ce n'était pas une pique envers qui que ce soit d'autre, ne t'inquiète pas. loveeeee

Merci d'avance pour les prochains fils sur les textes!
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Kong Tseu
ted

Dhammadanam a écrit :Pour le peu de lecteurs que ça intéresse à priori :roll: triste réalité.
En même temps, de nos jours, on a plus d'occasions de se faire attaquer et de devoir se défendre, que de traverser un torrent... :roll:
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